TOUT EST DIT

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mercredi 21 janvier 2015

Hymne à la médiocrité

Les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires, a lancé Emmanuel Macron dans une interview accordée aux Échos, alors qu’il s’était rendu au CES (Consumer Electronics Show) à Las Vegas. “Milliardaire”… Mais que n’avait donc pas dit le ministre de l’Économie ?
La gauche est aussitôt montée au créneau, démontrant une fois encore sa médiocrité et sa vacuité économique. D’abord, la gauche de la gauche. « Ce ne sont pas quelques milliardaires de plus qui vont nous aider à sortir de la crise », a estimé Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, suivi par Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche : « Après Rebsamen, pour qui les chômeurs doivent chercher vraiment du boulot, voilà Macron, pour qui les jeunes doivent vouloir être milliardaires. » Rappelons-leur que c’est par leur travail que ces jeunes (entrepreneurs) deviendront riches et qu’à ce titre, ils auront embauché et payé des impôts.
Mêmes critiques au sein du PS : « Macron se démasque, l’homme des milliardaires, déjà que la France en a de trop et trop de pauvres en même temps », s’est écrié Gérard Filoche, que l’on imagine bien avec un couteau entre les dents. Tandis que dans le gouvernement des voix s’élevaient également : « Le rêve français, ce n’est pas forcément de devenir milliardaire… c’est que nos enfants vivent mieux que nous », a “tweeté” Fleur Pellerin, ministre de la Culture. Les fondateurs de Twitter, de Facebook ou de Google ne laissent pas penser une minute qu’ils sont malheureux… Bien curieuse sortie de l’ancienne secrétaire d’État à l’Économie numérique qui, l’année dernière, avait pourtant fait le déplacement au CES pour vanter les sociétés françaises.
Ne soyons pas dupes : derrière les réactions à la phrase d’Emmanuel Macron apparaissent en filigrane le dégoût et la haine que la gauche a pour l’ambition : pour elle, mieux vaut niveler par le bas grâce au modèle social que de s’en sortir par le haut. C’est justement parce qu’il y a eu des Bill Gates et des Steve Jobs que des centaines de jeunes ont voulu créer leur entreprise. Laissons donc juste les jeunes rêver en leur rappelant que, même pour pleurer, mieux vaut le faire dans une Rolls-Royce que dans une 2CV!

L’heure de la résistance a sonné

Oui, la France est en guerre pour protéger son mode de vie et sa civilisation. Dans cette guerre, chacun doit se mobiliser contre l’islam radical et la terreur.
Ne nous y trompons pas. La semaine passée, à trois reprises, c’est la France tout entière qui a été attaquée. Bien sûr Charlie Hebdo a concentré la plus grande part de cet assaut de terreur. Bien sûr ce journal satirique, qui a très tôt alerté sur les dangers du communautarisme islamique, a été décapité de manière horrible. Bien sûr à travers cet attentat odieux et insupportable, c’est aussi la liberté d’opinion qui a été mise en cause. Mais il ne faut pas oublier que pendant cette semaine quatre personnes présentes dans une épicerie casher ont été fauchées. De même que trois représentants des forces de l’ordre. C’est donc la France dans sa diversité d’opinions, de croyances ou de couleurs qui a été ensanglantée.
Nous sommes tous tristes. Nous sommes tous en colère. Nous sommes tous révoltés. Mais nous le sommes encore plus à Valeurs actuelles où, dans ces colonnes, nous avons tenté d’alerter à plusieurs reprises l’opinion et les pouvoirs publics sur le fait que notre civilisation et notre mode de vie sont menacés par l’islamisation rampante du pays. Nous avons expliqué que la théorie des loups solitaires ne tenait pas debout et démontré qu’il existe bien une odieuse meute de loups très organisée, capable de semer la terreur sur tout le territoire. Nous avons enfin ressassé que la naissance d’un État islamique puissant et armé constituait une menace aussi importante que ce qu’était le nazisme il y a soixante-quinze ans.
Face à cette attaque inédite depuis la fin de la guerre d’Algérie, la France devrait être unie dans la riposte. Elle devrait l’être dans la prise de conscience de ce choc de civilisation qui frappe notre pays, et qui va continuer à le meurtrir. Elle devrait l’être dans les moyens à mettre en oeuvre. Hélas — trois fois hélas ! — elle ne l’est pas. Elle ne l’est pas parce que la plupart de nos dirigeants politiques ne veulent pas pointer du doigt un certain islam. Elle ne l’est pas parce que ceux qui nous dirigent se refusent à voir la réalité en face. Elle ne l’est pas parce qu’une immense marche républicaine n’occultera jamais le fait que, dans des centaines d’écoles, des enfants ont fait le V de la victoire au lieu de se recueillir pendant la minute de silence. Elle ne l’est pas parce qu’à Besançon des feux d’artifice ont salué l’attentat de Charlie Hebdo. Elle ne l’est pas parce que dans de multiples cités, des jeunes ont crié que “le prophète était vengé” !
La France devrait être unie comme jamais dans cette période. Et l’opposition a fait preuve d’une responsabilité remarquable. De la même manière que chacun doit s’estimer fier de la manière dont les pouvoirs publics ont fait le job pour mettre ces islamistes hors d’état de nuire. Mais si désormais la France n’est pas unie dans le combat qui demeure, c’est parce que « la République est morte », comme l’a expliqué Michel Houellebecq dans l’Obs du 8 janvier après s’être lentement « suicidée » ainsi que l’a démontré Éric Zemmour dans son dernier livre.
La République est morte dès lors qu’elle laisse des femmes enfermées dans des linceuls noirs toute la journée. La République est morte dès lors qu’elle permet à des imams de professer que l’instruction publique est un danger pour les enfants. La République est morte dès lors que nos organismes sociaux ne se battent pas contre la polygamie pratiquée en France en contradiction avec nos lois. La République est morte à partir du moment où notre pays a laissé se développer un communautarisme, poison de notre pacte national (comme l’explique, page 87, notre chroniqueur Robert Redeker, victime d’une fatwa). La République est morte. Il n’en reste plus qu’un fantôme avec ses institutions, ses dirigeants, ses parlementaires et ses énarques. Mais elle est morte avec la suppression du service militaire, la disparition des hussards noirs de nos écoles, la “hallalisation” des banlieues et le piétinement de la laïcité.
La France est pourtant belle quand elle est rejointe par des chefs de gouvernement étrangers pour défiler contre cette terreur islamiste. La France est pourtant forte quand elle salue le courage et la bravoure des forces de l’ordre qui veillent sur nos libertés sans les entraver. La France est remarquable et remarquée quand le glas de Notre-Dame salue la mémoire de journalistes de Charlie Hebdo qui n’ont pourtant pas ménagé les catholiques. C’est dans ces moments d’unité nationale que la République peut renaître. À condition d’en finir avec l’attitude béate qui consiste à parler de loups solitaires ou de déséquilibrés. À condition de dire et de crier que ce qui se passe est bien une guerre de civilisation. À condition d’entrer en résistance contre toutes les lâchetés qui ont permis que de telles horreurs arrivent. À condition, enfin, de cesser d’ânonner que l’islam est compatible avec la République.

Nommer l’ennemi

C’est ce que nous avons décidé de faire, car ce n’est pas avec des demi-vérités qu’on réarme une nation !
À événement exceptionnel, dossier exceptionnel : passé le temps de la peine et du deuil,Valeurs actuelles a pris le parti de donner à ses lecteurs toutes les clés pour comprendre la semaine sanglante que nous avons vécue. Car, au-delà de l’hommage rendu aux forces de l’ordre, dont l’action exemplaire a permis de retrouver puis d’éliminer une poignée d’assassins, il importe plus que jamais de désigner l’origine de cette tragédie : la mystique du djihad, bien évidemment, mais aussi l’aveuglement de ceux qui, en négligeant de la considérer pour ce qu’elle est — une guerre sainte —, lui ont permis, depuis des décennies, de prendre pied en France et de s’y implanter.
Au nom du refus légitime de la xénophobie, on a voulu croire que l’autre était nécessairement le même, qu’entre sa culture et la nôtre, les différences finiraient bien par s’abolir dans le tourbillon bienfaisant du consumérisme. De Khaled Kelkal, en 1995, aux frères Kouachi, en 2015, en passant par Mohamed Merah, qui paradait en coupé sport dans la banlieue de Toulouse avant de tirer sur des enfants, les djihadistes ont prouvé qu’ils pouvaient se fondre dans la civilisation des “marques” tout en suivant à la lettre les messages de haine de certains prédicateurs…
Et, comme le démontre Frédéric Pons, c’est au moment où l’on aurait le plus besoin de moyens pour débusquer d’autres assassins potentiels que l’État, faute d’argent, limite ses efforts en matière de renseignement criminel. Depuis trop d’années, désarmement moral et désarmement matériel vont de pair. Si l’on ne veut plus voir couler le sang, il est grand temps de changer de braquet.

Camille Pascal : "De petites fissures…dans l'unité"

La traversée du temps. Nous pouvons être fiers de l’esprit d’unité de la France face au terrorisme ! Mais d’autres témoignages, de haine, ne cessent de me hanter.
Cette chronique n’a pas d’autre ambition que de jeter sur l’actualité en général, et la société française en particulier, un regard distant, nostalgique parfois, mais toujours amusé, faute de parvenir à être amusant. Aussi n’imaginais-je pas devoir commenter, un jour, des événements qui relèvent de l’actualité de guerre. Le lecteur qui me fait l’honneur de me lire, toutes les semaines et depuis deux ans, aura compris que je n’aime pas tremper ma plume dans l’encre trop épaisse de la gravité.
J’ai donc longuement hésité à aborder les tueries dont la France vient d’être le théâtre épouvanté. Des policiers, des journalistes, des humoristes, une psychanalyste, des employés, les clients d’une épicerie casher ont été abattus de sang-froid par des tueurs qui ne leur ont laissé aucune chance. Il n’était pas possible de rester silencieux ni même, par pudeur, de traiter d’autre chose.

La dignité et l’esprit d’unité, malgré quelques hoquets fâcheux, dont le pays a fait preuve face à l’attaque terroriste, ont pu, je crois, remplir chacun de fierté.
La rencontre, puis la poignée de main, entre l’ancien président de la République et l’actuel occupant de la fonction fut un symbole fort et rassurant.
Personne n’a plus idée aujourd’hui de polémiquer sur le coût de la protection rapprochée de certaines personnalités. Personne n’est venu contester le nombre impressionnant de ceux qui ont manifesté dans toute la France leur soutien aux victimes et leur refus de la haine. Personne n’a reproché au bourdon de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui accompagne les joies et les peines de la capitale depuis huit siècles, d’avoir sonné le glas au moment où tous les drapeaux français étaient mis en berne. Personne, enfin, n’a refusé de chanter la Marseillaise au prétexte que ses paroles seraient d’une autre époque.
Pour autant, j’ai le sentiment que des milliers de petites fissures terribles et anonymes sont venues insidieusement lézarder le mur de la cohésion nationale. Dès les premières heures suivant l’attentat du 7 janvier, j’ai, comme beaucoup, cherché à m’informer sur le Net, mais en découvrant les centaines de commentaires qui avaient déjà été laissés là, comme autant d’insultes à la douleur, j’ai vu ce que j’aurais aimé ne pas voir. J’ai lu des témoignages de haine pure, également partagés entre ceux qui accusaient, en bloc, la communauté musulmane de notre pays et ceux qui, en face, se réjouissaient du sort réservé aux caricaturistes de Charlie Hebdo. Lors du respect de la minute de silence en l’honneur des victimes de ces massacres on a, semble-t-il, entendu dans des établissements scolaires des propos qui venaient s’ajouter à ceux qui circulaient déjà sur les réseaux sociaux.
Je veux croire de toutes mes forces à l’unité de la nation dans l’épreuve et dans sa capacité de réaction, mais ce que j’ai lu le jour même du massacre de la rédaction de Charlie Hebdo ne cesse pas de me hanter.