TOUT EST DIT

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dimanche 18 janvier 2015

L’Europe au pied du mur

L'Europe unie est en guerre contre le terrorisme. Depuis hier soir nous savons que les menaces ne sont pas exclusivement hexagonales, mais qu'elles visent toute l'Union. L'intervention de la police belge pour mettre hors d'état de nuire une cellule djihadiste a fait la démonstration que les réseaux s'activent et sont à la man'uvre pour tenter de déstabiliser le Vieux Continent.
L'Europe unie ne doit pas s'étonner de la présence de bases et de filières du terrorisme djihadiste en Belgique. C'est une réalité assez ancienne. C'est en effet chez nos voisins que fut planifié l'attentat contre Massoud. C'est en Belgique que s'est produit l'attentat contre le Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014. C'est en Belgique qu'existent des filières de fournitures d'armes de guerre. Les enquêteurs français ont de forts soupçons sur l'approvisionnement dans ce pays des frères Kouachi et de Coulibaly, dans les semaines passées. La Belgique abrite des organisations d'inspiration salafiste, parfaitement connues et repérées, filières d'endoctrinement et de recrutements de jeunes radicalisés pour un départ en Syrie. Ces organisations 'uvrent auprès des jeunes précaires et en rupture sociale. Les spécialistes estiment à trois cents, les engagés djihadistes Belges partis en Syrie ou en Irak.
L'Europe unie va être au pied du mur. Personne ne pourra dire qu'il est protégé de ce cancer. La mondialisation du terrorisme s'appelle ici djihadisme européen. Donc l'Europe doit agir. Il est probable que nos concitoyens qui ont aimé les directives européennes sur les nitrates ou sur la forme idéale des légumes à mettre sur les marchés, aimeront davantage une action concertée et forte de l'Union contre le terrorisme.
L'Europe unie doit s'emparer du dossier au-delà des incantations. D'abord en participant au financement pour une lutte dont actuellement une grande partie du coût est supportée par la France et par la Grande-Bretagne. Ensuite, en créant une organisation de l'antiterrorisme, et enfin en contrôlant nos ressortissants qui partent ou qui rentrent de Syrie avec des projets criminels.

Un effet presse écrite

La presse écrite ira-t-elle mieux ? Pas de précipitation. Mais la séquence d'actualités que nous vivons a ramené les lecteurs devant les kiosques et dans les maisons de la presse. Première observation de cette semaine tragique : les ventes inhabituelles des journaux papier.
À événements exceptionnels, ventes exceptionnelles. Les titres de la presse nationale ont affiché des taux de vente de + 40 % à + 50 %, le 8 janvier. La presse quotidienne régionale est a + 30 % en moyenne, comme les éditions de notre journal avec une pointe à + 65 % pour l'édition de Clermont-Métropole. Une tendance qui, malgré un fléchissement, a montré une constante dans les jours qui ont suivi.
L'attentat contre une rédaction n'est pas pour rien dans cette envie pressante de lire un journal papier. Il s'agissait d'abord d'un acte de solidarité porté par l'émotion envers ce type de presse. Quel qu'il soit. L'attente de l'édition du Charlie Hebdo de mercredi a conduit beaucoup de Français chez les diffuseurs de presse, des lieux où ils n'allaient plus. Et finalement chacun repartait du kiosque avec un journal sous le bras, Charlie Hebdo ou un autre titre.
Ce regain d'intérêt pour la presse écrite traduit également une reconnaissance de légitimité, une attente d'explication, un désir de comprendre, une recherche de sens, pour aller au-delà du déroulé en « live » de l'information à haute vitesse des chaînes en continu et des directs des sites Web. Ici la prime au journal est d'abord la prime à l'écrit. Dans un contexte de grande violence et de forte demande de solidarité de la communauté nationale, le journal papier est un outil de partage, mais aussi un outil à conserver pour la mémoire commune. Cette tragédie a par ailleurs réconcilié (pour combien de temps ?) les Français avec trois corps intermédiaires pourtant très décriés ces dernières années : les policiers, une partie des hommes politiques et les journalistes. Pour ces derniers, la nécessité d'une presse écrite qui explique n'est pas étrangère au retournement d'opinion.

Les étrangetés de l’air du temps

Une semaine après les attentats terroristes qui ont ensanglanté Paris, l’air du temps a quelque chose d’étrange, d’extrêmement lourd, chargé d’incongruités. « Et vous, êtes-vous Charlie? » devient la question rituelle de tous les interviews, radio, presse, télévision. 
Ne pas être Charlie revient à se singulariser, ringardiser, se placer à contre-courant, endosser une image douteuse.  Nous assistons à un curieux basculement, qui voit le chantre de l’anticonformisme et de la contestation par l’humour devenir un label de convenance. Ses créateurs auraient-ils apprécié? Qui peut le dire? Hier matin dans le bus qui m’emmenait à mon travail, j’entendais cette histoire d’un homme d’une trentaine d’années, ayant fait la queue devant le kiosque à journaux dès 5 heures du matin, pour acheter un stock d’exemplaires et les revendre plusieurs fois leur prix au marché noir. La « récup », c’est maintenant… Et puis, en vertu de l’union sacrée, un silence pesant écrase le pays. Pour qui se souvient des suites de l’affaire Mehra en mars 2012, l’absence aujourd’hui de toute polémique, de toute discussion, voire velléité de questionnement sur les failles éventuelles de la puissance publique dans ce bain de sang, a quelque chose de sidérant. Souvenons nous de la mise en cause violente du président de l’époque, de son ministre de l’Intérieur, des services de renseignement. Le silence aujourd’hui, l’Omerta qui règne est invraisemblable. On sait que les médias sont largement acquis au pouvoir actuel, à 80%. Oui, mais là, c’est grave car ce genre de questions fait partie de la démocratie. L’union nationale, même sous la Grande Guerre de 1914-1918, n’a jamais interdit de légitimes interrogations sur la conduite des opérations, qui s’exprimaient alors à la Chambre. Mais il y a plus grave. Certes ce drame a  profondément traumatisé la France. Mais il ne donne pas lieu, sauf exception, au débat de société qui devrait s’imposer. Il soulève à mes yeux des questions fondamentales de civilisation sur l’échec du monde occidental face à l’islamisme radical, le séisme planétaire que représente l’instauration de l’Etat islamique d’Irak (daesh) et l’impuissance du monde occidental, le désastre engendré dans les sociétés européennes par le modèle communautariste et le repli identitaire, l’effroyable chaos des « cités de non droit », largement occulté et ignoré par « la France d’en haut », la fragmentation de la société française qui remonte à des décennies et ne fait que s’aggraver, sa violence, verbale, physique, le déclin de l’autorité, au sens noble du terme, et de la solidarité nationale – le lien de fraternité. Le silence qui pèse sur ces sujets fondamentaux, tenant à la conception même du monde, de la société et de son Etat, ses orientations et son devenir, ne fait qu’aggraver la tension perceptible en ce moment, le désarroi général et le sentiment de fatalisme.
NB: je remercie par avance les auteurs de commentaires,  et je demande à certains de bien vouloir comprendre qu’un modeste blog d’échanges et de réflexion partagée comme celui-ci, n’a pas vocation à héberger des propos partisans ou de propagande en faveur de personnalités ou de partis, et encore moins des déclarations fustigeant des personnes, des groupes de personnes. Des mots déplacés ou scandaleux auraient pour effet immédiat de m’obliger à mettre fin à ce blog dont je suis personnellement responsable du contenu. Or, il est ma créature de quatre années, reçoit désormais 1000 à 2000 visites chaque jour;  j’y tiens beaucoup, et je le protègerai jusqu’au bout en empêchant ce genre de dérapages. C’est ainsi. La « toile » est vaste et il existe de multiples blogs ou sites se prêtant mieux au défoulement des passions. Sincèrement, merci de votre compréhension.