Avec janvier déferlent les vœux présidentiels. Prisonnier d’un carcan institutionnel d’un autre âge, le chef de l’Etat va, un long mois durant, occuper son agenda en rendez-vous obligés avec le Conseil constitutionnel, les autorités religieuses, les corps constitués, les armées, le corps diplomatique, les territoires, les acteurs de l’entreprise et de l’emploi (sic!), les bureaux des assemblées et le conseil de Paris, la presse… Tout à sa stratégie de reconquête de la gauche, François Hollande a même ajouté deux audiences – avec l’éducation et la culture – à ce marathon de l’incantation. Une tradition républicaine ? Peut-être, mais plus encore un héritage éculé d’une Ve très monarchiste. Pire, un rituel usé d’un Etat omnipotent par qui tout procéderait, un symbole dépassé du primat absolu du politique sur la réalité économique, une image ringarde d’une élite politico-médiatico-administrative fermée sur elle-même, comme insensible au décrochage de la société civile…
Après l’inflation de commémorations, place à l’overdose de cérémonies ! Il s’agit pour le Président, nous explique-t-on, de débuter 2015 en saturant l’espace médiatique, une manière de garder l’offensive alors que les sondages frétillent, portés par l’empathie élyséenne… Pas d’annonces à attendre donc puisque le principal aurait – sans rire – été fait, mais une litanie de bonnes résolutions (c’est de saison), de formules abstraites, de précisions technocratiques, de paroles aussi virtuoses que creuses… Bref de la «bonne politique» avant 2017 comme si la lutte totale contre le chômage, la croissance molle et le déficit pouvait rester encore et toujours pendant une, deux ou trois années supplémentaires, un vœu pieu.