Comment va le «pacte fiscal» en France ? Comme sa cohésion sociale : mal, de plus en plus mal. Un nouveau rapport du Conseil des prélèvements obligatoires s’en alarme. Sans prôner le grand soir, ses auteurs réclament la refondation d’un système que l’on sait illisible, incohérent, injuste et inefficace. Bien sûr, leurs préconisations – même les plus prudentes – resteront lettre morte. François Hollande a déjà étouffé son engagement d’une fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG, déjà enterré la «mise à plat» défendue par son ancien Premier ministre. Ce n’est pas au moment où il se concentre sur les moyens de prolonger l’«esprit du 11 janvier» que le chef de l’Etat va prendre le risque d’une réforme nécessaire, mais dangereuse. Dommage.
Dommage parce que l’impôt est au cœur de l’emploi, de l’activité, de la confiance. Et donc de ce «vivre ensemble» que le Président cherche tant à restaurer, à réinventer. Il faut dire qu’en deux ans et demi, il a enchaîné les erreurs. Son acharnement sur les plus riches a détérioré l’attractivité du site France. Ses hausses de prélèvements aussi débridées que mal calibrées ont, fait sans précédent, abîmé l’adhésion au modèle social des classes moyennes, au bord de la révolte. Son choix de réduire pour finir le nombre de contribuables redevables de l’impôt sur le revenu a fragilisé encore davantage le contrat républicain ; or les experts recommandent, au nom justement de cette cohésion nationale à réparer, «un impôt pour tous, même symbolique». Résultat, l’obsession de l’égalitarisme par la taxation a prévalu alors que les Français montrent chaque jour, jusque dans la rue, leur désir d’autonomie, de liberté.