TOUT EST DIT

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lundi 26 janvier 2015

Grèce: les unes de la presse européenne

Au lendemain de la victoire de Tsipras, les éditorialistes s'inquiètent dans leur grande majorité des conséquences économiques pour l'Europe.
Les journaux grecs ont préféré attendre pour imprimer que les derniers résultats électoraux tombent au petit matin, et ne sont arrivés, exceptionnellement, qu'à 9 heures lundi dans les Kiosques d'Athènes. TaNea («Les Nouvelles») quotidien de centre-gauche, barre sa une, d'un sobre: «36,3%, la Grèce a tourné la page». L'intérieur est plus allant. Selon ce journal, «la grande victoire de Tsipras créé une très importante chance pour la gauche, non seulement en Grèce mais aussi en Europe. Ce sont les premières élections du Non contre le mémorandum et le premier «oui» pour essayer de changer l'économie et la politique qui mènent le peuple vers la misère. La victoire de Tsipras va conduire vers un grand changement en Europe. La Grèce peut maintenant avoir l'espoir qu'on comprenne la direction qu'elle veut prendre».

Son concurrent de centre-droit et quotidien de référence I Kathimerini, parle «d'une nouvelle scène». Après le «triomphe» de Syriza, «c'est un message fort adressé à la zone euro», souligne l'analyse de Dimitris Kontogiannis: «une austérité excessive aura des conséquences politiques et sociales si elle est longtemps poursuivie». Avec l'Europe, ajoute-t-il, «un compromis serait la meilleure solution, mais nécessiterait des concessions de part et d'autres. Que cela soit possible demande encore à être vérifié».
L'éditorialiste, pour lequel «les pourparlers avec la Troïka seront le principal test», rappelle que dans sa dernière interview avant le scrutin, Alexis Tsipras avait dit que, premier ministre, il ne reconnaîtrait pas la Troïka, formée des représentants de la Commission européenne, ceux de la banque centrale europénne et ceux du Fonds monétaire international. «Si Syriza s'arc-boute sur ses positions», souligne Dimitris Kontogiannis, «et que les préteurs ne cèdent pas»…
Quotidien de gauche, Efimerida ton syntakton («Le Journal des Rédacteurs») salue, enthousiaste, en Une: «Une victoire lourde comme l'histoire». AVGI, le journal proche de Syriza annonce une «Victoire- jalon pour le Grèce». Les gros titres sont informatifs mais sonnent comme des slogans: «Le gouvernement de tous les grecs, annonce Alexis Tsipras». «Un message pour l'Europe , contre l' austérité».

«L'option nucléaire de laisser les banques s'effondrer»

Changement d'ambiance en Angleterre. David Cameron utilise le résultat des urnes grecques comme argument pour sa campagne électorale pour les législatives de mai prochain au Royaume-Uni. Pour le premier ministre britannique, «l'incertitude économique accrue» en Grèce souligne la nécessité de maintenir le cap de sa politique d'austérité. Le ministre des Finances George Osborne ajoute que le vote des Grecs est une défaite des «programmes économiques qui ne marchent pas» et non de l'austérité en elle-même. Mais le gouvernement de Londres est prêt à faire preuve de souplesse pour étendre un délai de paiement de la dette grecque à la fin du mois, rapporte le Times. Selon The Independent, toute la question est désormais de savoir «qui va cligner des yeux en premier: Athènes ou l'UE et le FMI». Pour le Telegraph, «les fonctionnaires européens sont convaincus que l'UE a les meilleures cartes en main dans le clash à venir avec le nouveau premier ministre grec, en particulier l'option nucléaire de laisser les banques s'effondrer, et M. Tsipras connaît ses faiblesses».
Le Guardian voit dans la victoire de Syriza une leçon pour les gauches européennes. L'éditorialiste Zoe Williams compare la défiance du parti d'extrême-gauche grec à celle des nationalistes écossais dans la campagne pour l'indépendance: une capacité à faire face aux pouvoirs établis pour se faire l'avocat du peuple. Elle incrimine l'attitude du Labour à cette aune, «un parti de gauche qui ne peut pas affronter les risques évoqués par les investisseurs ne sera jamais en mesure de défendre quoi que ce soit de façon crédible», écrit-elle.

L'Allemagne accueille Syriza avec scepticisme

L'Allemagne s'était préparée à la victoire de Syriza en Grèce. Quoi qu'il en soit, pour les médias allemands, le vote de dimanche pose désormais plus de problèmes qu'il n'en résout. En page deux de Bild, le quotidien populaire le plus lu d'Allemagne, le ton est donné. «Combien nous coûte ce poing levé?», titre le journal à côté d'une photo d'Alexis Tsipras victorieux.

Dans son éditorial, il insiste et prévient les Grecs: «un contrat est un contrat». Puis: «L'Europe n'est pas un tripot où chacun peut jouer comme il veut». En évoquant «le choix de Tsipras», le Frankfurter Allgemeine Zeitung place le nouveau leader de la Grèce, «un populiste qui a promis à son électorat des lendemains qui chantent et la bataille à l'UE», devant ses responsabilités. «Il a le choix entre un compromis avec la Troïka et une banqueroute, qui conduirait son pays plus profondément dans l'abime». «Quels sont les différents scénarios pour la Grèce?», s'interroge le quotidien Tagesspiegel, qui dresse la liste des questions qui se posent désormais, d'une hypothétique sortie de la Grèce de la zone euro aux mesures que devra prendre le nouveau gouvernement pour ne pas décevoir ses électeurs. «Tsipras a fait la culbute», ironise le quotidien Süddeutsche Zeitung en estimant que le leader de Syriza avait déjà commencé à nuancer ses positions. Moins positif, Die Welt se demande si «l'Europe se laissera rançonner par Tsipras?».
De l'autre côté du paysage politique, le journal de gauche TAZ demande «que la démocratie soit respectée». Mais le quotidien souline aussi qu'Alexis Tsipras a désormais «un problèm»: contre «l'holocauste social il a promis d'augmenter les pensions, l'aide sociale, d'engager des fonctionnaires et d'introduire un salaire minimum». Mais même un gouvernement de gauche ne peut pas «simplement imprimer de l'argent». Lundi matin, les journaux allemands s'interogeianeuit aussi sur l'attitude qu'adopterait la Chancelière vis-à-vis de son nouvel interlocuteur.

«Un enfant sans certificat de naissance”

La presse espagnole couvre la victoire de Syriza quasiment comme s'il s'agissait d'élections nationales: d'El País (centre gauche) à ABC (droite), en passant par les journaux régionaux, tous consacrent leur information principale et la photo de Une au triomphe de la gauche radicale grecque. Résultats, graphiques, reportages et éditoriaux s'affichent en première page, complétés le plus souvent par l'analyse en creux de la situation politique espagnole, avec en toile de fond l'essor de Podemos, parti ami de Syriza.
Les journaux les plus mesurés parlent d'un défi de la Grèce. Le catalan La Vanguardia personnalise: “La Grèce défie Merkel”, alors que pour El Mundo (centre droit), “La Grèce défie la Troïka”. Ce journal, qui place chaque jour une citation en première page, retient ce lundi un commentaire de Valéry Giscard d'Estaing: “Une Europe sans la Grèce aurait été comme un enfant sans certificat de naissance”.
À droite, ABC et La Razón rivalisent d'inquiétude: “Le populisme s'approprie de la Grèce”, titre le premier en Une, tandis que le second inaugure le terme de “Desgrecia”, un jeu de mot liant la Grèce au malheur (“desgracia”, en espagnol) après que ses électeurs se sont “jetés dans l'abisme du populisme”. El País (centre gauche) s'en tient au présage d' “une période d'agitation en Europe”.
La réaction de Bruxelles et des capitales européennes est le sujet qui occupe la majorité des éditoriaux espagnols. Avec une question sous-jacente: négocier ou pas une restructuration de la dette publique? Pour El Mundo, «L'UE doit négocier avec Syriza mais être ferme dans ses exigences avec la Grèce». Entre l'inflexibilité et l'abandon de l'austérité, le quotidien suggère un chemin intermédiaire: «L'Europe peut assouplir les délais du remboursement de la dette ou négocier une baisse des taux d'interêt, parce que l'idée n'est pas d'asphyxier les Grecs, mais elle doit éviter de parler d'une réduction de la dette ou d'une renégociation qui supposerait un impayé pour les créanciers internationaux, car cela supposerait un précédent dangereux et donnerait des ailes à d'autres mouvements populistes». La Razón, dans son éditorial «L'Europe face au tremblement de terre grec» ajoute un argument national pour s'opposer aux prétentions de Syriza: “Cela placerait en mauvaise posture les membres qui, comme l'Espagne, ont honoré leurs engagements dans des conditions très difficiles”.
La comparaison entre Athènes et Madrid, entre la Syriza d'Alexis Tsipras et le Podemos de Pablo Iglesias est sous entendue dans toutes les analyses. Dimanche, Pablo Iglesias lançait un avertissement au gouvernement de Mariano Rajoy lors d'un grand meeting à Valencia: “Tic tac, tic tac”, a-t-il fait répéter aux militants, «Le compte à rebours à commencé pour Rajoy!». La peur d'un «effet contagion» est présente chez les conservateurs, mais, rappelle El País, il existe aussi au sein du Parti populaire (PP) de Rajoy l'idée que les difficultés de Syriza pourraient décourager les électeurs tentés par Podemos. Attention, met en garde le quotidien dans son éditorial, «Même si, par certains aspects, ces élections présentent des points communs avec d'autres situations -comme l'Espagne-, il serait intellectuellement abusif de les comparer. Et, à la longue, la comparaison ne sera sans doute pas rentable pour qui prétend la faire».

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