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lundi 26 janvier 2015

Contre l'austérité, la Grèce donne le pouvoir à Syriza

 Après la très nette victoire de son parti, le jeune leader de la gauche radicale Alexis Tsipras devrait être chargé de former un gouvernement ce lundi.
Alexis Tsipras attend désormais d'être convoqué, dès ce lundi après-midi, par le président de la République, pour former le nouveau gouvernement grec. Après la très nette victoire de son parti, Syriza, dimanche lors des législatives anticipées, il a le soir même adopté, face à ses supporters massés sur une grande place du centre ville d'Athènes, une stature et un ton de premier ministre, sûr d'avoir une majorité dans la nouvelle Assemblée.

«Le mandat donné par le peuple annule les plans d'austérité», a lancé Alexis Tsipras à la foule. «Le nouveau gouvernement évitera la confrontation destructrice avec ses partenaires» européens, a-t-il toutefois lancé, en souhaitant négocier avec ses créanciers une «nouvelle solution viable» pour la Grèce et l'Europe.
Syriza devrait être en mesure de constituer un nouveau gouvernement d'ici mercredi matin, a annoncé un dirigeant du parti dans la nuit de dimanche à lundi. Selon les résultats quasiment définitifs, avec 149 élus, il manque deux sièges au parti d'Alexis Tsipras pour décrocher la majorité absolue au Parlement.
Le leader de la gauche radicale va devoir mener des négociations avec plusieurs petits partis comme les centristes de To Potami ou les Indépendants grecs (anti-austérité) qui ont exprimé leur soutien à la formation conduite par Alexis Tsipras.
Avec la prime de 50 députés accordés au parti arrivé en tête, il n'est pas besoin pour Syriza de dépasser les 50 %. Mais les calculs sont complexes, car ils doivent prendre en compte tous les résultats des partis. Ceux qui franchissent les 3 % nécessaires pour entrer au Parlement, comme les autres. Le «Mouvement des socialistes démocrates», le nouveau parti de l'ancien premier ministre Georges Papandréou, a longtemps hésité, puis finalement échoué dans la soirée devant ce seuil des 3 %.
Selon les mêmes mesures enregistrées auprès des électeurs, le parti de droite du premier ministre sortant, Antonis Samaras, estimé entre 23 et 27 %, a subi un très sérieux revers électoral. Aux dernières législatives de 2012, la Nouvelle Démocratie l'avait sur le fil emporté sur Syriza. Deux années plus tard d'une politique d'austérité qui a saigné les citoyens grecs, la comparaison entre les deux formations structurant la scène politique athénienne a perdu de sa pertinence. La Nouvelle Démocratie, dimanche, a été vraiment distancée, les instituts de sondage la plaçant, dimanche en début de soirée, entre 7 et 12 points derrière sa concurrente de la gauche radicale.
L'espoir d'Antonis Samaras, tout au long de la campagne, avait été de faire jeu quasiment égal avec Alexis Tsipras. Évidemment, à mesure que l'échéance approchait, le premier ministre sortant savait que la victoire le fuyait. Son départ, vendredi soir, de son dernier meeting à Athènes, devant une marée de drapeaux bleu et blanc grecs, avait sonné comme un adieu. Samaras aura bien du mal à garder un rôle prépondérant au sein de sa propre formation. Les membres de celle-ci pourraient être prompts à l'écarter puis à s'entre-déchirer. Et la stratégie qui consistait à maintenir la pression sur Syriza à l'intérieur du Parlement, pour parvenir à imposer rapidement de nouvelles législatives anticipées, comme cela avait été le cas en 2012, sera difficile à mettre en œuvre.
Alexis Tsipras a fixé une ligne à d'éventuelles alliances. «Aux commandes, avait-il averti, il n'est pas question pour nous d'accepter des représentants des points de vue de Mme Merkel. Nous n'avons pas l'intention de nous allier dans un gouvernement avec les envoyés du mémorandum.» En Grèce, le terme «mémorandum» désigne l'ensemble des mesures d'austérité qui ont été imposées par ses créanciers, l'UE et le FMI, depuis 2010, en échange de prêts pour éviter au pays la faillite.
Parmi les partis «anti-austérité» s'étant opposés au mémorandum, Syriza ne peut pas compter sur ses frères ennemis staliniens du KKE, le Parti communiste grec, crédité de 4,5 à 5,5 %. C'est impossible avec les néonazis de l'Aube dorée, dont il faut souligner le score exceptionnel, alors que toute la direction de ce parti est actuellement en prison. Aube dorée est arrivé troisième, juste au dessus de 6 %, devant To Potami (la Rivière), une nouvelle formation centriste apparue aux Européennes de 2014, qui ne semblait pas devoir franchir cette barre.
Bien qu'à l'opposé de l'échiquier politique, le parti des Grecs indépendants (Anel), auquel on donnait entre 3,5 et 4,5 %, a voté contre le mémorandum. L'alliance entre l'extrême gauche et cette droite nationaliste n'est donc pas totalement inconcevable.

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