Nos dirigeants sont incorrigibles. Il suffit que quelques signaux lumineux se rallument, lueur faiblarde, pour qu’ils nous promettent le retour de la grande clarté. Le pétrole chute, le dollar baisse, les taux d’intérêt restent bas ? La France est tirée d’affaire et François Hollande avec. Oubliées les lamentations sur la trop faible inflation. Effacées les expériences piteuses de l’inversion de la courbe du chômage ou du retournement économique. Cette fois sera la bonne puisque les circonstances sont avec nous.
 
Malheureusement, ce bluff est trop grossier pour convaincre nos partenaires de relâcher la pression. Tous disent et répètent que la France doit faire plus d’efforts, d’adaptations, de réformes, d’économies budgétaires. Tous le font non pas seulement parce qu’ils en appellent au respect de nos engagements, mais de plus en plus parce qu’ils craignent que la maladie française, langueur et dépression, ne tire l’ensemble de la zone Europe vers le fond : la France pèse tant dans l’économie européenne.
Et ce n’est pas le cirque autour de la loi Macron qui pourrait les rassurer sur notre acceptation de la réforme. Que cette loi hétéroclite puisse apparaître aux uns comme le levier qui fera sauter les verrous de l’économie, et aux autres comme le poison libéral qui livrera le pays aux forces du marché en dit long sur notre immaturité. Pas plus que le CICE qui devait à lui seul relancer la compétitivité des entreprises, pas davantage que l’accord ANI qui devait assouplir le droit du travail et libérer l’emploi, pas plus que la réforme des régions qui devait simplifier le millefeuille territorial et économiser l’argent public, la loi Macron ne suffira, à elle seule, à sortir le pays du marasme. Et plus les débats autour de ce texte seront ardus, moins il y aura de chances qu’il soit efficace pour commencer à tirer la France d’affaire.