En observant l’état de la France en cette fin d’année, on comprend que François Hollande et le parti socialiste attendent l’année 2015 comme le condamné à mort le résultat de son recours en grâce : avec un mélange d’espoir irraisonné et de crainte du lendemain qui pousse à se réfugier dans l’imaginaire plutôt qu’à affronter la réalité. A cet égard, les Etats généraux du PS qui se sont achevés ce week-end à Paris ont montré que le parti au pouvoir n’avait rien perdu de ses illusions. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, a fait adopter une « charte des socialistes pour le progrès humain » de 23 pages présentée comme un « nouveau programme fondamental » devant permettre au PS de « travailler au renouveau de la France. »
On y proclame la nécessité d’un « éco-socialisme » plutôt que du progressisme cher à Manuel Valls, on y affiche sa volonté d’édifier une « alter-Europe » puisque l’Union européenne est décidément trop contrariante, on y loue « l’Etat stratège, l’Etat protecteur, l’Etat social », et même « l’Etat social-écologique » censé favoriser le retour des Verts au gouvernement. Mais de solutions pour lutter contre le chômage, relancer la croissance et encourager les entreprises, point.
« Le fondement de la théorie, c’est la pratique », disait Mao Tse-Toung. En deux ans et demi d’exercice du pouvoir, on aurait pu supposer que le parti socialiste ait appris quelques leçons de réalisme et de modestie. Chômage record, déficits incontrôlés, croissance hors d’atteinte… le bilan est déplorable et la charte adoptée n’annonce qu’un coup de barre à gauche pour les mois qui viennent. Les Etats généraux auraient pu donner au PS la possibilité, 55 ans après le SPD allemand, de faire son Bad-Godesberg. Ce fut une occasion manquée. Une de plus.