Sur le travail du dimanche, la France va encore se distinguer, se diviser, s’enferrer dans une polémique aussi virulente qu’inutile. Comme si avec 5,5 millions de chômeurs, le pays pouvait s’offrir le luxe d’une nouvelle bataille dogmatique, d’un énième combat d’autant plus acharné qu’il touche au symbole ! Comme s’il n’était pas impératif de tout essayer, sur tous les fronts, pour créer des emplois ! Hélas, le scénario du repos dominical est déjà écrit : les défenseurs d’un acquis arraché de haute lutte syndicale en 1906 vont batailler pour le statu quo sans rien concéder aux partisans de la « liberté de travail ». Absurde. Le ministre de l’Economie en mesure bien l’enjeu : le débat dépasse la seule question, certes essentielle, des créations attendues de postes. Il s’agit d’un marqueur, d’un signal dans une économie « à débloquer ». Sur la liberté de choix : pourquoi l’Etat devrait-il systématiquement décider de ce qui est bon ou pas pour les entreprises, les consommateurs ? Sur le temps de travail : pourquoi persister dans une vision malthusienne, démontée par l’échec des 35 heures ? Sur les « mini-jobs », concernés au premier chef par les ouvertures dominicales : pourquoi s’entêter à cadenasser le marché du travail au prix d’une exclusion totale des « outsiders » les moins qualifiés ? Sur la simplification : pourquoi maintenir des lois devenues illisibles à force de dérogations, de frontières absurdes et de seuils aberrants ? Ou sur l’adaptation à la révolution numérique : comme le souligne Emmanuel Macron avec ironie, Amazon réalise 25 % de son activité… le septième jour. Au-delà des postures, la lutte contre le chômage mérite d’être menée sans relâche. Du dimanche au samedi.