Le come-back vers le passé de Martine Aubry, archaïque en chef

Deux ans et demi que Martine Aubry se taisait. Deux ans et demi que la maire de Lille gardait pour elle son « analyse lucide » face à un gouvernement qui s’enferre, à un pays qui s’enfonce. Et au bout de ce long mutisme, qu’on imagine douloureux, quoi ? Un simili contre-programme fait de contrats aidés, de loyers encadrés, d’un Etat-stratège pour réguler la mondialisation, d’une société « bienveillante »... Tout ça pour ça ? Tout ça pour sommer l’exécutif d’emprunter un « bon chemin » qui tient plus de la voie sans issue que de l’autoroute vers le futur ! Tout ça pour se présenter « candidate au débat d’idées » sans le début d’une pensée originale ! Convenu, l’appel à « en finir avec les vieilles recettes libérales » dans le pays qui – faut-il donc le rappeler ? – étouffe sous le taux de dépenses publiques le plus élevé au monde, héritage de nos vieilles lunes étatistes. Rabâchée, la promesse d’un grand soir fiscal pour « distribuer du pouvoir d’achat aux plus modestes », comme si les classes moyennes pouvaient encore financer la folie redistributrice. Démagogique, la proposition de reformater un pacte de responsabilité accusé de profiter aux actionnaires et aux hautes rémunérations, quand les entreprises exsangues réclament visibilité et confiance. Simpliste, dangereux même, cet adage qui voudrait qu’on ne réforme pas l’assurance chômage au moment où il y a tant de chômeurs – mais quand alors ? Tout à son exercice de torpillage, Martine Aubry ne dit mot de l’exaspération fiscale, de la contrainte européenne, du délitement social. Archaïque en chef, la frondeuse prend date sans date, réoriente sans orientation, déconstruit sans reconstruire. Beaucoup de silence pour rien.