A quoi reconnaît-on un pouvoir qui décroche ? A son impopularité, bien sûr. A son incapacité à convaincre l’opinion et à ses défaites répétées aux élections intermédiaires, évidemment. Sur tous ces points, le quinquennat de François Hollande fait pire que tous les gouvernements précédents.
Mais il y a plus préoccupant : un pouvoir qui décroche est un pouvoir qui ne parvient plus à gouverner. Et c’est ce qui se produit désormais. Non pas (pour l’instant ?) à cause de blocages institutionnels, pas davantage (pour le moment ?) à cause d’une majorité parlementaire hostile, mais parce que le moteur du pouvoir semble progressivement se gripper. Dans les ministères, la mécanique patine. Et l’horlogerie gouvernementale, tout ce processus complexe de la décision, s’enraye.
Les signaux de cette paralysie progressive se multiplient. Pour donner l’illusion de gouverner, ce pouvoir multiplie les annonces – une table ronde par-ci, des assises par-là, un Grenelle pour emballer le tout. Comme à chaque rentrée de septembre depuis qu’il est au pouvoir, François Hollande assure qu’il va « accélérer », mais le bouclage du budget est décalé, les ordonnances sont évacuées. Des réunions avec les partenaires sociaux sont convoquées en urgence pour parler investissement et apprentissage, deux sujets pourtant cruciaux dont la préparation est bâclée. On trouvera toujours un ministre, si ce n’est le président en personne, pour annoncer ensuite un catalogue impressionnant de réformes, affirmant au passage un volontarisme qui s’écrasera rapidement sur le mur de l’inertie.
La réalité, c’est que le pouvoir est asphyxié, inaudible, écrasé entre l’état catastrophique du pays, la décomposition de sa majorité et l’exigence internationale de réformes. Alors il s’agite, pour rien, espérant masquer ainsi l’absence de solution. C’est cela, un pouvoir qui décroche.