TOUT EST DIT

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vendredi 5 septembre 2014

Qui sont les « sans-dents » ?

Censée désigner les pauvres, l’expression les "sans-dents" attribuée à François Hollande par son ex-compagne Valérie Trierweiler dans son livre "Merci pour ce moment" - en librairie depuis ce jeudi - renvoie à une dure réalité : une part importante de Français doit renoncer à tout soin dentaire par manque d’argent. Etat des lieux.

Ce n’est guère étonnant, mais plus que jamais d’actualité : l’accès aux soins bucco-dentaires dépend du niveau de revenu, au point que les plus pauvres sont le plus souvent obligés de s’en passer. Selon une étude de l’Insee publiée en juillet dernier, ce sont en moyenne 7% des Français qui s’abstiennent chaque année de consulter un dentiste alors qu’ils en ressentent le besoin. Et dans 50% des cas, le motif de ce renoncement est le coût de la consultation. Un réflexe qui plus est récurrent : 40% des personnes ayant une première fois renoncé à faire soigner leurs quenottes, y renoncent également l’année suivante.
Bien évidemment, si elles ne peuvent s’offrir ces soins très coûteux, c’est parce qu’elles sont le plus souvent démunies de toute couverture complémentaire. Ainsi, selon un sondage de l’Ifop, 46% des Français ayant dû renoncer à une consultation dentaire ne disposaient pas d'une mutuelle santé. Résultat : pour les plus pauvres, l’expression « sans-dents » prend malheureusement tout son sens. L’ONG Médecins du Monde a par exemple estimé que les patients recourant à ses centres d’accueil comptent en moyenne 5,3 dents manquantes. Une proportion qui grimpe à huit dents pour ceux âgés de 40 à 59 ans, et même à quinze pour les malades de 60 ans et plus.
Mais que ceux disposant d’une mutuelle ne se réjouissent pas trop vite : tous ne sont pas, en effet, égaux devant la "roulette". Après avoir passé au crible 870 contrats complémentaires, la DREES (organisme statistique rattaché au ministère de la santé) vient de confirmer qu’il valait mieux être salarié d’une grande entreprise et du coup bénéficier d’un contrat collectif, qu’indépendant ou retraité et devoir se tourner vers un contrat individuel. Alors qu’elle coûte environ 750 euros, une prothèse dentaire est en moyenne remboursée à hauteur de 327 euros aux premiers, contre 218 euros aux seconds (33% de moins). Quant aux implants dentaires, facturés aux alentours de 2.000 euros pièce, si le remboursement atteint 337 euros en moyenne dans le premier cas, il tombe à 201 euros dans le second (40% de moins).
Le « reste à charge » n’est cependant pas le seul frein à la consultation du dentiste. Il faut signaler aussi l’état de santé général : selon l’étude de l’Insee, moins on est bien portant, plus on tend à renoncer à prendre rendez-vous… Enfin, plus surprenant, la sensibilité à la douleur : 25% des Français qui renoncent à se faire soigner les dents expliquent leur refus de consulter par la peur du dentiste ! Bref, il y aurait aussi des "sans-dents" chez les "riches douillets".

Déclin françaDéclin français : les déterminants politiques et éthiques (5) La démagogieis : les déDéclin français : les déterminants politiques et éthiques (5) La démagogieterminants politiques et éthiques (5) La démagogie

Comment la démocratie a-t-elle pu se pervertir jusqu’à la démagogie ?

Au cœur des interactions déterminant le devenir d’une civilisation se trouve le politique. Il interagit nécessairement avec l’économique, le social, le juridique et l’institutionnel. Quant à l’aspect éthique, il est indissociablement lié au politique qui porte les valeurs déterminant la vision de l’avenir et les modalités de l’action. Cinq concepts politico-éthiques constituent la base intellectuelle du déclin de la France au début du 21e siècle :l’idéologiele dogmatismele repli sur les acquisl’hédonisme et la démagogie.
Marine Le Pen à Hénin Beaumont en 2012 (Crédits Jérémy Jännick licence Creative Commons)5. Démocratie et démagogie
Il existe probablement une contradiction fondamentale entre l’évolution économique de l’Occident et la démocratie. Les valeurs porteuses de démocratie sont centrées sur la vertu au sens le plus traditionnel : rigueur morale voire austérité, respect des principes et des formes, idéalisme.
L’évolution économique de l’Occident a conduit à une production de masse mal régulée et à l’addiction du grand nombre à de petits plaisirs inconsistants liés à la consommation de biens ou de services. La consommation devient pour beaucoup d’occidentaux un objectif : il faut posséder certains biens ou avoir accès à certains services (restaurants, voyages par exemple) et chacun sera jugé sur son habileté à les obtenir. N’a-t-on pas fait circuler l’information qu’un Président de la République française aurait prétendu que celui qui ne possédait pas une montre Rolex à 50 ans avait raté sa vie ? Peu importe d’ailleurs que l’information soit juste ou fausse : personne, pas même un Président de la République, n’est à l’abri de telle ou telle affirmation trop rapide et caricaturale. Ce qui est intéressant, c’est qu’un tel propos ait été relevé. Il pouvait être utilisé par les médias car il est significatif de l’époque et de ses valeurs : l’hédonisme, le matérialisme, la surévaluation de l’apparence.
Société du spectacle
Un tel terrain est particulièrement propice au développement rapide d’une plante très vénéneuse : la démagogie. L’aspect le plus visible de l’emprise de la démagogie sur la pratique politique des démocraties est sans doute le glissement de la représentation au spectacle. Nos démocraties sont traditionnellement des régimes représentatifs, c’est-à-dire que le peuple s’exprime par la voix de représentants élus (députés, sénateurs, élus locaux). Jusqu’au milieu du 20ème siècle, ces représentants n’avaient que des relations épisodiques avec leurs électeurs sous forme de réunions ou d’entretiens. Avec les moyens de communication de masse, l’élu est omniprésent, et cela ne concerne pas seulement les leaders politiques. Il devient indispensable de participer à des émissions télévisées ou radiodiffusées, d’avoir un site internet, de diffuser de la documentation écrite. La scène politique devient un spectacle permanent. S’adresser directement à ses électeurs peut avoir des effets positifs en permettant un effort explicatif sur des problèmes complexes. Mais la dominante a plutôt consisté à construire un message politique en fonction des sondages d’opinion.
Le modèle est l’étude de marché précédant la mise au point d’un produit : il s’agit de répondre aux désirs du client. En matière politique, on entre alors dans le populisme : l’objectif est de séduire l’électeur-client-spectateur en lui proposant un programme conforme à ses désirs latents et non plus de présenter un programme conforme à l’intérêt général. Le populisme est plus marqué aux extrêmes que dans les partis de gouvernement. En Italie, Silvio Berlusconi a été un exemple presque caricatural de populisme de gouvernement. En France, le Front national en est le représentant le plus emblématique. Il surfe sur n’importe quel thème porteur : l’émigration, l’insécurité, l’hostilité primaire à la construction européenne, et plus récemment les thèmes sociaux. Tout est bon pour capter un électorat.
 La haine de la rigueur
hollande démagogie rené le honzecD’une manière plus générale, on assiste à une incapacité du pouvoir politique à proposer un changement qui s’apparente même de façon très édulcorée à la rigueur. Quant au mot austérité, il est devenu une insulte imprononçable dans une société qui ne se caractérise pourtant pas par son académisme linguistique. La détérioration gravissime de la situation financière des États occidentaux au début du 21ème siècle permet de mettre en évidence l’extrême faiblesse des dirigeants politiques face à l’opinion. Les dettes accumulées, qui menacent l’existence même de certains États, devraient inciter à des mesures drastiques, surtout dans des sociétés riches qui peuvent aisément faire baisser leur niveau de vie pour retrouver une santé financière. On assiste au contraire à des hésitations, voire à des refus chez les dirigeants de réduire les dépenses publiques.
L’exemple de la France est particulièrement illustratif : le problème des déficits pourrait être vite résolu si on augmentait les prélèvements à large assiette, par exemple la TVA, la CSG, de quelques pourcents et si l’État supprimait de multiples interventions coûteuses et inefficaces. Mais le sujet est tabou, principalement parce que cela induirait une diminution de la consommation des ménages. Augmenter la TVA de 2 ou 3% changerait-il quoi que ce soit de significatif au niveau de vie des ménages ? Bien évidemment non. Mais la démagogie est devenue telle que l’adversaire politique pourrait utiliser l’argument et drainer un électorat supplémentaire de mécontents. Il faut donc, pour faire bonne figure, proposer uniquement du bonheur consumériste additionnel.
Les débats politiques médiatisés sont ainsi devenus d’une pauvreté conceptuelle affligeante et il est permis de douter qu’il en aille autrement dans le petit cercle des décideurs. Peu importe la faisabilité de telle ou telle proposition ou ses chances de pérennité à long terme, peu importe l’efficacité d’une mesure ; il s’agit de réussir sa communication et de transmettre un message simple de façon plaisante. Ne pas ennuyer, ne pas déranger, ne pas penser surtout : édulcorer ou caricaturer. Nous sommes face à des illusionnistes, à des magiciens, qui doivent enchanter ou assombrir le réel selon qu’ils exercent le pouvoir ou sont dans l’opposition. Il existe une véritable bulle de la communication politique, de plus en plus déconnectée de la description réaliste de la société. Internet accentue encore la tendance par la technique du buzz, permettant de diffuser rapidement et massivement une information ou un document, indépendamment de sa fiabilité.
La démocratie ne consiste pas à faire plaisir au peuple mais à le respecter. Elle n’a pas pour fonction de le rendre heureux mais de lui attribuer le pouvoir de décision. La démagogie consiste au contraire en faux semblants, en promesses sans lendemain, en mépris déguisé. Polybe, théoricien politique grec de l’antiquité (200-118 av JC) pensait qu’il existait un cycle des régimes politiques comportant six phases successives : la monarchie, la tyrannie, l’aristocratie, l’oligarchie, la démocratie et l’ochlocratie. Il semble que nous soyons en fin de cycle : selon les grecs anciens, l’ochlocratie est un état de décomposition de la société et d’affaissement moral qui aboutit à la disparition du pouvoir politique, jusqu’à ce qu’apparaisse un homme providentiel qui rétablit la monarchie. Est-ce là notre destin ?

Réponse à Loïc Clerc, de Marianne

Réponse à Loïc Clerc, de Marianne
J’ai beaucoup apprécié le long compte rendu de Loïc Clerc, de Marianne, concernant mon livre, Au coeur du volcan - Flammarion. Il est ambigü à souhait. Tout en fustigeant mon ouvrage et en le tournant en dérision, il choisit explicitement d’en parler à la place du livre de Mme Trierweiler qui accapare l’attention des médias, et par la même, rend un bel et singulier hommage Au coeur du volcan. Pile ou face? Sa critique principale porte sur la manière dont je parle de l’ancien président, qui selon lui, confine à l’idolâtrie: "Sarko, mon héro". En vérité, je lui en suis reconnaissant car il prouve bien par là-même que mon ouvrage n’a rien de déloyal, contrairement au reproche qui m’a été fait… Dommage, je crois qu’il passe à côté de l’essentiel, c’est-à-dire la crise du pouvoir politique. Il y a un point sur lequel je suis particulièrement en désaccord avec lui et sur lequel je voudrais répondre. Cet article m’accuse de ne pas aimer les journalistes. Rien n’est plus faux: j’ai une profonde et sincère estime pour le métier d’informer et l’aurais probablement choisi si je n’avais pas été aspiré par les concours de la fonction publique. Cependant, c’est vrai, je suis choqué sinon révolté par les articles qui ne sont pas destinés à apporter une information mais à insulter, lyncher, ou traîner dans la boue. D’ailleurs, je n’appelle pas cela du journalisme. J’ai trouvé détestables, non pas les critiques, mais les injures envers  le président Sarkozy, du genre "le voyou de la République". Qui ne l’eût pas été de voir son "patron" traité de la sorte? Je raconte dans mes carnets l’émotion ressentie à cette découverte, ce qui est assez logique puisque j’y rend compte de mes sentiments au jour le jour.