TOUT EST DIT

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vendredi 22 août 2014

« Peu élégant », « triste »... Duflot critiquée pour son offensive contre le gouvernement

La charge de Cécile Duflot contre François Hollande et certains membres du gouvernement irrite ses anciens collègues. Après lapublication des bonnes feuilles de son livre — dans lequel elle dresse le bilan de son expérience ministérielle — et son interview au Monde, et alors que débutent à Bordeaux les journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts, des ministres passent à leur tour à l'offensive.

« C'est un manque de considération envers la fonction de ministre qu'elle a exercée », l'a taclée la ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-
Belkacem, sur BFMTV. « C'est un manque de considération envers ses collègues du gouvernement » et « envers les Français eux-mêmes, elle qui prétend les réconcilier avec la politique », a-t-elle poursuivi.
Pour la ministre du commerce extérieur, Fleur Pellerin« on peut êtredéçu, avoir des reproches à faire », mais « les exposer à des fins politiques à un moment où il va y avoir à nouveau des échéances électorales, je trouve que c'est assez peu élégant ».
« NE PAS HÉSITER À LUI RENTRER DEDANS ! »
« Tout ça est très triste quand on a été ministre. On devrait d'abordfaire sa propre introspection »a déploré le secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat et à la simplificationThierry Mandon, invité de Sud radio. Il note par ailleurs qu'à travers ce livre, Mme Duflot contredit ce qu'elle avait dit en sortant du gouvernement, « elle ne critiquait queManuel Valls et pas le président de la République ».
« Ce n'est pas très bien du point de vue éthique », a ajouté sur iTélé le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.
Est-ce une attaque concertée des ministres ? D'après Le Canard enchaîné du 20 août, Manuel Valls serait très remonté contre Cécile Duflot. « Il faut taper et ne pas hésiter à lui rentrer dedans ! », aurait lancé un ministre important du gouvernement Valls, cité par l'hebdomadaire.
« UNE FORME DE TRISTESSE »
L'ancienne secrétaire nationale d'EELV s'est expliquée jeudi matin. Il ne s'agit pas d'un règlement de comptes avec M. Hollande, dit-elle dans son entretien au Monde.
« Mes critiques existaient quand j'étais ministre, et celui qui les connaît le mieux, c'est le président de la République lui-même. Je raconte les choses telles que je les ai vécues. Je dis avec franchise qu'on ne peut pas ne pas voir la déception que suscite la politique menée. »
« Oui, c'est un livre sévère, mais il l'est aussi à mon égard »assure Cécile Duflot à Europe 1. « C'est un livre sur la période où j'ai essayé de faire bouger les choses, notamment en direction de l'écologie. Il y a une forme de tristesse aussi, de reconnaître que les choses ne se sont pas passées comme elles auraient dû ou comme elles auraient pu se passer », reconnaît-elle.
Dans son ouvrage — De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion(Fayard, en librairies le 25 août) — l'ancienne ministre s'attaque au chef de l'Etat socialiste, dont elle dénonce notamment le caractère indécis : « A force d'avoir voulu être le président de tous, il n'a su êtrele président de personne. »
ÉVITER « LES STIGMATISATIONS, LES PROCÈS D'INTENTION »
Plus tôt, la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, tentait d'éteindre l'incendie en appelant à « élever le débat ». Mme Cosse a jugé positivement la publication de ce livre : « C'est un bon retour d'expérience », a-t-elle déclaré à la presse. « Ce que les Français attendent des écologistes, ce sont des réponses concrètes, a-t-elle dit,c'est là-dessus que je veux que nous nous attelions ».
Au sein d'un parti divisé depuis que les écologistes ont refusé departiciper au gouvernement de Manuel Valls, Jean-Vincent Placé, président du groupe des sénateurs écologistes, a en revanche déploré sur BFMTV un « jugement extrêmement sévère » contre le président, ajoutant qu'il faut « évite[r] les stigmatisations, les procèsd'intention » pour « aller vers l'unité ».
« La loi sur l'énergie, pour nous, c'est ça le gros sujet de la rentrée », a lancé pour sa part François de Rugy, coprésident du groupe EELV de l'Assemblée nationale. S'il n'a pas encore lu le livre, il espère cependant y trouver les explications « du choix d'abord personnel d'avoir quitté le gouvernement » de Mme Duflot.
Luc Carvounas, secrétaire national aux relations extérieures du PS, présent à Bordeaux, a jugé auprès de l'Agence France-presse que le livre de Cécile Duflot « ne s'adresse pas aux Français, c'est une stratégie interne au parti de vouloir avoir une ligne majoritaire ».
Le socialiste parle d'« une faute politique dans le contexte actuel »« à un mois des élections sénatoriales où chacun sait qu'il sera compliqué de garder cette chambre haute à gauche ». Et M. Carvounas derappeler « l'accord de novembre 2011 [entre Europe Ecologie-Les Verts et le Parti socialiste] qui a[vait] permis aux écologistes d'obtenir deux groupes parlementaires ».