Impôts : François Hollande pris à son propre piège
Pour François Hollande, le cauchemar fiscal n’est pas près de s’achever. A qui la faute ? Moins au Conseil constitutionnel qu’à lui-même. Prisonnier de ses préjugés, le chef de l’Etat paie d’abord une erreur de diagnostic : avoir cru que la prétendue faible progressivité de l’impôt sur le revenu permettait de tondre les classes moyennes, « sans les faire criailler » comme disait Colbert. Déjà ponctionnées par le gouvernement Fillon, puis touchées en plein cœur par la fiscalisation de la mutuelle ou le rabotage du quotient familial, elles ont exprimé un ras-le-bol inédit. Il interdit désormais tout accroissement des prélèvements, sauf à détériorer un consentement à l’impôt déjà bien mal en point.
A ce péché originel, le Président a ajouté un manque d’ambition coupable. Plutôt que de moderniser un système fiscal usé au point d’en être antiéconomique, il a préféré les bricolages de circonstances et les corrections précipitées. Or il est trop tard à présent pour corriger le tir. Le supposé premier fiscaliste de France ne répond à aucun des critères indispensables pour se lancer dans une grande réforme, un temps évoquée par Jean-Marc Ayrault pour amuser la galerie. Pas de leadership incontesté, pas de majorité solide sur le sujet, pas de courage politique pour tout chambouler, pas de soutien syndical clair. Et l’absence de croissance n’arrange rien. Obligé d’improviser, il ne peut plus être crédible. Comment dès lors ne pas anticiper que les annonces à venir provoqueront scepticisme et désillusion ? D’ici à la fin de son mandat, l’apprenti sorcier Hollande est donc condamné à de mauvaises mesurettes. Angoissant.