A Vladimir qui se demande quoi faire, Estragon, le héros de Samuel Beckett, répond : « Ne faisons rien. C’est plus prudent. » En vacances aujourd’hui pour dix jours, François Hollande devrait méditer cette réplique tellement française. Car si le chef de l’Etat a acté qu’il pourrait attendre la reprise comme d’autres Godot, un danger plus lourd encore menace la rentrée : l’immobilisme. Le Président va en effet entamer une séquence budgétaire sensible avec une popularité minée par son double échec sur le front du chômage et des déficits. Or la fronde d’une partie de sa majorité et la quasi-rupture avec les syndicats ont montré qu’il ne pouvait exiger davantage en matière de rénovation politique. Triste exception nationale, la gauche reste prisonnière de son archaïsme économique : l’entrepreneur, l’actionnaire, le capitaliste restent des ennemis, au mieux des adversaires.


Voilà donc François Hollande sans doute contraint de temporiser, pire de finasser quand la conjoncture « difficile » imposerait d’accélérer. Accélérer sur l’allégement des charges. Accélérer sur la simplification. Accélérer sur la baisse des dépenses. Accélérer sur la réforme de l’Etat. Accélérer sur la liberté d’entreprendre…
Pour masquer l’échec de 1981, François Mitterrand avait ressuscité en 1988 le « ni, ni » de la IIIe République, totem du non-choix par excellence. Le même opportunisme électoral et la même confusion doctrinale pousseront son lointain successeur à rétorquer « ni plus, ni moins » à ceux qui voudront pousser ou contrecarrer le pacte de responsabilité. Ainsi rien n’a vraiment changé, sauf l’état de la France toujours plus dégradé.