TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 4 août 2014

2000 milliards de mille sabords, la dette continue de grossir

Bien que tout le monde s’affaire au foot ou aux vacances qui approchent à grands pas, c’est maintenant officiel : la dette de l’État et des administrations français est désormaisde 2000 milliards d’euros, après une joyeuse augmentation au premier trimestre 2014 de plus de 45 milliards. Jolie performance.
haddock.jpgPremier constat : l’augmentation de la dette est donc soutenue, et le rythme s’est accéléré ces derniers mois. Et lorsqu’on examine un peu la répartition du gâteau (ou, disons, de l’anti-gâteau, puisqu’il s’agit d’une dette), c’est l’État qui arrive en tête avec 43.3 milliards des 45.5 milliards d’augmentation (95%), les miettes étant laissées à la Sécurité Sociale. En somme, celui qui devrait faire le plus d’économies est celui qui contribue le plus à la dérive de la dette.
Deuxième constat : si on se focalise un peu sur le chiffre de 2000 milliards, c’est d’abord parce que, tombant bien rond (douze zéros, ça, c’est du score !), il attire l’attention et surtout parce que, grosso-modo, c’est le chiffre qu’on peut retenir pour le PIB français. Bon, certes, il est un peu supérieur ce qui permet encore d’affirmer que la dette française ne représente pas (encore) 100% du PIB, mais dans les grandes masses, cela permet de fixer les idées : le pays doit à ses créanciers ce qu’il produit en une année, peu ou prou.
Troisième constat : très clairement, le fait que la France ait, jusqu’à présent, bénéficié de taux bas sur le marché des emprunts d’État (par différents mécanismes dont un soutien plus ou moins caché de la BCE) a manifestement joué en défaveur de la dette elle-même. Tout se joue comme si on empruntait d’autant plus sur les marchés que de tels taux sentent la bonne affaire, et comme si nos gouvernants, en parfaits irresponsables, continuaient d’appuyer sur l’accélérateur au lieu de prudemment ralentir. De ce point de vue, on est en droit de se demander si ces taux bas ne sont pas plus une malédiction qu’autre chose, incitant à une dépense incontrôlée dont les fruits pourris devront bien être récoltés un jour ou l’autre…
haddock ritQuatrième constat : tout le monde s’en fiche ou à peu près, et l’annonce du dépassement de ce chiffre fort joufflu n’a semblé déclencher aucune panique nulle part. Bercy s’en fiche calmement. Montebourg s’en tamponne en agitant sa toison frisée dans la douce brise de juillet. Sapin s’en accommode fort bien en reprenant du poulet à la cantine. Ça en touche une à Hollande sans faire bouger l’autre, pendant qu’il regarde la télé, mollement accoudé à un fauteuil Louis XV. Quelques économistes, notamment libéraux, trouvent bien la situation préoccupante, mais comme on ne les écoute pas, leur petite poussée de stress n’entraîne aucune espèce de prise de conscience. Si tout ne va pas bien, rien ne va suffisamment mal de toutes façons pour justifier de courir à droite et à gauche et tenter des trucs, des machins, de vraies réformes et tout ça.
C’est tout de même un peu gênant.
dette en stockParce qu’au contraire de ce qu’on lit parfois sous la plume de communistes vasouillards ou de keynésiens détendus du déficit, cette dette existe bel et bien. Elle n’est pas le résultat d’un petit dérapage comptable. Elle n’est pas apparue, pouf, au détour du bois ces dernières années, et n’est pas non plus, quoi qu’ils puissent en penser, la résultante de méchants capitalistes qui feraient rien qu’à embêter les gouvernements français et les forcer, un flingue rhétorique sur la tempe, à emprunter toujours plus sur les marchés pour arriver à se payer le fix de moraline et de vivrensemble en dosettes faciles à distribuer dont ils ne peuvent plus se passer. Et non, elle n’est pas non plus la conséquence catastrophique de lafourbe loi de 1973, qui n’a strictement rien changé. Pas plus d’ailleurs que cette dette serait plus grave parce que la monnaie est maintenant européenne au lieu d’être strictement française : s’il semble évident qu’on doive à présent se trimballer une monnaie forte alors que nos gouvernants rêveraient de l’affaiblir sauvagement, cette monnaie nous amène aussi ces fameux taux bas, revers agréable sans lequel la messe aurait déjà été dite depuis un moment.
La réalité, c’est que cette dette existe bel et bien. Elle est la résultante logique de l’achat d’un niveau de vie donné, celui qu’on a observé en moyenne jusque dans les années 2000, et d’un modèle social particulièrement complexe, beaucoup trop protecteur et furieusement tourné vers lui-même. Or, ce modèle, ce niveau de vie, ces facilités ont en très grande partie été financés à crédit. À crédit, les retraites de la génération d’après-guerre, puis de mai 68. À crédit, la myriade d’administrations et son personnel pléthorique. À crédit, la paix sociale à coup de 35 heures, de RTT, de protection chômage, de congés payés, d’avantages plus ou moins élevés dans des douzaines de domaines. À crédit, la paix dans les quartiers. À crédit, toutes les opérations militaires à droite et à gauche. Bref, à crédit ce qui a maintenu les Français dans l’illusion que leur pays était encore une puissance majeure, pouvant décider du sort du monde, pendant que la Chine, le Brésil, l’Inde ou la Russie grandissaient…
Et tout ce crédit, tout cet achat de niveau de vie passé, il va falloir le payer, dans un futur de plus en plus proche.
Or, où est donc la rigueur budgétaire qui présiderait à un remboursement, à une diminution de la dette et des contraintes qu’elle fait peser sur l’économie et la politique française ? Si la dette augmente autant, où est donc l’austérité qu’on honnit très fort ? Serait-on en train de pressurer toujours un peu plus nos concitoyens à défaut de faire, justement, les nécessaires économies ? NoOon, ce serait franchement étonnant ! Puisqu’on vous dit que l’austérité est là, c’est que cela doit bien se traduire concrètement par des baisses de dépenses quelque part, non ? Ben non. Les faits sont là, têtus : 45,5 milliards d’euros de dette supplémentaire. La dette refuse de s’envoler.
(Sparadrap de Haddock) Saleté de nom d'une pipe de truc qui ne veut pas partir !
Et le pire est que cette dette a augmenté quel que soit le bord de l’exécutif, avec des poussées d’accélérations tant à droite (merci Sarkozy) qu’à gauche (merci Hollande). Grâce (ou à cause, selon le point de vue) d’une joyeuse décentralisation du pouvoir (dans les administrations locales), on a dilué les dépenses à toutes les strates de l’État (national, local), ce qui a dilué d’autant les responsabilités. La dette, fléau national, n’est maintenant plus la faute de personne, ne dépend plus de personne, et personne ne voudra bien sûr la rembourser.
haddock ca suffitCe qui va se traduire de façon simple : elle va continuer à grimper (et dépasser les 100% du PIB). On ne change pas une formule qui perd. Comme ce n’est la faute de personne, personne ne s’en inquiétera. Petit à petit, parce que le reste du monde ne pourra pas continuellement s’adapter aux caprices français, les taux augmenteront et le poids de la dette s’aggravera, probablement au point où le budget opérationnel de l’État sera nul. Il n’y aura plus un kopeck pour payer les salaires, les retraites, les indemnités, les aides, les allocations.
Et à ce moment là, il n’y aura pas 36 solutions. Dans un savant panachage des éléments suivants, l’État sauvera sa peau en vendant celle du peuple.
Les promesses de l’État n’engageant personne, pas même lui, il mettra les retraites à la poubelle  (ou disons, les retardera, les réduira, les posera sous conditions et fera tout pour sortir le maximum de personnes du système). Futurs retraités, ne comptez pas sur l’État français.
Parallèlement, il y aura, inévitablement, un défaut sur une partie de la dette. Les créanciers pleureront. Ceux qui n’avaient pas fait leurs « due diligences » un peu plus fort, parce que ce seront, majoritairement, des Français eux-mêmes.
Une autre partie de la dette sera remboursée, mais par un chyprage dodu : un matin, les banques couperont un joli pourcentage de vos avoirs en banque, assurance-vie, épargne diverse, et vogue la galère. Comment ça, c’est du vol ? Allons. On appellera ça « impôt exceptionnel » et ça ira très bien.
Enfin, une bonne dose d’inflation là-dessus achèvera la dette restante lorsque la monnaie sera exactement aussi faible que ce que souhaitent nos politiciens, en donnant l’occasion aux uns et aux autres de sortir des brouettes pour aller acheter le pain, ou, plus pragmatiquement, d’utiliser la notation scientifique pour les avoirs restant dans les comptes en banque.
De même qu’il est évident que la dette dépassera les 2000 milliards puis les 100% de PIB, la question n’est donc pas de savoir si ces scénarios prendront corps, mais seulement de savoir quand et quelle forme prendra le panachage.


À vos pronostics.
 

Un système à bout de souffle

La France, c’est ce pays merveilleux où le temps est clément, les nourritures roboratives et les vins capiteux. C’est cette contrée magique des 35 heures et des RTT, des cinq semaines de congés payés et de la retraite à 60 62 64 65 ans. C’est cette fabuleuse région du monde où tout finit en chansons. D’ailleurs, c’est bien simple : tout le reste du monde envie ce pays, notamment son système de sécurité sociale…
Pourtant, il choisit prudemment de ne surtout pas le copier.
mst smallD’aucuns pourraient trouver ça étrange, mais pour le coup, l’élite française a la réponse évidente à ce paradoxe factice : ce qui marche en France ne pourrait marcher ailleurs, parce que les Français ont un petit quelque chose, un je-ne-sais-quoi qui donne au système sa cohérence et permet la tendresse de tous ses participants, du premier cotisant au dernier des malades en passant par les personnels de soin, les administratifs et, bien sûr, Marisol Touraine sur laquelle il est bon de taper parfois parce que si vous ne savez pas pourquoi, elle, le sait.
Mais les faits sont têtus et indiquent d’autres raisons. Le je-ne-sais-quoi ressemble même, lorsqu’on sort des frontières, à un petit je-ne-sais-rien qui fleure bon le lavage de cerveau, obtenu par répétition inlassable d’un mantra accepté par tous, à savoir que sans ce système que nous connaissons, nous aurions :
a/ des pauvres qui ne pourraient pas s’assurer
b/ des gens qui mourraient dans les rues
c/ des riches qui auraient une super couverture santé
d/ des médicaments forcément inabordables, des docteurs aux prix prohibitifs, des soins minimalistes ou luxueux
e/ des morts de petit cheval et de chatons mignons par packs de douze.
Pourtant, lorsqu’on compare avec les autres systèmes du reste du monde, on se rend compte qu’il existe mieux ailleurs, sur tous les points de vue. Par exemple, en terme d’espérance de vie, la France est dépassée par plusieurs pays (Singapour, Hong Kong, l’Australie, Israël, le Japon, l’Espagne, l’Italie, la Suède ou la Suisse). Pour ce qui est du coût, on retrouve beaucoup de ces mêmes pays à faire mieux que la France (c’en est même quasiment comique pour les habitants de Hong Kong, qui dépensent un tiers seulement de ce que dépensent les Français pour leur couverture santé, et vivent presque deux ans de plus).
secu depenses prot sociale pibLe plus gênant dans tout ceci est que si les coûts diminuaient régulièrement, le cotisant accepterait sans doute ces différences. Après tout, tout le monde ne veut et ne peut pas vivre à Hong Kong, ne serait-ce que parce qu’ils n’ont aucun cru classé (et je n’évoque même pas le fromage local, c’est une plaisanterie). Malheureusement, les coûts de la protection sociale française ne cessent de grimper.
Ces coûts qui grimpent ont une conséquence directe : certains Français renoncent à obtenir des soins pour des raisons financières. Et actuellement, la proportion des Français faisant ce choix grimpe à 25.7% (avec en tête les soins dentaires – la prothèse de plusieurs milliers d’euros remboursée une centaine doit nettement refroidir certains – et l’optique).
Parallèlement, si certains patients, n’ayant plus les moyens de bénéficier de ce système que le monde nous envie, renoncent à s’y faire soigner, on constate que certains docteurs renoncent quant à eux à donner certains soins. Un quart des patients bénéficiant de la CMU se voit ainsi refuser des rendez-vous avec les praticiens…
etat de sante RSAOn pourrait trouver cela gênant d’autant plus que ce sont précisément dans les populations les plus pauvres que les besoins de soins sont les plus grands.
Tout ceci est fort peu réjouissant, j’en conviens. Mais rassurez-vous : ce n’est pas fini puisqu’on apprend qu’à ces écarts de plus en plus grands entre la médecine de riches et la médecine de pauvres s’ajoute un déficit maintenant récurrent, et plus fort que prévu.
Devant ces éléments, quelques questions me turlupinent.
D’abord, où sont passés les déficits cumulés depuis des années ? Il n’y a en effet pas plus de scanners, pas plus d’IRM en France qui permettraient d’accepter qu’on a fait des dettes pour s’équiper. Or, par tête de pipe, la France se situe entre le Portugal et la Turquie pour l’imagerie médicale (les pays avec le plus de matériel étant le Japon, les USA et l’Italie). Le temps d’attente pour passer en IRM n’arrête pas d’augmenter, tout comme les files s’allongent aux urgences. Or, poser le bon diagnostic, en un temps rapide, c’est aussi gagner en efficacité de traitement et faire baisser les coûts de santé. Les médecins ne sont pas assez nombreux, pas assez bien localisés, pas assez jeunes ; on en importe, mais ils ne sont pas assez bien diplômés, pas assez fiables (le peuple a droit à des médecins qui sont propres sur eux, pas louches, qui parlent sans accent !), bref pas assez Français.
Ensuite, comment expliquer que les effectifs de la fonction hospitalière n’ont pas arrêté de croître ces quinze dernières années, passant de 873.000 en 1998 à 1.153.000 en 2012 alors que la qualité de soins fournie et la disponibilité des personnels n’a pas arrêté, elle, de chuter ? Peut-être les déficits sont-ils expliqués par ces effectifs… Mais avouez que s’endetter pour payer les salaires, ce n’est pas très rassurant. Et quand bien même : la population (et donc a fortiori, le nombre de malades) n’a pas augmenté en France dans les mêmes proportions sur la même durée…
Enfin, comment expliquer qu’on accroît sans cesse le nombre de personnes qui bénéficient de la couverture alors que dans le même temps, le nombre de contributeurs nets n’a pas cessé de diminuer (vieillissement, chômage, …) ?
Sécurité sociale
En réalité, on ne l’explique pas. Personne n’essaye même vraiment de trouver une raison à la croissance des déficits, si ce n’est les explications faciles et idiotes des collectivistes de gauche (« c’est parce que les rentrées sont trop faibles, demandons plus aux entreprises ! ») ou des collectivistes de droite (« c’est parce que les sorties sont trop fortes, distribuons moins aux immigrés ! »), sans que personne ne s’inquiète pourtant de voir ce qui est évident : il n’y a aucun lien entre ceux qui payent les soins et ceux qui en bénéficient, dans un système qui incite alors les premiers à tout faire pour diminuer leur apport, et les seconds à maximiser les services obtenus, sans que les uns soient jamais mis en rapport avec les autres.
Mathématiquement, c’est donc un système voué à l’échec et c’est cet échec auquel nous assistons actuellement.
Mais à cet échec financier s’ajoute un échec moral. Non seulement, la promesse d’une santé disponible à tous n’est pas tenue, non seulement le mythe de la santé gratuite ou même « bon marché » est largement oublié, mais en plus la promesse d’une qualité égale pour tous ne l’est pas non plus, loin s’en faut. La médecine française est maintenant à deux, trois ou quatre vitesses, séparant durablement les pauvres, qui n’ont pas toujours accès aux soins et aux prestations minimales voire bas-de-gamme, et de l’autre, les couches plus aisées voire riches qui, par réseau et petites combines, parviennent à trouver encore leur compte dans ce système inique, résultat pourtant prévisible d’une collectivisation délétère et d’une déresponsabilisation générale.
Le système français empile les dysfonctionnements, il n’apporte plus ni la qualité qu’on serait en droit d’attendre pour les sommes engouffrées, ni même l’égalité sur laquelle, pourtant, il est entièrement bâti.
Pourtant, ce ne sont ni les personnels dévoués, ni les équipementiers de pointe, ni les laboratoires innovants, ni les médecins compétents qui manquent. Ce ne sont pas les moyens financiers non plus puisque, on l’a vu, avec moins d’argent, on peut faire largement mieux et diminuer la charge sur les Français aurait le double bénéfice de leur redonner des marges de manœuvres et de pouvoir d’achat, et par voie de conséquence, de leur améliorer sensiblement la santé.
Le système est à bout de souffle, ce souffle dont on fait les utopies, ces utopies d’égalité et de déresponsabilisation, ces utopies de politiciens qui n’ont jamais eu le courage d’affronter la réalité.
Ce pays est foutu.

La monnaie anti-chômage

Le problème monétaire est celui de l'intérêt. Nous allons distinguer ici la monnaie du capital emprunté et celle des intérêts. Commençons par un exemple frappant de cette différence.
Si la Grèce doit rembourser en euros l'intérêt de ses emprunts en euros, il lui faut vendre le Parthénon. Si elle doit les rembourser en drachmes, le cours de la drachme s'effondre et les visiteurs affluent au Parthénon. Pour tous les circuits économiques fermés traditionnels du pays, l'emploi de la drachme les rend indépendants des dettes du commerce extérieur. Pour l'étranger, la vie n'est pas chère en Grèce. Actuellement, la vie est chère en Grèce pour le visiteur étranger et le niveau de vie du peuple est très bas, les services publics en faillite, l'économie à la dérive parce que le capital et l'intérêt sont libellés dans la même monnaie.
La monnaie de stock sert à évaluer la valeur d'un bien durable susceptible d'être loué. Typiquement, la valeur d'un immeuble est évaluée en monnaie de stock, son loyer doit l'être en monnaie de flux. Ainsi l'immeuble peut être évalué en euros, mais le loyer est payé en francs. Le taux d'intérêt s'exprime en francs / 100 euros / an.
La monnaie de stock constitue elle-même un bien durable. Sa location coûte un taux d'intérêt évalué en monnaie de flux. La monnaie de flux est cependant elle-même un bien durable nécessaire à payer le loyer de la monnaie de stock empruntée. Ce qui caractérise ce système monétaire est que ce qui est emprunté est rendu (sinon c'est du vol) mais le prix de la location de l'emprunt n'est pas libellé dans la monnaie empruntée.
Cette idée aurait pu venir du temps du bimétalisme. L'or aurait pu être une monnaie de stock et l'argent une monnaie de flux. L'or emprunté est rendu, et un loyer de l'or emprunté aurait été versé en argent. Ainsi la quantité d'or nécessaire n'augmente pas du fait de l'activité bancaire et sa limitation ne freine pas la croissance des échanges. L'or possédé par les banques reste constant et les banques ne s'enrichissent que d'argent. Il peut cependant exister des banques qui prêtent de l'argent. L'argent emprunté leur est rendu avec un prix de location de l'argent en platine. La quantité d'argent reste constante dans les coffres des banques qui s'enrichissent en platine. Ainsi une banque ne s'enrichit jamais de la monnaie qu'elle prête mais de la monnaie de l'intérêt qu'elle encaisse pour prix de la location de la monnaie qu'elle prête. Lorsque l'or, l'argent et le platine servent dans les échanges, ce n'est que la quantité de platine qui freine la croissance des échanges, puisque les stocks d'or et d'argent restent constants.
Certains problèmes apparaissent sous un nouveau jour. Le travail n'est pas un stock, mais un flux. On peut stocker le produit du travail, mais non le travail lui-même. Une économie de plein emploi est une économie qui est freinée par le manque de flux de travail. Un économie de chômage est une économie où des gens reçoivent des allocations de chômage. Ces allocations de chômage constituent une dette à l'égard de l'économie. Une dette est un titre qui peut être cédé sur un marché entre créanciers. Ces titres de dettes créés par le chômage constituent une monnaie de flux. Cette monnaie peut servir à acheter le travail d'un bénéficiaire d'allocations de chômage. « Vous avez été payés à ne rien faire, maintenant vous allez travailler pour rien ». Les allocations de chômage créent ainsi une immense monnaie de flux qui peut être employée pour produire des biens bon marché. Or le but de l'économie est précisément de produire une grande quantité de biens bon marché. La recherche active d'emploi serait encouragée si le chômeur savait qu'on lui trouvera plus tard un emploi pour lequel il a déjà été payé. Les allocations chômage seraient versées de meilleur cœur si l'on savait qu'elles contribuent à une création monétaire. Supprimer les allocations de chômage est évidemment cruel, mais payer les gens à ne rien faire dans une économie qui n'est pas de plein emploi est évidemment anti-économique. Dans une économie de plein emploi, la production se trouve à un niveau élevé, et en distraire une petite partie pour des gens qui ne font rien n'est pas bien grave. C'est dans une économie dont la production stagne où règne le chômage que distraire en allocations de chômage une partie d'une production stagnante est anti-économique et conduit au déclin économique. Si ces allocations de chômage deviennent une production monétaire, l'économie repart.
Lorqu'une usine de véhicules doit procéder à un investissement en euro, elle rembourse le capital emprunté en euro mais paie les intérêts en véhicules qui peuvent être revendus par le créancier. Bien évidemment, ce ne sont pas les véhicules eux-mêmes qui sont livrés à la banque créancière, mais des bons pour achat de véhicules, libellés dans la monnaie demandée par l'entreprise pour les vendre.
L'euro monnaie de stock se nomme l'euror. L'intérêt de l'euror emprunté par un pays de la zone euror est libellé dans la monnaie nationale de ce pays qui se nomme une devise nationale. Il y a la devise de France (franc), de Grèce (drachme), d'Allemagne (mark), etc...
100 eurors empruntés par la France donnent lieu à un remboursement de 100 eurors augmenté d'un intérêt exprimé en francs. Le franc/100 euror/an possède une valeur fluctuante reliée à la valeur de marché du cours de l'euro en franc.
Ce système fonctionne sur un mécanisme de marché, il est donc irréprochablement libéral. La monnaie d'intérêt possède un cours par rapport à la monnaie de stock. Si 1 euro vaut 10 francs, et si la banque prête à 5% en euros, 5 euros pour 100 euros prêtés un an, elle contracte pour 50 francs pour 100 euros prêtés un an. Elle n'a aucun intérêt à ce que ces 50 francs ne valent plus que 3 euros au moment du remboursement. Elle ne va donc pas aider à des spéculations contre le franc, puisqu'elle serait moins remboursée. Le système est donc anti-spéculatif.
Au niveau d'un particulier, un prof de maths vend ses cours par exemple 25 euros de l'heure. Il a emprunté 10 000 euros qu'il doit rembourser au taux de 5%, soit 500 euros, donc 20 heures de cours. Il donne à son créancier un bon pour 20 heures de cours, bon que le créancier peut revendre à quelqu'un qui a besoin de cours de maths. Cette revente peut s'opérer à profit ou à perte, mais c'est au créancier de trouver du travail à son emprunteur. Il s'établit ainsi une coopération anti-chômage entre le créancier et l'emprunteur. La banque ne gagne rien dans une économie en chômage.
Dans le système actuel, le capital emprunté en euros par la France est remboursé depuis longtemps, des intérêts importants en euros ont été versés depuis longtemps sans pour autant diminuer la dette puisque la totalité des impôts sur le revenu sert au service de la dette. Le jour où la France ne sera plus endettée n'est pas en vue. Or les intérêts déjà payés en euros, au lieu de l'être en francs, l'ont été indûment (en raison de la monnaie unique imposée). Ces intérêts versés en euros sont à porter au crédit de la France, alors que les créanciers avaient des créances en francs (qui n'ont pas été payées en francs). La Banque de France doit donc écrire une ligne de débit en francs (non payés), et la Banque européenne écrire une ligne de débit en euros (indûment reçus) pour solder correctement la situation. Nous devrions donc avoir beaucoup d'euros dans nos caisses tandis que la Banque européenne aurait beaucoup de francs dans les siennes. La situation est la même pour l'Allemagne, mais la dette en mark est moins élevée.
La Banque européenne étant créditrice en francs a tout intérêt à ce que le franc possède un pouvoir d'achat élevé, donc à ce que la production française soit élevée.
Est-il possible de revenir en arrière ? Les francs-papiers ont été détruits (assez stupidement, l'Allemagne a conservé ses marks). Une solution hardie serait d'adopter un bitcoin émis par la Banque de France, le frenchcoin de valeur initiale 15 000 euros (une « brique »), dont la dix-millième partie se nommerait élecfranc (franc électronique). La Banque de France reconnaitrait une dette en élecfrancs auprés de la Banque européenne et exigerait que celle-ci reconnaisse une dette en euros auprés d'elle. La France n'effectuerait aucun versement en euros auprés de ses créanciers internationaux (en ce qui concerne les intérêts), mais leur ouvrirait une ligne de crédit en élecfrancs, déclarés devise nationale. La Banque de France produirait des cartes de crédit acceptées par les lecteurs de cartes de crédit en France. Le commerce aurait obligation de libeller les prix en francs et donc d'encaisser des frenchcoins déposés sur un compte ouvert à la Banque de France. L'euro des touristes serait accepté dans le commerce au cours officiel de 1 euro pour 5 francs.
L'euro conserverait le statut de monnaie de stock pour les règlements internationaux, mais l'intérêt des emprunts en euros effectués par une entreprise française serait libellé en élecfrancs. Les réactions internationales sont prévisibles : ce serait le refus de prêter à la France. Ce refus aurait pour conséquence la difficulté d'acheter à l'étranger et donc un protectionnisme de fait, qui nous serait imposé et non décidé par le gouvernement. Donc parfaitement légal vis à vis des lois européennes. Ce protectionnisme de fait serait comparable à un embargo sur nos importations. Mais l'embargo sur un pays de la taille de la France serait compensé par l'adoption d'une monnaie de plein emploi. L'élecfranc serait la monnaie de stock d'un grand nombre de monnaies de flux. Et il n'y aurait pas d'embargo sur nos exportations libellées en euros.
Cette politique causera sans aucun doute un certain désordre mais elle s'adosse à une théorie de la monnaie et de l'intérêt parfaitement libérale et justifiée. Une autre politique nous a été imposée et nous conduit à la faillite. Nous camperons sur une position solide et défendable et c'est la seule que nous pouvons adopter quand la politique imposée nous met le dos au mur. La crise qui se produira sera plus politique qu'économique et donc nous pourrons nous en sortir quand les opinions, qui sont fluctuantes, tourneront en notre faveur. 

Arnaud Montebourg, le big-bangueur de pharmacies

L’actualité internationale est si chargée actuellement, et les vacances si respectées en France, qu’il est difficile pour Montebourg, l’histrion ministériel officiel du gouvernement Valls, d’intéresser les journalistes. Le cabotin relève cependant le défi en mettant une fois de plus les deux pieds dans le plat et en proposant quelques remises en causes radicales de monopoles bien français.
Et c’est donc en s’attaquant à celui des pharmacies que le chevalier Arnaud a décidé de reprendre un peu de couverture médiatique que des avions qui tombent, des missiles qui explosent et des roquettes qui pleuvent lui avaient un peu retirée. Avec l’emphase, la volubilité et la subtilité pachydermique propre au saltimbanque gouvernemental, il propose un véritable « big-bang » des pharmacies : en parallèle de la remise en cause du monopole des pharmacies sur la vente des médicaments sans ordonnance, le ministre de l’économie de redressements productifs propose ainsi la constitution de « chaînes de pharmacies », et souhaite aussi ouvrir le marché français du médicament à la vente en ligne.
Ministère du Redressement Productif - MRP 2012
Pour Montebourg, l’idée derrière ces propositions pour le moins détonantes est d’introduire une concurrence plus forte dans le domaine des médicaments courants qu’on peut obtenir sans ordonnance, notamment ceux basés sur l’aspirine, l’ibuprofène, le paracétamol et d’autres molécules connues. Entre leur disponibilité en grandes surfaces (ce pourquoi se bat Michel-Édouard Leclerc depuis des années) et leur possible disponibilité par internet, on comprend que la concurrence sur l’officine de la rue d’à-côté va probablement piquer un peu. Pas étonnant, dès lors, de lire les hurlements de souffrance de la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, sur le double mode du « On va tous mourir, c’est horrible » et « Les dérives, mon bon mossieu, vous y avez pensé, aux dérives ? », mamelles argumentatives habituelles des monopoles lorsqu’on leur retire la sucette du bec.
En parallèle, on pourra apprécier la lucidité de la présidente qui note au passage le retournement de veste des politiciens qui, jadis, louangeaient les commerces de proximité et l’absolue nécessité du conseil pharmaceutique pour justifier la fermeture du marché des médicaments sans ordonnance aux grandes surfaces, et qui, maintenant, semblent trouver moult vertus à l’ouverture concurrentielle et à la vente en ligne. Cette lucidité s’arrête cependant bien vite lorsqu’elle n’hésite pas à présenter le marché actuel des médicaments en France comme en situation de concurrence, les pharmaciens étant, d’après elle, en lutte acharnée les uns contre les autres pour offrir le meilleur prix et les services les plus complets à leurs clients. Ceux qui ont déjà reçu les affables conseils du pharmacien (et pas de son laborantin) lors d’un conséquent achat de médocs remboursés pourront hausser les sourcils.
On sent donc que la bataille sera âpre entre le gouvernement, apparemment décidé à déverrouiller le secteur, et la corporation, qui risque fort d’absolument tout faire pour l’en empêcher. Et compte-tenu de l’absence pathologique de toute paire de gonades du premier, on peut imaginer de longues négociations et un dégonflement progressif des ambitions montebourgeoises…
img contrepoints533 MontebourgEncore que… Encore qu’il faille bien comprendre ici qu’on se situe toujours dans cette délicate zone d’inconfort d’un gouvernement qui doit absolument faire des réformes (dette énorme, déficits galopants, chômage en hausse et pouvoir d’achat en berne obligent) sans toutefois taper trop fort sur les classes moyennes qui n’en peuvent plus, ni molester ses réservoirs électoraux en coupant dans l’une ou l’autre des milliers de joyeuses prestations payées par l’argent des autres et qui leur assurent bonheur et tranquillité.
Or, de ce point de vue, certaines corporations constituent d’excellentes cibles. Les pharmaciens, traditionnellement plus portés vers le camp d’en face, n’ont à faire valoir ni leur nombre ni leur éventuel pouvoir de nuisance pour arrêter net le bouillant ministre qui aurait enfin, dans la libéralisation de ce secteur, un truc-bidule à présenter qui ne ressemblerait pas, pour une fois, à une ridicule tartufferie ou une cuisante défaite. Rappelons ainsi que la libéralisation du secteur des taxis, dont l’impact en matière de pouvoir d’achat serait certainement plus sensible que celui des pharmacies, s’est progressivement muée en micro-management du changement progressif et millimétré devant les coups de gueule des patrons-chauffeurs. A contrario, on voit mal les pharmaciens faire subitement grève, ou sortir des gourdins pour attaquer les futurs vendeurs de médocs en grande surface…
CorporatismeLe libéral moyen devrait donc se réjouir qu’au pied du mur, le gouvernement, utilisant une fuite ô combien pratique d’un rapport de l’Inspection Générale des Finances qui dressait la liste des professions en situation de monopole de droit, pioche dans cette liste quelques-uns des monopoles qu’il entend libéraliser. Cependant, il serait absolument vain de ne voir là autre chose qu’une batterie de mesures de circonstances, permettant d’afficher quelques réformes pas trop violentes, et d’hypothétiques gains de pouvoir d’achat (la réalité sera, on s’en doute, plus contrastée que les chiffres présentés par Bercy, qui, joufflus, s’étalent langoureusement de 327 à 420 millions d’euros). Au-delà du petit calcul politique et économique de court terme, les façons de raisonner, tant du côté gouvernemental que du côté des administrations, n’ont pas évolué d’un cachou. En effet, même si les services de Bercy estiment, je cite, que « la théorie économique plaide pour la suppression du monopole des pharmacies sur l’ensemble des produits accessibles sans ordonnance », on ne s’étonnera pas de trouver pourtant, dans la bouche du ministre de l’Économie, ses habituelles saillies sur le patriotisme économique et autres fadaises protectionnistes dont, pourtant, la théorie économie plaide aussi la suppression.
nono démonte-bourg mittalAutrement dit et comme d’habitude, les services de l’État et les politiciens sélectionnent précautionneusement ce qu’ils veulent dans les idées du moment, en oubliant celles qui auraient le mérite de faire une vraie différence pour le pouvoir d’achat des Français et en se contentant des réformettes faciles dont ils savent qu’elles ne comportent pas de risques politique et/ou social majeurs. Les pharmaciens ou les notaires, ça peut le faire avec un peu de communication et un minimum de doigté. Ce qui fait par exemple dire à Montebourg que « l’officine est aujourd’hui incontestablement enfermée dans un modèle capitalistique du passé », ping, mais aussi« Toujours plus de destruction d’emplois dans les télécoms grâce aux excès low cost de #freeMobile », et pouf emballez la cohérence, c’est pesé. Fastoche. En revanche, pour l’hôtellerie (AirBnb), les taxis (Über), les librairies (Amazon), là, c’est une autre paire de manches. Quant à la sécurité sociale, rassurez-vous, toute modification réelle, perçue ou potentielle de son monopole est largement tue.
Bref : la situation économique, de plus en plus affolante, impose à nos clowns socialistes les prémices de réformes qu’un libéral normalement constitué ne peut qu’appeler de ses vœux, et ça, c’est tant mieux. Mais la charge politique qu’elles engendrent, lourdes de conséquences sociales, et les modes de pensées de nos gouvernants, calcifiés dans des utopies collectivistes depuis au moins 40 ans, amènent bien malheureusement à largement tempérer ces bonnes nouvelles.
Encore une fois, les petits bricolages continuent et les grandes réformes attendront.

Quand la France s’obstine à utiliser des leviers économiques qui ne fonctionnent pas : la preuve par 6

Créer le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) tout en augmentant les cotisations retraite ; favoriser par différentes mesures l'emploi des 30-45 ans, tout en affirmant la nécessité de faciliter l'insertion des moins de 30 ans et maintenir l'emploi des seniors, etc. Autant de comportements schizophrènes de la part du gouvernement qui nuisent gravement à l'économie française.

1 – 84 % des embauches au 1er trimestre se sont faites en CDD, contre 70% en 2008
Philippe Crevel : Le marché du travail français est de plus en plus dual. Il y a ceux qui ont un emploi stable, que ce soit au titre de la fonction publique ou d’un contrat à durée indéterminée, et les autres qui sont employés en intérim ou en contrat à durée déterminée.Néanmoins, le CDI reste la norme. En 2012, près de 87 % des salariés sont employés en CDI. Ce taux tombe à 66 % pour les moins de 30 ans prouvant les difficultés d’insertion des jeunes. 2,8% des salariés sont en intérim et 10,3% en CDD.
L’évolution s’effectue au niveau des flux. Aujourd’hui, la porte d’entrée du marché du travail passe de plus en plus par le CDD voire l’auto-entrepreneur.
Si la part des CDI dans l'emploi reste, en effet, stable entre 2000 et 2012, les embauches en CDD et en intérim explosent. Entre le 1er trimestre 2000 et le 4ème trimestre 2012, les déclarations uniques d'embauche en CDD ont augmenté de 76,2% quand celles en CDI ne progressaient que de 3,8%. Les missions d'intérim ont  augmenté de 14,3%,. En 2012, plus de neuf embauches sur dix se sont faites en CDD (49,5%) ou en intérim (42,3%). La part des CDD de moins d'un mois dans les embauches est  passée de 24,1% à 39,1% de début 2000 à fin 2012, selon une étude du Ministère du Travail.
Cette situation vaut surtout pour ceux qui sont à la recherche d’un emploi. Seulement 30 % des sortants de Pôle Emploi ont récupéré un emploi en CDI, 25 % un contrat de 6 mois ou plus et 7 % sont à leur compte. Les contrats aidés, qui sont  majoritairement de 6 mois ou plus, représentent 9 % des emplois occupés à la sortie.  Le premier trimestre 2014 confirme cette tendance.
L’absence de perspectives de croissance et les rigidités du marché du travail incitent les entreprises à recourir à des formes précaires pour la création d’emploi. Les employeurs souhaitent limiter au maximum les risques et utilisent les CDD comme période allongée d’essai. Ce type de contrat, comme l’intérim, permet de contourner les règles contraignantes des licenciements économiques. Cette précarisation rampante du monde du travail pénalise les jeunes et ceux qui ont été auparavant licenciés..  

2 – Le rendement de la "surtaxe Sarkozy" s’est écroulé de 17% en 2013 (impôt additionnel sur les revenus dépassant les 250 000€, mis en place en 2011)
Philippe Crevel : La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus a été instituée par Nicolas Sarkozy. En 2012, pour sa première année d’application, elle avait rapporté 630 millions d’euros, soit  58 % de plus que les prévisions. En 2013, en revanche, la " surtaxe Sarkozy "  n’a rapporté que 522 millions d’euros, en baisse de 17 % selon le rapport de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Cette taxe additionnelle de 3 % sur les revenus dépassant les 250 000 euros et de 4 % au-delà de 500 000 euros a été payé par 29 748 contribuables en 2013 , soit 65 de plus qu’en 2012. La diminution s’explique par une  diminution de 2,7 milliards d’euros de la base taxable qui s’élève à 27,5 milliards d’euros. La baisse des revenus des capitaux mobiliers et des plus-values mobilières ont joué en défaveur de la taxe.
La taxe étant très concentrée sur un nombre réduit de contribuables, ces derniers ont sans nul doute optimisé fiscalement leur situation en réduisant leur assiette fiscale en jouant sur les mécanismes de déduction fiscale. En recourant à des montages juridiques, ils ont pu loger une partie de leurs revenus dans des personnes morales tierces. Ils ont pu également réduire leurs revenus en privilégiant le réinvestissement.
3 – L’ISF atteindra en 2014 5,3 milliards d’euros
Philippe Crevel : L’ISF est un impôt symbole. Son rendement, son coût de gestion ne comptent pas. En 2013, l’ISF a rapporté une goutte d’eau mais il y a des gouttes qui ressemblent à des bœufs.
En effet, l’ISF s’est élevé à 4,33 milliards d’euros. En ce qui concerne  l’impôt déclaré spontanément, le montant n’est que de 3,63 milliards d’euros. Les contrôles fiscaux et les mesures de rectification ont accru les recettes de 700 millions d’euros. Pour mémoire,l’ensemble des prélèvements ont atteint, en 2013, plus de 944 milliards d’euros.
L’ISF est acquitté par des contribuables ne pouvant pas délocaliser leur patrimoine ou ne le voulant pour des raisons patriotiques. Il s’agit avant tout d’un impôt foncier.L’optimisation fiscale permet d’en réduire le poids pour les contribuables les plus fortunés. C’est un impôt économique car il incite les contribuables à réduire leur assiette fiscale en France ou à effectuer des choix avec comme seul objectif la réduction de leur impôt. L’ISF est tout sauf un impôt neutre économiquement. Avec un taux marginal d’imposition de 1,5 %,  applicable sur un capital et après paiement de l’impôt sur le revenu, ainsi que des prélèvements sociaux, l’ISF est potentiellement destructeur de capital. Certes, certains experts affirment qu’un tel taux oblige les contribuables à maximiser le rendement du capital, ce qui est plutôt positif pour l’économie. Mais pour un propriétaire immobilier, les marges de manœuvre sont étroites pour améliorer le rendement de ses biens surtout s’ils constituent sa résidence principale. Taxer les revenus, les plus-values et les successions constituent des choix politiques mais à condition de rester raisonnable, peuvent se justifier d'un point de vue social et économique. Il en est tout autre avec une taxation annuelle du capital. Il faudrait sans nul doute supprimer l’ISF et le remplacer par une taxe spéciale sur les grandes successions. L’autre voie serait d’instituer une taxe générale sur le capital à faible taux. L’inconvénient de cette dernière solution est de ne pas marquer du fer rouge les soit disant grandes fortunes. Or, en France, la fiscalité a un peu remplacer la guillotine…

4 - CICE : Les coûts horaires de la main d’œuvre au premier trimestre 2014 ont augmenté de 1,2% (source Eurostat)
Philippe Crevel : Plusieurs facteurs contribuent à l’augmentation des coûts salariaux. Le relèvement des cotisations sociales constituent un des facteurs importants. En 2012 comme en 2014, les cotisations retraite ont été relevées. Par ailleurs, de nombreux salariés sont couverts par des accords collectifs comportant des mécanismes de relèvement automatique de salaires. Ces augmentations peuvent s’assimiler à celles en vigueur dans la fonction publique et qui prennent le nom de "Glissement, Vieillesse et Technicité". Par ailleurs, certaines entreprises ont instauré des augmentations pluri-anuelles des salaires visant à prendre en compte sans trop le dire l’inflation.
L’augmentation des salaires n’est pas en soi condamnable à la réserve près qu’elle doit être la traduction de gains de productivité. Or, actuellement, les entreprises françaises génèrent peu de gains de productivité. La faiblesse du taux de marge les empêche d’investir et la faiblesse de la demande interne ne concourt pas à l’introduction de nouveaux processus de production. Un cercle vicieux s’est instauré. L’augmentation continue des coûts salariaux empêche la restauration du taux de marge. Les pouvoirs publics sont assez schizophrènes en la matière : d’un côté, ils décident la création du CICE, l’instauration de nouvelles exonérations de charges sociales, mais de l’autre augmentent les cotisations retraite, voire créent une nouvelle cotisation afin de financer les comptes de pénibilité.
5 – Hausse des licenciements des seniors par anticipation, avant la barre des 50 ans
Philippe Crevel : Au mois de juin 2014, 788 000 demandeurs d’emploi (catégorie A) ont plus de 50 ans contre 780 800 au mois de mai et 743 800 au mois de décembre 2013. En deux ans, le chômage des seniors s’est accru de 181 000, soit une hausse de 29 %.; en six mois, la hausse est de 6 %.
Les entreprises françaises, pour réduire leurs coûts, licencient les seniors. La France possède un des plus faibles taux d’emploi pour les 55 – 65 ans.
Or, plus les pouvoirs publics, plus les partenaires sociaux adoptent des règles pour dissuader les licenciements des plus de 50 ans, plus les entreprises licencient leurs salariés avant la barre symbolique. Il y a quelques années, la période de tous les dangers était entre 50 et 55 ans ; désormais elle commence avant 50 ans. C’est la conséquence de la réglementation et des accords collectifs qui tendent à protéger les salariés de plus de 50 ans. Ces mesures ont deux conséquences : le chômage des plus de 50 ans se caractérise par un accroissement de sa durée, 478 jours contre 269 en moyenne, et par la difficulté de retrouver un CDI. La deuxième conséquence est de déplacer la zone de fragilité en deçà de 50 ans. De ce fait, le taux de chômage des 45 à 49 ans progresse plus vite que la moyenne depuis la crise. Il était de 5 % en 2007, il dépasse désormais 8 %.  Pour 37 % des demandeurs d’emploi âgés de 45 à 49 ans, la durée de chômage dépasse deux ans. Seuls les plus de 50 ans ont un taux supérieur. La vie active est en train de se concentrer sur les 30 – 45 ans ; or les pouvoirs publics indiquent, sans que cela soit suivi d’effet, qu’il faut faciliter l’insertion des moins de 30 ans et maintenir les seniors en activité. Les dispositifs " emploi d’avenir " et les contrats de génération sont des cautères sur une béquille de bois.
6 - La répétition des mauvaises statistiques PMI pour la France 
Nicolas Goetzmann : Les indicateurs PMI sont des photographies fiables de l’activité économique du pays. Ils traduisent une stagnation depuis le début de l’année et un enlisement plus prononcé au cours des deux derniers mois. Le cadre général européen est meilleur mais il est également plutôt orienté à la baisse. Cette situation est parfaitement en adéquation avec la stratégie européenne actuelle. Les politiques d’austérité ont pour objectif " d’améliorer " la compétitivité des Etats européens afin de les rendre plus performants à l’exportation. Alors que l’Allemagne ou les Pays-Bas sont des économies totalement dédiées à l’export (51% du PIB pour l’Allemagne, 88% pour les Pays-Bas), l’économie française n’en dépend qu’à hauteur de 27% (même l’Espagne ou l’Italie sont plus tournés vers l’exportation que la France). La voilure est ainsi bien plus faible pour s’en sortir de cette façon. Et étant donné que les marchés intérieurs français et européens sont compressés à l’excès, il est normal que le pays en souffre. Il suffit de rajouter à cela une fiscalité aussi instable que confiscatoire, une réduction programmée des dépenses publiques entraînant des effets récessifs, et un manque de vision générale de l’exécutif pour définitivement achever tout espoir de reprise.
Le récent affaissement européen est la conséquence de cette stratégie tournée vers l’export. Une telle politique entraîne une forte dépendance à l’état économique des pays émergents, des Etats-Unis etc…Et l’état global de l’économie est plutôt décevant, notamment dans les pays émergents. Il suffirait d’ailleurs d’un ralentissement général pour prendre l’Europe à revers. Elle serait alors prise en tenaille un contexte global morose et un marché intérieur qui est délibérément écrasé par les politiques d’austérité. Et c’est ce qui me semble irresponsable. L’Europe est un marché intérieur géant, et c’est sur ce marché qu’il faut s’appuyer pour une reprise.