TOUT EST DIT

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jeudi 17 juillet 2014

Face à l'exode, Athènes cherche à se réinventer

Depuis un mois, le néon rouge d'un nouveau lieu culturel brille au fond d'un passage quasi désaffecté du centre d'Athènes, lueur d'espoir pour un immeuble parmi les centaines de bâtiments vides de la capitale grecque qui attendent de renaître.

«Depuis l'ouverture, au moins mille personnes ont visité ce passage où elles n'avaient jamais mis les pieds, rien que ça, c'est positif», constate Anna Taouksi, qui pilote avec quatre amis cette étonnante terrasse coincée entre deux hautes barres d'immeubles des années 50 et flanquée, au rez-de-chaussée, d'un restaurant.
La terrasse du Bread and Roses repérable à son néon en forme d'étoile rouge le long de l'avenue Panepistimiou, l'une des principales artères d'Athènes, est proposée gratuitement aux organisateurs de concerts, lectures, projections et autres événements culturels.
Sur un mur, une fresque de crustacés en mosaïque rappelle que l'endroit a connu des jours meilleurs : «C'était un restaurant chic, les serveurs portaient des noeuds papillon», raconte Anna. «Tout ça s'est arrêté dans les années 1970».
La municipalité d'Athènes a ainsi perdu en trente ans un quart de sa population, passée de 886 000 habitants en 1981 à 665 000 en 2011, dernier recensement en date.
Un tiers de commerces fermés
«C'est le fruit de l'exode vers les banlieues, explique le géographe Thomas Maloutas. En l'absence de logements sociaux, les pouvoirs publics ont encouragé, après la guerre, l'accès à la propriété et le centre d'Athènes est devenu très dense».
«Le coup de grâce a été porté par la dictature (1967-1974) qui a "offert" 20% de surfaces constructibles supplémentaires aux petits propriétaires. Résultat: des immeubles de six étages ont poussé dans des rues étroites. Avec la hausse de la circulation, ces quartiers se sont dévalués et la population est partie», explique-t-il.
Puis est venue en 2010 la crise économique : 31% des commerces d'Athènes sont aujourd'hui fermés, selon la confédération du commerce grec (Esee), s'ajoutant à la surface inoccupée.
Une récente cartographie de 1650 bâtiments d'un des quartiers les plus centraux a dénombré entre 35 et 40% de bureaux, logements et commerces vides, selon Nikos Triantafyllopoulos, auteur de l'étude.
«Le bâti abandonné était une réalité bien avant la crise, mais on ne le voyait pas. Aujourd'hui, on a l'impression de ne voir que ça», observe Panagiotis Tournikiotis, enseignant à l'École d'architecture de l'Université polytechnique d'Athènes.
De cet électrochoc sont nées depuis quatre ans une multitude d'initiatives publiques ou associatives pour faire renaître le coeur de la ville.
«Rethink Athens»
«C'est comme si la crise nous avait réveillés et fait prendre conscience qu'il fallait prendre soin de notre ville», estime Irina Gratsia, l'une des architectes à l'origine du projet «Monumenta» qui depuis 2013 recense tout le bâti du 19e et de la première moitié du 20e siècle.
L'équipe du projet: «des passionnés, simples citoyens, qui ne veulent pas que disparaisse un pan du patrimoine», explique-t-elle.
Encore plus ambitieuse, l'initiative «Rethink Athens» a pris la forme d'un concours international d'architecture lancé en 2010 sous l'impulsion de la fondation Onassis pour remodeler le centre-ville. De nombreux événements publics ont accompagné le développement du projet pour impliquer les Athéniens.
L'équipe d'urbanistes néerlandais Okra a gagné le concours avec une proposition axée sur la réduction de la circulation, l'augmentation des surfaces piétonnes, des espaces verts, la récupération des eaux et un concept baptisé le «théâtre de 1000 pièces» visant spécifiquement les bâtiments abandonnés.
«L'idée est de proposer des contrats d'occupation temporaire des surfaces vides pour des projets culturels, des événements, des start-up. C'est une stratégie qui a porté ses fruits sur le long terme dans d'autres villes comme Amsterdam ou Berlin», explique Martin Knuijt, l'un des membres d'Okra.
Le lancement des appels d'offres pour l'ensemble du plan de rénovation est prévu d'ici à la fin de l'année.
«Je suis né dans le centre d'Athènes, puis ma famille a déménagé en banlieue. La maison de la fin du 19e où nous habitions a été classée en 1990 et s'est écroulée en 1998 : Je suis un exemple vivant de l'histoire d'Athènes !», plaisante Panagiotis Tournikiotis, également directeur de «Rethink Athens».
Il voit maintenant «les enfants des familles parties à la périphérie revenir au centre, dans l'appartement vide des parents ou grands-parents» : «C'est maintenant qu'il faut agir pour qu'ils restent».

ISOLÉ

ISOLÉ

Si la France s’était imposée en finale de la Coupe du Monde hier, François Hollande aurait pu miser sur un regain d’euphorie national au moment de s’adresser aujourd’hui aux Français. Las, les « Bleus » se sont arrêtés en quarts et n’auront pas d’influence sur le spleen hexagonal. Même les militaires qui défileront ce matin à Paris ont le moral dans les rangers et redoutent une nouvelle baisse du budget de la défense. Le président lui-même confiait il y a quelques jours à ses amis, réunis dans un restaurant, qu’il se sentait isolé à l’Elysée. De là à imaginer que François Hollande aussi a le blues… Certes, le chef de l’Etat fera bonne figure à la mi-journée lors de son allocution du 14 juillet, tentera de donner l’image d’un président réformiste, en phase avec son Premier ministre, tout entier mobilisé contre le chômage. En coulisses, son entourage le pousse toutefois à limiter ses apparitions publiques cet été à quelques sorties « fédératrices », entre étape du Tour de France et commémoration de 14-18. Ses proches lui auraient même conseillé de se « chiraquiser », entendez de prendre de la hauteur et de se faire un peu oublier en attendant des jours meilleurs. Après tout, la prochaine présidentielle n’aura lieu que dans trois ans. Et d’ici là, qui sait, les « Bleus » auront peut-être gagné l’Euro 2016.

BOULEDOGUES

A n’en pas douter, il s’agit du premier étage de la loi Montebourg annoncée pour la rentrée, une « loi de croissance et de pouvoir d’achat destinée à restituer six milliards d’euros aux Français ». Un rapport choc de l’Inspection générale des finances a opportunément fuité hier. Echo assuré. Il jette l’opprobre sur 37 professions réglementées. Tout le monde y passe. Huissiers, notaires, pharmaciens, écoles de conduite… Accusés, sous prétexte de monopole, de prélever leur dîme et de freiner une relance qui tarde et qu’il ne saurait être question de faire payer à une classe moyenne qui grogne. Marre d’être prise pour une vache à lait. Vrai qu’il est des situations choquantes qu’il conviendrait de dépoussiérer. Appelant à mettre fin à « ses survivances de l’Ancien Régime », Alain Tourret, député socialiste du Calvados, prévient : « Devant chaque niche fiscale, il y a un chien. Et devant chaque profession réglementée, deux bouledogues ». Façon de dire qu’il faut se méfier de cette énième amorce de réforme. Même si, derrière ses lunettes noires à la Jacques Chirac, François Hollande n’a cessé de le marteler lors de son intervention du 14-Juillet. Malgré ses louvoiements, il se voit définitivement comme un président réformateur.

La fable corrézienne

La fable corrézienne

On peut choisir d’en rire : chevelure d’un noir soigneusement entretenu et lunettes carrées, le mimétisme est frappant. On peut aussi choisir d’en sourire : la Corrèze, les réseaux, les amitiés rad-soc sont les mêmes. On peut surtout s’en affliger : plus on s’avance dans le quinquennat, plus François Hollande ressemble à Jacques Chirac. Pas au Chirac des réformes à la hussarde, ni à celui des embardées programmatiques. Pas le Jacques du trop vite, trop fort, trop loin. Celui-là avait laissé ses habits de réformateur galopant au vestiaire de l’Elysée, peu après son arrivée dans le palais : il avait suffi des grandes grèves de 1995 pour convaincre le nouveau chef de l’Etat qu’une bonne réforme ajournée, c’est autant « d’emmerdements » évités.
Jacques Chirac craignait par dessus tout de voir « les petites camionnettes jaunes et bleues » des PTT et d’EDF dans la rue avec les manifestants du secteur public. François Hollande, lui, a trouvé une autre façon de ne rien faire : il n’est de bonne réforme qu’une commission ad hoc ne puisse enterrer. La discussion, la négociation, le dialogue social permettent d’endormir les réformateurs les plus vaillants, de surseoir à trancher ou de se réfugier dans la demi-mesure.
Et pendant ce temps, les records s’accumulent : dette publique, impôts et taxes, chômeurs, faillites d’entreprises, comptes extérieurs, c’est le toujours plus. Ainsi la France s’immobilise-t-elle petit à petit, bercée par le lancinant ronron hollandais des promesses verbales (« je réformerai jusqu’au dernier jour ») et de la réécriture de l’histoire (« j’ai réorienté l’Europe vers la croissance ») pour nourrir cette fable corrézienne selon laquelle les Français redouteraient les réformes, alors que c’est désormais l’absence de résultats qu’ils ne supportent plus.

La carte et les territoires

La carte et les territoires

La réforme territoriale aurait pu être la « mère de toutes les réformes » du quinquennat. Elle aurait pu bénéficier du rare privilège d'être consensuelle parce que voulue unanimement. Et finalement, elle n'aura été qu'une occasion manquée. Une de plus. Tout cela parce qu'on ne joue pas avec la carte et les territoires comme on le ferait avec un puzzle sur un coin de table. N'insistons plus sur l'improvisation avec laquelle a été conçu le projet élyséen, entre coups de fils et coups de ciseaux, un soir de grand bazar. On ne le rappellerait pas si cela n'avait fourni des arguments providentiels aux barons locaux adversaires de tout changement. Mais comment donner tort à ceux qui ont accusé François Hollande de mettre la charrue avant les b'ufs ?
Le groupe socialiste, en ayant proposé une nouvelle carte de 13 régions (au lieu de 14), avant l'ouverture des débats à l'Assemblée, a de lui-même « corrigé » la copie élyséenne pour prévenir une fronde transpartisane. Et, de fait, le projet est devenu moins incohérent et donc plus présentable. Ce qui, malheureusement, ne le purgera pas pour autant de tous ses vices originels.
On sent bien que cette réforme se voulait d'abord un écran de fumée après des déroutes électorales. Mais, sur un sujet touchant d'aussi près les populations, comment enjamber toute concertation préalable avec les élus et les citoyens ? Comment avoir fait passer le contenant (le découpage) avant le contenu (la répartition des compétences) ?
On s'aperçoit que la question des économies n'est même plus d'actualité. Les chiffrages sont restés flous. Dans l'immédiat, il y aura forcément des surcoûts (bâtiments, alignement des régimes des personnels). Pressé par le temps, le gouvernement n'autorisera qu'en 2016 la possibilité, pour un département, de changer de région. Et il a repoussé aux calendes grecques la suppression de ces mêmes départements, qui aurait pu être compensée avec la (re) création des conseillers territoriaux et une « cantonalisation » des régions. Dommage que la carte abattue par François Hollande soit biseautée.

Qui c’est le chef ?

Qui c’est le chef ?

Qui c'est le chef ? À ceux qui, de plus en plus nombreux, se posaient cette question, François Hollande a répondu lors de son interview redevenue très traditionnelle du 14 Juillet. Il l'a fait à sa manière mais en nous rappelant quand même la cinglante injonction de Jacques Chirac à l'adresse de Nicolas Sarkozy : « J'ordonne, il exécute ». Hier, François Hollande, n'a pas recouru à une « adjudantesque » mise au pas des ambitieux, mais il a rappelé que le chef, c'était lui. Lui, président, qui ne veut plus perdre une minute pour réformer (tout en prenant le temps de la concertation). Lui, président, qui choisit et qui décide. Lui, président, qui n'envisage 2017 qu'à travers un mieux pour les Français.
Tout le reste ne serait que littérature. Roman de gare que cette malédiction du « ménage à trois », promis à l'implosion, qu'il formerait avec Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Mauvais feuilleton que cette irritation que provoqueraient chez lui les incartades de Montebourg. Et pourtant. Malgré les éléments de langage de ses proches nous présentant un François Hollande serein et amusé par les moulinets de ses ministres, le chef de l'État a tenu à reprendre la main.
Le volontarisme de Manuel Valls ne serait rien d'autre que la mise en musique des volontés élyséennes. La dénonciation, par Montebourg, d'un supposé « conformisme » ne saurait viser un président résolument réformateur, et qui le sera encore plus à l'avenir. Non ! Le Président n'a même pas peur de ceux qui, dans son gouvernement et sa majorité, dézinguent sa politique.
En réaffirmant, hier, que le pacte de responsabilité serait appliqué sans retouche, François Hollande a bel et bien renvoyé au cimetière des illusions les chimères d'Arnaud Montebourg. Il reste que l'ambitieux programme de réformes annoncées à la hâte par le chef de l'État pour les deux prochaines années, aurait dû être engagé beaucoup plus tôt, sur des bases dépourvues d'équivoque et avec une majorité encore sous le charme. Si vous voulez bien nous passer l'expression, François Hollande était hier… l'un peu tard du 14 Juillet !

Paris n’aura pas Bruxelles

Paris n’aura pas Bruxelles



Jusqu’à quand la France se paiera-t-elle de mots ? Jusqu’à quand ses dirigeants tenteront-ils de faire croire aux Français que, grâce à leur action, la politique européenne se réoriente vers la croissance ? Dernier en date de ces rêves éveillés, la conviction que le sort de l’Europe dépend de la conquête par la France du poste de commissaire européen aux Affaires économiques : avec un tel allié dans la place, Paris pourrait enfin desserrer l’étau de rigueur dans lequel le pays s’est enfermé tout seul.


Pierre Moscovici connaît bien les affaires européennes, c’est entendu. Il maîtrise également les codes, us et coutumes de la planète économique et financière. Mais, dans l’hypothèse vraisemblable où il deviendrait le commissaire français, les contre-performances de la France et son rôle de frein à la croissance européenne ne donneraient aucune légitimité à Paris pour revendiquer le poste clef des dossiers économiques.
Et si, déjouant ces pronostics et à la faveur d’une combine comme seule Bruxelles sait en produire, la France arrachait par extraordinaire ce portefeuille ? Cela ne changerait rien : isolé parmi 27 autres commissaires dont plusieurs anciens Premiers ministres, le représentant français n’aurait aucune marge de manœuvre pour épargner son pays. On peut même penser que sa parole et ses inévitables rappels à l’ordre budgétaire résonneraient alors plus cruellement encore aux oreilles de ses camarades socialistes.
C’est un fait : l’influence de la France est en recul. Aucun président de groupe parlementaire à Strasbourg (il y a 4 Allemands sur 8), de moins en moins de hauts fonctionnaires à des postes de direction d’administration ou de cabinets, le décrochage économique de la France se répercute concrètement dans les instances interunationales. Avant de rêver à nouveau de grandeur, la France devrait se réveiller.

Réflexions sur le XXIème siècle

Réflexions sur le XXIème siècle
Le champ de blé aux corbeaux de Van Gogh, qui illustre ce billet, peint en 1890, me semble avoir un caractère annonciateur des tragédies du siècle suivant. 
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Au fil de ma lecture de Cioran, Oeuvres, Gallimard 1995, je trouve ces paroles saisissantes: "Dans l’histoire, on est toujours au seuil du pire [...] On peut donner pour certain que le XXIème siècle, autrement avancé que le nôtre, regardera Hitler et Staline comme des enfants de choeur." Propos de dépressif (qu’il n’était pas) ou salutaire prophétie? Cette question ne cesse de me hanter. Selon une première hypothèse, l’homme aurait changé, serait devenu meilleur grâce à "l’effet d’expérience" (ne pas reproduire les atrocités du siècle précédent), la mondialisation, les technologie de l’information et la diffusion des images, la hausse moyenne du niveau de vie… Suivant une autre vision des choses, rien n’aurait vraiment changé, en quelques décennies, de la nature humaine, prompte à la violence, au fanatisme, à la rage de détruire et de tuer. Oh, ce n’est pas de la grande philosophie, mais une simple réflexion "d’honnête homme". Pessimiste me dira-t-on? Un siècle vient de passer. Le 16 juillet 1914, nul n’imaginait l’apocalypse en train de couver. Quel idiot pessimiste eût alors annoncé le massacre de 17 millions d’Européens, un dizième de la jeunesse décimé, autant d’infirmes à vie, combien de veuves et d’orphelins, un continent dévasté, un cataclysme d’où sortirait le marxisme-léninisme et le national-socialisme, puis un second conflit encore trois fois pire dans ses effets? Aucun! Je ne dis pas que tout cela se reproduira en pire et tout autrement, mais qu’il ne faut rien exclure et surtout pas que Cioran ait eu raison. Ainsi, jamais, de mémoire,

 nous n’avons connu une situation aussi complexe et incontrôlable au Moyen-Orient, avec l’échec radical du monde occidental, marqué par l’émergence d’un califat qui bouscule toutes nos certitudes historiques et les menaces pesant sur Israël. Le XXIème n’en est qu’à ses débuts.