TOUT EST DIT

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mardi 8 juillet 2014

Marche ou grève !

Marche ou grève !

À l'abord du cap des cent jours passés dans « l'enfer de Matignon », on pourrait accoler cette devise un tantinet provocatrice à l'action de Manuel Valls : « Marche ou grève » ! Une manière pour lui d'assumer son réformisme sans rien céder sur le fond devant les conservatismes et les chantages. Hier, à Vauvert, dans la campagne camarguaise, le Premier ministre a plus que jamais saisi le taureau par les cornes et dénoncé les « blocages » d'une France « entravée », « coincée », « tétanisée ». Et tout cela, alors que va s'ouvrir la troisième conférence sociale du quinquennat dans un contexte d'extrême tension.
Loin de se limiter aux partenaires sociaux, les injonctions de Manuel Valls s'adressent aussi aux frondeurs d'une gauche qui doit marcher pour ne pas mourir. La constatation s'impose qu'à force de dramatisation, et devant les réticences de la majorité, Valls a fait… de plus en plus de Valls au fil des cent jours. Au point de se demander s'il n'est pas en train d'aller au-delà des souhaits exprimés par un François Hollande réduit à l'inauguration des chrysanthèmes.
Certains objecteront qu'il y a alliance d'intérêts, au moins provisoirement, entre les deux têtes de l'exécutif. De toute évidence, ce ne sera vrai que jusqu'à l'approche de 2017. D'autres, ou les mêmes, ajouteront que l'activisme de Manuel Valls est plus affaire de façade et de communication que d'efficacité réelle puisqu'il a reculé sur plusieurs dossiers. À moins que ces replis tactiques, généralement gérés sans « couac », ne soient destinés qu'à préserver l'illusion du dialogue social.
Tout le pari consiste à savoir pendant combien de temps Manuel Valls pourra manier à la fois la carotte et le bâton, complaire au patronat tout en donnant des gages aux syndicats. Pendant combien de temps le PS déboussolé conservera-t-il sa confiance en un gouvernement devenu « ami de la bonne finance » (dixit Sapin) ? La surenchère des postures patronales et syndicales et les menaces de boycott, avant la conférence sociale, témoignent d'un enjeu décisif. Plus encore que pour François Hollande, il le sera pour la « méthode Valls ». Le « marche ou grève » du Premier ministre est aussi, pour lui, un quitte ou double.

Tables rases

Tables rases

De la troisième grande conférence sociale du quinquennat, la CGT et FO ont décidé de faire… tables rases. Les deux syndicats boycotteront, ce mardi, la deuxième journée de cette grand-messe avec ses sept tables rondes thématiques et le discours de clôture de Manuel Valls. Rude camouflet pour l'exécutif. Pour François Hollande, bien sûr, dont le projet de nouvelle démocratie sociale subit un sévère coup d'arrêt. Mais plus encore pour Manuel Valls dont on voit bien que les syndicats cherchent à le désolidariser du chef de l'État en dénonçant la brutalité de sa méthode et ses récentes concessions unilatérales au patronat. « Le discours du Premier ministre ne mérite pas notre présence à ses côtés », a déclaré avec mépris le secrétaire général de la CGT qui, à l'inverse, avait inscrit sa rencontre d'hier avec le chef de l'État dans le cadre du « pacte républicain ».
Cela s'appelle tenter d'enfoncer un coin entre François Hollande et Manuel Valls. Il est vrai qu'il y a des différences de sensibilité et de style entre les deux têtes de l'exécutif. Quand Manuel Valls prône un réformisme à marche forcée, François Hollande temporise et veut croire aux vertus du dialogue social inscrit dans le temps.
C'est ce qui est clairement ressorti du discours prononcé hier en fin d'après-midi par le chef de l'État. S'il a exclu que le dialogue s'installe « dans une surenchère permanente », il a multiplié les rendez-vous sous diverses formes pour la rentrée. Une manière, peut-être, de gommer les mesures et déclarations intempestives qui ont mis le feu aux poudres et maladroitement choqué les « réformistes » de la CFDT, avant cette troisième conférence.
Demeure le sentiment que François Hollande a trop tergiversé. Il est bien temps de faire du chômage de longue durée une « cause nationale » et de donner la priorité à l'apprentissage. Dans le contexte actuel de fronde, le chef de l'État aura beaucoup de mal à entraîner les syndicats sur des orientations qui contredisent les « flatteries » du candidat à ses clientèles électorales. De ce passé, François Hollande aimerait bien, pourtant, faire table rase.

Off

Off

Le mot magique qui permet de dire à n’importe qui le contraire de ce que l’on répétera l’instant d’après, publiquement. L’expression a été inventée pour les journalistes avec lesquels on déjeunait et supposés ne rien répéter de la conversation si on leur signalait auparavant que c’était “off” ; un code implicite et respecté. Terminé : le journaliste répète, c’est son métier, et en plus, maintenant, il enregistre en douce avec son portable.
Toutefois le principe demeure et permet d’entretenir un mensonge général soigneusement orchestré.
Il y a ce que l’on dit en privé et ce que l’on affirme en public ; ce que les “partenaires (!) sociaux” se disent entre eux et qui n’a strictement rien à voir avec leurs déclarations médiatiques, ajoutez à cela les interprétations journalistiques et vous avez une autre illustration de l’exception culturelle ! Le off s’assimile à la langue de bois qui est un principe fondateur du dialogue social et de la communication politique française. Tout doit être lisse, bien-pensant et refléter l’idéologie de son camp. La vérité des convictions n’a aucune importance, il faut des mots creux et répondre à côté des questions. C’est ainsi que tel ministre vous dira “off” qu’il faut repousser l’âge de la retraite et prétendra le contraire au 20 heures ; on jure qu’on ne cédera rien aux grévistes alors qu’en même temps, on négocie off un donnant, donnant sur la négociation suivante, etc.
Nos ministres en off vous expliquent comment réformer la France, mais le dire serait selon eux suicidaire.
Le off soulage la conscience des menteurs : ce n’est pas qu’ils mentent, c’est que bien sûr nous ne supporterions pas la vérité !

La droite peut-elle mourir ?

Chaque crise apporte son lot de mauvais augures, annonçant, avec force solennités, la mort, la disparition ou l’effondrement de tel ou tel parti politique. Manuel Valls l’avait déclaré à propos du Parti socialiste en 2009 à la suite des élections européennes, les commentateurs l’avaient décrété pour le Front national en 2007 après le mauvais score de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle. Aujourd’hui le PS cumule tous les pouvoirs nationaux et contrôle encore de nombreux territoires ; quant au Front national, il a remporté haut la main les élections européennes. En politique, la mort est toujours une notion relative ; Jacques Chirac, François Hollande, Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé et Ségolène Royal ne diront pas le contraire. On les a enterrés cent fois ; cent fois ils sont revenus, illustrant l’adage : “En politique, ce qui compte, c’est de durer”.
Les partis ont la peau épaisse et la colonne vertébrale souple. Ils sont capables de plier sans rompre malgré les tempêtes du jour. Mon inquiétude ne porte pas sur les structures partisanes qui, grâce au financement public, peuvent survivre, mais plutôt sur les idées, sur ce que signifient la gauche et la droite. « La gauche peut mourir », disait tout récemment Manuel Valls pour éviter l’éclatement de sa majorité parlementaire et la remobiliser, mais il parlait là de tactique électorale et non d’identité politique. Laissons à la gauche ses atermoiements et ses doutes, ses calculs et sa difficulté congénitale à comprendre la réalité. La gauche est tour à tour incantatoire, morale, caviar ou gestionnaire, capable de la pire schizophrénie politique dans l’opposition et au pouvoir. La faiblesse idéologique de la gauche est une faiblesse de notre démocratie, mais c’est à ses dirigeants de plancher sur le sujet.
Intéressons-nous à cette droite qui a gouverné de 2002 à 2012 sans donner l’impression d’une vraie rupture avec les gouvernements précédents. Dans l’opposition, la droite est libérale, audacieuse, patriote et déterminée ; au pouvoir, elle est souvent frileuse, étatiste et se révèle impuissante à réformer le pays. En 2002, la création de l’UMP fut une victoire tactique du RPR sur l’UDF, les fondations idéologiques étaient bonnes : libéralisme économique, État régalien fort mais pas omnipotent, volonté de réforme profonde du pays, rupture avec les consensus des décennies passées qui sont devenus autant de renoncements et de blocages. Depuis, l’exercice du pouvoir a fait son oeuvre et la culture gestionnaire a pris le pas sur la volonté de réforme quasi révolutionnaire que la droite française a pour devoir de porter. Le pragmatisme érigé en principe de gouvernement ne fait pas une politique ; il faut une vision. En 2007, Nicolas Sarkozy avait eu cette vision et il avait fait lever cet espoir pour “la France d’après”. La crise et les circonstances mondiales en ont décidé autrement.
Telles des divinités, les idées politiques meurent de ne plus être adorées, priées, psalmodiées par leurs adeptes : patrie, nation, république, libéralisme, probité, morale ont, vidés de leur sens, peu à peu disparu des discours politiques.
Aujourd’hui, les éléments de langage répondent aux sondages, qui déterminent les angles de communication, pour finalement faire le buzz qui, selon la traduction française, signifie “bourdonnement” ou “brouhaha”. Le but ultime est donc de faire du bruit, mais pour qui ou pour quoi, nul ne le sait plus. Au contraire, être en quête de sens est désormais suspect, vouloir mettre en perspective est vu comme réactionnaire, prendre son temps, comme dépassé. Les élections se succèdent à un rythme effréné, la politique croit être partout en investissant les nouveaux réseaux, alors que sa “twitterisation” est l’annonce de sa disparition. Le « bougisme » maladif, pour citer Pierre-André Taguieff, n’arrive plus à masquer une fin inéluctable.
« La société politique contemporaine [est] une machine à désespérer les hommes », disait Camus, et la désespérance est le prélude à la mort du politique, peu à peu remplacé par la gestion. Le volcan des espoirs et des craintes des hommes s’éteint alors, mais, souterraine, la fusion continue, l’éruption menaçant d’éclater partout où on ne l’attend pas. Une droite trop attentiste peut disparaître et il faudra, oui, tout changer. Épargnons-nous cette peine, faisons-le maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, avant d’être emportés.

Partir, revenir…

Partir, revenir…

Les ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy influeront-ils sur son retour ? Et si l’essentiel était ailleurs ?
Cette semaine, Valeurs actuelles s’intéresse au pire ennemi de Nicolas Sarkozy : Sarkozy lui-même. Non pour participer au débat récurrent sur ses qualités et ses défauts, mais pour faire un point concret sur ses chances de revenir au pouvoir et, s’il y revenait, sur ce que serait sa politique.
Nul doute que le paramètre judiciaire s’avérera décisif dans son combat pour reconquérir l’Élysée : mises en examen, condamnations ou, au contraire, non-lieux, comme ce fut le cas dans l’affaire Bettencourt, peuvent à chaque instant provoquer des bifurcations cruciales. Qui peut douter que les trois années qui nous séparent de l’élection présidentielle en soient prodigues ?
Reste à savoir sur qui s’appuiera Nicolas Sarkozy s’il est candidat et s’il doit prendre sa revanche en 2017. Lisez notre enquête, et vous découvrirez quels sont ses réseaux et dans quel esprit leurs animateurs conçoivent l’alternance.
Car telle est bien aujourd’hui la question essentielle : quel Sarkozy les Français retrouveront-ils s’il gagne son pari ? Celui qui abrogea la “double peine” ou celui du discours de Grenoble ? Celui que conseillait Patrick Buisson ou celui dont se rapproche désormais François Baroin ? La vérité est que le rassemblement est toujours la première étape du combat politique. À condition qu’une fois acquis, il ne se transforme pas en cacophonie. C’est avec “l’ouverture” à gauche de 2007 que s’est joué le premier acte de l’échec de 2012…

«Notre amie, c'est la finance» : Michel Sapin, entre amateurisme, désinvolture et cynisme

« Notre amie c'est la finance, la bonne finance». Cette déclaration de Michel Sapin, ministre-clef du gouvernement et proche entre les proches de François Hollande, aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence le 6 juillet, est étrange, pour dire le moins. Le ministre a visiblement tenté un trait d'humour qui s'il a fait rire une salle convaincue apparaît comme une marque d'amateurisme, de désinvolture et même de cynisme.
Cette déclaration, visiblement intentionnelle, renvoie d'abord l'image d'un amateurisme politique étonnant à ce niveau de responsabilité. Michel Sapin n'est en effet pas un débutant et sa communication devrait être parfaitement maîtrisée. La première victime de ce «bon mot» du ministre est en effet son propos de fond lui-même. On retiendra celui-là alors qu'il était venu pour faire passer celui-ci, c'est-à-dire l'accent mis par le gouvernement sur la régulation des activités financières les plus spéculatives (la «mauvaise finance») et l'encouragement de la «bonne finance», celle qui permet le financement de l'économie, notamment de l'innovation. Le trait d'humour ministériel a éclipsé le propos de fond qui même si l'on n'est pas d'accord avec ses présupposés mérite un débat.
Le ministre aurait dû, ensuite, se souvenir, avant de vouloir faire rire son auditoire, de la phrase de Pierre Desproges: «on peut rire de tout mais pas avec tout le monde». Vouloir amuser un parterre composé pour l'essentiel de hauts dirigeants d'entreprise, de banquiers et de journalistes économiques, en retournant la phrase emblématique du discours du Bourget de François Hollande («mon adversaire, c'est le monde de la finance») est un acte profondément désinvolte. Surtout pour un ministre socialiste dans un gouvernement qui se proclame de gauche - dont les membres ne sont pas les derniers à citer, par exemple, Jean Jaurès comme référence! Et ce d'autant plus que le pays souffre tout particulièrement des conséquences de la politique d'austérité et d'ajustement des comptes publics dont Michel Sapin a la charge.

Leonarda bientôt de retour avec un passeport croate ?

Selon Le Figaro, la famille de Leonarda Dibrani, la jeune Rom expulsée l’année dernière, serait sur le point de revenir sur le sol français grâce à des passeports croates. Ils auraient l'intention de faire "payer la France".
L’affaire Leonarda n’en finit jamais. Le père de la lycéenne expulsée en janvier dernier a assuré vendredi au Figaro que sa famille regagnera sous peu la France. Ces derniers seraient sur le point d’obtenir des passeports croates. 
La Croatie étant un Etat membre de l’Union européenne, la nationalité croate permet une libre circulation des biens et des personnes dans tous les pays de l’Union. Le retour de la famille Dibrani sur le sol français serait ainsi parfaitement légal
Comme nous l’écrivions en mai dernier, les Dibrani avaient entamé des démarches auprès de l’ambassade de Croatie au Kosovo afin d’obtenir des passeports croates. La mère et 5 des 6 enfants détenaient déjà des passeports croates dont la validité avait expirée. Le père, Resat Dibrani, a d’ailleurs précisé aux journalistes que Leonarda, sa femme et trois de leurs enfants étaient d’ores et déjà en Croatie. Seul lui et deux de ses filles sont encore au Kosovo.
Toujours d'après celui-ci, "lundi, ils auront les passeports". "Et dans une semaine, quinze jours, on partira, toute la famille ensemble !", ajoute-t-il. Le père assure en outre que sa "femme – enceinte de huit mois et demi – accouche(ra) à l'hôpital de Pontarlier", là où est née leur fille cadette, rappelle Le Point.
"On va leur montrer à Hollande et à Valls, qui est le chef !"
"On va leur montrer à Hollande et à Valls, qui est le chef ! On va leur dire en face ! Ils ne me croyaient pas quand on disait qu'on était européens !", a tonné le père de famille. "Ils nous ont renvoyés au Kosovo comme des animaux, avec de faux papiers ! Ah le préfet du Doubs, il va être bien dans la merde", a-t-il encore claironné.
"On va faire payer la France"
Comme le rapporte Le Figaro, les Dibrani sont très remontés contre la France et comptent bien être dédommagés de l’injustice qu’ils considèrent avoir subie en se faisant expulser de l’Hexagone. "Nous allons aller à la Cour de Strasbourg (la Cour européenne des droits de l'homme), pour demander des dommages et intérêts. La France, maintenant, on va la faire payer!", a assuré Resat Dibrani.
Interrogé en mai dernier, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius avait déclaré que "cette famille n’aura pas sa place en France, point à la ligne". Pourtant, avec de nouveaux passeports, rien ne semble empêcher la venue des Dibrani sur le sol français.
JE DEMANDE À VOIR !