Le résultat du match France-Allemagne est déjà connu : ce sont les Allemands qui l’ont emporté. Non pas tellement parce que, paraphrasant un célèbre joueur anglais, « le football est un jeu simple qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne », mais parce que la confrontation France-Allemagne dont il s’agit ne se déroule pas sur les terrains de foot. Elle a lieu partout, tous les jours. C’est un choc de puissance, une compétition larvée mais réelle, un enjeu de domination qui touche une multitude de domaines. Un peu partout, l’Allemagne l’emporte sur la France.


C’est le cas à Bruxelles, et c’est nouveau. La présence, l’influence allemandes sont désormais servies par un grand nombre d’hommes-clefs qui, nolens volens, font pencher l’Europe du côté de Berlin : le principal collaborateur du nouveau président de la Commission est allemand, les directeurs d’administration allemands sont les plus nombreux, le président du Parlement européen est allemand.
Cette puissance tranquille ne vient pas de nulle part. Elle n’est pas artificielle mais s’appuie au contraire sur la solidité de l’économie allemande et son respect métronomique des règles de l’Union. Ainsi sur la croissance et le budget : ce match vient juste de se dérouler cette semaine, et l’Allemagne l’a emporté sur la France par 0 contre –4. Zéro déficit budgétaire d’un côté, et 4 % de déficits publics de l’autre. Même sans avoir la religion de l’orthodoxie absolue, on voit bien comment notre voisin, fort d’un tissu d’entreprises puissant et d’un taux d’emploi brillant, peut se concentrer sur la défense de ses intérêts et peser de plus en plus lourd en Europe et dans le monde.
La France dominera peut-être ses adversaires à Rio. Tant mieux, ce serait bon pour le moral. Mais ça ne suffira certainement pas pour tous les autres matches qu’il y a à jouer.