TOUT EST DIT

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samedi 21 juin 2014

Le cimetière du net

En 2000, l’explosion de la bulle Internet emportait dans son sillage des centaines de sites qui semblaient pourtant promis au succès. Retour sur ces ratages.
A la veille de l’an 2000, beaucoup étaient persuadés qu’ils allaient trouver de l’or du côté de la Silicon Valley. Mais peu se sont souvenus de l’adage qui dit que, pendant une ruée vers l’or, ce ne sont pas les chercheurs d’or qui font fortune… mais les vendeurs de pioches. Ainsi, avant l’explosion de la bulle Internet, ceux qui se sont vraiment enrichis sont les informaticiens et les développeurs, pas les investisseurs qui ont mis des millions dans des start-up, souvent en pure perte. «On a sous-estimé l’impact qu’allait avoir Internet sur notre quotidien, mais on a surestimé la vitesse à laquelle il allait se développer», résume Régis Saleur qui, en 2000, était le directeur général de Seeft Ventures, l’un des principaux fonds d’investissement dans les nouvelles technologies. Tout le monde avait un copain qui lançait sa start-up et ­gagnait – ou pensait qu’il allait gagner – de l’argent.Et tout le monde se disait : «Pourquoi pas moi ?» Dans la foulée, les fonds d’investissement...

Les universités françaises sont-elle vraiment des «foyers de marxisme» ?

Dans une interview au Telegraph, François Fillon affirme que les universités françaises sont des «foyers de marxisme». Est-ce totalement caricatural ou cela recouvre-t-il une part de réalité?
La sorbonne en 1968
Chantal Delsol: Ce n'est pas caricatural de le dire comme cela. Il ne s'agit pas de toutes les universités, bien sûr. Les choses ont beaucoup changé depuis vingt ans. Néanmoins on peut dire que les foyers de marxisme sont là, et aussi d'ailleurs dans les lycées - où il arrive que les enseignants votent à 80% pour Mélanchon! Cela traduit, à mon sens, à quel point les enseignants vivent dans un monde tout à fait abstrait, loin des réalités vivantes, en raison à la fois de leur statut et de la persistance de leurs vieux rêves idéologiques, dont ils n'ont souvent pas vu passer (ou pas voulu voir passer) la débâcle.
Avant la chute du mur de Berlin, la majorité des intellectuels français étaient marxistes. Cette influence a-t-elle perduré après la chute du mur? Vous-même, en avez-vous été témoin?
Oui on peut dire que jusqu'à la fin des années 90, 95% des intellectuels français étaient marxistes, marxisants ou marxiens d'une façon ou de l'autre, avec toutes les nuances qu'on connaît. Mon vieux maître Julien Freund est mort marginalisé de s'être proclamé anti-marxiste. Ces intellectuels ont attendu que le système s'écroule pour se poser des questions - ce qui n'est pas à leur honneur. Mais plus encore: j'ai vu des intellectuels français, avec lesquels je me rendais en Pologne au début des années 90, se jeter sur les Polonais en leur demandant comment ils allaient concrétiser enfin le marxisme démocratique - les Polonais les regardaient avec un tel mépris que j'en étais honteuse pour la France.
Ce marxisme a-t-il évolué? S'est-il adapté au politiquement correct?
Il ne s'est pas vraiment dissous, même si certains ont eu l'honnêteté de reconnaître qu'ils s'étaient trompés. Il est comme un fleuve qui se serait diffusé en marécage. Certains sont devenus écologistes, d'autres ont adopté des mystiques orientales ou pas, d'autres ont rejoint les extrêmes gauches utopiques dont le pays est si friand. Mais dans l'ensemble ce courant de pensée n'est plus nommément représenté.

Les syndicats étudiants sont encore majoritairement d'extrême gauche. Sont-ils représentatifs?
Ils n'ont jamais été représentatifs. Ils ne représentent qu'eux-mêmes, c'est à dire un groupe infime qui vocifère et dont tout le monde se moque.
Quel a été l'impact de cette prédominance du marxisme dans les universités sur la vie intellectuelle française?
On ne se débarrasse pas comme ça de ce que les gens du centre-est appellent la morsure hégélienne. Cela laisse un gout d'utopie qui inspire la vie entière et laisse croire que la réalité n'existe pas. Les universités vivent soviétiquement, aussi bien par les méthodes (ce qui est dit ne correspond pas à ce qui est fait) que par le langage orwellien (par exemple on ne parle pas de sélection et on en fait sous d'autres mots).

SNCF : les dessous de la grève...

Alors que les parlementaires travaillent à l'examen de la réforme ferroviaire, le trafic reste perturbé, empêchant des centaines de milliers de se déplacer, des milliers d'entreprises d'être approvisionnées.
Quel est l'enjeu de ce mal nommé "mouvement social" et que cachent réellement ces jours de grève à répétition ? Pourquoi la CGT et Sud s'entêtent-ils autant alors que d'autres syndicats sont favorables à l'évolution proposée par le gouvernement ?
Le projet de loi propose de stabiliser la dette du secteur ferroviaire et de préparer le secteur à l'ouverture à la concurrence. La CFDT a signé cet accord de modernisation et accepté de négocier une réforme, indispensable, du système ; elle a aussi proposé des amendements qui ont permis d'améliorer le texte. La CGT et Sud Rail, les jusqu'au boutistes de la grève, qu'on pourrait croire hostiles à la concurrence pour des raisons idéologiques, ont décidé, une fois de plus, de prendre en otage les Français.
En y regardant de plus près, on s'aperçoit que la réalité est beaucoup moins "noble" que ce conservatisme archaïque : décidée par une centaine de responsables régionaux de la CGT le 27 mai dernier, cette grève est en fait l'occasion pour la centrale de Montreuil de redorer son blason auprès des salariés, car, à la SNCF comme ailleurs, son pouvoir et son image s'érodent un peu plus chaque année.
La CGT est en effet passée à la SNCF, qui représente son dernier gros bastion syndical, de 44% des voix aux élections professionnelles de 2004 à 35% en 2014. Une perte importante qui démontre que son leadership est clairement menacé. Or le projet de réunification de RFF et de la SNCF diluerait encore un peu plus l'influence de la CGT. Ce mouvement est donc un message de la CGT à destination du Gouvernement et de la Direction de la SNCF afin de maintenir sa prééminence, son pouvoir, et tous les avantages importants liés à ces fonctions syndicales. A la SNCF, la CGT est partout chez elle depuis toujours. Elle dirige 27 des 29 comités d'entreprise sans discontinuer depuis 1946 ! C'est donc la survie même de la CGT qui est en jeu à travers ce conflit, qui génère l'obstination des grévistes.
D'ailleurs, à y regarder de plus près, ce mouvement de grève est paradoxal à plus d'un titre : les revendications (augmentations de salaires, embauches, temps de travail) n'ont strictement rien à voir avec la réforme, puisque le statut de cheminot et les avantages qui lui sont attachés ne sont pas remis en question ; les grévistes sont beaucoup moins nombreux chez ceux qui sont directement concernés par la réforme (14% chez les cheminots de l'Infra) que parmi ceux dont le métier conditionne la circulation des trains (49% de grévistes chez les conducteurs, 50% chez les contrôleurs), métiers dans lesquels 70% des salariés sont syndiqués... troisième paradoxe, l'argument de Sud Rail et de la CGT Cheminots pour qui la réforme serait synonyme de dégradation du service public... Paradoxal, -mais peu surprenant -, quand on voit les conséquences immédiates de ce conflit au quotidien pour les Français.
Pour sortir de cette logique folle de blocage, nous préconisons une réforme courageuse et de grande ampleur. Cette réforme devra s'atteler à un certain nombre de dogmes qui perdurent à la SNCF. Il faudra mettre fin :
  • aux avantages du statut des agents SNCF qui "ont un temps de travail inférieur à la durée légale, des hausses de salaire trop rapides ainsi que trop d'embauches et d'avantages en nature", selon le rapport de la Cour des comptes de 2010 ;
  • "aux facilités de circulation" (entendre : la gratuité ou les tarifs préférentiels, hérités d'un système vieux de 75 ans accordés à plus de 1 100 000 personnes, dont seulement environ 15% de cheminots en activité) "qui posent problème au regard de l'égalité d'accès au service public ferroviaire pour un impact total sur les comptes de la SNCF estimé à des sommes dépassant significativement 100 millions", selon le rapport de la Cour des comptes de février 2014 ;
  • à la contribution de l'Etat (3,3 milliards en 2013) qui finance le régime spécial des cheminots, à savoir un âge moyen de départ en retraite à 55,1 ans à la SNCF en 2011, contre 62 ans pour les salariés du régime général.
Derrière tous ces aspects, on comprend la nécessité de rendre plus transparente la gouvernance de la SNCF. Dans cette entreprise, on achète depuis longtemps la paix sociale, et on masque la réalité. Les Français ont droit à la vérité car ils contribuent chaque jour au financement de cette entreprise. Il serait utile par exemple que la Cour des Comptes se penche sur la gestion des Comités d'Entreprise, comme elle l'a fait pour la RATP. Le budget consacré à ces organismes dépasse les 120 millions d'euros, et va bien au delà de ce que la loi autorise.
Toutes ces réformes sont des évolutions nécessaires au bon fonctionnement de notre démocratie, si on veut avoir demain des "partenaires" (le mot a un sens) sociaux plus représentatifs, et surtout plus indépendants du pouvoir politique. Au regard de la situation financière de la France et de l'exaspération des Français, nous proposons, à la Droite forte, de supprimer le financement public des syndicats qui devraient fonctionner grâce aux cotisations de leurs adhérents, de rétablir la liberté syndicale en permettant à chacun, salarié non-syndiqué, liste de salariés libres, nouveau syndicat, de se présenter aux élections professionnelles (c'est-à-dire casser le monopole syndical issu de la loi du 23 décembre 1946), de rendre public et de plafonner le nombre de fonctionnaires détachés auprès des syndicats.
Il faudrait également définir un statut de l'élu syndical, qui limiterait le nombre et la durée du mandat, et permettrait une démocratie sociale plus vivante. On parle souvent des élus politiques pour dire qu'ils sont trop nombreux, que dire dès lors des 650 000 mandats syndicaux existants dans notre pays ?
Il y a fort à parier que les nombreux corporatismes qui bloquent depuis trop longtemps les réformes en France tenteront de s'opposer à ces évolutions. Si c'est le cas, nous demanderons que les Français puissent se prononcer par référendum sur ces sujets complexes et pourtant majeurs pour notre vivre ensemble. Donner la parole aux Français sera le meilleur moyen de les réconcilier avec le syndicalisme. Ce sera aussi la voie pour réconcilier la démocratie politique et la démocratie sociale. Et sauver le paritarisme.

Franz-Olivier Giesbert : les naufrageurs de la France

Face aux syndicalistes antédiluviens de la SNCF, notre pays a plus que jamais besoin d'une classe politique qui sait dire non. 

L'Histoire, en tout cas en France, est une vieille alzheimeriennedont il n'y a, pour l'heure, plus grand-chose à attendre. Observez comme une partie de notre pays gagatise, ces temps-ci, avec la conviction idiote de vivre l'antépénultième page du roman national, avant le grand soir qui ne saurait tarder.
Ce qu'on vit aujourd'hui rappelle les grandes grèves de 1995,quand une certaine France, confite de bêtise et de naïveté, s'était dressée comme un seul homme contre les excellents projets de réforme du Premier ministre de l'époque, Alain Juppé, qui s'était inspirés de travaux de la CFDT. Répétant en choeur les slogans éculés de syndicalistes antédiluviens, elle avait paralysé le pays jusqu'à ce que le gouvernement remballe tout : contre toute logique, les agents roulants avaient obtenu le maintien de leurs exorbitants régimes spéciaux de retraite.
Le mouvement était déjà mené, en ce temps-là, par les syndicats des agents roulants de la SNCF, présentés par la presse bien-pensante comme les fers de lance de la France qui souffre. La farceuse ! Enamourée, voire extatique, elle nous expliquait même qu'ils se battaient, en fait, pour les salariés du secteur privé avec un sens admirable de l'intérêt général. Défense de rire. À les fréquenter dans les trains, on ne peut pas nourrir de griefs contre ces agents, bien au contraire. Ils sont courtois, efficaces et professionnels. Une majorité d'entre eux est même contre cette grève. Mais ce n'est pas le sujet.
Les syndicats ont inventé la grève préventive comme il y a des guerres préventives. Le projet de regroupement du trafic (SNCF) et du réseau (RFF) défendu par le pouvoir ne vise en rien les agents roulants. Mais leur statut étant mirifique (retraite à 50 ans jusqu'en 2017, ensuite à 52 ans), ils sont bien conscients que ces avantages risquent d'être, un jour, remis en question. C'est pourquoi certains de leurs syndicats s'y accrochent comme la bernique à son rocher. Rien de plus humain. Ce que l'on ne comprend pas, en revanche, c'est la complaisance insane à leur égard de ceux qui réclament le retrait de la réforme, à gauche mais aussi dans l'opposition, comme Luc Chatel, un ancien ministre sarkozyste, incarnation de la droite "oui-oui", celle qui, au premier conflit, n'écoutant que son courage qui lui dit de se cacher, passe sous la table.
Le syndrome Chatel est une maladie dont la droite doit se guérir au plus vite si elle ne veut pas continuer, en alternance avec la gauche, à précipiter la France dans le déclin. C'est ce mélange neuneu de mollesse et de lâcheté qui, depuis plus de trois décennies, a tenu lieu de politique à nos grands partis. Il serait temps que l'UMP cesse d'être aussi sectaire que le PS quand il est dans l'opposition. Qu'elle commence à ne plus avoir peur de son ombre. Qu'elle songe enfin au bien commun et refuse les réflexes à la Chatel, qui commande de se coucher devant la première grève venue.
Ceux qui ont mis la France dedans, ce sont évidemment les corporatismes chauvins,représentés jusqu'à la caricature par les braillards de la CGT ou de Sud, qui, avec 14 % seulement de grévistes à la SNCF, bloquent le pays. Les profiteurs sans gêne de la SNCM qui, depuis si longtemps, travaillent avec acharnement à couler leur instrument de travail, pour le grand bonheur de Corsica Ferries. Les lois débiles sur les RTT grâce auxquelles la France est en bas du tableau en matière d'heures travaillées annuellement.
La liste des naufrageurs du pays est sans fin. Les jean-foutre de l'idéologie du déficit budgétaire qui plombe la croissance au lieu de la relancer. Les Don Quichotte de la dépense publique et les pythonisses de l'impôt-roi. Les autruches franchouillardes qui refusent de prendre exemple sur les réussites économiques allemandes, suédoises ou canadiennes. Sans oublier la culture irresponsable de l'endettement de l'État avec laquelle M. Balladur, son champion infatué, tenta de gagner la présidentielle de 1995 en faisant des chèques à la chaîne, avec le succès que l'on sait. Les niquedouilles des médias ne sauraient être exonérées, qui ne savent pas séparer le bon grain de l'ivraie, les conflits sociaux justes et les opérations de racket syndical comme celle de la SNCF. La pleutrerie bonasse de la gauche ou de la droite a fait le reste.
Plus que jamais, notre pays a besoin d'une classe politique qui sait dire non : ce n'est pas une histoire de droite ou de gauche, mais de simple bon sens. Pour une fois que le pouvoir socialiste fait preuve de fermeté face aux corporatismes, le minimum de patriotisme, pour l'opposition, serait de le soutenir avant de le vitupérer sur le reste de sa gestion, comme c'est son devoir. Il n'y aura pas de redressement sans esprit de responsabilité. 

Émigration des Français : ouvrons les yeux !

La fuite des cerveaux français s'accélère. Mais qui s'inquiète de cette catastrophe nationale ?

Une vague est en train de nous submerger, affaiblissant notre économie et fissurant notre concorde nationale : l'émigration. Plus de deux millions de Français vivraient aujourd'hui hors des nos frontières, selon une note de la Fondapol. Bonne nouvelle ! dira-t-on. C'est la preuve que les Français sont curieux du monde. Or, pour un nombre croissant d'entre eux, ce choix est contraint. Jeunes diplômés ou cadres hautement qualifiés, ces "travailleurs du savoir", dont le capitalisme technologique est si friand, ont fui notre bureaucratie, nos impôts, nos syndicats préhistoriques et nos grandes entreprises hyper-hierarchisées. 27 % des expatriés à destination des États-Unis sont des scientifiques (contre 8 % dans les années 1980) et 40 % des meilleurs chercheurs français en économie (c'est-à-dire parmi les 1 000 premiers mondiaux) ont traversé l'Atlantique.
Qui s'inquiète de cette fuite des cerveaux ? Pas Marine Le Pen. À la différence de l'immigration, l'émigration n'est guère propice aux fantasmes apocalyptiques. C'est un exil qui n'aura jamais son Jean Raspail pour le raconter. Aux yeux d'une partie de la gauche, ces émigrés passent pour des "traîtres". Or, si elle veut prendre le train de "l'économie du savoir et de la connaissance", la France a besoin de tous ses talents. Contrairement à ce que suggère un mot célèbre, la République a besoin de savants. Miroirs de notre déclin, ils sont aussi notre espoir.
À lire dans Le Postillon cette semaine : A-t-on le droit de mourir ? Alors que le Conseil d'État requiert de cesser l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert, Le Point publie les contributions d'André Comte-Sponville, Rémi Brague, Marie de Hennezel et Emmanuèle Bernheim.

"Il faut tout changer"

"Il faut tout changer"

 Je n’ai pas encore lu l’interview du Figaro magazine, mais je m’interroge sur le sens des propos de Nicolas Sarkozy: "Il faut tout changer". Cette déclaration l’expose à une critique inévitable: "pourquoi ne l’as-tu pas fait entre 2007 et 2012?" Malgré cette contradiction, il me semble que la déclaration de l’ancien président – si elle signifie ce que j’espère – relève du bon sens et du constat d’évidence. Pendant 5 ans, il a été au sommet de l’Etat. Il a compris ce qu’il ne voyait pas forcément auparavant: dans une situation de blocage absolu des institutions, de la République, de la société française, il faut "tout changer" si nous voulons éviter l’explosion du pays, sa disparition pure et simple à l’horizon des vingt prochaines années. Il faut bouleverser la Constitution pour recréer des possibilités de gouvernement, de choix politiques et de possibilités d’action, réinventer la démocratie de A à Z pour replacer le peuple au centre du pouvoir, transformer radicalement l’Europe, chambouler l’organisation économique et sociale pour sauver la liberté d’entreprendre. Nous sommes bien d’accord. Je le pense aussi. Je vois aussi le triomphe d’une cabale contre l’ancien président, désormais généralisée dans les rangs de l’UMP, la troïka, bien sûr, mais aussi tout un tas de fidèles, dont même le sage Bernard Debré… Que proposent-ils, de leur côté? J’ai franchement horreur de l’idolâtrie et du culte de la personnalité, je les trouve inadaptés à notre époque grotesques et minables. Pourtant, franchement, s’il faut tout changer, ce que je crois profondément, je ne vois aujourd’hui personne d’autre que l’ancien président, avec son expérience de l’Etat,  pour mobiliser et fédérer les énergies à cette tâche monumentale, révolutionnaire… Je ne dis pas cela par passion ni par exaltation, mais simplement par raison.

La cité des poètes disparus

La cité des poètes disparus

Ceci n'est pas un fait-divers. C'est un fait de société qui en dit long de la pente dangereuse sur laquelle glisse notre pays malade de ses valeurs, gangrené par son incapacité à sortir de la crise. Par son manque de courage, par l'inefficacité chronique de ses politiques publiques, la classe dirigeante laisse depuis trente ans dériver la France vers des tentations extrêmes tellement contraires à nos valeurs de solidarité et de justice. Qu'a-t-on fait de l'esprit universel des Lumières qui a inspiré tant de progrès de la condition humaine ? Pourrons-nous encore prétendre que nous sommes les inventeurs des Droits de l'homme sans rougir de honte quand, dans un chariot de supermarché, on retrouve un adolescent laissé pour mort par une bande de gosses tellement en marge de la loi commune que la violence est leur seul moyen d'expression ?
Quelque chose s'est pourri dans notre État de droit où l'on ne fait plus face aux expéditions punitives que par les mots insignifiants. Toujours les mêmes mots depuis les rodomontades de Charles Pasqua, les coups de menton de Nicolas Sarkozy, les outrances de Le Pen, les expulsions de camps par Manuel Valls dans la droite ligne du discours de Grenoble.
La longue liste des méfaits commis par les Roms et les gens du voyage ne peut pas justifier la déliquescence haineuse du débat national qui remet au premier plan les thématiques de l'extrême droite. Rom ou pas, la dignité interdit les actes et les propos au remugle pétainiste. Bien des pays ont des problèmes d'immigration. Le chômage en est la cause plus que « la confrontation des modes de vie » derrière laquelle s'abritait Valls ministre de l'Intérieur. On insulte l'avenir quand, à cause des agissements de minorités, on stigmatise toute une population instrumentalisée à des fins politiques et déjà traumatisée par la précarité et la déscolarisation.
Dans la si mal nommée cité des poètes, cette ratonnade anti-rom ressemble hélas à celles soutenues par la socialiste Samia Ghali à Marseille, par Bourdouleix, le nostalgique du nazisme et par toute une indicible fournée de racistes. Faut-il encore convaincre de l'urgence d'un discours fort de nos autorités pour rétablir enfin les valeurs de la République ?

Trois réflexions après un nouveau départ pour la Syrie

Jeudi on apprenait qu’une enquête préliminaire pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste »avait été confiée à la DGSI et au service antiterroriste de la PJ, à la suite de la disparition d’une collégienne de 14 ans vivant à Argenteuil, soupçonnée d’être partie faire le djihad en Syrie.
 
Repos du guerrier
 
Dans une lettre qu’elle a laissée sous son oreiller l’adolescente, qui n’est pas rentrée après sa journée de cours mercredi, expliquait être partie « pour le pays où l’on n’est pas empêché de suivre sa religion ». Ses parents ont confié à la police avoir remarqué ces derniers temps un changement du comportement de leur fille, expliquant notamment qu’elle s’était renfermée, portait une tenue traditionnelle et parlait de plus en plus de religion. Mais ils étaient loin d’imaginer qu’elle pourrait décider de partir pour la Syrie. Pays où elle ne fera probablement pas le djihad mais servira au « repos du guerrier » des islamo-terroristes. Selon le parquet, « hier soir, son portable ne bornait plus en France » et elle avait donc déjà quitté le territoire,« mais personne ne sait pour l’instant dans quel pays elle se trouve ».

« Deux ou trois personnes par jour »

Un énième départ donc, qui suscite trois réflexions. D’abord sur le caractère illusoire des mesures adoptées en avril dernier par Bernard Cazeneuve et censées dissuader les candidats français au djihad de partir pour la Syrie. Alors que le ministère de l’Intérieur nous sort depuis des mois le même chiffre d’environ 700 djihadistes français, il semble bien que le phénomène se soit en réalité accéléré. Interrogé par RTL, Pierre Henri Digeon, directeur de la Police de l’air et des frontières de l’aéroport d’Orly, expliquait en effet : « Sur les vols vers la Turquie, nous avons presque à chaque fois des signalements de personnes motivées par le djihad. (…) La problématique est réelle et elle ne s’est pas tarie. Cela peut représenter deux ou trois personnes par jour. » Et il ajoutait que tous ces candidats présumés au djihad ne sont pas interceptés pour autant.
Ensuite, et parce qu’il est loin d’être anecdotique, ce phénomène est hautement révélateur de l’état d’esprit d’une partie importante de ces Français musulmans, majoritairement issus de l’immigration qui, bien qu’ayant grandi en France, rejettent violemment ses valeurs, refusent toute assimilation et souhaitent au contraire nous imposer leurs convictions religieuses. Il y a ceux qui sont en Syrie et qui reviendront, avec le risque que l’on sait. Et puis il y a ceux qui ne sont pas partis, mais qui approuvent. Comment la France va-t-elle gérer cette foule dans les années à venir ?
Enfin, cette ruée vers le djihad, comme les problèmes régulièrement posés par l’islam en France, devraient aussi pousser nosbien-pensants à s’interroger sérieusement sur la nature profonde de cette religion qui refuse toute distinction entre pouvoirs temporel et spirituel, inspire la haine à beaucoup de ses pratiquants, méprise les « infidèles » et range la femme au rang d’un animal. 

Coupe du Monde : la cote de François Hollande peut-elle profiter de celle des Bleus ?

François Hollande au plus bas dans les sondages semble miser sur les succès de l'équipe de France pour redresser sa cote de popularité. Cela peut-il fonctionner? Existe-t-il des précédents? Lesquels?
Frédéric Dabi: Personne ne peut affirmer avec certitude que le Président de la République mise sur le succès des Bleus pour rebondir dans l'opinion. Cet espoir, qu'il existe ou pas dans la tête de François Hollande, s'avère de toute façon illusoire. En effet, l'impopularité record que connaît le locataire de l'Elysée (82% de mécontents dans le sondage mensuel Ifop / JDD) repose essentiellement sur l'absence perçue de résultats sur le plan économique et social, sur le sentiment que les effets de la crise sur les Français se sont accentués depuis 2012. Dans ce cadre, un bon parcours des Bleus, y compris une accession au dernier carré de cette coupe du Monde, ne produira que des effets marginaux sur la cote présidentielle.
Bien sûr, beaucoup d'observateurs ont en mémoire un précédent glorieux, à savoir la Coupe du Monde 1998. A l'issue de la victoire de la France en finale contre le Brésil, les deux têtes de l'exécutif avaient bénéficié d'une remontée spectaculaire de leur cote de popularité. Mais au-delà du moment d'unité nationale autour d'un événement organisé en France, c'était avant tout une période de croissance économique.
En période de crise, même en cas de bons résultats de l'équipe de France, cette stratégie peut-elle être contre-productive? Les Français ne risquent-il pas d'avoir le sentiment que le président de la République se détourne de leur vrais problèmes?
Je ne le pense pas dans la mesure où les Français font clairement la part des choses et ne s'offusqueront pas de voir François Hollande apparaître comme le premier supporter des Bleus. Mais tout est une question de dosage: dans un contexte social tendu, il serait dangereux que l'image de François Hollande soutenant les Bleus prenne le pas sur l'image attendue d'un Président cherchant à améliorer la vie de ses compatriotes. On se souvient des critiques qui avaient suivi la réception à l'Elysée, presque toute affaire cessante, de Thierry Henry dès son retour dans l'hexagone, par Nicolas Sarkozy après la calamiteuse campagne de l'Equipe de France en Afrique du Sud.
On se souvient de la coupe du monde 1998 en France qui avait profité à Jacques Chirac. En 1984, François Mitterrand avait-il lui aussi profité de la victoire des Bleus de Platini en France ?
Absolument pas. La popularité de François Mitterrand telle que mesurée par les indices Ifop / JDD n'avait pas progressé et la part des mécontents dépassait 50%. La victoire de «la bande à Platini» à l'euro 1984 n'avait pas eu d'effet. François Mitterrand faisait face en juin 1984 à la guerre scolaire qui avait d'ailleurs fini par entrainer le départ de son Premier ministre Pierre Mauroy. Il connaissait également, toute proportion gardée, une situation analogue à celle aujourd'hui éprouvée par François Hollande, à savoir une très forte déception à son encontre du peuple de gauche.
Un président peut-il également pâtir des mauvais résultats de l'équipe national? Nicolas Sarkozy avait-il particulièrement chuté dans les sondages lors du psychodrame de Knysna?
La cote de popularité de Nicolas Sarkozy s'était avérée strictement identique avant et après la Coupe du Monde et l'épisode de Knysna. A cette époque, le Président de la République pâtissait d'un fort rejet dans l'opinion avec deux tiers de mécontents en juin comme en juillet 2010.

QU'IL RESTE TRANQUIL, L'ÉQUIPE DE FRANCE N'A EN AUCUN CAS BESOIN DE LUI.
IL PORTE LA POISSE !