TOUT EST DIT

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jeudi 19 juin 2014

Valls et le chaos

Pris entre l’indiscipline de ses élus et le cynisme de Hollande, Valls a trouvé dans la grève des cheminots l’occasion à saisir. Pour se draper en chef.
L’impasse dans laquelle se trouve Manuel Valls se résume en trois scrutins. Le 10 juin, la réforme pénale de Christiane Taubira est approuvée par toute la gauche : 328 voix ; la droite vote contre, 231 voix ; pas une abstention. (En avril 2013, le mariage des homosexuels avait été voté par 327 voix contre 230 et 10 abstentions). Le 8 avril précédent, Manuel Valls obtenait la confiance de sa majorité par 306 voix contre 239, avec 16 abstentions de gauche. Le 29 avril, quand il présente son plan de stabilité (les économies de 50 milliards), il n’a plus que 265 suffrages et récolte 67 abstentions.
Que disent ces trois scrutins ? Que la gauche fait le plein sur ses réformes “de société”, celles qui, par effet contraire, braquent le plus les électeurs et par conséquent les élus de droite et du centre. Or, même si l’on entendra encore parler de PMA, de GPA, d’euthanasie, et probablement du droit de vote des étrangers, ces réformes-là, épuisées, sont hors du champ des priorités gouvernementales. En revanche, la gauche éclate quand il s’agit d’entrer dans le vif des réformes économiques et budgétaires. C’est bien pourtant sur ces sujets-là que Manuel Valls, après deux mois de déclarations, est obligé d’abattre ses cartes, en dévoilant le contenu du “collectif budgétaire” qui doit faire la démonstration qu’il peut redresser les comptes publics et rendre aux entreprises leur compétitivité. Ce qui passe en réalité par une obligation : la liquidation du socialisme.
Cela consiste à défaire systématiquement ce qui a été fait depuis deux ans — mais sans avoir de sujets de société permettant, au moins provisoirement, de rassembler ses troupes. Et quand on a sorti tous les arguments rationnels de ses cartons, que reste-t-il à brandir ? La menace du chaos. C’est ce que le premier ministre est allé faire le 14 juin devant le conseil national du Parti socialiste. Discours à huis clos, prononcé sur le ton de l’oraison funèbre, destiné à frapper les élus et les médias rapidement informés.
La gauche n’a jamais été aussi faible dans l’histoire de la Ve République » ; « nous sentons bien que nous sommes arrivés au bout de quelque chose, au bout peut-être même d’un cycle historique du parti » ; « notre pays peut se défaire, se donner à Marine Le Pen »…Ce discours, le sénateur PS de la Nièvre Gaétan Gorce, l’un des fins analystes de la gauche, le traduit de la manière suivante : « Il faut comprendre, écrit-il, que la gauche risquerait de disparaître… au moins au premier tour de la présidentielle. Nul doute en effet que, si au désarroi actuel s’ajoutait le poids de l’échec, c’est toute une culture politique qui serait gravement menacée de péremption. »
La présidentielle, évidemment ! Comment aller à la présidentielle avec un parti divisé, sceptique, frondeur, difficile à convaincre qu’entre Valls et le chaos, il n’y a rien que Marine Le Pen ? Valls n’a pas un obstacle à surmonter devant lui, mais deux. D’un côté, il doit gérer ses élus, dont un sur trois n’adhère pas à sa politique budgétaire et fiscale ; de l’autre, il est tenu de manoeuvrer avec Hollande et de le défendre alors qu’il le sait froid, cynique et indéfendable.
De ce point de vue, il a trouvé dans la grève de la SNCF le moment à saisir : celui qui peut lui permettre de se draper dans l’autorité du chef, défenseur du lycéen qui passe son baccalauréat et de l’usager des services publics en général, contre ces cheminots archaïques et privilégiés, dans un conflit d’autant plus incompréhensible que le pouvoir s’est employé à rendre son projet de loi de réforme de la SNCF, source de la grève, tout aussi obscur.
Pour le premier ministre, c’est une grève calculée. Il ne pouvait ignorer, à moins d’être aveugle et sourd, ni l’état d’esprit de la fédération CGT des cheminots, en concurrence avec Sud-Rail, ni la colère d’un électorat de base qui s’estime trahi par une politique dénoncée comme celle du patronat. Il a sciemment joué l’opinion publique contre les syndicats, fauteurs de grève, lui, le commandeur qui résiste à tout, autant à la critique d’une partie des siens qu’à un mouvement aussi prolongé que celui-là.
« Je suis le seul », doit-on comprendre. Le seul clairvoyant, le seul courageux, le seul à pouvoir sauver les deux années qui viennent avant la campagne présidentielle… Mais, note Gaétan Gorce, « en théorisant sa démarche, en en faisant l’apanage d’une nouvelle gauche, Manuel Valls prend le risque de condamner celle-ci à une défaite irrémédiable, et peut-être même irréversible ».
Risque d’une défaite irréversible parce que la division de son camp n’est pas compensée par un mouvement identique à droite et au centre. Voyez les scrutins cités plus haut : chaque fois, la droite et le centre ont voté contre, comme un seul homme. La gauche paie, non pas la facture, mais la fracture de ses deux premières années de pouvoir.

La Cour des comptes préconise de nouvelles économies sur les fonctionnaires

Elle suggère un arrêt des recrutements dans les ministères prioritaires, afin de réduire les effectifs, et une augmentation de la durée de travail
Comment limiter jusqu'à quasiment geler la masse salariale des administrations? La hausse atteint encore, en tendance, 750 millions d'euros par an pour le seul champ de l'Etat (sans compter les collectivités locales et la fonction publique hospitalière). De nouvelles mesures doivent être prises, que la Cour des comptes suggère dans son rapport annuel sur les finances publiques, publié ce mardi.
"Le ralentissement des salaires publics a été moins prononcé en France que, en moyenne, dans les autres pays de la zone euro" soulignent les magistrats. "Il reste ainsi des marges de manoeuvre en matière de politique salariale". Et  d'égréner: il serait possible de restreindre la garantie de pouvoir d'achat, en la faisant jouer sur la rémunération globale et non sur le seul traitement indiciaire,  et les règles de calcul du minimum de traitement, en incluant les primes et indemnités dans la base de calcul, pourraient être durcies. 

Mesures d'harmonisation

En outre, une série de mesures dites d'harmonisation pourraient être prévues: " intégration de l'indemnité de résidence dans la base indiciaire et mise en extinction du dispositif ; meilleur ciblage des primes de mobilité pour les recentrer sur leur objectif et éliminer les effets d'aubaine ; forfaitisation et gel du supplément familial de traitement ; révision des majorations en faveur des agents travaillant outre-mer selon le différentiel effectif de coût de la vie ; suppression de la sur-rémunération du temps partiel; etc. 

Arrêt des recrutements dans les ministères prioritaires : une économie de 450 millions d'euros par an pour l'Etat

Mais, soulignent les magistrats, ces mesures ne permettront de respecter les objectifs "ambitieux en termes de maitrise de la masse salariale du programme de stabilité" (limiter la hausse à 250 millions par an).  "Les leviers de la baisse globale des effectifs et de l'augmentation de la durée effective du travail devraient être utilisés à titre complémentaire" écrivent les magistrats.  "Le levier de la baisse des effectifs est porteur d'économies importantes" soulignent-ils. Pour l'État , les effectifs sont actuellement stabilisés au niveau global : les ministères jugés prioritaires (éducation nationale, justice et sécurité) bénéficient de créations nettes d'emplois (plus de 10.000, en équivalent temps plein ), tandis que les autres poursuivent la baisse de leurs effectifs  (-12 298  pour 2014).
Les magistrats suggèrent un changement de politique, à cet égard:
Par rapport à cette situation, le gel des effectifs des ministères prioritaires combiné à la poursuite au même rythme de la baisse des effectifs dans les ministères non-prioritaires, opérateurs compris, permettrait de dégager une économie annuelle de 450 millions d'euros. À titre d'illustration, si s'ajoutait à cet effort de l'État le non remplacement d'un départ à la retraite sur trois dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière, l'économie annuelle serait majorée de 400 millions, portée au total à 850 millions (soit au total une baisse annuelle des effectifs d'environ 30 000 postes dans les trois fonctions publiques).

Un temps de travail accru

Pour la première fois, la Cour suggère en outre la piste de l'augmentation de la durée du travail. "Une hausse de la durée effective du travail dans les administrations peut permettre de diminuer les effectifs sans réduire la quantité et la qualité des services publics rendus"estiment les magistrats. "Une telle hausse pourrait prendre des formes diverses : alignement de la durée effective sur la durée légale, réduction du nombre de jours d'absence (par exemple en rétablissant la journée de carence en cas de maladie), éventuellement augmentation de la durée légale".
Pour quelle réduction du nombre de fonctionnaires? "La hausse de la durée du travail ne permet pas mécaniquement de diminuer les effectifs dans une proportion équivalente : elle peut être en partie compensée par une baisse de la productivité horaire des agents, et nécessite au préalable la réorganisation de certains services".

Travailler plus: 700 millions d'euros d'économies

Quelles pourraient être alors les économies attendues?  
"Sous l'hypothèse d'un partage à 50 % entre baisse des besoins en emplois et baisse de la productivité, une augmentation du temps de travail effectif de 1 % (soit l'équivalent de la suppression de 2 jours de congés) permettrait de dégager une économie pour l'ensemble de la fonction publique de 700 millions en réduisant les recrutements nécessaires. Un allongement du temps de travail permettrait probablement aussi de dégager des économies à travers la baisse du nombre d'heures supplémentaires effectuées ou le moindre rachat de jours de congés épargnés. 
Autant de réformes particulièrement délicates à faire passer.

Les exécutions reprennent aux Etats-Unis

Peine de mort. Deux détenus, l'un en Géorgie et l'autre dans le Missouri, ont reçu cette nuit une injection létale. Ce sont les premières exécutions depuis la longue agonie de Clayton Lockett le 29 avril dernier dans l’Etat de Oklahoma.
Une longue agonie
Le 29 avril dernier, Clayton Lockett était mort après de longues souffrances, d’un arrêt cardiaque, 43 minutes après l’injection d’un nouveau cocktail létal. Barack Obama avait à l'époque qualifié de«profondément dérangeant» ce fait  et avait ordonné une révision de toutes les procédures d’injection létales du pays.
Suite à cette affaire, l'Oklahoma avait décidé de suspendre les mises à mort pendant 6 mois, le temps de mener une enquête. L'autopsie du corps de Clayton Lockett avait d’ailleurs montré que le personnel chargé de l'exécution n'avait pas réussi à poser l'intraveineuse correctement, provoquant la perforation de la veine fémorale et la mort du prisonnier.
Deux nouvelles exécutions dans la nuit de mardi à mercredi
Ce mardi, sept semaines après la mort de Clayton Lockett, la Cour Suprême a donné son autorisation pour que les exécutions reprennent dans les prisons américaines. Après le report de cinq condamnations à mort, deux prisonniers ont été exécutés hier, l’un en Géorgie (Marcus Wellons) et l’autre dans le Missouri (John Winfield).
Une troisième exécution prévue
À moins d'un report de dernière minute, une troisième exécution devrait se produire ce mercredi en Floride. John Henry a été condamné à mort pour le meurtre de sa femme et le fils de celle-ci, alors qu'il était en liberté conditionnelle après le meurtre de sa première épouse.
JE SUIS D'AVIS QUE L'ON 

RÉTABLISSE LA PEINE DE MORT 

EN FRANCE.

Mariage gay des 6e : c’est la faute aux enfants !

Mariage gay des 6e : c’est la faute aux enfants !

Le maire ment. Embarrassé par les nombreux messages de protestation reçus à la mairie de Saint-Pol de Léon (Présent d’hier) Nicolas Floch affirme avec des accents hypocrites : « ce sont les enfants qui ont eux-mêmes souhaité cette célébration ».
Le courageux édile, élu sur une liste divers-droite, n’a même pas le courage d’assumer sa séance de travaux pratiques LGBT. Il préfère scandaleusement mettre ça sur le dos d’élèves de 11 ans : « c’est pas moi, c’est eux ». Lorsqu’on lit de près sa réponse publiée sur le site de la mairie, on note tout de suite qu’il se contredit :
« La classe qui a réalisé un travail préalable – expliqué et réfléchi avec leurs enseignants – nous a proposé de réaliser un mariage entre 2 personnes de même sexe » explique-t-il. Avant de prétendre :« La loi a évolué et nous ne pouvions répondre négativement à une demande qui émanait des élèves » (…) Ce sont donc bien les professeurs qui ont décidé – évidemment – et pas les enfants. Au cours d’un travail préalable de propagande en faveur du Mariage pour Tous, réalisé en cours d’instruction civique, les profs ont trouvé charmant de fortement suggérer aux élèves que le mariage fictif de cette année soit « célébré » entre deux garçons. Quand vous êtes en 6e, que vous avez 11 ans en moyenne et que votre prof vous dit que c’est une très bonne idée, vous faites quoi ? Et les parents, ils en disent quoi ?
Il faut vraiment très mal connaître la psychologie d’un petit garçon de 12 ans pour imaginer que ce genre de pantalonnade théâtralisée a pu lui venir à l’idée et l’amuser le moins du monde. Un micro trottoir rapide dans mon entourage de « scolaires » m’a valu la réponse suivante : « Déjà simuler un mariage avec une fille ça doit pas être rigolo, mais alors avec un autre type ! »
Et le maire persiste : « Ce sont donc bien les élèves, en accord avec l’équipe éducative, qui ont choisi d’illustrer à leur manière, la modification de la Loi intervenue en 2013 qui permet à deux personnes du même sexe de s’unir. »Bien sûr ! Et ce sont les enfants qui ont dicté ce prêchi-prêcha au maire aussi ? Il fait preuve d’une foncière malhonnêteté et ajoute la perversité à la perversité. Ses explications font irrésistiblement penser à celles de Cohn-Bendit à propos de ses activités d‘éducateur à Francfort dans les années 70, racontant que « c’était les gosses » qui « ouvraient sa braguette » et « commençaient à le chatouiller ». 

L’énergique… durable

L’énergique… durable

On n'enlèvera pas à Ségolène Royal cette qualité : c'est une énergique… durable. Et une battante… renouvelable. Faut-il s'étonner, dès lors, et compte tenu de ces prédispositions, qu'elle ait été nommée au ministère de l'Écologie dans le gouvernement de Manuel Valls ? Après une série d'épreuves douloureuses, Ségolène Royal, bénéficiant de la liberté d'action retrouvée du père de ses enfants, a obtenu une forme de réhabilitation qu'elle ne veut attribuer qu'à ses compétences. Et, après tout, elle n'a pas forcément tort. Qui d'autre, mieux qu'elle, pouvait occuper un poste qui a connu quatre titulaires depuis l'élection de François Hollande ?
Alors que les écolos n'ont pensé qu'à faire de la politique au gouvernement, Ségolène Royal n'a fait que de l'écologie pour revenir en politique. Après la rebuffade très calculée infligée par Cécile Duflot au Premier ministre Manuel Valls, la « Dame du Poitou » était la seule à pouvoir entretenir cette flamme verte un peu vacillante chez le président. Et elle seule bénéficie chez les écologistes d'un préjugé plutôt favorable lié à la sincérité de sa fibre environnementaliste.
Voilà pourquoi son volontarisme a pu compenser hier, la relative timidité de son projet de loi sur la transition énergétique. Il y a certes un peu d'emphase dans les mots quand François Hollande vante « un des textes les plus importants du quinquennat », accouché dans la douleur. Mais il y a du réalisme dans les propositions de Ségolène Royal qui a finalement choisi la synthèse.
De toutes façons, la période s'accommoderait mal d'une écologie punitive compensant par des taxes le manque de moyens de l'État. Même si nous devons réduire notre facture énergétique, l'adhésion des citoyens à une politique vertueuse doit se faire par des aides telles que certaines sont envisagées. En refusant le bras de fer avec le lobby du nucléaire, la ministre a également écarté la logique du tout ou rien. Et puis l'on ajoutera que l'exemplarité française ne servirait à rien sans une politique européenne harmonisée. Car nous respirons aussi l'air des autres.

Nous sommes tous des François Hollande

L’animateur Arthur a eu raison de partir s’installer à Uccle, dans le sud de Bruxelles. Résister, c’est partir. Si j’avais un peu de courage, je quitterais la France moi aussi. Un exil qui n’aurait rien de fiscal, ça aurait de la gueule. Hélas, je suis un pleutre. Un petit parvenu sans envergure. Bourgeoisement installé dans ses habitudes ordinaires : mes dix kilomètres en courant le dimanche matin, mon abonnement à BeIn Sports pour la Coupe du monde au Brésil. Mes amis, mes amours, mes emmerdes… Une vie de renoncements et de rituels idiots auxquels je me suis attaché. En juillet, deux semaines sur le bassin d’Arcachon. En août, quelques jours dans le Gers. Je ne suis pas le Che Guevara de la droite…
Cependant, pourquoi rendrais-je Hollande responsable de mon existence minable ? Le pauvre homme n’est ni meilleur ni pire que moi. Il ne vous aura pas échappé que le Français normal que je suis est à l’image de son président normal. Hollande, c’est la face émergée de notre médiocrité collective. Et je parie que le successeur que nous lui choisirons en 2017 sera du même tonneau que lui et moi : lâche et nul.
Le problème de la France, c’est les Français. Nous sommes devenus un peuple de fond de tiroir (le quadragénaire français est le moins instruit d’Europe). Et un peuple de beaufs (nous sommes les plus gros consommateurs de McDo au monde après les Américains).
Hollande est moyen. Vous êtes moyen. Je suis moyen. C’est comme ça ! Dans l’ADN français, il n’y a plus un seul chromosome de Du Guesclin ou de Clemenceau. Nous ne sommes plus des conquérants, des héros, des résistants. Et ne me parlez pas de ces José Bové de comptoir qui passent leurs soirées à beugler contre Bruxelles et la mondialisation. Ce sont des contrefaçons. Nos héros sont morts et enterrés. Sans descendance. Et s’ils réapparaissaient demain, ils demanderaient à être déchus de la nationalité française. Ou ils s’exileraient, comme 250 000 Français ces cinq dernières années.
Vous entendez ces idioptimistes : « Bah, la France finira bien par toucher le fond, alors elle repartira. » Alourdis par nos bourrelets idéologiques, aveuglés par une inquiétante immaturité politique, nous croyons dur comme fer que l’élu de 2017 nous rendra nos Trente Glorieuses. « Revêtons nos préjugés, ils nous tiennent chaud », écrivait Barrès.
En fait, si nous sommes en train de couler démocratiquement, c’est parce que nous sommes tous des François Hollande. Et nous ne méritons pas d’autre avenir que celui que nous tricote ce président qui nous ressemble tant.

La “thèse parfaite”

J’aime lire et pour quiconque est dans ce cas, il n’est rien de plus enthousiasmant que de découvrir un auteur dont on n’avait jamais entendu parler et dont chaque mot résonne en vous comme s’il correspondait à ce que dans le fond vous avez toujours su mais que vous n’avez jamais eu le temps, le talent ou les connaissances d’en extraire une pensée cohérente.
C’est un choc qui arrive peu fréquemment et quand il se produit, je me précipite sur les autres l ivres qu’a écrits cet auteur pour m’abreuver à cette nouvelle source. Ce choc, je l’ai connu avec Alexandre Soljenitsyne, Bertrand de Jouvenel, Arnold Toynbee, Alexis de Tocqueville, Frédéric Bastiat, René Girard, Joseph Schumpeter, Milton Friedman, Hernando de Soto Polar et quelques autres.
Je range leurs livres à l’étage supérieur de ma bibliothèque et quand la médiocrité du monde actuel me pèse trop, j’en attrape un au hasard, je relis quelques pages et je me réconcilie avec le genre humain. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je viens de connaître un tel choc en lisant Rome, du libéralisme au socialisme : leçon antique pour notre temps, de Philippe Fabry (éditions Jean-Cyrille Godefroy). Ce livre, dont personne n’a parlé, m’est arrivé par le service de presse de l’éditeur et je l’ai lu par hasard. Monsieur Fabry, apparemment, est un jeune universitaire à Toulouse et il s’agit là de son premier ouvrage. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
Sa thèse est que Rome est passée insensiblement et en quelques siècles d’un État de droit, consubstantiel au libéralisme, au droit de l’État, la marque du socialisme, et que cette lente glissade est à l’origine de la décadence puis de la chute de Rome. Le Romain est passé, en trois siècles, de l’état de citoyen à celui de sujet avant que de devenir esclave.
L’auteur maîtrise parfaitement les fondements théoriques du libéralisme et du socialisme. En particulier, en tant que juriste, il comprend que le libéralisme est une théorie et une pratique du droit et en aucun cas une série de recettes économiques à appliquer pour arriver à la “croissance”. La croissance est une conséquence de l’application du droit.
Étant jeune, quelques tendances libertariennes se font jour ici ou là, mais l’auteur comprend fort bien qu’un État exerçant ses prérogatives régaliennes avec force et justice est une nécessité. Monsieur Fabry fait en outre toute une série de développements heureux sur les similitudes entre la Rome antique et les États-Unis d’aujourd’hui et je suis bien sûr que Ron Paul n’aurait rien à rajouter.
Ses connaissances économiques sont parfaites et il s’est à l’évidence abreuvé aux sources de l’école autrichienne en général et de Ludwig vonMises et Friedrich Hayek en particulier, mais sans pour cela être sectaire, comme certains des thuriféraires de ces deux grands esprits.
Un grand livre, donc, en ce qui me concerne et qui infirme l’impression désolante qui était la mienne depuis un certain temps : j’en étais arrivé à penser que pour la première fois depuis cent ans, il n’y avait plus un seul grand intellectuel français, ce qui me désolait. Je suis heureux de voir que j’avais tort. La source n’est pas tarie. J’attends avec impatience le prochain livre de M. Fabry.
Les lecteurs de Valeurs actuelles n’ont pas à craindre de perdre leur temps s’ils lisent ce livre. Ils en sortiront plus intelligents et rarement auront-ils dépensé 15 euros à meilleur escient.

Alba Ventura : "Valls dit halte à la surenchère des révoltés du Bounty"

"Avec moi ou contre moi", c'est la nouvelle devise de Manuel Valls. Avis aux "frondeurs" : on ne s'abstient pas sur le Budget. C'est considéré comme un vote contre. 
Le Premier ministre a décidé de hausser le ton contre les "frondeurs" de la majorité. Cela vaut pour les socialistes, mais aussi pour les Verts qui ont nettement pris leurs distances ces dernières semaines.

"S'abstenir, c'est voter contre"

"Hasser le ton", cela veut dire pour commencer qu'on ne supportera pas qu'un socialiste ne vote pas le Budget. Avis à ceux ceux qui s'abstiendront ! Quand on s'abstient, on n'est pas pour, on est contre. C'est la nouvelle jurisprudence. Vous vous abstenez, vous votez contre, vous êtes donc dans l'opposition. Le Budget, c'est ce qui fonde le périmètre de la majorité.C'est carton rouge si vous ne le votez pas.

"Hausser le ton", ça veut dire qu'on muscle le jeu. Il ne s'agit pas de menace pour l'instant. On n'entend pas parler de sanction. Mais il y a une forme d'intimidation, sur le mode : "Vous voulez être responsable du chaos ?", "Vous voulez faire chuter la majorité ?".

"Hausser le ton", ça veut dire que Manuel Valls n'a pas envie de composer avec cette frange de socialistes, pour que l'on dise qu'il tente d'équilibrer son image droitière.

"Hausser le ton", ça veut dire qu'il n'entend pas, tout simplement, se laisser dicter sa route par une minorité, par ces quarante députés qui font plus de bruit que les 250 autres. Halte à la surenchère des révoltés du Bounty !

Duflot se rêve en meneuse de la fronde

Côté Verts, on a bien compris que Cécile Duflot, qui a passé deux ans au chaud au gouvernement, avait définitivement coupé les ponts avec François Hollande et Manuel Valls. Elle se sentait désormais l'âme d'une frondeuse, elle aussi. Et pourquoi pas, même, ne pas mener fronde avec les socialistes et les communistes en rupture de ban ?


Tous les Verts ne sont pas sur cette ligne. À l'Assemblée, ils sont très divisés, entre les partisans de Duflot et ceux qui estiment faire toujours partie de la majorité. Il se murmure que l'ex-ministre ambitionne, en septembre, d'êtrel'invitée "vedette" de la fête de l'Huma. D'ici là, elle se verrait bien incarner l'alternative à gauche.

L'arme atomique du 49.3

La gauche est profondément divisée. On oublie les communistes. Leur patron, Pierre Laurent, veut créer le front du peuple contre la politique d'austérité de Manuel Valls. Jean-Luc Mélenchon n'est plus tout seul dans son coin. C'est tout le bloc Front de gauche de l'Assemblée qui rejette avec violence la politique du gouvernement.

Cela en fait des blocs d'opposition, des députés de gauche qui se radicalisent, des jusqu'au-boutistes qui semblent n'avoir en tête que l'affaiblissement du camp de la gauche. Cela n'est pas bon signe, surtout quand on a une majorité étriquée. Les jours qui viennent vont être cruciaux. Soit le bras de fer se durcit, soit Manuel Valls parvient à emmener une majorité et à faire adhérer un maximum de députés à sa cause.

Dans l'entourage du Premier ministre, on veut croire qu'au final la plupart des députés de gauche prendront leurs responsabilités. On y croit, mais on laisse quand même traîner dans les couloirs du Palais-Bourbon l'ombre de l'arme atomique : le fameux article 49.3, qui permet d'adopter un texte sans vote. Avec le 49.3 le Premier ministre dit :  "Soit vous votez le budget, soit vous me renversez. C'est mon texte ou moi !"