TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 16 juin 2014

Fascination morbide

Fascination morbide
"Notre pays peut se défaire et se donner à Marine Le Pen", a déclaré Manuel Valls, ce samedi 14 juin devant le conseil national du parti socialiste. Même si ce n’est pas nouveau, je trouve regrettable qu’un Premier ministre parle devant son parti. Il est au service de la France, pas d’une formation politique. La France, dans l’histoire, même "défaite", même au fond de l’abîme, ne se donne jamais à n’importe qui. Le 18 Brumaire, elle se donne à Bonaparte, général en pleine gloire, victorieux en Italie. En octobre 1917, elle se donne à Clemenceau, mais ce dernier avait été auparavant un grand président du Conseil au début des années 1910. Le 30 mai 1958, elle se donne à de Gaulle, auteur de l’appel du 18 juin et chef de la Résistance. Même le 17 juin 1940, quand elle se donne en pleine débâcle – malencontreusement – à Pétain, ce dernier est à ses yeux "le vainqueur de Verdun". Et quand elle fut à deux doigts de se donner au général Boulanger, en 1888, ce dernier avait été auparavant un excellent ministre de la Guerre, soutenu par les radicaux-socialistes. C’est bien mal connaître la France et la sous estimer que d’imaginer qu’elle pourrait se "donner" à un simple chef de parti sans autre titre de gloire que celui-là, et qui plus est, héritier de sa position. Les dirigeants aiment bien répandre un parfum d’apocalypse, cela permet d’oublier les problèmes de l’heure. Et puis, une France "se donnant" au fn, n’est-ce pas l’expression du rêve profond de toute une partie de la nomenklatura de gauche: voici enfin la preuve de la France telle qu’ils la voient au fond et la considèrent. Moi je pense qu’il est exclu que le fn arrive un jour au pouvoir: son image est éternellement inacceptable pour 70 à 80% des Français. S’il avait dû percer, dans le climat de décomposition actuelle, ce parti qui existe depuis quarante ans, serait à 40% du corps électoral au moins (score du RPF en 1947) et non à environ 10% comme aux dernières élections européennes. Il est des histoires, des paroles, des attitudes, des déclarations qu’un peuple n’oublie jamais. Le phénomène de "dédiabolisation" n’est qu’une invention médiatique à laquelle adhère avec bonheur toute la presse gauchisante. Le fn n’existe que par la bêtise et la lâcheté du camp des républicains modérés. Rien de durable ne peut se bâtir sur la crétinerie ou la couardise des autres. Enfin, j’en ai vraiment marre de la soupe au fn, de ces médias, commentateurs, politicards, journalistes, débatteurs, pseudo-intellectuels qui ne parlent que de lui du matin au soir, comme sous l’effet d’une fascination morbide et d’un calcul secret celui de la disparition de l’opposition républicaine. Mais c’est bien ce que je suis en train de faire me direz-vous (parler du fn)! Certes, mais je voulais répondre à la petite phrase de Valls qui m’a exaspéré. Maintenant, j’arrête d’en parler.

Voies de garage

Voies de garage


Rendons au moins cette grâce aux « irréductibles » cheminots grévistes : dans leur insupportable égoïsme, ils nous ont épargné l'habituel « bachotage » journalistique sur l'utilité de cet examen qui ne sert plus à rien puisque 95 % des candidats (redoublements et repêchages compris) l'obtiennent… sauf s'ils ont raté leur train ! Les cégétistes du rail ont ainsi contribué à redonner tout son lustre à cet examen totalement déprécié. Au-delà du stress réel subi par les familles et les candidats, le sabotage des épreuves, par une minorité d'irresponsables, prend même l'allure d'une catastrophe nationale. Le gouvernement n'a pas été le dernier à brandir le caractère « sacré » du bachot pour renforcer l'impopularité de la grève dans l'opinion et jouer le pourrissement de la situation.
On aurait préféré que soit affichée, en amont, plus de fermeté par l'exécutif avant qu'il ne se résolve, impuissant, à tirer le signal d'alarme. Pour tout dire, le gouvernement, après de multiples réunions préparatoires sur la réforme ferroviaire, n'avait guère misé que sur une petite grève de principe. Las ! On n'est jamais si bien trahi que par les siens.
Le plus drôle (!) serait que, par leur action incontrôlable, les grévistes donnent des billes à ceux qui prônent, depuis des années, la fin du baccalauréat sous sa forme actuelle. Personne n'ose trop le souligner pour le moment, mais nombreux sont ceux qui prendront bientôt le train en marche – si l'on peut dire – pour dire que le bac est un « machin » trop complexe et trop coûteux (150 millions d'euros) pour son résultat.
Ce qui renvoie aux difficultés de réformer dans ce pays en raison des blocages corporatistes ou syndicaux. La réforme du bac, vers plus de contrôle continu, mettrait un terme aux années scolaires tronquées dans les lycées pour cause de mobilisation des locaux et des enseignants. Le mythe du diplôme national ne résiste pas aux 52 % d'échecs enregistrés dès la première année de fac. Au nom du refus utopique de la sélection, comme au nom de la préservation du statut cheminot, notre société préfère multiplier les voies de garage.

Faut-il supprimer l'impôt?


Un Etat disposant du pouvoir de création monétaire pourrait en théorie se passer d'impôt. Celui-ci devrait être ajusté en fonction de deux objectifs: éviter l'inflation et assurer le plein emploi
 Un Etat souverain n'a nullement besoin de lever des impôts pour financer ses dépenses publiques. En effet, les Etats-Unis - depuis leur création et hormis sept épisodes relativement brefs - ont toujours tourné avec des budgets systématiquement déficitaires. Le gouvernement d'une nation indépendante peut donc dépenser sans avoir à s'inquiéter de ses recettes. En théorie en tout cas, car la réalité de fortes poussées inflationnistes à laquelle il s'expose si son économie opère à plein régime finit toujours par le rattraper.
C'est là qu'il se doit de prendre toute une batterie de mesures afin de juguler la surchauffe: augmenter les impôts, réduire ses dépenses, voire exercer un contrôle sur les prix et les salaires... Autant de mesures destinées, non à équilibrer son budget, mais en premier lieu à maîtriser l'inflation, dans le cas où l'Etat dépense sans se préoccuper de ses revenus, c'est-à-dire dans le cas des Etats-Unis d'Amérique depuis leur création.

 L'impôt justifie l'existence de la monnaie

Dans ces conditions, pourquoi ne pas supprimer toute notion d'impôt? Pour une raison fondamentale en fait, qui est que c'est précisément l'impôt qui définit la monnaie, tout comme c'est l'impôt qui justifie en définitive l'existence de l'argent. Comme les impôts et les taxes doivent effectivement être réglés en unités de monnaie, le fait de s'en acquitter devient dès lors fondateur du point de vue de la définition de la monnaie servant de référence à ce règlement.
L'Etat, qui dispose du privilège exorbitant de battre en exclusivité sa propre monnaie, est en même temps tenu d'accepter cette même monnaie en remboursement des impôts et des taxes qu'il lève sur ses citoyens et résidents. Loi élémentaire du crédit, néanmoins cruciale tant sur le plan matériel qu'intellectuel, car elle implique que ce devoir pour les citoyens de s'acquitter de leurs impôts créé une demande mécanique - voire naturelle - en monnaie, utilisée précisément pour remplir cette obligation.

 La valorisation de la monnaie étroitement liée au paiement de l'impôt

Comme c'est en monnaie que se paient les taxes, l'Etat est donc tenu de la fournir - d'une manière ou d'une autre - à ses citoyens, afin qu'ils soient en mesure de la lui restituer partiellement sous forme d'impôts. Voilà pourquoi l'Etat doit dépenser pour injecter cette même monnaie dans le système. Voilà aussi pourquoi la monnaie en question est acceptée comme moyen de paiement dans le cadre des transactions privées, car sa valorisation - et sa validité - sont en finalité étroitement dépendantes de cet acte consistant à payer l'impôt à l'Etat.

L'Etat disposant de la création monétaire pourrait se passer de l'impôt

Donc, si l'Etat n'a pas forcément besoin de lever l'impôt afin d'assumer ses dépenses, le paiement par les citoyens des taxes et des impôts a néanmoins une importance vitale en cela qu'il induit une demande en monnaie (de la part des contribuables) que l'Etat est forcé d'honorer (en la créant). Et c'est précisément parce que cet Etat dispose de la faculté de création monétaire qu'il pourrait se permettre - dans l'absolu - de dépenser en se passant des impôts et des taxes, tout simplement en imprimant suffisamment de monnaie pour régler ses dépenses.

 Un privilège abandonné par les pays de la zone euro

Privilège dont ne bénéficient pas les nations ayant indexé leur monnaie nationale à l'or ou au dollar car, comme elles doivent être en mesure de convertir à tout moment leur monnaie contre l'or ou contre le dollar selon une parité fixe, elles ne peuvent donc émettre leur monnaie nationale qu'en quantités limitées. Privilège dont, soit dit en passant, ne bénéficient pas non plus les membres de l'Union européenne - pas même l'Allemagne - qui de ce point de vue ne sont pas des nations souveraines, puisqu'elles ont abandonné à la BCE leur pouvoir de création monétaire.
Un Etat jouissant d'une monnaie flottante - et souveraine - n'est donc théoriquement pas forcé de taxer ses citoyens pour ses dépenses. En fait, c'est plutôt le raisonnement et l'action inverses qui devraient prévaloir dans le sens où c'est l'Etat qui devrait dépenser sa propre monnaie afin que les contribuables puissent à leur tour être en mesure de la restituer sous forme d'impôts et de taxes! La bonne séquence pour l'Etat étant donc de dépenser d'abord et de taxer ensuite, et non le contraire.

 Sans impôt, d'autres moyens de paiement s'imposeraient

Pour autant, il est hors de question de supprimer l'impôt qui conditionne l'usage de la monnaie. Comme c'est l'impôt qui sous-tend et qui, d'une certaine manière, légitime la monnaie, sa suppression se traduirait par un abandon progressif de l'usage de cette monnaie par les citoyens qui trouveraient d'autres moyens de paiement. Par ailleurs, l'impôt permet de réguler la consommation et l'investissement et de lutter ainsi contre l'inflation. A contrario, des réductions massives d'impôts autorisent la relance de la demande agrégée, de l'investissement et s'avèrent un outil incontournable de lutte contre la déflation.
La bonne gouvernance exigeant pour sa part d'adopter une politique contre cyclique consistant à augmenter les impôts en période de bonne croissance, et de les réduire considérablement dans le cadre de crises économiques. En réalité, une taxation optimale devrait avoir deux et deux seules priorités consistant à assurer d'une part la stabilité de la monnaie et d'autre part le plein emploi.



Petite histoire du droit de grève : si la CGT existe, c'est grâce aux libéraux !


En ces temps de perturbations ferroviaires et d'opérations escargot menées par les taxis, certains sont tentés de remettre en cause le droit de grève. Il n'est donc pas inutile d'en rappeler les origines historiques, pour mieux comprendre ce que la grève peut être, et ce qu'elle ne doit pas devenir.
Contrairement à ce qu'on peut lire parfois, les grandes luttes du 19e siècle sur ce front ont été remportées non par les socialistes, mais par les libéraux, qui à l'époque osaient encore revendiquer cette étiquette. La grande loi de 1864 reconnaissant le droit de grève avait pour rapporteur le libéral Emile Ollivier, tandis que la loi de 1884 autorisant les syndicats fut l'œuvre du député libéral Edouard Lockroy et du ministre de l'intérieur non moins libéral Pierre Waldeck Rousseau. Si aujourd'hui la CGT existe, c'est grâce aux libéraux!
Cette position fut largement inspirée par un discours retentissant du député et économiste libéral Frédéric Bastiat, prononcé à la Chambre le 17 novembre 1849. Bastiat entendait appuyer l'amendement Morin contre la répression des «coalitions industrielles» (autrement dit, des grèves collectives), qui sera finalement repoussé. S'opposant aux conservateurs, et s'inspirant des Britanniques qui avaient autorisé la grève une vingtaine d'années auparavant, Bastiat fonde son raisonnement non sur la lutte des classes, mais au contraire sur la liberté de l'ouvrier.
Interdire la grève, argumente Bastiat, c'est obliger au travail et donc, en un sens, rétablir l'esclavage. «Car qu'est-ce qu'un esclave, si ce n'est l'homme forcé, par la loi, de travailler à des conditions qu'il repousse?» Par ailleurs, comment admettre que la possibilité d'interrompre le travail soit accordée à un homme isolée tout en étant déniée à un groupe? «Une action qui est innocente en soi n'est pas criminelle parce qu'elle se multiplie par un certain nombre d'hommes», la possibilité de s'associer de manière volontaire étant au fondement même de la pensée libérale.
La grève est ainsi conçue comme une manière de faire jouer de manière continue l'offre et la demande (de travail), sans les limiter aux périodes de recherche d'emploi. «Si les ouvriers se sont concertés, se sont entendus et qu'ils disent: Nous ne voulons pas vendre notre marchandise, qui est du travail, à tel prix, nous en voulons tel autre, et si vous refusez, nous allons rentrer dans nos foyers ou chercher de l'ouvrage ailleurs, — il me semble qu'il est impossible de dire que ce soit là une action blâmable». C'est, en un sens, une accélération de la temporalité du marché du travail, qui permet de réévaluer et d'adapter en permanence le taux naturel des salaires.
Enfin, si la grève nuit parfois aux intérêts des grévistes eux-mêmes, qui perdent de l'argent et ternissent leur image, elle est censée les responsabiliser en retour. «Je suis d'accord, explique Bastiat à la tribune, que, dans la plupart des cas, les ouvriers se nuisent à eux-mêmes. Mais c'est précisément pour cela que je voudrais qu'ils fussent libres, parce que la liberté leur apprendrait qu'ils se nuisent à eux-mêmes». Renforcez le service minimum, et vous aurez des grèves continuelles, puisqu'elles deviendront indolores…
En revanche, Bastiat pose des limites à la grève: celles de la légalité et, bien sûr, du dommage à autrui (hormis l'employeur). «Vous avez demandé une augmentation de salaires, nous n'avons rien dit ; vous vous êtes concertés, nous n'avons rien dit ; vous avez voulu le chômage, nous n'avons rien dit ; vous avez cherché à agir par la persuasion sur vos camarades, nous n'avons rien dit. Mais vous avez employé les armes, la violence, la menace ; nous vous avons traduits devant les tribunaux.» L'abus de grève doit être réprimé. Ce serait le cas, par exemple, des opérations escargot des taxis sur les autoroutes, qui ne représentent pas un simple arrêt de travail («force d'inertie», selon Bastiat), mais une nuisance volontaire envers les usagers, et sont d'ailleurs très contestables en droit européen. Si les taxis se contentaient de faire grève, comme à Londres la semaine dernière, ils ne nuiraient qu'à eux-même: l'inscription à Uber y a augmenté de 850% en une journée!
Quid alors de la SNCF? Dans la ligne du raisonnement de Bastiat, je prônerais moins un service minimum, fondé sur l'argument toujours douteux de «l'intérêt général», qu'une ouverture rapide du rail à la concurrence, au nom de la liberté d'entreprendre. L'Allemagne l'a fait il y a déjà vingt ans, à la satisfaction générale. Et ainsi, les grèves pénaliseront davantage les entreprises que leurs usagers - ou plutôt, leurs clients…
Briser le monopole de la SNCF ne sera pas aisé. Rassemblons notre courage en concluant avec Bastiat: «La liberté peut réserver aux nations quelques épreuves, mais elle seule les éclaire, les élève et les moralise.»