TOUT EST DIT

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vendredi 30 mai 2014

La dissolution : l'arme ultime de Hollande


La question d'une dissolution n'a rien de fantaisiste après l'effondrement du PS aux européennes et la victoire de Marine le Pen. Les députés de l'aile gauche du PS n'ont plus grand chose à perdre. Si, dans six mois ou un an, Manuel Valls ne pouvait plus gouverner en raison de leur défection ou d'une hausse brutale des taux d'intérêts exigés par les créanciers de l'Etat français, François Hollandeserait-il acculé à prononcer la dissolution de l'Assemblée? Une déroute du PS ne ferait alors aucune doute et une victoire de l'UMP serait probable en raison du mode de scrutin majoritaire à deux tours. Une nouvelle cohabitation serait alors logique.
Dans notre arsenal constitutionnel, la dissolution est la dernière arme à la disposition du président pour dénouer une crise grave. Elle permet de recourir à l'arbitrage du suffrage universel, seule source du pouvoir. Les lois constitutionnelles de 1875, qui ont fondé la IIIe République, prévoyaient déjà que le président pouvait dissoudre la Chambre des députés. En 1877, un conflit politique opposa la majorité républicaine du Palais-Bourbon et l'hôte de l'Élysée, Mac-Mahon. Ce monarchiste de cœur dissout la Chambre, mais les républicains gagnèrent les législatives. Le Chef de l'État dut alors s'incliner. Il appela un républicain à la présidence du Conseil et finit par démissionner en 1879.
Ce précédent discrédita la dissolution aux yeux des républicains, qui l'assimilèrent à un coup de force. Il devint impensable, pour le président, de prétendre exercer le droit de dissolution. «Soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n'entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels», déclare en 1879 le président Jules Grévy.
Le simple fait, pour le Chef de l'État, d'appeler à voter pour un camp aux législatives faisait figure de scandale. Dans un discours prononcé à Évreux en 1923, le président de l'époque, Alexandre Millerand, s'engage fortement en faveur de la droite. «C'est calomnier la France républicaine, ce pays de clair bon sens et de vues nettes, que la juger rebelle à l'autorité nécessaire», argumente-t-il.
Sorti vainqueur des législatives de 1924, le cartel des gauches se venge en refusant d'entrer en rapport avec Millerand. Aucun des leaders radicaux pressentis n'accepte de se rendre à l'Élysée pour constituer un gouvernement. Acculé, Millerand doit démissionner le 11 juin 1924. «Je ne cède qu'après avoir épuisé tous les moyens légaux en mon pouvoir», soupire-t-il.
La seule dissolution intervenue sous la IVe République s'est retournée contre son auteur. En 1955, Edgar Faure obtient du président René Coty la dissolution de l'Assemblée, qui vient de faire chuter son gouvernement. Beaucoup perçoivent cette décision comme un manquement aux usages. Comble de maladresse, le décret de dissolution paraît au Journal officiel… le 2 décembre, date anniversaire du coup d'État du 2 décembre 1851! Et la majorité de centre droit qui soutient Faure perd les législatives de janvier 1956.
Sous la Ve République, cinq dissolutions ont eu lieu. En 1962,de Gaulle en appela avec succès aux Français pour arbitrer le conflit qui l'opposait aux députés au sujet de l'élection du président au suffrage universel. Le 30 mai 1968, il fit de même pour dénouer la crise après un mois de barricades et de grèves. Après son élection, en 1981, et sa réélection, en 1988, François Mitterrand dissout avec succès l'Assemblée, alors en majorité RPR-UDF. Pour autant, les Français n'acceptent pas que le président prononce une dissolution pour convenance personnelle alors qu'il dispose d'une majorité à l'Assemblée. L'échec de la dissolution décidée parJacques Chirac en 1997 le prouve. Voilà donc gauche et droite à fronts renversés: Hollande est soupçonné de vouloir s'inspirer de Chirac et de songer à dissoudre dans l'espoir d'une cohabitation qui le remettrait en selle pour 2017 ; et la droite, elle, s'interroge sur l'attitude à adopter en pareil cas. Dans les colonnes du Figaro (nos éditions du 17 avril), Bernard Accoyer et Gérard Larcher, anciens présidents UMP de l'Assemblée et du Sénat, ont appelé la droite à annoncer par avance son refus d'une nouvelle cohabitation.

Ascension : et si les hommes politiques prenaient de la hauteur ?


Crise de légitimité, crise de crédibilité, la vie politique connaît des turbulences. Il n'y a rien d'étrange à cela dans un régime démocratique. Le problème le plus grave vient de ce que les «crises» en elles-mêmes deviennent les seuls sujets politiques. Les partis ne font pas l'actualité par ce qu'ils proposent mais par leurs errances et la béance de leur projet de fond. La saturation médiatique de l'UMP n'a d'égale que la vacuité de cohérence d'un PS en proie au doute. «La politique de la majorité s'est trouvée orpheline d'un récit structurant, permettant d'en saisir la perspective et la cohérence» écrivait Bruno Leroux, président du groupe SRC à l'Assemblée Nationale dans Le Monde du 27 mai 2014.
La polarisation médiatique sur les personnalités et les échéances électorales est telle, que l'on devient obsédé par savoir qui sera dans le casting du prochain drama-présidentiel. Cette sélection l'emporte sur le fait de savoir le contenu du projet qui sera porté par les différentes formations politiques. Peu à peu la divergence des intérêts de chacun se creuse et les raisons de la faillite apparaissent. Le véritable intérêt de chacun se fait jour: les médias s'intéressent aux personnalités, car il s'agit d'un pur spectacle d'acteurs. Les politiques s'intéressent aux tactiques car c'est un combat. Les électeurs n'ont plus que leur main pour glisser dans l'urne leur incompréhension. Ce décalage entre l'essentiel et l'accessoire a atteint des sommets et le constat s'impose: nous ne sommes plus face à la réalité de la vie commune. Les élites politiques semblent persuadées que l'emploi, le pouvoir d'achat, la baisse des impôts, sont les clés du bonheur des citoyens. Si elle conditionne la possibilité d'une vie décente, ils oublient que la vie matérielle n'est pas tout, et qu'elle n'est même rien sans la joie de la vérité et de la gratuité. Gratuité de cette vie temporelle dont nous serons tous redevables un jour
envers Celui qui nous l'a donné. Réveiller les responsables politiques du primat du sens de la vie est une véritable cause nationale. Qui nous en parlera?
Ce syndrome est bien connu dans la vie spirituelle. Il fait se concentrer sur les soucis de la vie, sans plus se demander ce qui est vraiment en jeu dans la vie. A ce sujet, une célèbre petite histoire raconte qu'un moine croisant un jour un autre moine se désolant, lui demanda pourquoi il était triste. «Parce que lorsque j'étends un drap blanc avec un point rouge au centre et que je demande à mes frères «que vois-tu?», ils me disent: «un point rouge» et aucun de ne dit: «un drap blanc». Nous ne savons donc plus collectivement à quoi correspond cette vie, ni où elle mène. Sans doute est-ce là la première faillite de nos sociétés. Le redressement de toutes les courbes passera par un retour, par une Ascension, vers la question du sens.

Le monde de l'édition > Librairies > ActualitéHistoire de la littérature russe : un manque à combler


La librairie du Globe de Paris, à proximité de de Bastille, est un établissement dédié à la Russie. Très vivante, elle organise de nombreuses rencontres aussi bien pour les russophones que pour les non-russophones. Et voilà qu'elle s'est lancée dans un projet participatif : l'édition exceptionnelle d'une Histoire de la littérature russe à paraître en 2016 menée par les grandes spécialistes Anne Coldefy et Luba Jurgenson et dont les conférences se tiennent d'ores et déjà une fois par mois.

« Ce projet est né d'un simple constat: depuis que le livre de Jean Bonamour dans la collection Que sais-je ? est épuisé, il n'y a à ce jour aucun livre disponible donnant un panorama complet de l'histoire de la Littérature russe. Il y a bien sûr les 6 volumes publiés chez Fayard  ainsi que bon nombre d'études thématiques consacrés à un auteur, un courant ou une période spécifiques, mais ils sont destinés à un public d'initiés », explique la librairie du Globe.

« Après avoir relancé les éditions de la librairie du Globe en publiant le Grand dictionnaire russe-français en mars 2014, nous avons décidé d'essayer de combler cette lacune nous-mêmes. » Le tout est lancé au travers d'une opération sur Kiss Kiss Bank Bank.
  
Les auteurs, professeurs à la Sorbonne, spécialistes de la littérature russe et traductrices Anne-Coldefy Faucard et Luba Jurgenson évoqueront les rapports entre pouvoir et littérature à travers l'histoire, le thème de Pétersbourg chez les écrivains russes, les monstres et fantômes, la guerre, les révolutions, le grotesque, l'absurde et l'exotisme, mais aussi la science-fiction, le réalisme soviétique ou la poésie de l'Âge d'argent. Et ce n'est qu'une partie du programme des conférences consultable en totalité ici.

Chaque conférence sera filmée et accessible en ligne.

La librairie espère et doit récolter des fonds pour ce très beau projet avant le 19 juin 2014. A l'heure actuelle, ils ont 2715€ sur les 12 000€ nécessaires…