TOUT EST DIT

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vendredi 9 mai 2014

Dans le même bateau

Dans le même bateau


Sûr que l'image va prendre valeur de symbole en ce 9 mai, Journée de l'Europe : la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande embarqueront pour une croisière de trois heures sur la Baltique. La France et l'Allemagne dans le même bateau, cela semble plus qu'une nécessité en ces temps de vents contraires pour l'idéal européen et de montée des nationalismes. Ainsi, la visite très conviviale de François Hollande – aujourd'hui et demain – dans le fief électoral de la chancelière, au nord-est de l'Allemagne, s'inscrit-il dans une énième tentative de relance du très hoquetant moteur franco-allemand.
Le souci d'accueil aimable manifesté par la chancelière ne doit pas faire illusion. Son savoir-vivre protocolaire ne la prive pas pour autant de mémoire. Le temps n'est pas si éloigné où Paris dénonçait son « intransigeance égoïste » et où Arnaud Montebourg vilipendait sa « politique à la Bismarck ». Le PS en appelait même à la « confrontation » avec l'Allemagne. Alors, les conditions sont-elles réunies aujourd'hui pour une entente qui ne soit pas que de façade ? Rien n'est moins sûr.
Certes, depuis sa réélection il y a huit mois, Angela Merkel a consenti quelques avancées, notamment sur le salaire minimum, mais elle reste inflexible sur la maîtrise des dépenses publiques et doute encore des efforts de la France. Mine de rien, le centre de gravité de l'Union européenne s'est déplacé vers Berlin. Même si l'Allemagne prétend vouloir consolider l'Europe sans chercher à la dominer, elle s'accommode très bien de l'euro fort que la France dénonce, et soutient la souveraineté de la BCE aux dépens de la réorientation vers l'emploi et la croissance.
Au-delà d'un discours commun pour combattre l'euroscepticisme, ou pour raisonner Poutine sur l'Ukraine, trop de divergences politiques demeurent, comme cette manière de gérer le « dossier Alstom-Siemens ». La question ne sera qu'effleurée malgré la volonté tardive de la France de créer un « Airbus de l'énergie et du transport ». Dans une Europe sans tête, qui le paye actuellement par son inconsistance diplomatique, il serait temps que Paris et Berlin rament enfin dans le même sens.

8 mai : ces autres dates de l’histoire française qui n’ont pas de jour férié mais qui auraient pu le mériter


Le 8 mai 1945, l'Allemagne nazie capitule. Depuis, c'est une date que nous célébrons d'année en année. Pourtant, tant d'autres jours ont marqué l'histoire de France sans pour autant bénéficier d'un tel traitement. Petit inventaire, non exhaustif, de quelques unes des dates essentielles de notre Histoire.

10 avril 1302 : Les premiers Etats généraux, convoqués par Philippe le Bel

Dimitri Casali : Il existe, à mon sens, deux lectures concernant cette date. D'abord, ne serait-ce que pour la portée de l'événement en lui-même. C'est la première fois de l'histoire de France qu'un souverain, Philippe IV le Bel, fait convoquer les Etats généraux, soit les nobles, le clergé et la bourgeoise des villes, et c'est la première fois qu'un roi décide de prendre des décisions en tenant compte de l'avis et de l'opinion publique. C'est, somme toute, un embryon de centralisation à la française qui finira par évoluer en cet Etat que nous connaissons aujourd'hui, en cela que Philippe le Bel cherche à s'éloigner de l'emprise des nobles qui l'empêchent de gouverner.
C'est également, au demeurant, un bon moyen pour le roi de s'opposer à la papauté, dont la présence était particulièrement oppressante. C'est en misant sur le peuple et notamment les bourgeois des villes, que Philippe le Bel a pu amorcer cet affranchissement de la religion.
Je crois que pour comprendre la France, il ne faut pas oublier les 2000 ans d'histoire qu'elle a derrière elle. Nécessairement, cela implique un double héritage – bien plus riche que celui des Etats-Unis, qui n'accusent "que" 200 ans d'histoire, par exemple – partagé entre ce côté républicain et révolutionnaire, mais également cet aspect royaliste et chrétien. Pour bien comprendre la France, il faut sans cesse revenir à ses racines les plus profondes, et c'est un événement qui est profondément inscrit dans nos racines. Ce sont des rois de qualités, comme Philippe IV le Bel, qui ont créé de toute pièce, véritablement, l'union de la France. C'est capital, notamment quand on voit ce qui peut se passer aux Balkans.

6 septembre 1539 : Enregistrement au Parlement de Paris de l'ordonnance de Villers-Cotterêts

Le français devient la langue officielle du Royaume, à partir de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, d'une façon impérative. Les termes sont extrêmement clairs : déroger à cet édit de François Ier c'est s'exposer à des sanctions violentes. C'est une lecture intéressante : de tout temps les Français ont eu besoin d'autoritarisme pour avancer et mettre en place des réformes drastiques et profondes. Cette ordonnance impose aux curés et aux prêtres d'oublier le latin, utilisé jusqu'à lors, pour enregistrer les baptêmes et les décès. C'est donc à la fois un acte religieux et un acte politique. Religieux, car François Ier – au même titre que son lointain prédécesseur Philippe IV le Bel – a cette volonté absolue de se détacher de l'emprise de la papauté. Ce qu'il réussit bien dès 1515 avec le concordat de Boulogne qui lui permet de nommer lui-même les évêques de France. En imposant le français comme langue officiel, François Ier s'affranchit plus encore de l'influence du pape et unifie la mosaïque de cultures et de coutumes. 350 dialectes et patois, au nord la langue d'Oïl, au sud la langue d'Oc… C'est une volonté d'unifier un immense territoire, puisque la France est encore aujourd'hui le plus grand Etat d'Europe occidentale, en termes de superficie.

13 avril 1598 : Promulgation de l'Edit de Nantes

C'est un jour à marquer d'une pierre blanche, d'abord pour rendre grâce à ce roi hors norme qu'était Henri IV. C'est le premier roi laïc, et la laïcité à la française date, selon moi, de ce monarque. Voila un prince protestant qui n'hésite pas à renier sa religion pour imposer une paix de compromis nécessaire au bien du Royaume. Pendant 40 années, la France a connu de terribles massacres, de véritables guerres civiles qui ont fait des centaines de milliers de morts. C'est grâce à ce geste symbolique et le courage politique d'Henri IV que la France a pu réaliser une avancée considérable vers le progrès, et mettre à terme à ces guerres. Bien qu'il ait fallu, une fois de plus, imposer de force cette paix religieuse au peuple de France.

10 mars 1661 : Coup d'Etat personnel de Louis XIV

Ce coup d'Etat personnel prend place le lendemain de la mort de Mazarin. Louis XIV arrive en conseil des ministres et exprime sa volonté : désormais ceux-ci n'auront affaire à personne d'autre qu'à lui. C'est lui qui gouverne, et lui seul. Louis XIV est l'homme qui fera de la France la première puissance européenne, et donc mondiale. Il ne faut pas oublier, comme je le disais tout à l'heure, ce double héritage dont bénéficie la France. C'est quelque chose de fondamental, je pense, pour comprendre la crise morale que nous traversons aujourd'hui : nous n'acceptons pas le déclin de la France qui fut jadis la première nation du monde, de Louis XIV à Napoléon, de 1661 à 1815. Nous avons été trop longtemps le moteur de l'Europe et nous le devons évidemment à Louis XIV, plus grand roi de l'histoire de France. Il a mené la royauté française à son plus haut niveau de gloire. Tant par ses victoires et conquêtes militaires, par sa renommée, par son siècle d'artiste – que serait la France sans Molière, Racine et consorts ? – que par Versailles, symbole de sa puissance que le monde entier nous envie. Si la France brille aujourd'hui, et si les milliardaires chinois font reproduire le château, c'est grâce à Louis XIV. A partir de 1661, et jusqu'à 1815 la France est la superpuissance.

Nuit du 4 août 1789 : Abolition des privilèges

C'est une date fondamentale, puisque c'est celle qui marque la fin de toute une société, de tout un mode de fonctionnement. Avec l'abolition des privilèges vient inévitablement l'abolition du système féodal, qui rappelons-le, a été voté par la noblesse et le Duc de Larochefoucauld. Il convient de replacer les choses dans leur contexte historique. L'Europe sort à peine du Moyen-âge, qui somme toute, perdurera en Russie jusqu'au début du XXe siècle et la révolution de 1917. En fait, cette date de l'abolition est essentielle, puisqu'on remarque qu'une fois encore, c'est la France qui donne le la, avec les Etats-Unis cette fois-ci, qui n'ont cependant pas du tout la même histoire ni les mêmes ambitions universalistes à l'époque.

9 novembre 1799 : Coup d'Etat du 18 Brumaire

Cette date marque l'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte, lequel va réformer en profondeur la France. En quelques mois – une douzaine –, il réussira à poser les masses de granite qui fondent la France moderne jusqu'à nos jours. Le régime est républicain actuel est solidement implanté sur des bases qu'il doit à Napoléon Bonaparte, ce qui est original en cela que son régime deviendra autoritaire. J'y vois un clin d'œil qui souligne le fait que la France a besoin d'une véritable autorité et d'une vraie volonté politique pour se réformer. Si la France est incapable de se réformer depuis 30 ans, c'est parce que nos dirigeants en manquent, et de courage également. Napoléon a beau souffrir d'une image de dirigeant autoritaire, au moins a-t-il pris les mesures adéquates qui ont permis à la France de se maintenir première superpuissance tout du long de son règne, jusqu'à Waterloo. Plus de la moitié de ses articles sont encore actifs dans le code civil, et c'est également le cas des différentes institutions, de l'organisation des départements – dont on parle beaucoup aujourd'hui. La Comédie française elle-même est régie selon les différents codes qu'il a pu rédiger. C'est dire. La France toute entière n'aurait pas le même visage sans Napoléon Bonaparte.

16 juin 1881 et 28 Mars 1882 : les Lois Jules Ferry

Il faut le redire, haut et fort, et rester
dans la filiation d'Henri IV. La France a inventé la laïcité, qui est fondamentale pour toute notion de vivre ensemble. Jules Ferry a d'abord établi la gratuité de l'école primaire et l'a ensuite rendu obligatoire de 6 à 13 ans. Et cet enseignement devient laïc, c'est-à-dire neutre en termes de religion. C'est le fondement de la République Française, qu'il convient de protéger, et ne pas avoir peur de le crier haut et fort.

7 et 8 mai 1954 : Défaite de Diên Biên Phu et chute de l'Empire Colonial Français

Il s'agit de la fin de l'Empire colonial français. Le deuxième Empire Colonial au monde, qui s'étendait sur plus de 11 millions de kilomètres carrés, et comportait plus de soixante millions d'habitants. C'est énorme. D'autant plus que cet empire explique les liens que partage la France avec l'Algérie, l'Afrique, l'Indochine… Et qui explique indubitablement les différents problèmes que peuvent rencontrer les différentes communautés en provenance de ces différents pays qui émigrent vers la France.Cette défaite marque la fin d'un Empire, et la bataille en tant que telle est vraiment importante pour le glorieux désastre qu'elle représente. Les soldats français ont tenu et bataillé héroïquement jusqu'au bout. C'est ce panache français, ce génie français et ce sens de l'honneur – que la France semble avoir oublié au vu de ceux qui nous dirigent… – 15 000 Français sont morts en résistant à plus de 100 000 combattants Viêt-Cong.

L'explication poussive de Hollande sur les contours du ministère de Najat Vallaud-Belkacem

 L'explication poussive de Hollande sur les contours du ministère de Najat Vallaud-Belkacem


Notation : la sortie de crise se confirme pour la zone euro


La lumière semble enfin au bout du tunnel. Les agences de notation multiplient les satisfecits en direction des pays les plus touchés par la crise de la dette européenne. Dans une étude du 6 mai, Fitch évalue le potentiel d’amélioration de la note de plusieurs pays « périphériques ». Ainsi, l’agence de notation estime que l’Irlande, le Portugal et l’Espagne sont les pays les mieux placés pour voir leur note relevée de plusieurs crans. Un constat partagé par les analystes de RBS, dans la mesure où ces pays sont ceux qui ont été fortement pénalisés durant la crise : avec des dégradations de pas moins de 7 à 8 crans.

Sortir du purgatoire

« Les agences de notation sont sensibles à la diminution des taux d’intérêts et à l’amélioration de la situation macroéconomique de ces pays », rappelle Norbert Gaillard, économiste spécialiste des notations. Mais pour lui « cela prendra beaucoup de temps pour revenir aux notes d’avant la crise ».
Aujourd’hui, deux grands pays parmi les « périphériques » sont encore notés en catégorie « spéculative » : le Portugal et la Grèce. Avec leur retour réussi sur lesmarchés financiers, ils espèrent que le même sort que l’Irlande leur sera réservé. En effet, le 17 janvier, Moody’s a créé l’événement sur les marchés en sortant l’Irlande de la catégorie « spéculative ». Un geste d’une importance cruciale pour le pays, puisque cela facilite le retour des investisseurs institutionnels qui n’ont pas le droit de prendre des positions risquées sur des titres mal notés. Le Portugal verra dès aujourd’hui s’il approche de la sortie du purgatoire. Moody’s et Standard & Poor’s doivent en effet mettre à jour leur notation du pays.
Dans l’ensemble, les notes ou perspectives des Etats de la zone euro s’améliorent. Au cours des douze derniers mois, Fitch a par exemple relevé la note de la Grèce et de l’Espagne. Et, le mois dernier, elle a révisé de « négative » à « stable » la perspective de l’Italie.

Les agences plus prudentes que les investisseurs

Mais Norbert Gaillard souligne que les agences sont aujourd’hui plus prudentes que les investisseurs : les notes mettent du temps à s’améliorer, alors que les marchés ont tendance à très vite tourner la page de la crise. « Les marchés sont déconnectés de la réalité à cause de la BCE », précise l’économiste. De fait, depuis que Mario Draghi a dit en juillet 2012 qu’il ferait tout pour sauver la zone euro, on assiste à une véritable ruée sur les dettes des anciens parias de la zone euro. La perspective d’un programme d’achats de dette publique, bien qu’encore incertaine, pousse aussi les investisseurs à acheter de la dette de la périphérie, plus rentable que celle de l’Allemagne.
Pour Norbert Gaillard, sur la seule base des fondamentaux économiques, les prochains pays qui devraient bénéficier d’une amélioration de leur note sont l’Irlande ou l’Espagne qui ont mené de vraies « réformes structurelles ».

La course au centre

La course au centre


Le Figaro de ce jour, le 8 mai, publie en page 14 du journal une tribune dont je suis l’auteur, intitulée: "la course au centre, séduisante et dangereuse à la fois". La voici, pour en débattre:
Nous assistons peut-être en ce moment à un tournant de la vie politique française. L’abstention de 17 députés centristes et le vote favorable de trois d’entre eux sur le pacte de responsabilité présenté à l’Assemblée nationale par Manuel Valls le 29 avril dernier ne doit pas s’interpréter comme une simple péripétie de la vie politique, mais comme un événement révélateur d’une tendance profonde. Il est à rapprocher de la tendance qui s’exprime dans les sondages nationaux et qui semble plébisciter une évolution centriste. D’après l’enquête BVA du 28 avril, les deux partis centristes sont ceux qui bénéficient de la meilleure image auprès des Français: l’UDI avec 51% d’avis favorables et le MODEM avec 48%. La même tendance est frappante au niveau de la cote personnelle, avec la percée fulgurante du consensuel Alain Juppé, depuis plusieurs mois personnalité préférée des Français (56% d’opinions favorables) suivi de François Bayrou.
Le recentrage de l’opinion s’explique par les dernières évolutions politiques du pays. Nous sortons de la logique majorité/opposition pour entrer dans un climat plus unitaire. La gauche socialiste tend ostensiblement vers la sociale-démocratie gestionnaire, avec la nomination de Manuel Valls à Matignon et l’adoption du "pacte de responsabilité". A droite, les sujets dits "clivants" sont de plus en plus délaissés: la réforme de l’Union européenne, l’intégration, les banlieues, la sécurité, la politique migratoire. Les tentatives de bousculer l’ordre idéologique – à l’image de l’ouvrage de Laurent Wauquiez, Europe, tout doit changer (Odile Jacob) – se heurtent à un tir de barrage.
Ce mouvement correspond au sentiment que les concepts de droite et de gauche n’ont plus grand sens dans un climat porté sur le consensuel: 73% des Français le pensent selon le sondage CEVIPOF de janvier 2014. Il pourrait être aussi le fruit d’une lassitude envers la violence du climat politique, les grandes polémiques, les scandales à répétition et les lynchages de personnalités.
Un retour au sources de la République semble alors en voie de se produire. La IIIeRépublique était dominée par une vaste formation centrale – les Opportunistes, puis les Radicaux pendant près de quatre décennies – qui faisait et défaisait des coalition gouvernementale négociées entre les factions partisanes. Sous la IVun phénomène comparable a dominé le fonctionnement de la vie politique, autour d’une alliance centrale instable, dite "troisième force" entre la SFIO, ancêtre du parti socialiste, le MRP et l’UDSR centristes. Ce n’est que sous la Ve République que la démocratie française s’est peu à peu organisée autour d’un logique nette et durable de clivage entre une majorité et une opposition.
Faut-il se réjouir sans réserve de cet apaisement, recentrage, décloisonnement apparent de la vie publique de notre pays?
Tout d’abord, l’opinion publique est un phénomène complexe, paradoxal et aléatoire. La quête d’unité et de consensus ne retire rien, en profondeur, à ses inquiétude et à ses priorités, exprimées par exemple à travers l’étude de CEVIPOF. Celle-ci souligne que pour 87% des Français "les politiques ne s’intéressent pas à ce que pensent les gens comme eux", la politique inspirant à "36% de la méfiance et à 31%" du dégoût. Les sujets qui paraissent actuellement sacrifiés sur l’autel du consensus demeurent vivaces dans la conscience collective: ainsi 67% expriment une préoccupation sur l’immigration (CEVIPOF), 32% sur la sécurité (sondage Figaro du 9 décembre 2013). La défiance envers une Union européenne jugée bureaucratique et indifférente à leurs malheurs, notamment le chômage de masse, ne cesse de croitre: seuls 35% des Français portent sur elle un regard favorable (CEVIPOF).
Séduisante en surface, la perspective d’un recentrage durable de la vie politique comporte un véritable danger: celui d’aggraver la coupure entre "la France d’en haut et la France d’en bas "en donnant aux Français le sentiment que la classe politique ne traite pas les "sujets qui fâchent", se détourne de plus en plus de leurs souffrances ou de leurs inquiétudes. La course au centre, passant par une neutralisation des débats de société, reviendrait dès lors faire le jeu des courants extrémistes. Les forces républicaines n’offrant plus d’alternative dans un contexte aseptisé, dépolitisé, il resterait le seul recours aux mouvements protestataires.
D’ailleurs, la plupart des démocraties modernes notamment les Etats-Unis et le Royaume-Uni, fonctionnent sur la base d’un face à face entre deux forces de gouvernement. La modernisation de la vie politique française passe sans doute par l’adoption de nouvelle régles du jeu entre majorité et opposition, assurant un débat d’idées apaisé, mais libre et sans tabou, un renouvellement des élites politiques et de la représentation populaire. La course au centre est une fausse bonne solution qui conduit le pays dans l’impasse.