Il était une fois un président-rigolo qui devait gérer un pays ramollo. Il était gai, le président-rigolo : il faisait des blagues, et ça marchait souvent. C’est ainsi qu’il avait dit : « Moi, je vais réenchanter la France. » Les électeurs l’avaient cru, ils avaient voté pour lui, et depuis, les Français étaient à chaque instant un peu plus désenchantés. C’est ça qui est rigolo.
Là où il est fort, le président-rigolo, c’est qu’il est d’autant plus drôle que les sujets sont arides. Sur le social, il a été super-marrant en parlant d’inversion de la courbe du chômage. Sur les impôts, son gag triomphal s’appelle « la pause fiscale ». Et sur la croissance, son meilleur sketch l’an dernier, ce fut « la reprise est là ».
Un jour, le président-rigolo prend une veste historique à des élections. Et il se rend compte qu’avoir un pays ramollo, c’est un problemo. Alors il change tout : ses proches, son gouvernement, ses ministres, son parti, tout. Et il leur dit : « Assez rigolé, on va redresser le pays. Pour de vrai. » Il troque ses mots en « o » (rigolo, socialo, ramollo) contre des mots en « é » : stabilité, responsabilité, solidarité, resserré. Son but, accrocher à son vocabulaire le mot « crédibilité », qui lui permettrait enfin d’être pris au sérieux et de gagner la confiance des Français, de Bruxelles, des marchés. Il s’entraîne un peu, prend un Premier ministre qui n’arrête pas de penser austérité, volonté, autorité, que des mots en « é ». Et patatras : alors que l’économie se traîne au point d’inquiéter nos voisins et partenaires, le président-assez-rigolé dérape et assure, à peine la cure de sérieux entamée, que le pays est déjà en phase de retournement. Terminée la crédibilité, envolée la confiance. Moralité : chassez le naturel, il revient… « au galo ».