Dors tranquille, peuple de France, Arnaud Montebourg exerce sa « vigilance patriotique » ! Après Mittal, PSA et Lafarge, voici le ministre redresseur de torts engagé dans un nouveau combat - Alstom. On connaît son arsenal : hymne aux fleurons industriels et ode à la souveraineté nationale, menaces incantatoires et convocations dilatoires, promesses de solutions alternatives ou de contreparties défensives. On connaît aussi ses résultats : beaucoup de bruit pour rien.
A lui seul, le soldat Montebourg résume l’impossible synthèse de la gauche : prêt à sauver la veuve, mais pas l’orphelin ; à secourir nos « symboles » plutôt que nos entrepreneurs ; à étouffer l’offre pour mieux couver la demande. Or comment ignorer que pression fiscale et coût du travail excessifs ont laminé les marges, donc la recherche et l’innovation, donc la compétitivité, l’emploi et les profits pour grandir ? C’est cet écosystème mortifère qu’il faut réformer pour éviter aux PDG une alternative fatale : péricliter ou se vendre.
Défendons nos entreprises, c’est légitime ! Encore faut-il leur donner des munitions. Et loin du patriotisme de pacotille, avoir le courage d’affronter certaines vérités : une stratégie étatique caduque ; un capitalisme sans capital, dangereux dans une économie globalisée ; un appel à construire des champions européens illusoire avec un couple franco-allemand si déséquilibré...
Puisque François Mitterrand reste pour lui une référence, que le chef de l’Etat relise la Lettre à tous les Français. L’économie mondiale y est décrite comme un champ de bataille « où les entreprises se livrent une guerre sans merci. On n’y fait pas de prisonnier. Qui tombe meurt ». Nous y sommes.