TOUT EST DIT

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lundi 21 avril 2014

La brune, la blonde et le Président

Sophie Marceau sermonne Hollande… mais Deneuve bondit


Attention, crêpage de chignon ! À ma droite la brune, Sophie Marceau, à ma gauche la blonde, Catherine Deneuve. L’enjeu de cette guerre au sommet du cinéma français, c’est mon Président de la République et ses amours clandestines. Je résume. Interrogée par l’excellent Frédéric Taddeï pour le magazine GQ, Sophie Marceau se déchaîne contre François Hollande à propos de sa liaison avec Julie Gayet, révélée par Closer.  « Il a des maîtresses, et, quand on le sait, il refuse d’en parler. » Elle est bonne celle-là : une maîtresse dont on accepte de parler, ça s’appelle une épouse, non ? Mais la Marceau a des idées très arrêtées sur les bonnes mœurs : « Un mec qui se conduit comme ça avec les femmes, c’est un goujat, poursuit-elle. (…) Et puis tromper sa femme pendant un an et demi alors qu’on est président de la République…! C’est cinq ans, un mandat. On ne lui demande pas d’être abstinent non plus, mais je me dis qu’il peut mettre ça un peu de côté ». Et pour faire bonne mesure, elle traite le chef de l’Etat de lâche, tout en précisant qu’elle n’a pas voté pour lui.

Cette désinvolture à l’égard du chef de l’Etat fait bondir Catherine Deneuve. Dans une interview à La Nouvelle République Dimanche, elle juge les propos de sa cadette extrêmement grossiers – et paf, prends-toi ça bécasse ! « Je ne parlerai pas du président de la République comme ça, que je l’aime ou pas, dit-elle. Je comprends qu’on puisse lui reprocher des choses mais pourrait-on rester sur un terrain un peu plus élevé, quand même ? Un “goujat” et un “lâche” ! On dirait qu’on parle du mari de sa meilleure amie qui vient d’être quittée… ». Quant à ses opinions politiques, Marceau est prié d’aller les faire voir ailleurs : « Elle précise qu’elle n’a pas voté pour lui ? Mais ça ne regarde qu’elle ! Les isoloirs sont faits pour ça. » Sur ce point, on me permettra de critiquer la sainte-patronne du cinéma français : on ne l’entend guère quand sa corporation se livre à de délicieux happenings où l’entre-soi est de rigueur et la bonne conscience une arme de destruction massive pour rappeler au bon peuple qu’elle est dans le bon camp.
Signe de nos temps où la liberté s’impose à coups de surveillance et de punition, c’est la jeune qui joue les professeurs de vertu conjugale et son aînée qui défend à la fois la liberté et l’intimité. Alors, sur ce coup-là, je suis sur la ligne Deneuve : je ne veux pas être convoquée dans l’alcôve présidentielle. À part s’amouracher de femmes pas commodes, le Président n’a rien fait pour que sa vie privée soit étalée à la une des journaux. Quant au vote de Sophie Marceau, il me paraît moins significatif que celui d’une ouvrière de La Redoute, jetée après trente ans de bons et loyaux services.
Bref, Deneuve a raison, un peu de tenue, Sophie !
Et pourtant, mon Président a peut-être mérité l’appellation de goujat. Non pas parce qu’il a trompé sa compagne – ça, certaines peuvent le déplorer, mais aucune loi ne l’interdit. Ni parce qu’on en a causé dans les gazettes – ça ce n’était pas de sa faute. L’ennui, c’est que, quelques jours après avoir fait part de  son indignation « totale » au sujet de l’intrusion de Closer dans sa vie privée, il avait cru bon de nous convier dans son boudoir, là où les assiettes volent, pour nous faire savoir que c’était lui qui avait mis fin à sa vie commune avec Valérie Trierweiler – en clair qu’il l’avait larguée. Précision qu’aucun gentleman ne s’autorise publiquement après une séparation. Alors, « lâche » est certainement incongru, mais va pour « goujat ».
Et vous, chers lecteurs (et lecteures), vous êtes plutôt Catherine ou plutôt Sophie, plutôt demoiselle de Rochefort ou plutôt Boum ? Heureusement, vous avez un grand week-end pour affronter cet épouvantable dilemme.

Plenel, l’arrosé arroseur

Edwy gagnerait à méditer les leçons du martyr Plenel


De 1982 à 1988, sous le nom de code de « Benêt », Edwy Plenel a été méthodiquement espionné par les grandes oreilles de la République. Sa mise sur écoutes diligentée par la cellule antiterroriste de l’Elysée devait, selon ses commanditaires, permettre d’identifier les sources de ses révélations sur les affaires des Irlandais de Vincennes et du Rainbow Warrior, orchestrées par les services du président Mitterrand1
Dix ans plus tard, le journaliste du Monde publiait un pamphlet sur ces écoutes. Les mots volés (Stock, 1997) instruit le procès de la trop monarchique Ve République, coupable de concentrer les pouvoirs entre les mains d’un seul, sur fond de culte du secret.
À l’époque, Plenel pleurait toutes les larmes de son corps sur la tombe de son intimité bafouée. Or, voilà qu’aujourd’hui, grimé en accusateur public, il piétine allègrement la vie privée de ses cibles en divulguant, à l’appui de ses investigations politico-financières, des enregistrements clandestins du majordome de Liliane Bettencourt et de Jérôme Cahuzac ainsi que des retranscriptions des écoutes de Nicolas Sarkozy. Nulle place au doute dans ce système d’accusation où le procureur, pardon le journaliste, instruit exclusivement à charge2.
Tentons une expérience. Remplaçons, dans sa prose, le mot « pouvoir » par « Plenel » et le mot « journaliste » par « homme politique ». Nous obtenons ce résultat troublant : « Plenel a fâcheusement tendance à revendiquer pour son seul profit à la fois le secret et la transparence : secret de ses actes, transparence des nôtres (…) Aussi arrive-t-il à l’homme politique de faire un cauchemar dans lequel il serait jugé par un tribunal austère dont le procureur, un Vychinski quelconque, brandirait des liasses d’écoutes en lui demandant des comptes sur ce qu’il a dit tel jour, à telle heure, et dont témoigneraient indubitablement les retranscriptions de ses conversations. (…) Sa fâcheuse tendance, par exemple, à confondre police et politique, à avoir de cette dernière une vision manipulatrice où seul l’envers dissimulé des hommes et des partis dit leur vérité, est le penchant naturel d’un monde où, la police prenant le pas sur la politique, fleurissent justement les polices politiques et leurs abus »
En somme, quand Plenel est écouté, c’est un insupportable viol de son intimité, quand c’est lui qui écoute (ou, plus précisément, recèle des écoutes), c’est de l’information. Incohérence ?   Mais non ! Car si les moyens sont les mêmes, les fins sont différentes. Plenel recycle les méthodes employées contre lui au service d’une noble cause, en l’occurrence démasquer les turpitudes des puissants. Et ça change tout  Voilà pourquoi il est admis et même recommandé de faire à Cahuzac et Sarkozy ce que Plenel trouvait intolérable qu’on lui fasse.
« Le secret de police ou « de service » a toujours fait bon ménage avec l’approximation », nous enseignait le patron de Médiapart il y a une quinzaine d’années.  Décidément, Edwy l’investigateur sans peur et sans reproches gagnerait à méditer les vieilles leçons de journalisme du martyr Plenel.
  1. Le capitaine Paul Barril, affecté à l’Elysée, avait produit de faux témoins et manipulé une perquisition pour imputer à des indépendantistes irlandais l’attentat de la rue des Rosiers, le 9 août 1982. Quant au naufrage du navire de Greenpeace « Rainbow Warrior » le 10 juillet 1985, il fut également commandité par les services officiant à l’Elysée. 
  2. S’agissant des suspicions de financement occulte de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007, le juge Gentil enquête sur la seule foi d’un document libyen dont Le Monde a reconnu l’inauthenticité. 

CRAQUEZ ! CROQUEZ !

CRAQUEZ ! CROQUEZ !
Dans notre société désacralisée qui a transformé les fêtes religieuses en ode à la consommation (Noël parfois au balcon mais toujours au milieu des cadeaux, Pâques de temps en temps au tison mais forcément pas très loin du four à chocolat), ne résistez pas à la tentation. Craquez ! Et surtout, croquez à pleines dents dans les œufs, les lapins et toutes les bestioles de la création à qui le cacao a donné vie ces derniers jours. Car les études l’affirment. Sous réserve que vous n’engloutissiez pas des montagnes de tablettes, le chocolat, surtout le noir, c’est bon pour la santé. Bourré de magnésium, il permet de lutter contre le stress, réduit les risques d’infarctus du myocarde ou d’AVC. Mieux, cet excellent antioxydant protège contre le mauvais cholestérol qui bouche les artères. Un laboratoire américain l’a établi. Grâce au flavanol, un composé naturel présent dans ses fèves, le cacao serait l’un des meilleurs stimulants pour le cerveau. Ah, les révisions avec quelques morceaux à portée de main… Toujours aussi précis, les Allemands disposent même d’une posologie : une consommation de six grammes (deux carrés) par jour entraînerait une baisse de la tension artérielle. Et l’on en passe… Bientôt une ordonnance pour aller lécher la vitrine du chocolatier !-

Europe, le débat maudit

Europe, le débat maudit


Les grandes voix de l’UMP, Raffarin, Juppé, MAM, Copé, ont fustigé la position de Laurent Wauquiez auteur d’un livre, "Europe, tout doit changer" (Odile Jacob). Les noms d’oiseau ont volé lors d’une réunion politique: "irresponsable", "stupide", invraisemblable". Or, le vrai débat n’est en aucun cas entre pro et anti européens mais entre apparatchiks et dissidents, gardiens du temple et innovateurs, conformistes et  créateurs. L’erreur fondamentale des premiers tient à leur incapacité à faire la distinction entre les institutions ou politiques bruxelloises d’une part et la réalité européenne d’autre part. Ils n’admettent pas que l’on puisse critiquer le système bruxellois, et vouloir le changer en profondeur, dans l’objectif de renforcer l’unité profonde de l’Europe, c’est-à-dire l’amitié, la solidarité, la reconnaissance du destin commun de ses peuples. Déplorer l’organisation et le fonctionnement actuels de l’Europe, perçue comme bureaucratique et indifférente aux souffrances populaires, dans la perspective de la transformer (comme le fait Wauquiez) n’est rien d’autre qu’un acte de foi européen. Franchement,que l’on ne soit pas capable de comprendre cela, me dépasse, me laisse pantois… Un sondage CEVIPOF de janvier 2014 révèle que 35% seulement des Français pensent que l’Union européenne est une bonne chose (47% en 2011). Faut-il ignorer ce malaise, y répondre par le mépris? Cette manière de verrouiller, d’interdire la réflexion et le débat par une attitude dogmatique fait le lit de l’extrémisme et prépare son succès aux élections européennes. M. Juppé, M. Raffarin et MAM ont occupé les plus hautes fonctions de la République depuis deux ou trois décennies et nous leur devons sûrement pour une part la félicité dans laquelle baigne aujourd’hui notre pays. Faute de laisser la place à une nouvelle génération politique, qu’ils la laissent au moins s’exprimer! A quoi sert une campagne européenne sinon à réfléchir et à débattre de l’Europe?

Frondeurs ou « godillots » ?

Frondeurs ou « godillots » ?


Les 50 milliards d'économies sur les dépenses de l'État entre 2015 et 2017, tels que les a présentés, mercredi, Manuel Valls ont évidemment décuplé les ardeurs contestataires des quelque cent députés PS qui, avant le vote de confiance du 8 avril, avaient réclamé un « contrat de majorité » pour signifier qu'ils n'avaleraient pas n'importe quelle couleuvre.
Ils avaient été 11 en tout à s'abstenir lors du vote de confiance. Ils ont été 11 (un hasard ?) encore à écrire jeudi au Premier ministre pour lui rappeler que le plan de 50 milliards était « contraire aux engagements pris devant nos électeurs ». Ils sont sans doute bien plus de 11 au groupe socialiste à grincer des dents.
Et au final, ils devront s'incliner. Il ne s'agit pas ici de savoir s'ils ont tort ou raison sur le fond, mais simplement de rappeler la logique de fonctionnement de la V e République. Un député de la majorité a le droit, au grand maximum, de ronchonner devant micros et caméras. Mais dès que survient le moment crucial, celui du vote, il est renvoyé à sa dure condition de « godillot » qui doit se soumettre de gré ou de force. Les aménagements cosmétiques réalisés sur notre Constitution d'essence bonapartiste n'y ont rien changé.
Si le récalcitrant s'entête, « on » – tout à la fois l'Élysée, Matignon et la direction du parti – dispose de toute une gamme de menaces, avec en premier lieu celle de trouver un candidat plus docile lors des prochaines législatives. Et c'est ainsi que la V e perdure.

Encore plus d’Europe ou… « le chaos et la guerre » !

Encore plus d’Europe ou… « le chaos et la guerre » !


C’est là leur éternelle rengaine. Ils l’ont déjà entonnée à l’occasion des référendums sur le traité de Maastricht et sur la Constitution de l’Union. Ils nous la ressortent systématiquement à l’approche des élections européennes et chaque fois qu’ils sentent monter la colère des habitants du Vieux Continent contre leur usine à gaz. Aussi, mercredi, les euro-fanatiques de tous poils sont-ils revenus à la charge pour promettre aux Européens « le chaos et la guerre » s’ils se laissaient séduire par les appels populistes et eurosceptiques en juin.

Le nationalisme, c’est l’ennemi
Prononçant son dernier discours devant le Parlement européen à l’occasion d’un débat consacré aux leçons à tirer de… la Première Guerre mondiale, Joseph Daul, qui dirige depuis 2007 le groupe du PPE, a ainsi mis en garde tous ceux qui refusent que leur vie soit régentée par les technocrates bruxellois. Se disant « convaincu que si l’Europe succombe aux sirènes populistes et eurosceptiques, ce sera un retour vers le chaos et la guerre », le Français a expliqué qu’un arrêt de l’intégration équivaudrait à un recul, avant d’ajouter de façon totalement stupide et anachronique : « En 1914, cette même approche des grandes puissances nous a conduits à la catastrophe » !
Il a bien sûr immédiatement reçu l’appui de tous les partisans de leur Europe, dont le chef de file des socialistes, l’Autrichien Hannes Swoboda, qui y est allé de son petit couplet sur l’Europe « vulnérable aux attaques des nationalistes si elle s’en tient à une coopération entre Etats » et a expliqué que « le nationalisme nous coûtera la paix sociale, la prospérité et la confiance internationale »« Nous voulons laisser derrière nous le populisme et le nationalisme », s’est exclamé de son côté le président des élus libéraux, le Belge Guy Verhofstadt, ajoutant que« c’est pour cela que les prochaines échéances seront importantes ».

Nouvelle URSS
Mais le meilleur aura sans doute été Cohn-Bendit. Dany le Rouge, qui voulait détruire le système en 68 et en vit depuis 50 ans, s’est en effet lancé dans une tirade sur le thème « Le nationalisme, c’est l’égoïsme », avant de conclure : « Ayez plus le sens de l’intérêt commun européen, ne vous battez pas pour défendre des intérêts nationaux ! »
« Ne vous battez pas pour défendre des intérêts nationaux » : le plus bel encouragement à sanctionner électoralement ces gens qui rêvent de dissoudre les nations et les peuples européens dans ce que Vladimir Boukovsky appelait très justement une « nouvelle URSS » (1). En effet, écrivait le célèbre dissident, « j’ai vu avec horreur renaître le Léviathan que l’on croyait mort et enterré. (…) Une nouvelle Union hégémonique tente de voir le jour sur le continent européen. Comme son prédécesseur soviétique, elle affiche de vertueux principes de liberté, de progrès, de droits de l’homme. Et comme son prédécesseur soviétique, elle emploie les mêmes arguments spécieux pour assurer sa pérennité et discréditer toute critique ».
(1) L’Union européenne, une nouvelle URSS ? par Vladimir Boukovsky, aux éditions du Rocher.

Le monstre du Loch Ness est-il de retour ?


Sortez vos appareils photo et foncez en Ecosse ! Nessie, le monstre du Loch Ness serait de retour. C’est en tout cas ce que pense avoir récemment découvert Andy Dixon, un chasseurs de monstre. 
Et si la nouvelle technologie se mettait au service des chasseurs du monstre du Loch Ness ? C’est désormais chose faite explique le Daily Mail ! En effet, c’est à travers l’application Plans d’Apple que le monstre a été récemment aperçu. Cette application permet une observation par satellite de notre planète. Cette technique a donc été mise au service des chercheurs du poisson.
Une découverte surprise
C’est en observant l’Ecosse à l’aide de l’application que le chasseur Andy Dixon est tombé, par hasard, sur ce qui semble être Nessie. Sur l’image satellitaire, on peut en effet voir une forme imposante sous l’eau (ou bien des vagues…). Andy Dixon a alors transmis l’image à Gary Campbell, le président du "Official Loch Ness Monster Club" (club officiel du Monstre du Loch Ness).
Le problème auquel les chasseurs étaient confrontés était le suivant : l’image du monstre n’apparaissait pas sur toutes les images de tous les satellites. Seul sur les produits Apple…
Après avoir montré l’image à des experts maritimes, ils ont conclu que même si l’image laisse supposer des vagues provoquées par un navire, il n’y a pas de coque visible. Ainsi, "à moins qu’il ne s’agisse d’un essai de sous marin, la taille et la forme de la zone étudiée ressemblent à celle de Nessie". Et de se réjouir : "cela faisait 18 mois que Nessie n’était pas réapparu. Ça fait chaud au cœur de le revoir".
En effet, trois observations ont été reportées en 2013 mais se sont finalement révélées être des fausses. La première était la photo d’une vague, la seconde celle d’un canard tandis que la troisième n’avait même pas été prise sur le lac Loch Ness.
Si le monstre jouait la vedette ces derniers temps en restant au fond de ce profond lac, il a tout de même été aperçu 1036 fois au cours de ces 1500 dernières années.

Culture-tops : le coup de cœur de la semaine... et le programme de la suivante


"Les trésors de Naples" est une exposition qui témoigne du lien très fort qui unit cette ville à son saint patron : San Gennaro, mort en martyr. En effet, c’est la première fois que ce trésor sort d'Italie alors même qu'il serait comparable aux joyaux de la couronne de France ou d'Angleterre.

Thème 

Le 13 janvier 1527, par contrat devant le notaire, le peuple de Naples choisit San Gennaro (Saint Janvier) pour protéger la ville et ses habitants, des éruptions du Vésuve, et de la peste. En échange, les Napolitains s'engagent à lui construire une nouvelle chapelle au sein de la cathédrale et à lui faire des dons. Depuis, le contrat court toujours et le trésor n'a cessé de s'enrichir.... C'est la première fois que ces joyaux sortent d'Italie, afin de démentir l'image de pauvreté qui éloigne les visiteurs de Naples...

Points forts

Seize éblouissants bustes de saints saisissent le visiteur dès la première salle du musée. En argent massif, splendides, les statues colossales pèsent chacune plus de 200 kilos. Ces chefs d'oeuvre ont été créés par les orfèvres napolitains entre le XVIIè et la fin du XVIIIè siècle. Soyons rassurés, trente-huit autres saints restés dans la chapelle de San Gennaro, protègent toujours la ville de Naples de la lave et de la peste...
Depuis la signature du contrat initial, le trésor n'a cessé de s'enrichir: croix, calices, ostensoirs, chandeliers... Les pauvres comme les riches qui viennent prier le saint patron, lui offrent les gages de leur foi. On raconte que la dernière reine d'Italie enleva le diamant qu'elle avait au doigt pour le rajouter aux 3.326 autres diamants, 168 rubis, 198 émeraudes et deux grenats montés sur la mitre en argent du buste de Gennaro que l'on peut admirer. On peut également s'émerveiller devant un somptueux collier qui lui aussi s'est enrichi sur 250 ans, grâce aux dons de Charles V de Bourbon et de Napoléon Bonaparte entre autres...
San Gennaro est mort décapité, en l'an 305. Le sang du martyr a été recueilli dans deux ampoules. Il se liquéfie trois fois par an, aux mêmes dates depuis des siècles : un phénomène que la science ne peut expliquer. Si les ampoules sont restées sur place, retenez bien la date du 3 mai prochain, le Musée retransmettra en direct le "miracle". La messe napolitaine sera retransmise au musée Maillol.

Points faibles

Les mesures de sécurité sont très importantes! Le visiteur est fouillé à l'entrée et à la sortie (peut-être a-t-il volé une statue de 200 kilos ou la mitre couverte de bijoux, enfermées dans des caissons ultra blindés...)

En deux mots

A voir une fois dans sa vie, à moins de se rendre à Naples!

Cet héritage judéo-chrétien si bien assimilé que la France finit par l’oublier… voire par le nier


David Cameron a récemment dénoncé les "non-croyants qui sous-estiment le rôle de la religion nécessaire pour élaborer un code moral". Le Premier ministre britannique remet ainsi sur la table la question de l'héritage religieux dont les Occidentaux sont pétris, et mêmes les plus athées et anticléricaux d'entre eux.

Le Premier Ministre David Cameron a récemment fait parler de lui en évoquant sa foi chrétienne ainsi qu'en dénonçant les "non-croyants qui sous-estiment le rôle de la religion nécessaire pour élaborer un code moral". Un fait qui peut étonner de la part d'un dirigeant européen libéral à l'heure du XXIe siècle. quels sont encore les héritages "visibles" de notre passé judéo-chrétien ? Comment a-t-il évolué (ou non) sur les dernières décennies ?

Christophe Geffroy : En réalité, les héritages de notre passé judéo-chrétien sont partout présents et même les plus anticléricaux ne semblent pas réaliser que nombre de principes auxquels ils tiennent par-dessus tout proviennent du christianisme. Un livre remarquable l’a récemment abondamment prouvé, celui de Chantal Delsol, Les Pierres d’angle (Cerf), que j’invite vos lecteurs à lire si le sujet les intéresse. En effet, ces « pierres d’angle » de notre civilisation, Chantal Delsol en énumère quatre principales : le respect de la dignité de la personne humaine, la démocratie, la liberté de penser et la notion de progrès.
Le concept de dignité humaine n’a pu éclore que parce que le christianisme a développé la notion de personne, par analogie avec les trois personnes de la Trinité, et parce que cette personne est créée par Dieu à son image (cf. Gn 1, 26-27). En rejetant le christianisme, on veut toujours la dignité humaine, mais on ne sait plus ce qui la fonde ; et celle-ci n’étant plus conférée de l’extérieur, d’une façon transcendante, c’est donc l’homme lui-même qui en est juge, d’où la porte ouverte à l’arbitraire et à toutes les dérives qui apparaissent aujourd’hui.
De même, l’égalité fondamentale des hommes devant Dieu postulée par le christianisme a permis à l’homme de s’émanciper des contraintes du groupe et a donc permis les conditions de la liberté individuelle qui est le terreau indispensable de la démocratie ; que cette émancipation de toute autorité supérieure ait été trop loin est une autre question, il n’empêche que c’est bien dans l’ère de la civilisation judéo-chrétienne et nulle part ailleurs que s’est développée la démocratie et l’on pourrait dire la même chose des autres « pierres d’angle » que j’ai évoquées.
Michel Maffesoli : C’est essentiellement en France que ce genre de propos (proches d’ailleurs de ceux que le président Sarkozy avait tenus lors d’une visite à Rome, sur la prééminence du rôle éducatif du curé sur celui de l’instituteur) choque.On sait que dans les pays anglo-saxons, l’affirmation de son appartenance religieuse fait partie des règles de sociabilité habituelles, mais ce qui coexiste d’ailleurs avec une grande diversité des pratiques religieuses.
La France est dans une situation paradoxale : de son rôle de “fille aînée de l’Eglise” elle a hérité une propension au monothéisme qui se retrouve d’ailleurs chez les catholiques traditionnels comme chez les tenants d’un laÏcisme rigoureux ; mais ce combat a également conduit à vouloir extirper de l’espace public toute référence religieuse.
Quoi qu’il en soit, c’est vrai que les grandes religions du Livre (Catholicisme, Protestantisme, Judaïsme, Islam) ont élaboré un ensemble de règles morales très approfondi : les Dix commandements de l’Ancien testament sont repris par les Juifs et les Chrétiens et le Coran définit également des devoirs moraux.
Ces règles qui stipulaient comment vivre sur terre pour gagner le salut (ce que j’appelle “l’économie du salut”) ont perdu de leur force transcendante. Mais la référence à leur origine religieuse subsiste. Ne dit-on pas d’ailleurs “un saint laïc” pour parler d’un incroyant qui se conduit bien ?

Comment expliquer cette persistance des symboles chrétiens à une époque "déchristianisée" ?

Christophe Geffroy : Cela s’explique précisément par ce que je viens d’expliquer de façon trop succincte : les choses auxquelles nous tenons le plus dans notre civilisation sont inhérentes, consubstantielles au christianisme, l’antichristianisme qui sévit actuellement ne peut donc en venir à bout sans renier les principes de base que tout le monde veut conserver. Le problème qui apparaîtra inévitablement si l’on continue dans cette voie, à savoir de combattre plus ou moins sournoisement le christianisme, c’est que ces principes auxquels nous croyons n’auront plus d’appui et risquent fort de s’effondrer ou d’être totalement vidés de sens. Prenons l’exemple de l’anthropologie : aujourd’hui nous en sommes arrivés à ne plus savoir ce que c’est qu’un homme ; d’un côté il est réduit au rang d’un simple animal, à un amas de cellules manipulables à merci, et, d’un autre côté, on l’entoure d’un culte comme un objet sacré, invoquant à tout-va des droits de l’homme en fait vidés de leur substance en les multipliant à l’infini !
Michel Maffesoli : La déchristianisation est, sur la longue période, relativement récente : elle débute au XVIIIème siècle, dans une petite élite pour s’étendre peu à peu, massivement depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais elle prend différentes formes : dans les pays d’Amérique latine comme en Afrique, c’est plutôt une forme de syncrétisme, mêlant toutes sortes de croyances ; ainsi au Brésil, malgré l’avancée importante des évangélistes protestants, très fondamentalistes, les pratiques des nouveaux convertis par rapport aux cultes afro-brésiliens (candomblé) ne disparaissent pas, au contraire.
En Europe, cette déchristianisation a connu une forme “areligieuse” pendant tout le siècle dernier, il n’est pas sûr que ce mouvement continue et je pencherais plutôt pour le développement chez nous aussi d’un certain syncrétisme, mêlant spiritualité orientale, latino-américaine, croyances New Age et vieux fonds chrétien.

N'y a-t-il pas par ailleurs un héritage oublié du judéo-christianisme ? Les valeurs dites républicaines comme la liberté, l'égalité et la fraternité ne sont-elles pas finalement les descendantes des principes de l'Eglise ?

Christophe Geffroy : Si bien sûr, cela se comprend aisément après ce que j’ai essayé de démontrer plus haut. Il est évident, en particulier, que le triptyque révolutionnaire liberté-égalité-fraternité est impensable sans l’arrière-plan chrétien.La liberté, l’égalité et la fraternité sont trois valeurs éminemment chrétiennes bien antérieures à leur proclamation par la Révolution française.
Michel Maffesoli : Je le dis souvent, le grand apport du christianisme, à la suite d’ailleurs du judaïsme, c’est ce que j’appelle le “retour à l’Un”. Monothéisme juif (l’Ancien Testament est essentiellement le combat de Yahvé contre le culte des idoles), puis chrétien, avec son “économie du salut” : la vie sur terre n’est qu’un passage, une préparation au jugement dernier qui conduit au Paradis ou en Enfer ; cette économie du salut a été en quelque sorte le fondement du marxisme : le mouvement révolutionnaire n’est qu’une longue préparation de la Révolution puis des différentes étapes de l’avènement de la société communiste (la dictature du prolétariat n’étant que la première étape, jamais dépassée !). Et maintenant, je dirais que la forme la plus profane de cette économie du salut est l’économie tout court, avec sa course perpétuelle à la résolution de la crise : demain on aura fait les réformes structurelles, demain le marché fonctionnera parfaitement.
Il y a donc dans ce perpétuel report de jouissance, cette attente d’un monde meilleur une profonde parenté entre christianisme et marxisme.
Mais je crois que nous avons changé d’épistémè (au sens de Michel Foucault). La postmodernité naissante est attentive au présent, elle inclut la tradition dans ce présent et d’une certaine manière elle a spatialisé le futur, notamment dans l’attention importante portée au respect de la Nature et du territoire. On peut , dés lors, parler, avec le nouveau cycle qui s’amorce, d’un retour à une forme de “paganisme” : être attaché, tant bien que mal, à ce “monde-ci”. Ce qui induit une “écosophie” : nouvelle sagesse vis à vis de la “maison” commune.
C’est ce qui peut faire dire que  nous sommes sortis de l’épistémè judéo-chrétienne dont les divers socialismes et marxismes ont été les derniers , les plus grossiers et les plus violents avatars.

Ne le voit-on pas aussi dans les thématiques politico-économiques comme la lutte contre les inégalités ?

Michel Maffesoli : Il faut se méfier des visions anachroniques de l’histoire. La société médiévale (le long Moyen-Age de Jacques Le Goff) n’était pas une société de classes et dès lors la répartition en trois ordres (paysan, prêtre et guerrier pour reprendre la tripartition de Dumézil) ne doit pas se lire comme une “inégalité”.D’autant que la distance entre nobles et manants, notamment dans le partage des fêtes, des jeux etc. n’était pas telle qu’on l’a imaginé dans l’imagerie révolutionnaire française.
Ce qu’on peut voir par contre, c’est d’une certaine manière le glissement d’une religion d’un seul Dieu à une religion “d’un seul homme”. La revendication d’une homogénéisation des conditions économico-sociales, le refus des inégalités (comme celui des différences de religion et de culture d’ailleurs) ressortit du même procédé de réduction à l’Un.

En dépit de ces persistances, n'a-t-on pas perdu avec la sécularisation l'apport spirituel de cet héritage ? Percevoir le monde sans une certaine notion du sacré et de sa transcendance n'est-il pas handicapant ?

Christophe Geffroy : Oui, c’est handicapant, mais c’est bien plus grave encore en ce sens où une société ne peut se développer harmonieusement sans transcendance. Le rejet de toute transcendance fait de l’homme le maître du sens et, dès lors, il n’y a plus aucune limite à son pouvoir, là est bien le danger majeur. En effet, en étant le maître du sens, c’est-à-dire concrètement celui qui décide du bien et du mal, l’homme s’octroie un pouvoir absolu. Et la démocratie est en l’occurrence une bien faible digue, car c’est en fait la majorité parlementaire qui bénéficie de ce pouvoir absolu. On en vient ainsi à confondre la légalité (les lois votées) et la légitimité (la conformité des lois au bien, mais c’est l’homme qui décide maintenant du bien), dérive dont même les Anciens étaient conscients, il suffit de rappeler le combat d’Antigone contre Créon qui défendait le principe des lois non écrites. Eh bien ! de ce point de vue là, nous sommes revenus près de 3000 ans en arrière, c’est pourquoi nos démocraties purement procédurales recèlent de véritables dangers de dérives totalitaires.
Le grand Jean-Paul II avait très bien vu combien le relativisme moral qui anime nos sociétés occidentales était porteur de germes totalitaires.
Michel Maffesoli : Il est clair qu’une partie de ce qu’actuellement on appelle “crise” est avant tout une crise spirituelle ou plutôt la recherche dans la société actuelle de nouvelles formes de sacré (le numineux de Rudolf Otto) et de nouvelles formes de religion (au sens d’un religieux qui relie les hommes entre eux). C’est pourquoi, vous avez raison dans votre question en parlant d’une recherche de spiritualité, mais tort sans doute en pensant que les manifestations actuelles du sacré et de la religion ont disparu. Je pense qu’ils ont changé ou sont en train de changer et que c’est cette mutation que nous appelons d’une certaine manière, "crise".
Je le dis souvent, “la fin d’un monde n’est pas la fin du monde” et ce n’est pas parce que les formes chrétiennes de la religion s’estompent, en Europe et même dans les autres continents, sous leur forme purement monothéiste, qu’il n’y a plus de formes sociales et collectives du sacré. Au contraire, l’intérêt pour les spiritualités orientales, mais aussi pour toutes les pratiques et savoir faire qui y sont attachés, pour les cultes venant d’Afrique, en même temps que pour divers cultes charismatiques, évangéliques etc. connait un développement important chez les Jeunes. Même leur intérêt pour la Franc-maçonnerie traduit cette quête spirituelle.

L'effondrement de l'Eglise a été en France quasiment proportionnel à la lente disparition des référents identitaires ainsi que des mécanismes de solidarités locales. En quoi cela peut-il avoir un impact sur ce que l'on nomme fréquemment le "malaise contemporain" ?

Michel Maffesoli : Là encore, je ne suis que partiellement d’accord avec votre analyse. Vous avez raison, l’époque moderne a été celle de l’individualisme et de l’assignation des individus à une identité : économico-sociale, religieuse, politique etc. A ces identités stables ont succédé des identifications multiples : "Je" est un autre et l’on peut être bourgeois et banquier de jour, mais pratiquant d’un culte charismatique ou afro-brésilien certains week-ends et en même temps fan d’un groupe de musique ou de football. A chaque fois l’appartenance au groupe, à la communauté (j’ai appelé cela une “tribu”, en 1988) est forte, mais la différence avec les anciennes communautés est que l’on peut appartenir à plusieurs d’entre elles, mélangeant des individus très différents et que d’autre part ces appartenances sont fluctuantes : ni déterminées par la naissance (Ancien Régime), ni par le statut socio-économique (époque moderne).
Donc il est vrai que les identités individuelles se sont estompées (et tant mieux, car elles étaient en quelque sorte enfermantes), mais les identifications à diverses tribus sont fortes.
Et ceci conduit à mon second point : il n’est pas vrai que les solidarités locales disparaissent. Ou plutôt elles ont disparu sous leurs formes traditionnelles, paroisses, partis, syndicats, militantismes divers, mais elles s’expriment différemment : dans les grands élans de générosité qui suivent des catastrophes, dans les innombrables phénomènes de partage : appels de fonds solidaires pour divers projets culturels, partage de véhicules, d’appartements, de savoirs. Il y a un foisonnement de solidarités de proximité, une attention au vivre ensemble local qui ne sont pas prises en compte par les diverses institutions politiques, économiques, ecclésiastiques ; ce qui n’empêche qu’elles existent.
Je pense que nous sommes entrain d’inventer, sur tous les continents d’ailleurs, de nouvelles formes de vivre ensemble et de nouvelles expressions communes du sacré. Non plus un sacré imposé d’en haut, une morale obéissant à la loi du Père, mais un sacré vécu en commun, une éthique obéissant à ce que j’appellerais une “loi des frères”.
Christophe Geffroy : Le recul de l’Eglise n’a pas été propre à la France, il caractérise, avec certes des nuances, l’ensemble du monde jadis chrétien. L’Etat se voulant incompétent pour définir le Bien, sa fausse neutralité le conduit inévitablement vers le relativisme et finalement le matérialisme, donc n’offre comme modèle que la réussite financière quand le rejet de la morale pousse à vivre sans contrainte en ne recherchant que son propre plaisir… De tels objectifs pour la vie sont forcément insatisfaisants et ne peuvent que générer le malaise que vous évoquez car ils sont incapables d’apporter épanouissement et bonheur à la personne humaine qui n’est pas qu’un simple consommateur, mais aussi un être spirituel qui aime à donner et se donner.
C’est pourquoi l’époque actuelle voit un réveil du christianisme dans nos vieux pays européens. Certes, nous partons de bas car le nombre de fidèles chrétiens est numériquement faible, il n’empêche que beaucoup attendent de l’Eglise le message qui est le sien, précisément parce qu’il est exigeant mais non irréalisable, alors que nous avons tout lâché et que cela ne génère que tristesse et malheur. Il y a une jeunesse chrétienne qui se lève aujourd’hui et qui portera des fruits que l’on n’imagine pas encore…