On est loin des grandes manœuvres politiques et des grands enjeux électoraux, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut regarder de haut la liste des 50 mesures de simplification dévoilée lundi. Car alléger les contraintes, réduire les demandes des administrations, lutter contre l’amoncellement des justificatifs devrait être une pratique permanente, une sorte d’obligation de remise à zéro périodique des compteurs bureaucratiques.
C’est pourquoi il faut saluer cette tentative de simplification, et cela quelle que soit la famille politique à laquelle on appartient. C’est d’ailleurs une pratique que la plupart des majorités ont suivie, depuis un demi-siècle. Et au moins une fois par législature. Mais rarement plus.
C’est bien là, au demeurant, toute la fragilité de la démarche : la publication des 50 mesures n’offre rien d’enthousiasmant sur le plan médiatique, rien de « bankable » sur le plan politique, rien qui puisse garantir un rebond de la popularité déclinante du pouvoir. Rien non plus qui soit mesurable et qui permette de nourrir un bilan de gouvernement.
Pour cela, il faudrait aller plus loin et, plutôt que de s’attaquer à la seule gabegie paperassière, à la seule redondance bureaucratique, aller traquer le mal à la racine. Le meilleur moyen de lutter contre la complexité ? Eliminer, résolument réduire le nombre de ceux qui créent des normes, des obligations, des contrôles, des procédures : les fonctionnaires, les agents publics, les parlementaires. En somme, tous ceux qui votent des lois toujours plus bavardes et complexes, pondent des décrets toujours plus abscons, édictent des circulaires toujours plus comminatoires et appliquent de manière obsessionnelle les grands principes qui animent quiconque redoute d’être un jour tenu pour responsable de quoi que ce soit : le principe de précaution et le principe de défausse.