TOUT EST DIT

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samedi 12 avril 2014

La funeste visite de Merkel à Athènes


Angela Merkel se rend ce vendredi dans la capitale grecque, protégée par 7000 policiers revêtus de carapaces de protections et de casques face au peuple grec armé, lui encore, de ses seules mains nues, de panneaux de protestation et de leurs cris de colère, le lendemain de l’annonce du retour par la Grèce sur le marché financier par l'émission d'emprunts d’État sur cinq ans. A l'aéroport d'Athènes, des limousines noires toutes brillantes de célèbres marques allemandes attendent Angela Merkel et son escorte berlinoise sous une rangée de drapeaux grecs et allemands.

La presse française parle d'un attentat à Athènes un jour avant la visite de la chancelière et d'un retour réussi sur les marchés pour la Grèce totalement ruinée. La chancelière vient féliciter et soutenir la politique d'austérité mené par Antonis Samaras.
Dans son dernier livre, Le Putsch silencieux (pas encore disponible en français) paru fin mars 2014, le journaliste d'investigation Jürgen Roth montre le système de corruption de la Troïka, de Berlin avec Angela Merkel et de Bruxelles, assis sur les peuples européens. Pour Jürgen Roth, la Grèce est le premier pays à avoir subi le test de la Troïka, un plan qui s'applique déjà aux autres nations européennes, Allemagne comprise. Un autre auteur, Panagiotis Grigoriou, qui nous a accordé plusieurs entretiens, avait déjà parlé de la destruction de la société grecque de manière technique par les technocrates de Bruxelles et les banquiers.
Bombe. Un jour avant l'arrivée d'Angela Merkel, une voiture a explosé dans le quartier des banques à Athènes. Des manifestants s'étaient réunis devant le Parlement grec avec des panneaux où on pouvait lire « Frau Merkel get out. Get out of our country bitch ». Pendant que les médias occidentaux parlent du retour avec succès de la Grèce sur le marché financier etmême d'une baisse du chômage à 26,7 %, la population grecque ressent cette annonce comme une trahison. La population grecque s'enfonce dans la misère voulue par la Troïka, ce qui constitue une bombe sociale. Pour le Handelsblatt, l'économie grecque pourrait augmenter de 1 % cette année mais ne pourra pas réduire de manière significative le chômage. Le chômage des jeunes est à 60 %, ce qui n'est pas supportable sur le long terme pour une démocratie. La crise grecque, construite par la Troïka, profite aux investisseurs. Le retour d'Athènes sur le marché fait le bonheur des investisseurs qui s'arrachent les emprunts d’État grecs. « Nous vivons une situation exceptionnelle en Grèce. Les dettes d’État cachent la privatisation des biens et des services » écrit Jürgen Roth en citant un conseiller en économie du Pasok qui ne veut pas citer son nom.
Pays test de la Troïka. Colonie administrée par Berlin et Bruxelles, la Grèce est le premier pays test aux plans de la Troïka : baisse des salaires, baisse des retraites, disparition des soins d’État, privatisation de tous les services publics, réduction du nombre des fonctionnaires. «Rien n'est dévoilé. Les privatisations des structures conduisent au dumping salarial, aux contrats précaires, en Allemagne aussi. Les salariés doivent travailler dans les sociétés privatisées pour des salaires de misère où le mot d'ordre + bouffe ou crève + est de mise», écrit Jürgen Roth. Les bâtiments d’État grecs ont été vendus aux investisseurs et sont loués à des prix élevés à la même administration d’État. Plus de 300 îles sont à la vente. L’État grec, qui possède 70 % du pays, le vend aux financiers. « Les financiers se régalent de la forte baisse des salaires et des prix sur l'immobilier », écrit Jürgen Roth. L’État grec et la Troïka ne sont pas vraiment intéressés par les privatisations selon le journaliste Yannis Moutsos : « Ils utilisent la Grèce et le Portugal comme un terrain d'expérimentation. »
L’Allemagne exporte sa démocratie. L'historien et anthropologue grec Panagiotis Grigoriou nous a fait le nouveau portrait robot de son pays qui tombe en ruine humaine et sociale et démocratique à vitesse grand V dans un entretien en deux parties en décembre 2012 sous le titre « La Grèce, une colonie allemande qui souhaiterait l'aide de la Russie ».
En décembre 2012, Panagiotis Grigoriou nous disait : « On découvre le changement interne de la société grecque, l'occupation du pays par l'Allemagne et l'administration européenne, la pulsion de mort dans une société qui fut l'une des plus vivantes du monde » et expliquait en citant des exemples que la Grèce est une colonie administrée par l'Allemagne : « Oui, nous avons des administrateurs coloniaux. Le Consul général allemand, Wolfgang Hoelscher et Hans-Joachim Fuchtel, CDU ont été nommés par Angela Merkel. Ils sont basés en Grèce, chez nous. Le job de Hans-Joachim Fuchtel, CDU, est de mettre en contact les entreprises allemandes et les municipalités grecques. Hans-Joachim Fuchtel, CDU, nous le considérons comme l'administrateur colonial ou comme un Gauleiter». Ce vendredi, la chancelière rend visite à son Gauleiter pour une tournée d'inspection. » 

L'IMAGE DU JOUR


L’ange et la bête

L’ange et la bête
La nouvelle municipalité verte de Grenoble a décidé de retirer les caméras de vidéo-protection de cette ville au nom de la défense des libertés et de "la responsabilisation des personnes". Cette décision m’a aussitôt fait penser à un fait divers survenu récemment dans cette ville.
A cette nouvelle, trois questions me viennent à l’esprit:
  • Comment des personnalités publiques peuvent-elles en arriver à pareil degré d’irresponsabilité?
  • Comment la démocratie locale et le suffrage universel peuvent-ils aboutir à de telles aberrations?
  • A quel stade passe-t-on du simple et pur angélisme à la complicité pure et simple (avec les bourreaux) ?

Regarder les chaînes publiques

Regarder les chaînes publiques




Pacte de réalité

Pacte de réalité


L'exercice de communication plutôt réussi de l'investiture du gouvernement Valls n'enlève rien à la défaite historique de la gauche. Il n'a pas non plus totalement mis en sourdine les grincements dans les rangs socialistes où d'aucuns réclament une autre politique pour répondre à la défiance populaire. D'ailleurs, François Hollande, pourtant désormais entouré d'amis sûrs, a dû concéder la direction du Parti socialiste au strauss-kahnien Cambadélis, un adversaire historique et souvent cinglant, passé dans les rangs du soutien à Martine Aubry. L'arrivée d'hommes forts aux postes clés et la détermination des contestataires de l'intérieur annoncent les nuages qui forcément viendront obscurcir le ciel d'un chef de l'État affaibli par les municipales.
Même remanié lui aussi, le PS vit la fin d'une époque. Depuis la défaite de Jospin, la guerrière formation, qui avait conduit Mitterrand au pouvoir, connaît une inexorable décadence. Que le rejet de Sarkozy ait laissé croire à un sursaut socialiste n'y change rien. Et le fade passage de Harlem Désir n'a pas fait taire les dissidences locales de tous ceux qui veulent tenter leur chance sans respecter les consignes et logiques de parti.
Les plus positifs affirmeront que les socialistes vont trouver dans l'échec la ressource pour se rassembler et mettre leur programme en cohérence avec une réalité sociale que trop de leurs électeurs vivent douloureusement. Peut-être. Ce qui est sûr, c'est que les socialistes doivent se demander comment redevenir un parti qui représente la société française. En ne le faisant pas, ils perdraient leur raison d'être et la chair de la gauche. Le PS est dans une crise de culture politique dont il sortira en faisant preuve de lucidité dans l'analyse des résultats et la digestion de la défaite. Sans doute aussi en revenant au terrain pour écouter les gens. Une sorte de pacte de réalité pour se relancer.
La politique de Hollande n'est pas la seule explication aux sièges perdus par les socialistes locaux. Souvent leur échec vient de ce qu'ils n'apparaissaient pas comme les meilleurs candidats et qu'il ne suffit plus d'être de gauche pour être crédité de la proximité. En perdant des élus, le PS a peut-être retrouvé des militants. C'est ce qui lui manque le plus.

Le chagrin et le remords

Le chagrin et le remords


Survenue hier, la mort de Dominique Baudis a provoqué un hommage unanime. Comme rarement. Reconnaissons qu'il méritait bien cela après ce que l'emballement médiatique lui avait fait subir au moment de la sordide affaire Alègre. Sans doute se mêle-t-il dans cette émotion une part de chagrin et de remords ? Parce que si Dominique Baudis a succombé à un cancer, on voudrait être sûr que les suites des incurables métastases de la calomnie n'y ont pas contribué. On ne dira jamais assez avec quel courage Dominique Baudis fit front et chercha à se relever d'une telle ignominie.
Plus de dix ans après, le traitement de « l'affaire » doit continuer d'interpeller les médias. Est-il acceptable qu'au nom d'investigations douteuses la presse se transforme en machine à broyer la vie d'un innocent ? On se souvient des accusations ignobles de ces prostituées et de ces demi-sel floutés, trop complaisamment invités sur les plateaux télé. Ce flot d'insanités allait vite étouffer les protestations d'innocence de Dominique Baudis.
Bien pire, sa présence, un soir de mai 2003 sur le plateau du JT de Claire Chazal, pour désamorcer le scandale naissant, alimenta au contraire des soupçons. Sous les feux des projecteurs, quelques gouttes de sueur perlant sur son front engendrèrent des doutes entretenus plus ou moins perfidement par certains. Belle gueule et « fils de son père », journaliste vedette puis gentleman de la politique, Dominique Baudis fut victime, pour partie, de cette chasse au « notable » qui est la rançon des réussites trop voyantes.
Sa grandeur fut, une fois innocenté, d'accomplir sans la moindre amertume, avec sincérité et engagement discret, diverses missions au service de l'État et des citoyens. Qui mieux que cet homme, malmené par certains imprudents « justiciers », pouvait incarner le rôle de Défenseur des droits ? Qui d'autre que lui aurait été capable de surmonter l'épreuve avec autant de dignité ? Qui, pour toutes ces raisons, pourrait plus que lui, aujourd'hui, susciter notre chagrin et nos remords ?

François Hollande chute à 13 % d’opinions favorables


Selon un sondage YouGov pour i>TELE et le Huffington Post, le président augmente encore son score d’opinions défavorable (80%, +2 points depuis mars), et n’est plus qu’à 13% d’opinion positive. 

François Hollande paye directement la défaite de la gauche aux municipales et ne tire aucun bénéfice de la nomination de Manuel Valls.

En revanche, et alors que Jean-Marc Ayrault stagnait à 14% d’opinions favorables en mars, le jugement porté sur l’action du nouveau Premier Ministre est plus encourageant puisque Manuel Valls atteint 29% d’opinions favorables.
Quant au nouveau gouvernement, il ne bénéficie de quasiment aucune indulgence de la part des Français, stagnant à 15% d’opinions favorables. Moins d’un Français sur cinq (18%) pense le nouveau gouvernement davantage capable d’inverser la courbe du chômage que celui dirigé par Jean-Marc Ayrault.
L’enquête a été réalisée sur internet du 4 au 9 avril sur un échantillon de 1038 personnes représentatif de la population française et selon la méthode des quotas. Pour davantage de détails :

LE BOULET

LE BOULET

Le profil de l’emploi. Ou presque. Porte-parole de la « génération SOS Racisme » puis fringant quinqua (un handicap sur le marché du travail mais un vrai signe de jeunesse en politique), patron d’un des plus puissants partis de France et député européen depuis quinze ans. Sur le papier, impossible de trouver meilleur CV que celui d’Harlem Désir pour le poste de secrétaire d’État aux Affaires européennes. Et pourtant… Depuis deux jours, la promotion (par l’échec) de l’ex-premier secrétaire du PS n’en finit plus d’alimenter un procès en incompétence. Manuel Valls a beau juger cette arrivée comme « un atout », les reproches pleuvent. Jusqu’au président de la République qui l’aurait jugé « pas à la hauteur ». Plus terrible encore, le baromètre des présences au Parlement européen. Harlem Désir n’a participé qu’à 50,15 % des votes (en dessous de la moitié, plus d’indemnités). Ce qui le classe en 752e position… sur 766 élus. Pour un gouvernement en quête de renaissance, comme des allures de mauvais film : un boulet nommé désir. Avec un fort sentiment : celui de ne voir dans l’horizon continental qu’une usine à recycler des politiques en mal de mandat. Et l’on demandera, dans quelques semaines, aux simples citoyens de se mobiliser pour les élections européennes…

L’improbable opération de sauvetage

L’improbable opération de sauvetage


Les commandes sont à l’Élysée. C’est François Hollande qui devrait se “remanier”. Le problème est qu’il devrait faire l’inverse de ce qu’il a fait depuis deux ans.
L’histoire retiendra sans doute que la préfiguration de la nomination de Manuel Valls à la succession de Jean-Marc Ayrault a eu lieu deux mois avant la “raclée” des municipales. C’était le lundi 3 février, au lendemain de la puissante mobilisation de La Manif pour tous à Paris et à Lyon. Manuel Valls fut le premier à annoncer, au micro de RTL, qu’il n’y aurait plus de loi sur la famille (PMA, GPA et autres sottises). Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée, lui répondit aussitôt sur une autre antenne que le ministre de l’Intérieur ferait mieux de rester dans son rôle et de respecter la règle du jeu. Le même jour, Jean-Marc Ayrault déjeunait à l’Élysée et François Hollande trancha en faveur de Valls : il fallait en effet ajourner le projet de loi sur la famille.
Dans le Monde du lendemain, Valls expliqua la pensée de Hollande : « On ne peut pas faire comme si le débat sur le mariage pour tous et la filiation n’avait pas laissé des traces. Dans une société fracturée, François Hollande a décidé d’éviter des débats non maîtrisés qui représentaient un vecteur supplémentaire de perturbation dans les mois qui viennent. » C’était clairement dit, mais le mal était fait, on l’a vu par l’ampleur de la tempête électorale qui s’est produite les 23 et 30 mars. Une fois la vague retirée, la plage sur laquelle se présente Manuel Valls est couverte de débris.
Contrairement à ce qui se répète partout, le chômage et les impôts ne suffisent pas à expliquer ce désastre. La gauche doit en chercher les causes au plus profond de l’inquiétude des Français quant à leur identité, à leur idée de la famille, des fondements de leur histoire, de leur culture et de la vie en société. La théorie du genre, qui veut faire des petits garçons des petites filles et vice versa, associée à une débauche de campagnes publicitaires, d’émissions, de films et de feuilletons provocants et destructeurs, a autant contribué à la défaite que le chômage. De cette sanction justifiée, le nouveau gouvernement va-t-il tirer la leçon ? Au moins, François Hollande reconnaît-il cette « crise civique et même morale » dont souffre la France.
La dernière carte souvenir laissée par l’équipe Ayrault l’aura été sur le perron de l’Élysée par une ministre qui sera ainsi sortie de l’anonymat. Le soir même où la France venait d’offrir un dîner d’État en l’honneur du président chinois et de son épouse, Mme Nicole Bricq confiait à la femme du premier ministre, parlant du dîner qui avait été servi : « C’était dégueulasse. » Anecdotique ? C’était dit par une ministre de la République, qui plus est ministre du Commerce extérieur, et le mot allait naturellement faire le tour de la planète médiatique. Cela révélait non seulement la vulgarité, mais aussi la morgue d’un personnel politique qui se moque du rang du pays et du travail des autres. Rien n’est plus sensible à l’électorat populaire que ce langage qui n’aura fait rire que les électeurs de Mme Hidalgo. La vague bleue aura eu le mérite d’envoyer au piquet tous les “Bricq” au pouvoir.
M. Valls saura-t-il y mettre de l’ordre ? On lui reconnaît du caractère et de l’autorité. Son bilan de ministre de l’Intérieur ne plaide guère en sa faveur. Ancien directeur de campagne de François Hollande, formé au cabinet de Lionel Jospin, il a pu mesurer dans sa circonscription de l’Essonne la dimension de la défaite socialiste. Son député suppléant, Carlos Da Silva, qu’il avait soutenu par une activité intense, a mordu la poussière à Corbeil-Essonnes, sèchement battu par Jean-Pierre Bechter, l’héritier de Serge Dassault.
Quelle sera sa liberté ? François Hollande lui demande de sauver son “quinquennat à l’envers”. Mais à peine était-il nommé que le président de la République annonçait à la télévision qu’il ajoutait un pacte de solidarité pour compenser son pacte de responsabilité. Compenser, parce que la gauche n’a rien compris au pacte de responsabilité et que son aile gauche le combat. Or, la France n’a pas le moindre euro pour financer ce nouveau pacte alors que le précédent ne l’est toujours pas sans les 50 milliards d’économies. L’impasse est totale. La France n’a pas atteint ses objectifs de déficit, elle est sous “surveillance renforcée” à Bruxelles (seul État européen à l’être avec la Slovénie) et elle doit présenter sa trajectoire budgétaire le 30 avril devant la Commission.
Manuel Valls a pour seul atout d’être un nouveau premier ministre — pour le reste, il n’a rien. Les commandes sont à l’Élysée. « J’en assume la totale responsabilité », dit François Hollande. Il devrait donc commencer par se “remanier”. Le problème est qu’il devrait faire l’inverse de ce qu’il a fait depuis deux ans. C’est ce que les électeurs lui ont dit. S’il échoue avec Valls, il ne lui restera qu’une option : la dissolution.