Le Premier ministre, limogé. Le patron du Parti socialiste, dégagé. Le principal collaborateur du chef de l'Etat, viré. Qu'il s'agisse du gouvernement, du premier parti de la majorité ou du cœur même de l'Elysée, on comprend donc que François Hollande s'était entouré de personnalités qui ne faisaient plus l'affaire. Pire, qui ne l’ont jamais faite si l'on en juge par les résultats électoraux calamiteux. Affligeant constat. Car au-delà des hommes, cette grande lessive signe l'échec de deux années de pouvoir. Deux années de décisions à contresens qu'il faut maintenant corriger. Après le matraquage des impôts, le baume fiscal ; après le harcèlement anti-patronal, l'ode aux entreprises ; après le tout-emploi subventionné, le retour à la loi de la compétitivité ; après les traumatismes sur la famille et l'école, le gel de l'apaisement annoncé.
Plus qu'une nouvelle phase, c'est une sorte d'anti-quinquennat qui commence. Un tel constat d'échec dans tous ces domaines suffira-t-il à redonner du souffle au gouvernement ? On jugera sur pièce. Mais on sait d'ores et déjà qu'il manque un élément au dispositif : l'appui d'une majorité, un soutien politique franc qui aille au-delà du cercle des hollandais et des fidèles que l'on place aux verrous stratégiques. On sait aussi qu'il manquera un carburant: la confiance. Celle des Français, qui en ont trop vu et trop entendu pour se laisser bercer par la seule musique bien rythmée d'un discours. Et celle de l'étranger, des Européens en particulier qui seront sûrement heureux d'apprendre que, non contents de repousser leurs engagements, les Français récompensent l’un des responsables de leurs échecs en lui confiant les affaires européennes. Comme aurait pu dire Laurent Fabius: « Harlem Désir au gouvernement, on rêve »...