TOUT EST DIT

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jeudi 27 mars 2014

Le PS aux urgences


Il aura fallu trente ans pour que le piège imaginé par Mitterrand pour rendre la droite minoritaire cesse de fonctionner !
Depuis 1985, la mécanique était bien rodée. Cette année-là, à Marseille, Jean-Claude Gaudin avait commis un “sacrilège” : négocier avec le FN un accord de retrait réciproque dans les cantons où la gauche pouvait l’emporter. Même si cela n’avait abouti qu’à l’élection d’un seul conseiller général frontiste, François Mitterrand avait compris le danger : à ce petit jeu, la gauche pouvait rapidement se trouver minoritaire dans le pays !
D’où un piège en trois temps : la promotion du Front national par l’instauration de la proportionnelle aux législatives de 1986 (sans oublier quelques provocations bien senties du genre : “les immigrés sont ici chez eux”) ; puis, aussitôt après, l’appel à un “front républicain” destiné à isoler la “bête immonde” aux élections locales. Avec, pour sanctionner ceux qui, à droite, refuseraient de se retirer en faveur de la gauche quand celle-ci est la mieux placée pour battre le FN, l’ostracisation… C’est ainsi qu’en trente ans, la gauche a pu conquérir la quasi-totalité du pouvoir régional (21 régions sur 22), une majorité de conseils généraux et, de justesse, le Sénat.
Comme Valeurs actuelles le démontre cette semaine, l’histoire pourrait bien retenir qu’à partir des municipales de mars 2014, ce piège a cessé de fonctionner. Lasse de devoir attendre de ses adversaires l’autorisation d’être majoritaire, la droite aurait ainsi fini par comprendre que les pires défaites sont celles qu’on s’inflige à soi-même. Mieux vaut tard que jamais !

Un gouvernement étranglé


Après deux ans de gestion chaotique, et cette ponction fiscale massive dont il paie le prix, Hollande doit trouver 50 milliards d’économies, sans le soutien de l’élection…
Amplification. Au fur et à mesure que tombaient les résultats du scrutin municipal ce dimanche soir se révélait l’ampleur de la vague de rejet. Ampleur de l’abstention, incluant une bonne partie du “peuple de gauche” qui ne s’était pas déplacée. Ampleur de la sanction nationale qui s’exprimait partout dans le choix des candidats de droite. Ampleur du vote Front national dans ses implantations géographiques. Ampleur de la surprise des dirigeants du Parti socialiste et des membres du gouvernement, découvrant progressivement la dimension de leur défaite, jusqu’à appeler le président de la République à interrompre sa présence au sommet du G7 pour rentrer à Paris. Ce n’était pas la première fois que soufflait un vent de panique à l’Élysée ; cette fois il était électoral. Et l’on ne voyait pas ce qui pouvait calmer la tempête annoncée au second tour. À droite, les dissidences disparaissaient, laissant l’UMP et le Front national face au PS : il ne s’agissait plus que de placer les candidats de la gauche en seconde ou troisième position pour consacrer sa défaite.
Cette défaite, le président de la République, le premier ministre, le ministre de l’Intérieur la redoutaient. Ils avaient fini par croire qu’ils parviendraient à la contenir, en faisant pleuvoir sur Sarkozy et l’UMP cet ouragan de procédures judiciaires ; le premier ministre avait porté le cynisme jusqu’à lancer un appel de dernière heure contre le Front national dont il espérait bien faire une autre arme contre la droite classique. Cette double manoeuvre n’aura provoqué qu’un violent retour de flamme, braquant l’électeur de droite, qui n’a pas voulu se laisser faire. Quant aux triangulaires, qui avaient fait le succès de la gauche, elles sont destructrices pour la droite quand la gauche est en tête, mais elles le sont pour la gauche quand celle-ci est derrière.
Voilà le gouvernement étranglé. Avec 20 ou 25 % de confiance dans l’opinion, l’exécutif avait peu de chances de maintenir ses positions. C’est maintenant un jeu de dominos qui le menace : il va perdre sa majorité au Sénat, puis celle des assemblées départementales et régionales. C’est un affaiblissement durable sur le terrain auquel il devra faire face. Nicolas Sarkozy sait quels efforts cela réclame ensuite pour remonter la pente.
Si François Hollande a estimé qu’il y avait en effet urgence à rentrer à l’Élysée cette semaine, avant l’arrivée du président chinois (dont la visite avait été prévue au temps où ces élections ne devaient porter que sur des “enjeux locaux”), c’est qu’il devait se livrer à un exercice qu’il n’aime pas : prendre une décision forte. Le problème est qu’il n’est pas maître du jeu. L’électeur de gauche lui réclame une “autre politique” qu’il ne peut pas lui consentir parce qu’il n’y a pas d’alternative à la politique qui lui est imposée, avec son assentiment, par Bruxelles (la France est mise “sous surveillance renforcée”). Il a fini par lui donner un nom, le “pacte de responsabilité” — qui est d’abord sa responsabilité. Après vingt-deux mois de gestion chaotique, contradictoire, de la politique économique, sans autre résultat qu’une ponction fiscale massive dont il paie le prix ces jours-ci, il lui faut trouver 50 milliards d’économies sans avoir la majorité électorale pour cela.
Ne pouvant changer de politique, va-t-il changer les hommes pour la conduire ? Deux ans après son arrivée au pouvoir, François Mitterrand avait pareillement été sanctionné aux municipales de mars 1983 (à l’époque, l’abstention était de 20 %). Lui aussi était lié par les déficits budgétaires. Le second tour avait eu lieu le 13 mars ; le 22, Mitterrand changea le gouvernement, mais pas le premier ministre, Pierre Mauroy. C’est le scénario espéré par Jean-Marc Ayrault. Sera-ce le “choc” de nature à limiter la casse aux élections européennes du 25 mai ? Mauroy ne survécut qu’un an avant de devoir céder la place à Laurent Fabius lors de la crise suivante, en juillet 1984. Une crise de société (l’affaire de l’école libre) qui prenait la suite des crises économiques et budgétaires précédentes.
François Mitterrand avait du temps devant lui. François Hollande n’en a pas : le quinquennat ne lui en offre plus le confort. La loi de finances qu’il est en train de mettre au point est celle de 2015, et l’année suivante se préparera déjà la présidentielle. Sa pente naturelle le conduit à ne rien vouloir changer. Au mois de mars 1983 déjà, l’éditorialiste du Monde, François Renard, écrivait après la séquence municipale : « L’historien politique constaterait, une fois de plus, qu’il y a deux moyens de renverser un pouvoir : l’action de l’opposition ou l’optimisme aveugle et obstiné de la majorité. Il n’est pas certain que le dernier de ces moyens ne soit pas le plus rapide, ni le moins sûr. »

Le plus dur reste à faire


La claque prise par le gouvernement peut se transformer en déculottée à condition que les électeurs de la droite tranquille évitent la désunion et la démobilisation.
Qu’on le veuille ou non, c’est une défaite cuisante qu’a connue le gouvernement à l’occasion de ce premier tour des élections municipales. Cela se traduit dans les scores nationaux du Parti socialiste, en recul de 8 points par rapport aux précédentes élections de 2008, et de la gauche en général. Cela se constate dans le nombre de grandes villes qui repassent à droite après une ou plusieurs mandatures catastrophiques assumées par des socialistes. Cela ressort enfin à travers la poussée du vote protestataire : qu’il s’agisse de l’abstention très élevée, de l’importance du vote blanc ou des scores cinglants enregistrés par certaines personnalités du Front national.
Bien sûr, cela fait presque quarante ans que la majorité en place perd les élections municipales. Et François Hollande n’a pas connu d’exception à cette règle. Bien sûr, la photographie complète de ce scrutin est compliquée à établir en raison de la multiplication des listes divers droite ou divers gauche et de l’absence du Front national dans une quantité de grandes villes. Bien sûr, les fusions de listes entre les deux tours ou la probabilité d’assister dimanche prochain à de nombreuses triangulaires doivent inciter à la prudence. Il n’empêche que les Français ont témoigné de leur ras-le-bol dans des proportions bien plus importantes que prévu, y compris à Paris, montrant qu’ils n’étaient pas dupes de la politique d’enfumage menée par François Hollande et sa clique de copains et de coquins.
Coluche, qui nous manque dans cette période où le politiquement incorrect est banni, disait : « La victoire est toujours brillante puisque l’échec est mat. » Il faut, en effet, que dimanche prochain l’essai marqué par la droite se trouve largement transformé. Il faut que la gifle assenée au gouvernement au premier tour l’amène à se remettre en question. Et le plus beau des symboles serait de voir cette insupportable gauche bobo, sectaire et post-soixante-huitarde, mise à la porte de l’hôtel de ville de Paris, qu’elle a transformé en annexe du PS.
Tout dépend de vous et de vous seuls. Si vous souhaitez arrêter de voir Christiane Taubira salir la République en mentant à chaque fois qu’elle parle, en intervenant à tout bout de champ dans les procédures judiciaires, avant de mettre en place d’ici peu une réforme pénale d’un laxisme insupportable, alors il vous faut prendre vos responsabilités.
Si vous désirez que les comptes publics de la France cessent de se dégrader, que notre pays ne soit plus mis sous surveillance renforcée par Bruxelles, et que les industriels français retrouvent confiance, alors il faut envoyer un signal fort au président de la République pour qu’il mène une tout autre politique.
Si vous en avez assez d’une majorité qui déconstruit pierre par pierre les valeurs qui fondent notre civilisation, qu’il s’agisse du travail, de l’autorité, du mérite, de la famille et du respect de la patrie, alors dites-le, criez-le, et jetez votre bulletin de vote dans l’urne.
Si vous êtes révoltés de la manière dont un ancien président de la République est traqué, à coups d’écoute téléphonique, de chasse à l’homme judiciaire et policière, et de la façon dont les médias contrôlés par le pouvoir finissent par trouver cela normal, alors là encore vous avez une bonne raison de donner un carton rouge à cette gauche qui se moque comme d’une guigne des libertés publiques.
Si vous voulez marquer un coup d’arrêt à la désastreuse gestion des principales grandes villes tenues par les socialistes, qui utilisent allègrement les hausses d’impôts, les versements d’allocations à ceux qui en ont le moins besoin, et les complications volontaires imposées aux entreprises de toutes tailles, alors votez contre tous les candidats qui se réclament de l’actuelle majorité.
Pour cela, ce dimanche, il faudra éviter deux écueils : la démobilisation et la division. Ce n’est pas parce que les listes d’opposition ont fait bien mieux que prévu en ce premier tour que la victoire est assurée. Les socialistes vont avoir recours à leurs vieilles méthodes de désinformation pour tenter de rameuter les abstentionnistes et de discréditer les possibles vainqueurs de la droite tranquille. Enfin, il faut absolument que tous ceux qui ont voté pour des listes de droite non qualifiées pour le second tour rallient sans faillir et sans mollir le candidat de droite arrivé en tête. De manière à ce que la claque de dimanche dernier se transforme en déculottée pour cette gauche amorale. De manière à ce que ce gouvernement des incapables prenne la mesure de son échec et de son rejet. De manière enfin à ce que l’opposition bénéficie d’un formidable élan pour les scrutins à venir.

PRÉCISION À L'USAGE DES CONS

PRÉCISION À L'USAGE DES CONS
 "Il y en a assez d'entendre les Jamel Debbouze, Lambert Wilson et compagnie... 
critiquer la Marseillaise à cause de cette phrase : 
« qu'un sang impur abreuve nos sillons ».

Nous devons être nombreux à ignorer le sens de cette phrase
Je faisais personnellement  partie de ces incultes à propos de cette phrase 
de notre Hymne National. Jusqu'à cette explication qui éclairera très
certainement beaucoup de "lanternes"...
On ne peut pas leur reprocher leur ignorance due à l'Éducation nationale,
lors des fameux cours d'éducation civique...
À l'époque, ce qu'on appelait le sang pur, c'était le sang des nobles 
qui, seuls, pouvaient prétendre au Pouvoir et à des fonctions d'officiers dans l' Armée.
Lors de la Révolution - et notamment de l'attaque des autrichiens - 
les nobles se sont enfuis et il ne restait donc que des "Sang impur" (Républicains),
par opposition aux "Sang pur"(Royalistes).
Au cri de "La patrie est en danger", c'étaient des gens du peuple
qui prenaient les armes pour combattre l'envahisseur et qui étaient disposés
à verser leur propre sang pour la liberté.
Et les sillons sont des tranchées creusées un peu partout dans la campagne
et les champs, lors des sanglantes batailles.
Ainsi,  "Qu'un sang impur abreuve nos sillons " signifie donc
que c'est notre "Sang impur" à NOUS, le peuple, qui nourrira nos terres.
En aucun cas il ne s'agit du sang de l'ennemi.
On peut reprocher beaucoup de choses à la Marseillaise,
 notamment son esprit guerrier, mais pas le "Sang impur".
À aucun moment de l'Histoire, la France n'a désigné ses adversaires
en raison d'une notion raciste liée à la pureté du sang, notamment lors
des guerres coloniales inspirées par des politiciens issus des "Lumières»,
comme les Saint-simoniens et les Francs-maçons. La statue de
la Liberté offerte à la jeune nation américaine illustre le propos...
Méfions-nous de cette approche socio-libertaire et antimilitariste
simpliste qui avance sournoisement pour adapter l'Histoire à sa guise !...
 

A BON ENTENDEUR...

Réduire les inégalités


Réduire les inégalités

Les enquêtes et les chiffres spectaculaires sur la répartition des richesses dans le monde, et en particulier aux Etats Unis et au Royaume Uni, se succèdent. Et ils sont repris de plus en plus par des économistes ou des acteurs de l'économie qu'on ne peut pas accuser d'égalitarisme béat et nocif. Certains voient tout simplement dans ce combat un moyen de relancer la croissance. 

DES CHIFFRES FRAPPANTS

Les chiffres sur les écarts de richesse sont assez frappants…J’en ai retenu un. Provenant du classement des fortunes mondiales par le magazine Forbes. Les 66 personnes les plus riches de la planète ont la même richesse que les 3 milliards et demi d’habitants les plus pauvres. 66 personnes. 3 milliards et demi. On parle d’une moyenne de 20 milliards de dollars par personne pour le premier groupe, et de 486 dollars pour le second groupe. C’est tout de même assez brutal.

CYNISME ÉCONOMIQUE
Dans les mois qui viennent, on va beaucoup parler de réduction des inégalités. Et cela ne viendra pas de ceux qui défendent habituellement ces thèses en prônant un nivellement par le bas comme en France. Le Royaume Uni et surtout les Etats Unis vont être en pointe sur ce combat. Pas par idéologie. Mais une fois de plus par pragmatisme et par intérêt. Réduire les inégalités est devenu le moyen "à la mode" de relancer la croissance. Tant mieux. Lire l'édito

LE ROUBLE MONTE
Il a rebondi. Fortement. La Bourse de Moscou aussi. Et les indices boursiers ont déjà oublié la Crimée. Son annexion est entérinée. Comble du ridicule: faute d'action, on est passé à des paroles de cour d'école...Obama a déclaré hier que la Russie n'était même pas une puissance mondiale mais juste une puissance régionale... Ouh la la, ça fait mal.

UNE PETITE RÉFLEXION
Je n'aime pas Poutine. Et ce qu'a fait la Russie est indéfendable. Mais trouvez vous que la Chine est plus démocratique que la Russie? On accueille le dirigeant Chinois avec des courbettes pour mendier quelques contrats alors qu'on joue les défenseurs de la démocratie pour l'Ukraine. Le Tibet appréciera. La Corée du Sud aussi qui a à ses portes un fou furieux soutenu par Pékin qui fait régulièrement des essais nucléaires. Mais c'est vrai que tout ça me dépasse, c'est de la politique.

LE TOURNANT ALLEMAND
La Banque Centrale Allemande a pendant la crise critiqué et parfois bloqué les initiatives de la Banque Centrale Européenne pour injecter des liquidités et relancer la croissance. Hier son président a déclaré qu'on devrait faire plus si nécessaire. Soit il avait fumé un pétard, soit les Allemands ont changé.

ÉPARGNE. RETOUR A LA RAISON SUITE...
Décollecte sur le livret A annoncée en début de semaine. Et hier collecte au plus haut depuis un an sur l'assurance vie. 2.4 milliards de collecte nette en février! Les ménages Français font le bon arbitrage. L'encours de l'assurance vie a augmenté de 5% à 1478 milliards d'euros. Encore un petit effort et il sera égal au montant de notre dette...qu'il finance largement...

DUFLOT DÉGAGE ?
Rarement un ministre du logement n'a fait aussi mal au logement par un dogmatisme doublé d'une totale incompétence. Les mises en chantier de logements neufs ont connu un mois de février dramatique avec une baisse de 24% sur un an. Les permis de construire suivent la même courbe. C'est la cata. Il faut qu'elle parte. Vite. Très vite.

JE SAIS OU JE SERAI LE 1ER JUILLET
depuis que j'ai lu les Échos ce matin. A l'inauguration de l'hôtel The Brando. En Polynésie française. A 60 kms au nord de Tahiti. Dans l'ancienne île de Marlon Brando. Le 1er Juillet sera le vingtième anniversaire de la disparition de Vito Corleone.

BULLE ? QUELLE BULLE ?
La société King Digital, éditeur du jeu Candy Crush entre en bourse a 7.6 milliars de dollars.

LES FRÈRES BOGDANOV INQUIETS
Le laboratoire Français Ipsen veut attaquer le marché du Botox dominé par le groupe Américain Allergan. Une initiative soutenue par la ministre de la francophonie et de la chirurgie esthétique Yamina Benguigui.

QUEL JOB PRÉFÉREZ VOUS ?
Est ce un signe du désintérêt progressif pour les banques du fait de la pression réglementaire qui pèse sur leur avenir. Le dauphin de Jamie Dimon chez JP Morgan a préféré entrer dans le fonds Carlyle. Il faut dire qu'il ne gagnait "que" 17 millions de dollars pendant que les trois dirigeants de Carlyle se partageait 750 millions de dollars l'année dernière.

BIEN FAIT
Et c'est vrai que les banques sont sous pression. Aux Etats Unis les banques ont déjà payé plus de 100 milliards de dollars d'amendes depuis la crise. En France? Zéro.

LA PHRASE DU JOUR
Cédric Audebert, patron de la filiale Française du groupe Chinois Haier "Je n'ai jamais entendu un salarié chinois râler". Normal mon pote, ceux qui se sont plaints ont été exécutés.

UN MÉTIER D' AVENIR
Depuis le début de cette semaine, vous pouvez suivre à paris Dauphine une formation de gestion des entreprises de pompes funèbres. Réflexion dans le parisien d'un des élèves de la première promotion "Le relationnel est primordial". Esprit, es tu là ?

Il faut décréter l'état d'urgence sur le chômage

Il faut décréter l'état d'urgence sur le chômage


J'ai halluciné en lisant la une des journaux ce matin. On y commente les chiffres terribles du chômage. Mais avec un seul angle. L'impact sur les élections municipales ou le poste de premier ministre. "Un chiffre qui tombe mal pour Hollande"...non c'est un chiffre qui tombe mal pour les 5 millions de chômeurs toutes catégories et pour les seniors enterrés sous le chômage de longue durée.
LES CHIFFRES DU CHÔMAGE 

31500 demandeurs d'emploi en plus. 3347700 chômeurs de catégorie A. 0.9% de hausse sur un mois. 4.7% sur un an ! Une hausse de 12.1% du chômage de plus de 50 ans...N'en jetez plus

COMMENT NE PAS EN PARLER?
Surtout quand les principaux commentaires tournent autour de l'impact du chômage sur les municipales ou sur le poste de Jean-Marc Ayrault. Comme si c’était l’enjeu. N’ayons pas peur des mots. Ce qu’il se passe sur l’emploi est un drame national. On enchaîne les records et on enterre un peu plus chaque mois les seniors en particulier. Un drame national mais aucune mobilisation nationale. Il faut une fois pour toutes décréter l’état d’urgence sur le chômage. L’état d’urgence. Comme on le ferait pour la propagation d’un virus mortel ou un tremblement de terre. Au lieu de ça, on traîne, on mégote, on joue avec le temps alors que le temps provoque un massacre. Le pacte de responsabilité se vide chaque jour un peu plus de sens mais même vide on n’arrive pas à le signer.

LE FAUX DÉBAT
L'opposition attaque le gouvernement sur le sujet. Et Valls se rêve déjà premier ministre. Là encore, on ne devrait plus en être là. Face à un drame national, il devrait y avoir une unité nationale, une union sacrée. Comme les Allemands ont su le faire pour ramener le chômage à une baisse historique. Pour combattre le chômage, il faut de l’emploi. Pour créer de l’emploi, il faut des entreprises viables et dynamiques. Les dirigeants politiques doivent enfin prendre leur responsabilité et arrêter de jouer en ne pensant qu’à leurs postes. Voir l'édito en vidéo

LA ROUE TOURNE ?
Sur les valeurs technos et en particulier social média aux États-Unis. Facebook continue sa chute. Plus de 12% depuis son record, plus de 5% juste pour la journée d'hier. Twitter a chuté de 7%. Et le nouveau venu Candy Crush s'est pris une claque de 15% mais reste surévalué de 50% au moins. Je ne vous ferai pas la blague Candy Crash...elle est partout.

LA FED PUNIT LES BANQUES
encore. Cinq grandes banques américaines et notamment Citigroup, ont échoué aux stress tests... pour une politique de distribution de dividendes trop généreuse...

LA PHRASE DU JOUR
Un habitant de Nantes: "Nous regrettons notre ancien de maire". Faisons-lui plaisir, rendons-lui son maire.

L'UKRAINE
c'est le problème de l'Europe et du FMI maintenant. Et l'Ukraine est en faillite. Le FMI va devoir débourser 15 milliards de dollars dès aujourd'hui. Mais il en faut au moins 4 fois plus. 

REMERCIONS TOUS XI JINPING !!
Il a fait un don hier à la France de 18 milliards d'euros de contrats pour nous remercier pour notre silence et notre obséquiosité. Merci Xi Jinping! Merci Xi Jinping! Comme tu es gentil, grand, beau et fort.

ET PENDANT CE TEMPS LONDRES
a gagné la bataille du yuan. Les Chinois ont accepté que la banque de compensation du yuan soit localisée à Londres. Immense victoire pour Londres qui va devenir le centre international du trading et du trading d'une monnaie appelée à prendre une place grandissante.

L'ARTICLE LE PLUS ÉTRANGE DU JOUR
Dans le Figaro éco: "Les séries turques font le buzz à travers le monde"...Les séries turques ? Qui a déjà vu une série turque ?

LA BCE SE BAT
pour faire baisser l'euro...avec des mots... Mais même si l'euro glisse un peu il reste autour de 1.38, un niveau asphyxiant pour l'économie de la zone. Il va falloir plus que des mots. Draghi devrait écouter en boucle "Paroles" de Dalida (une de mes chansons préférées). On s'achemine vers des taux négatifs à court terme sur l'euro.

CECI N'EST PAS UNE BLAGUE
C'est BFM Business qui l'a révélé ce matin: Le burn out peut être bientôt reconnu comme maladie professionnelle... le groupe de travail missionné par le ministère du travail sur le sujet s'est réuni hier pour la première fois... Un vrai délire... Et le burn out de 5 millions d'emplois.

REMANIEMENT


REMANIEMENT

Dans cet entre-deux- tours où le feu lève de toutes parts et où bruisse la rumeur, François Hollande a certes raccourci son déplacement au sommet du G7 (un G8 moins la Russie). Mais il reste dans l’apparence et l’apparat de sa fonction présidentielle. Tapis rouge et assaut de civilités pour Xi Jinping, le numéro un chinois. Un honneur dû au rang que lui confère la puissance de son pays. Des sourires donc. Mais, aussi, d’énormes enjeux. Qu’il semble loin le temps du petit livre rouge… Xi Jinping débarque avec une armée d’hommes d’affaires et la France l’accueille, bardée d’une balance commerciale affichant un déficit record avec la Chine : 26 milliards d’euros. Une cinquantaine de contrats devraient voir le jour. Dans ce déplacement frappé du sceau de l’économie, la signature de l’accord PSA – Dongfeng par les deux chefs d’État hier à l’Élysée prend des allures de marqueur. Sous les ors de la République, un protocole hors normes pour un montage exceptionnel. Une augmentation de capital (il faut trouver près de trois milliards) indispensable et redoutée. Avec, au milieu, l’État en garde-fou et une nouvelle histoire à écrire. Là également, il sera lundi question de remaniement. Carlos Tavares s’asseyant le 31 mars dans le fauteuil de président du directoire de PSA qu’occupait jusque-là Philippe Varin.

Et si la Métropole du Grand Paris tombait à droite ?


Cela va se jouer sur quelques villes au deuxième tour : la Métropole du Grand Paris dont le gouvernement a toujours pensé qu’elle serait présidée par un socialiste, a de fortes chances de tomber à droite. Et, quelque soit le résultat final, un socialiste ne pourra y être élu sans des voix communistes et de droite. Imbroglio annoncé !
Là non plus, personne n'avait vu venir le coup : si le deuxième tour des élections municipales confirme le premier, les métropoles de Lyon, Marseille et, surtout, Paris n'auront pas de président de gauche. Pour la métropole de Marseille, Jean Marc Ayrault ne se faisait guère d'illusion. Pour Lyon c'est plus étonnant, mais les habitudes métropolitaines et la tradition lyonnaise font qu'éventuellement Gérard Collomb pourrait être élu avec des voix de droite.

A Paris en revanche, c'est une énorme pagaille qui s'annonce. Les spécialistes de la carte électorale du gouvernement ont donc fait leurs additions : aujourd'hui l'UMP et l'UDI ont déjà acquis 153 conseillers métropolitains. S'ils font tomber les villes qu'ils devraient logiquement faire tomber au deuxième tour, ils auront 53% des sièges, soit 179 conseillers métropolitains. Le PS, EELV et le PCF se partageront les 162 autres. En clair ce qui était  prévu ne tient plus : un président PS aura besoin non seulement des voix communistes - alors que le PCF, qui a voté contre la Métropole et que certains de ses dirigeants (surtout en Seine St Denis !) ne voteront jamais socialiste de leur vie -  et d'un fort contingent de voix de droite (Nouveau Centre, UDI et probablement un peu d'UMP) : des probabilités extrêmement minces.


De lourdes pertes pour le PS

L'enjeu du deuxième tour est considérable car sortiront des urnes l'appartenance politique des conseillers métropolitains qui choisiront le futur président de la Métropole en 2016.  Il y a un conseiller par tranche de 25 000 habitants. Issy les Moulineaux, Neuilly ou Antony en ont par exemple 3 conseillers, Rueil Malmaison et Courbevoie en ont 4 et Boulogne Billancourt en a 5 : avec le raz de marée annoncé dans les Hauts de Seine, l'UMP-UDI va probablement truster la quasi-totalité des 80 sièges du  département (le PS a d'ores et déjà perdu Clamart et ses 3 sièges, et il est menacé de perdre Asnières et Colombes soit 6 sièges).
De plus les communes échappant à la droite ont l'habitude (même au PCF) de voter avec elle…. Donc quand le PS perd, il perd beaucoup : en Seine St Denis Bruno le Roux le président du groupe PS à l'Assemblée Nationale a retiré sa liste faisant ainsi  cadeau de 2 conseillers au PC (alors qu'il aurait pu en négocier 1) ; dans le Val de Marne l'accumulation des pertes de petites villes dès le premier tour fait perdre une série de grappes de deux conseillers ( 2 à L'Hay les Roses, 1 à Limeil Brévannes…) ; en Seine St Denis le passage possible de grandes villes du PS à l'UMP (4 conseillers à Aulnay sous Bois, 2 autres à Villepinte) ou du PCF  à l'UDI (Bobigny a 2 conseillers), du PCF à l'UMP (3 conseillers au Blanc Mesnil) ou le faible score de certains élus à Paris, font que la barre des 50% pour la gauche est loin d'être atteinte. Dit autrement : si Asnières, Clichy, Colombes, Aulnay sous Bois et deux ou trois autres passent, comme c'est hautement possible, de gauche à droite  toute la Métropole bascule !

Petits arrangements entre ennemis

Une donne politique quasi ingérable s'annonce si la Métropole échoit à un élu de droite alors que l'UMP a voté contre au Sénat et à l'Assemblée. Personne à droite ne peut en tout cas assumer cette candidature. Hormis peut être le sénateur Philippe Dallier, le maire centriste de Sceaux Philippe Laurent ou, ce serait original, Nathalie Kosciusko Morizet si elle était battue à Paris.
Du coup la mission de préfiguration de la Métropole qui débute dans les prochains jours risque de se transformer en une immense foire aux marchandages. En effet quelque soit le résultat final, il est désormais sûr qu'un socialiste, pour être président de la Métropole, va devoir aller chercher des voix qui ne lui sont pas acquises à sa gauche et à sa droite. Il va falloir faire des arrangements et des compromis, ce qui peut ne pas d'enthousiasmer les citoyens

Chômage : le bilan Hollande en 5 graphiques


Inversion de la courbe ou non inversion de la courbe ? Au-delà des querelles de chiffres sur l’évolution d’un pourcentage ou sur le dessin d’une courbe qui permettent de sortir la réalité de son contexte, il reste possible de se faire une idée de l’évolution de la situation en se basant simplement sur l’évolution du nombre de personnes au chômage.
Les chiffres publiés ce 26 mars par la DARES permettent d’apporter une vision précise de cette évolution, et ce depuis l’entrée en fonction de François Hollande. L’approche du second tour des élections municipales est l’occasion de dresser un premier bilan de l’action du Président, et de son gouvernement. Malgré les démentis et les contorsions les plus variées, la hausse du chômage est un fait, et ce, dans des proportions très importantes.
Nombre de chômeurs supplémentaires depuis l’entrée en fonction de François Hollande (Cat A). En milliers.
454 000 chômeurs de plus en moins de deux ans. Voici le bilan du Président et du Gouvernement de Jean Marc Ayrault. Soit une hausse de 15.68%.

Progression en % du nombre de chômeurs en France depuis l’entrée en fonction de François Hollande.
Malgré la légère accalmie enregistrée à l’automne dernier, le mois de février (et ses 31 500 chômeurs supplémentaires) vient anéantir toute parole d’inversion de quoi que ce soit. La tendance est à la hausse, fortement à la hausse. Le nombre de chômeurs atteint un record historique dans le pays.
Le chômage des jeunes, régulièrement présenté comme un succès pour le gouvernement, progresse quant à lui de plus de 8% depuis mai 2012.  
Progression du nombre de chômeurs de moins de 25ans. Cat A. En %
Pour rappel, si François Hollande souhaite faire baisser le chômage des jeunes pendant son mandat, la courbe ci-dessus doit passer sous le niveau 0. Mais cette situation masque une autre réalité, car si les jeunes sont soutenus grâce aux « emplois aidés », ce sont les plus de 50 ans qui sont frappés de plein fouet par la baisse du niveau d’activité. La progression du nombre de chômeurs de plus de 50 ans atteint 28.70%, et ce en moins deux ans :
Progression du nombre de chômeurs de plus de 50 ans en catégorie A depuis mai 2012.
Aucune inflexion n’est ici perceptible, aucun mouvement, et le taux de progression est le double de la progression du chômage total (+15.68%). Le phénomène est nouveau pour le pays, dans ces proportions.
Malgré la progression de ces chiffres, il à noter que la part des personnes indemnisées est en recul constant, signe supplémentaire de la précarisation de la société.
Au-delà d’un remaniement ministériel, présenté comme une solution à la défiance qui a saisi le pays vis-à-vis de l’exécutif, le Président se doit de changer de politique. Les inflexions probables de la situation, au regard du contexte global, ne suffiront pas à apporter une réponse réelle aux problèmes du pays.
Ce sont déjà 23 mois qui ont été perdus par le Président dans un mandat qui en compte 60. Si ce dernier aime les courbes et les pourcentages, il n’est pas inutile de rappeler que 40% du temps qui lui est imparti par ses fonctions est déjà derrière lui.
Le chef de file des députés du Parti Socialiste, Bruno Le Roux, indiquait le 25 mars que François Hollande ressentait une certaine injustice dans le résultat des élections municipales. L’injustice de faire payer l’échec national aux élus locaux du Parti socialiste. La déconnexion vis-à-vis du réel, elle aussi, vient de franchir un nouveau record.

Immobilier : le retour des investisseurs en Europe du Sud


« Des portes de la mort au paradis immobilier. » Selon le « Wall Street Journal », les investisseurs s'aventurent de nouveau en Espagne, en Italie et même en Grèce à la recherche de bonnes affaires dans l'immobilier commercial. Ces investisseurs tablent sur des rendements élevés, même s'il existe toujours un risque sur ces économies. Certes, les loyers et les taux d'occupation sont faibles encore, mais de plus en plus d'économistes estiment que le pire de la crise financière est passé. « Les gens se réveillent en découvrant que l'Espagne n'a pas sombré dans la Méditerranée », affirme au « WSJ » Eric Adler, le directeur général de Prudential Real Estate Investors, qui vient d'investir 1,5 milliard de dollars en Europe en 2013 et table plus encore en 2014. Comme s'ils étaient prêts à faire main basse sur l'Europe du Sud, les investisseurs ont acheté en 2013 pour 178 milliards d'euros d'immeubles commerciaux, soit 17 % de plus qu'en 2012, et le niveau le plus élevé depuis 2007 avec une reprise nette au dernier trimestre de l'année dans les pays d'Europe du Sud. « Les investisseurs s'intéressent même à la Grèce, le pays de la zone euro dont la crise dure depuis le plus longtemps et dont le PIB s'est contracté d'un quart depuis 2008 », écrit le « WSJ ». « Ils ont besoin de nous », affirme Michael Topham de Hines, une firme du Texas qui envisage d'acheter des hôtels et des magasins en Grèce. Le sursaut d'intérêt des fonds de pension et des institutions financières, il est vrai, est encouragé par le faible niveau destaux d'intérêt. Paris et Londres, qui sont passés sans trop de difficultés à travers la crise, vont devoir affronter les pays du « Club Med ».

Duflot à Valls : «Si tu es nommé à Matignon, je m'en vais»


Lors d'un déjeuner, mardi, l'écologiste a assuré au ministre de l'Intérieur qu'elle ne resterait pas dans un gouvernement dont il prendrait la tête. «Une question de ligne», explique-t-on dans l'entourage de la ministre.
Requinqués par leurs bons résultats au premier tour des municipales, les écologistes posent leurs conditions en vue d'un remaniement de plus en plus probable. Lors d'un déjeuner, mardi, avec Manuel VallsCécile Duflot a été claire: elle ne figurera pas dans un gouvernement emmené par l'actuel ministre de l'Intérieur, l'un des favoris parmi les premiers ministrables. «Ce n'est pas une question de personnalité, c'est un problème de ligne», explique un conseiller.

Lors de ce repas, Cécile Duflot a expliqué à Manuel Valls ce qu'elle a répété ce mercredi lors du conseil des ministres: «Le FN grimpe du fait de la désespérance économique et sociale et non de l'insécurité ou de l'immigration», des thématiques au cœur du discours du ministre de l'Intérieur.
Les amis de Valls précisent que Duflot a parlé en son nom, et non au nom de son parti. Ils préfèrent se référer aux récentes déclarations de l'autre ministre vert du gouvernement, Pascal Canfin, qui avait indiqué que les écologistes ne quitteraient pas le gouvernement si Valls était nommé à Matignon
Entre Manuel Valls et Cécile Duflot, le désamour ne date pas d'hier. Les deux ministres s'étaient notamment écharpés à l'automne dernier au sujet des Roms. La ministre écologiste était allée jusqu'à accuser son homologue de l'Intérieur d'être allé «au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain» en affirmant que les Roms avaient «vocation à rentrer» dans leur pays d'origine.

Baselworld : les Chinois mettent l'horlogerie au point presque mort


Baselworld, le grand salon annuel de l’horlogerie, ouvre aujourd'hui ses portes à Bâle (Suisse). Venus du monde entier, 120 000 visiteurs professionnels sont attendus sur les bords du Rhin pour y découvrir les nouveautés de l’année présentées par 400 marques de montres et de bijoux. Après avoir volé de record en record, le secteur horloger semble marquer le pas. Grégory Pons, éditeur de Business Montres & Joaillerie, fait le point sur 204, "année de tous les dangers"…

Comment va l’industrie horlogère ?

Grégory Pons : Aujourd’hui moins bien qu’hier, mais bien mieux que demain. Les années de croissance à deux chiffres sont derrière nous. L’Europe se résume à l’horlogerie suisse, qui produit un peu moins de 30 millions de montres par an pour en exporter un peu plus de 27 millions (dont seulement 6,5 millions sont mécaniques). La France, l’Allemagne et l’Italie jouent un rôle très secondaire sur ce marché, lui-même ridicule par rapport au milliard de montres qui arrive chaque année sur le marché, généralement en provenance de Chine : ces centaines de millions de montres ont des mouvements à quartz qui valent moins d’un dollar, pour une montre finie à deux dollars. On est loin de la Richard Mille à 1,5 million de dollars…

La santé de cette industrie – au moins pour l’Europe – est complexe à évaluer.Le culte du secret et l’omerta sont traditionnels dans les maisons suisses : on ne dispose d’aucune donnée chiffrée officielle sur qui vend quoi à qui, où et pour combien. Heureusement, il y a des médias indépendants comme Business Montres, qui a publié les premières estimations réalistes à ce sujet. Tout ce qu’on peut dire, c’est que la crise financière de 2008-2009 a coûté près de 25 % de son chiffre d’affaires à la branche, qui s’imaginait crisis proof. Ensuite, la "bulle du crédit" en Chine et l’amour des Chinois pour les « montres de corruption » (le pot-de-vin local) ont permis de relancer la croissance entre 2010 et 2013, année d’une décélération marquée (moins de 2 % de croissance). Le coup de frein sur le marché chinois a été brutal (30 % de baisse au minimum) : comme les Chinois étaient les seuls à tirer la croissance, il faut s’attendre à une stagnation, sinon à une baisse en 2014. 
 

Pourquoi parlez-vous de "2014, année de tous les dangers" ?

Il y a cet essoufflement de la demande chinoise, qui assurait jusqu’aux deux tiers des exportations suisses, en Chine et dans les duty free touristiques. Ce moteur est en panne ! Il y a un niveau très élevé de stocks un peu partout dans le monde, à peu près un an et demi de ventes : avec le net tassement de la demande, il faudra du temps pour purger les tuyaux. D’autant que cette demande est en pleine mutation : les consommateurs des économies développées n’ont jamais autant aimé les belles montres, mais ils n’ont jamais eu aussi peu d’argent pour se les offrir. Ne serait-ce que parce que ces montres sont devenues trop chères pour qu’il soit raisonnable de les acheter ! Peu importe, puisque c’est la fin annoncée des grandes marques trop ostentatoires, des symboles statutaires et des montres surdistribuées qui n’existent plus que par leur pression marketing.

Même les Chinois évoluent : avec le nouveau patriotisme économique de l’équipe au pouvoir, en plus du culte de ce néo-chic prolétarien qu’impose Xi Jinping, ces Chinois achèteront chinois ! Dernier facteur de risque, qui vient coaguler tous les autres pour en démultiplier les effets crisogènes : nous sommes à la veille d’une révolution connectée où les smartwatches (objets nomades intelligentes) ont besoin de la place qu’occupent au poignet les montres traditionnelles. Pour l’instant, ces smartwatches sont nulles, moches et elles ne ressemblent à rien, mais le marché s’oriente clairement vers le design et vers de nouvelles fonctionnalités non téléphoniques qui rendront ces objets connectés totalement indispensables. On ne pourra plus se passer de ces « tours de contrôle » numériques et polyvalentes. Tout ceci me fait penser que l’horlogerie suisse a du souci à se faire…

Le temps des montres classiques est donc révolu ?

Bien sûr que non ! Tant que ça fait tic-tac dans la montre et dans le cœur des amateurs, il y a de l’espoir ! On n’efface pas quatre siècles d’excellence dans les objets du temps avec des gadgets connectés, aussi addictifs soient-ils. La belle montre reste un accessoire de parure indispensable et peut-être même consubstantiel à l’art de vivre européen. C’est ici – en Ecosse, en Saxe, en Grèce, en France – qu’on a inventé, avant tout le monde, le décompte fin et précis du temps, en gravant des os ou en peignant des grottes voici 30 000 ans, en  dessinant des calendriers lunaires avec des pieux plantés dans le sol, en forgeant le disque de Nebra ou en imaginant la machine d’Anticythère, il y a 2 200 ans (c’est le premier ordinateur mécanique dédié au temps). Depuis, on a inventé les horloges de clocher et les montres de poche, puis les montres-bracelets où on peut désormais loger une horloge atomique. Souvent abonnée aux plus incroyables erreurs marketing (elle n’a vu venir ni le grand virage industriel de la fin du XIXe siècle, ni l’assaut des montres-bracelets dans les années 1910-1920, ni la révolution du quartz dans les années 1970), la Suisse horlogère a toujours su se réveiller à temps, se revigorer et revenir au premier rang. 

Un nouvel enjeu affole les boussoles : c’est la carpo-révolution (révolution du poignet), où la montre suisse va perdre des plumes, mais il est douteux qu’elle y soit dépouillée de sa suzeraineté et de sa légitimité. Le défi, c’est celui de la créativité accessible : quand tout le monde aura, au quotidien et au poignet, une smartwatch utilitaire et multifonctionnelle, comment recréer du désir et comment redonner envie aux jeunes générations de porter des belles montres rétro-nostalgiques, artisanales, sinon artistiques, et saturées de significations socio-culturelles ? C’est aux nouveaux créateurs d’imaginer de nouveaux concepts et de les proposer à des prix « normaux » qui ne relèveront pas, comme aujourd’hui, de l’extorsion de fonds et de l’escroquerie en bande organisée…

La montre suisse peut-elle sérieusement résister au tsunami des géants de l’électronique ?

Oui, parce qu’il ne faut pas confondre la quantité et la qualité. Le seul budget annuel de communication de Samsung dépasse le chiffre d’affaires annuel de toute l’industrie suisse. Sur le papier, il n’y a donc pas photo et la Suisse va au massacre. Sauf qu’on ne sait pas faire de belles montres, universellement reconnues et appréciées comme telles, ailleurs qu’en Suisse, seul pays développé riche de quatre siècles de traditions mécaniques, fort d’une culture du temps structurante et fier d’un tissu artisano-industriel unique au monde. Pour ne pas rester un simple gadget pour geeks, la montre connectée devra ressembler à une vraie montre. C’est à présent aux Suisses de faire un effort d’imagination pour prouver que d’autres horizons restent possibles pour la montre traditionnelle, soit en intégrant de l’électronique – aujourd’hui tabou – dans leurs belles mécaniques, soit en créant des nouveaux objets du temps qui seront autant de bonnes raisons de continuer à s‘acheter – moins souvent, certes, dans de moindres quantités et moins coûteusement – de vraies belles montres. 


Il fut un temps où Apple inventait, dans un garage, un Macintosh qui allait mettre à genoux le géant IBM et reformater toute l’économie de l’électronique nomade : aujourd’hui, le Mac face à IBM, c’est, face à Samsung, Apple et les autres, la montre suisse à laquelle personne ne croit plus (sauf une tribu d’Indiens dans son réduit alpin). Admettons que la Suisse ait déjà perdu (d’avance) la bataille du poignet face aux prothèses numériques connectées : elle est cependant loin d’avoir perdu la guerre de l’objet de parade, biologiquement nécessaire à l’égo masculin comme à la séduction féminine. On n’a encore rien trouvé de mieux que la montre pour étancher cette volonté de puissance…
 

Meilleure offre pour l'aéroport d'Athènes


La société grecque Lamda Development, soutenue par le groupe multinational Global Investment, a amélioré son offre pour la reprise de l'ancien aéroport Hellinikon à Athènes, a indiqué mercredi l'Agence étatique de privatisation (Hradf).L'offre, présentée par le consortium mené par Lamba, de 915 millions d'euros, est supérieure de 25% par rapport à l'offre initiale, a précisé l'agence étatique.
Les autorités se prononceront sur cette offre "dans les prochains jours", a précisé l'agence. Le site de prestige Hellinikon à Athènes, le plus important projet immobilier en Grèce qui comprend des sites abandonnés des jeux Olympiques d'Athènes de 2004, une zone côtière de 3,5 km de long et une marina, est en vente depuis décembre 2011.

Lamda Development est restée seule en lice après la première phase de l'appel d'offres lancé il y a un an. Deux autres sociétés avaient exprimé leur intérêt la britannique London and Regional Properties et l'israélienne Elbit Cochin Ltd.

D'une étendue de 620 hectares, le site de Hellinikon est aussi grand que Central Park à New York. Son exploitation via des résidences et/ou parcs d'activités, devrait accroître de 0,3% le PIB du pays surendetté, selon les estimations des experts.

La Grèce s'est engagée auprès de ses bailleurs de fonds, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, à procéder à un vaste programme de privatisations de 9,5 milliards d'euros d'ici à 2016, dont 3,5 milliards doivent être engrangés en 2014. Mais l'avancement du programme des privatisations a pris un retard important

Supplice chinois

Supplice chinois


Loin de nous l'idée d'offenser le vénérable président chinois Xi Jinping pour qui la France déploie obséquieusement ses fastes républicains et versaillais dans la quête de juteux contrats. Il n'empêche que la rituelle publication des chiffres du chômage prend, pour l'exécutif, l'allure d'un vrai « supplice chinois ». Mois après mois, et à de trop rares exceptions près, Pôle emploi retourne le couteau dans la plaie et condamne le gouvernement à des commentaires qui relèvent plus de la jérémiade que de l'explication convaincante. Au demeurant, plus personne ne peut adhérer aujourd'hui au discours sur « l'effort à poursuivre ».
C'est que les chiffres sont plus têtus encore que l'obstination du gouvernement à se dire sur le bon chemin. En février dernier, on a enregistré 31.500 chômeurs de catégorie A en plus. En somme, après la « baisse de la hausse » à laquelle s'accrochait le gouvernement, survient une « augmentation de la hausse » qui réduit ses espoirs à néant. Rien de tout cela n'est surprenant. La preuve était déjà faite que le traitement social du chômage ne suffit pas sans politique économique stimulant les entreprises (donc les emplois), et sans croissance.
À quelques jours du deuxième tour des municipales, ces chiffres ne vont rien arranger pour le PS. Ils vont surtout accroître le casse-tête de François Hollande dans la recherche d'un point d'équilibre dans la constitution du prochain gouvernement. Car l'aile gauche du PS et les Verts y voient un argument supplémentaire pour appeler à une inflexion de la politique sociale-libérale de François Hollande.
Comment le chef de l'État va-t-il concilier les contraires qui, déjà, et de façon un peu indécente, animent dans les couloirs la course aux futurs maroquins ? Pour constituer une équipe « cohérente et resserrée », François Hollande va devoir s'affranchir de sa marotte stérilisante de la « synthèse permanente ». Beaucoup de temps a été perdu dans l'harassante gestion des couacs gouvernementaux. Il est temps que prenne fin, aussi, le « supplice chinois » enduré par Jean-Marc Ayrault.

Demi-mesures et renoncements... Pourquoi le vrai problème de François Hollande n’est ni Jean-Marc Ayrault ni sa “fausse” politique sociale-libérale mais lui-même


Bruno Le Roux, le chef des députés PS, a assuré que le président de la République voyait une forme d'injustice à reprocher aux maires socialistes des éléments qui ont trait à la politique nationale. Chef de l'Etat qui songerait d'ailleurs à baisser les impôts. Une façon de de reconnaître sa responsabilité dans la situation ?

Après la débâcle du Parti socialiste (PS) au premier tour des élections municipales, les Français sont 69% à souhaiter un changement de Premier ministre (sondage Ifpo/Sas pour iTélé et 20minutes à lire ici). Mais Jean-Marc Ayrault est-il aujourd'hui le réel problème de la majorité ? Quelle responsabilité François Hollande porte-t-il dans ce désaveu ?

Jean-François Kahn : Le problème de la majorité, ce n'est pas Jean-Marc Ayrault mais François Hollande. Et lors de ce premier tour des municipales, les citoyens ont voté contre le président de la République. Dans ce cas, on peut toujours remanier, cela ne changera rien. Sauf à nommer, peut-être, un Premier ministre qui ne soit pas le clone de François Hollande. Plus que de remanier, il faudrait en fait respecter la constitution de la 5e République qui veut que ce soit le Premier ministre qui gouverne, qui ouvre les perspectives, qui mobilise. En somme, il faut transformer François Hollande en Reine d'Angleterre. 
Laurent Bouvet : Jean-Marc Ayrault n'est pas le réel problème de la majorité, bien évidemment. Le système de la 5e République, et plus particulièrement du quinquennat hyperprésidentiel tel que François Hollande l'applique (comme le faisait Nicolas Sarkozy auparavant), ne donne pas sa réelle place au Premier ministre. La responsabilité de cette situation incombe donc à l'Elysée. Le chef de l'Etat possède une responsabilité d'autant plus grande que sa méthode de gouvernance est extrêmement difficile à comprendre et à lire même pour les membres du gouvernement. Lui seul connait l'ensemble des tenants et des aboutissants sur chaque sujet. Et on en voit bien les limites car depuis le début du quinquennat, il y a des couacs, des stop and go. Je pense notamment à la réforme fiscale lancée par le Premier ministre, puis abandonnée, ou encore au pacte de responsabilité. Ou même sur l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, le gouvernement a fait de grosses erreurs de communication. Il gouverne par le flou artistique. Il est le seul à savoir où il en est. On peut même avoir un doute sur le fait qu'il sache lui-même où il va.
Bien sûr la gouvernance Hollande n'explique pas à elle seule les résultats de ce premier tour. Le fait qu'il ait abandonné certaines mesures, qu'il en ait repoussé d'autres contribue également à cette débâcle. Par exemple sur la PMA, le candidat Hollande l'avait promise sans la mettre au programme pour finalement la retirer de la loi sur la famille. Loi sur la famille, elle-même remise à plus tard. On a l'impression qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion. Après, il y a l'orientation de la politique elle-même. Les citoyens n'arrivent pas à comprendre où va François Hollande. Par ailleurs, le Chef de l'Etat a commis une erreur de jugement en négligeant les élections municipales. Il a minimisé ce scrutin local, pensant qu'il ne serait pas impacté par le national.
En termes de politique économique, quelles sont les vraies réalisations de François Hollande ? Sur quelles mesures y a-t-il eu des revirements et des couacs ? Quelles sont celles que l'on attend toujours ?
Olivier Passet : Les grands couacs, on les connaît : la fiscalité sur les plus-values de cession, qui a valu au gouvernement la rébellion des "pigeons", le fiasco de la taxe à 75 %, les ratés sur les dispositifs de lutte contre l’optimisation fiscale, retoqués par le Conseil constitutionnel, la cacophonie sur le message de pause fiscale pour les entreprises fin 2013, message aussitôt percuté par le projet vaseux de taxe sur l’EBE et les annonces très mal gérées concernant la fiscalité écologique… la liste est longue. De façon générale, même si le gouvernement a mené assez vite une politique de l’offre camouflée, il a sous-estimé les problèmes de trésorerie aigus auxquels étaient confrontés les TPE et les PME qui opèrent sur le territoire. Ces dernières sont aujourd’hui piégées par une demande intérieure française et européenne totalement atone, où la déflation rampante consume les marges. La mortalité record des entreprises en 2013 (plus de 63 000), notamment des plus petites, en témoigne.
Dans le champ de la politique industrielle, les erreurs sont également nombreuses, le point d’orgue ayant été atteint avec l’affaire Florange. L’erreur n’est pas d’avoir évoqué une nationalisation. Elle est surtout de l’avoir évoquée sans projet de restructuration élaboré derrière. Le projet ULCOS d’acier propre, que le gouvernement avait présenté comme une issue possible, s’est avéré être une chimère. Pour l’heure, et on l’a vu encore récemment avec la question du rachat de SFR, ou encore avec Daily motion, les interventions gouvernementales dans le champ industriel paraissent hasardeuses.
Troisième grand domaine de loupé, la politique d’emplois aidés. Que l’on soit pour ou contre, le gouvernement n’a pas atteint ses objectifs. Il a d’abord raté sa cible sur les emplois d’avenir. Fin décembre, la DARES estimait à 66 700 le nombre des emplois d’avenir (dans les secteurs marchands et non marchands). Assez loin des 100 000 visés par le gouvernement. Par ailleurs d’autres gros bataillons d’emplois aidés sont en recul cette année. C’est le cas des contrats en alternance (570 000 fin décembre, y compris les contrats de professionnalisation), qui régressent de 38 000 sur un an. Sur d’autres catégories d’emplois aidés comme le CIVIS (contrat d’insertion dans la vie sociale), les données ne sont pas encore disponibles. Il n’est pas exclu que dans sa globalité, l’emploi aidé n’ait pas ou a peu augmenté sur un an. A cela s’ajoute le fait qu’en rehaussant la TVA sur les travaux de rénovation et en baissant les aides aux services à la personne, le gouvernement a plombé deux gros gisements d’embauche des moins qualifiés.
Il y a ensuite, ce que l’on peut appeler la liste des demi-mesures. Le gouvernement a choisi de privilégier la concertation. On ne peut pas le lui reprocher, mais c’est une machine qui inévitablement "détrempe" les projets les plus ambitieux. On l’a vu avec la réforme de la formation professionnelle. On reste dans ce domaine dans l’amélioration à la marge. La création du compte personnel de formation (CPF) est un Droit individuel à la formation (DIF) à peine amélioré. Il prévoit 150 heures de formation sur neuf ans contre 120 heures de formation sur six ans pour le DIF, soit 30 heures de formation supplémentaires sur trois ans. C’est trop peu. Le rôle de collecte des Opca est, quant lui, à peine remis en cause. Autrement dit, il n’y a pas de vraie révision du mode de gestion du système de formation et pas de réel dispositif qui corrige l’inégalité d’accès à la formation. Je pourrais encore évoquer, plus proche de nous, la réforme de l’assurance chômage. Mais ce que l’on voit aussi avec la concertation, et c’est inévitable, c’est qu’il est très difficile de produire de la simplification. Simplification pourtant annoncée. Le gouvernement a par exemple lancé trois chantiers parallèles concernant les impôts, assises sur la fiscalité des ménages, assises sur la fiscalité des entreprises plus les négociations sur le pacte de responsabilité. Or la fragmentation des négociations et la conjugaison des intérêts particuliers peuvent difficilement aboutir à un big bang fiscal. On l’a vu avec l’enterrement du projet de fusion IR/CSG par exemple. On le voit encore la mise en échec du projet de suppression des cotisations familiales et la pérennisation probable du système du CICE qui se voulait provisoire.
En faisant ce constat, je ne nie pourtant pas l’utilité de la concertation. Il y a aussi beaucoup d’exagérations autour de la nécessité d’un électrochoc, de grands soirs réglementaires et fiscaux. Beaucoup d’illusions sur la simplicité des autres pays. Cette surenchère caricaturale des champions du  "y a qu’à" est également contre-productive. La France est aujourd’hui confrontée à un problème de compétitivité réel mais qui reste à la portée de réformes mesurées. Elle l’a fait à d’autres moments de son histoire. Et ce processus est toujours coûteux politiquement, voire chaotique, comme il l’a été pour l’Allemagne de Schröder.
Si l’on quitte maintenant le champ des cacophonies et des demi-mesures, dont les médias se repaissent, il faut reconnaître une véritable orientation en faveur de l’offre, d’abord déguisée et puis assumée depuis plusieurs mois.
La principale réalisation de François Hollande, c’est incontestablement le CICE, avec le tournant du pacte de compétitivité, puis du pacte de responsabilité, dans le prolongement du rapport Gallois. 20 milliards de baisse de charge, c’est financièrement important pour les entreprises. Même si Louis Gallois prônait plutôt 30 milliards applicables jusqu’à 3,5 SMIC, on ne peut parler de demi-mesure. Et le gouvernement va d’ailleurs se rapprocher au final de l’objectif avec le pacte de responsabilité. Les montants en jeu font plus que doubler la mise par rapport aux allègements déjà acquis depuis 1993. Les résultats sont tangibles dès à présent. L’écart de coût du travail s’est réduit de 1,7% cette année avec l’Allemagne, alors que la mesure n’est que partiellement mise en œuvre encore. Sur ce plan, le cap paraît clair, puisque l’enveloppe sera portée à 30 milliards en 2015. Certes les modalités définitives des allègements sont encore en discussion. Il a été question de consolider dans un dispositif unique le CICE et la suppression des cotisations familiales. Mais on s’éloigne peu à peu de cette solution qui aurait pourtant permis de simplifier un peu notre usine à gaz fiscale.
Il faut souligner par ailleurs la constance des politiques en faveur des start-up de croissance, malgré la crise. Et cette constance finit par payer. Le gouvernement s’est certes contenté de ré-abonder ou de renforcer des dispositifs existants (celui des investissements d’avenir, le crédit impôt-recherche) ou de les consolider (la BPI). Résultat, la France est aujourd’hui championne d’Europe en termes de start-up technologiques de croissance, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Ce qui a été fait autour de  la French tech va également dans le bon sens et ne relève pas seulement du symbole. La création d’une marque, la mise en réseau, le travail autour de l’image internationale ou les systèmes de bourses, sont des éléments très positifs et insuffisamment relayés par les médias.
Mais au-delà de ce bilan sommaire, des ratés comme des réussites, (j’aurais pu aussi évoquer les incertitudes sur la réduction de la dépense publique), la vraie question est de savoir si une véritable stratégie d’ensemble se dessine. Et le gouvernement est en la matière à la croisée des chemins. Soit il continue, comme ses prédécesseurs, à concentrer ses efforts sur l’emploi le moins qualifié et à détourner la politique de baisse de charges de son objectif premier, celui de la restauration de notre compétitivité. Il mènera alors une politique déguisée de relance de la consommation, de sape de la productivité et passera définitivement à côté de l’urgence. Soit, il concentre véritablement son soutien sur les secteurs porteurs les plus exposés, et il relèvera véritablement le défi du moment. Mais cela ne suffit pas. Soit encore, il maintient sa posture purement défensive à l’égard de la concurrence fiscale et sociale européenne. Soit, il fait entendre sa voix pour que les efforts de restauration de notre compétitivité ne se diluent pas dans la déflation de nos partenaires et la hausse de l’euro. Cette voix française, en faveur de plus d’harmonisation et de coordination européenne, on ne l’entend pas, ou trop peu, aujourd’hui. C’est peut-être là, le plus gros manque de la politique que mène aujourd’hui le gouvernement.

François Hollande fait-il payer à la majorité des politiques de la demi-mesure ?

Laurent Bouvet : La majorité paye des hésitations, des variations par rapport au programme annoncé. Lorsque l'on réalise des réformes, il y a toujours des ajustements et des réglages, des gens qui estiment que ce n'est pas assez. On perd nécessairement des électeurs en route. Le problème c'est que François Hollande a perdu la totalité de ses électeurs en raison du manque de lisibilité.
Jean-François Kahn : Je ne suis pas d'accord sur l'utilisation du terme "demi-mesure", François Hollande a entrepris de grandes réformes. On peut ne pas être d'accord mais on ne peut pas dire que le mariage pour tous n'est pas une réforme de grande ampleur. Le pacte de responsabilité, je suis contre, mais ce ne sont pas des "petits pas", il va même plus loin que Sarkozy. Il ne explique pas sa politique, on ne sait pas pourquoi il la mène mais il l'a mène.

Quelles sont aujourd'hui ses erreurs d'analyse les plus flagrantes ?

Laurent Bouvet : Je pense qu'il néglige un peu trop la manière dont les questions de société impactent le pays. C'est un défaut structurel, il pense qu'il n'y a que l'économie qui compte et que si l'économie s'améliore, tout ira beaucoup mieux politiquement. Avec le mariage pour tous, il pensait qu'il n'y aurait pas de conséquence et que cela pouvait masquer les mauvaises performances sur le plan économique. Ce long affrontement a laissé des traces. Il a une vision très technocratique et tactique de la politique. Les dimensions de compréhension plus fines, de profondeur historique lui échappent.
Jean-François Kahn : Encore une fois, il fait la même erreur d'analyse que la droite en matière économique et sociale et dans les deux cas, nous allons dans le mur. A supposer que l'on soit favorable à la politique menée par le gouvernement, car la droite sur la politique économique et sociale devrait être d'accord, il fallait se présenter aux électeurs en le disant clairement. Il fallait dire : "Ca va être dur, on va réduire dans les dépenses, je vais réduire le pouvoir d'achat mais je le fais dans l'intérêt national". Comme cela n'a jamais été dit clairement, les Français le ressentent comme une trahison. 

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a d'ores et déjà laissé entendre que s'il y avait un remaniement, il ne s'accompagnerait pas d'un changement de cap. Comment sortir le président de sa bulle ? Et qui pourrait le faire ?

Laurent Bouvet : Ca va devenir difficile. Parce que les municipales ont justement rendu encore moins efficace l'arme du remaniement. Il ne lui reste donc pas grand-chose. Il ne changera pas de politique en raison des contraintes budgétaires imposées par Bruxelles, il ne fera pas de dissolution. Je pense que le président est réellement dans l'impasse.
Jean-François Kahn : Je pense qu'il est profondément comme cela et il ne changera absolument pas. C'est pour cela que le problème aujourd'hui, ce n'est pas le remaniement, ce n'est pas Ayrault. Il faut dégager François Hollande mais par le haut car je ne suis pas putschiste. Il faut le transformer en Reine d’Angleterre !