TOUT EST DIT

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lundi 24 mars 2014

Premier tour des municipales 2014 : la droite savoure, la gauche cherche des solutions pour masquer la déroute, le FN en arbitre


La droite a recueilli 46,54% des suffrages exprimés, la gauche 37,74%, l'extrême droite 4,65% et l'extrême gauche 0,58%, selon les résultats donnés par le ministère de l'Intérieur.
Après le temps des résultats, place à celui des analyses. Ce dimanche, le principal enseignement du premier tour des élections municipales est le suivant : le FN a réalisé une spectaculaire poussée. Le parti de Marine Le Pen remporte notamment la mairie d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) avec l'élection de Steeve Briois dès le premier tour et arrive en tête à Perpignan, Avignon, Forbach, Béziers et Fréjus. Concrètement, selon les résultats donnés dimanche dans la soirée par le ministère de l'Intérieur, la droite a recueilli 46,54% des suffrages exprimés, la gauche 37,74%, l'extrême droite 4,65% et l'extrême gauche 0,58%. Et de noter que la participation n'est que de 64,13%, contre 66,54% en 2008. Avec une abstention dépassant les 37%, il s'agit d'un nouveau record pour ce type de scrutin.


Mais les urnes témoignent aussi d'une sanction de la gauche au pouvoir, pour son premier grand test depuis l'élection de François Hollande en mai 2012. Dès lors en vue du second tour, nombreux socialistes ont appelé dès dimanche à faire barrage au Front national, mais l'UMP rejette toute idée de "front républicain" et entend se maintenir en cas de triangulaire

Quel avenir pour la gauche ?

Ce lundi matin, les socialistes font grise mine. Le PS a en effet été victime une déroute, une méga claque lors du premier tour des élections municipales. La gauche a subi de plein fouet le mécontentement de plus en plus grand des Français vis à vis de l’exécutif. Au plus bas dans les sondages (deux ans après son élection, François Hollande est le président le plus impopulaire de la Ve République, ndlr), ce ne sont pas les résultats de ce premier tour qui vont redonner le sourire au PS. Dès lors, quel comportement adopter en vue du second tour, et notamment dans les villes où il y aura des triangulaires ? A ce sujet, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est montré très clair : "Là où le Front national est en situation de l'emporter au second tour, l'ensemble des forces démocratiques et républicaines ont la responsabilité de créer les conditions pour l'empêcher".

Dans la foulée, le chef du gouvernement a tenté de trouver une explication à la déroute du PS. Il a estimé que "certains électeurs ont exprimé par leur abstention ou leur vote leurs inquiétudes, voire leurs doutes". Et de poursuivre en indiquant que ce premier tour s'est déroulé dans "un contexte économique et social difficile", mais aussi sur fond de "politique de redressement indispensable mais exigeante" engagée par le gouvernement.

"Dans la plupart des communes, la campagne va se poursuivre pour le second tour. La priorité est de rassembler toutes les forces de la gauche. Quand il n'a pas été réalisé au premier tour, l'heure est au rassemblement le plus large et le plus vite possible", a demandé le Premier ministre. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a estimé tard dans la nuit de dimanche à lundi que "tous les responsables politiques" devaient entendre le message de l'abstention "trop élevée" au premier tour des élections municipales. Mais "c'est aussi bien sûr de la responsabilité du gouvernement. Le Premier ministre l'a dit, il y a quelques heures", a relevé le ministre avant d'ajouter que "ce message nous invite à tout mettre en œuvre pour redonner confiance en l'action publique, pour restaurer ce lien qui existe entre les citoyens et leurs élus". Toutefois, Manuel Valls a tenu à souligner que "rien n'est joué" pour son camp pour le second tour.

Le principal symbole de la gifle reçue par les socialistes est très certainement le vote de Marseille. En effet, le PS avait fait de la cité phocéenne son espoir principal, celui qui allait masquer les pertes d'autres villes. Mais rien ne s'est passé comme prévu car Patrick Mennucci a subi un revers cinglant au premier tour, étant même devancé par le candidat du Front national. En effet, le maire sortant Jean-Claude Gaudin (UMP) arrive en tête avec 38,8% des voix, Stéphane Ravier du FN 23,2% et le député socialiste seulement 19,8%, selon les résultats de 376 bureaux dépouillés sur 478. S'exprimant devant la presse à son siège de campagne, Patrick Mennucci s'est tout de même montré combatif. "Au-delà des apparences des chiffres, rien n'est joué", a-t-il assuré.

"Je pense qu'on peut encore gagner, il s'agit de nous rassembler", a-t-il insisté, lançant un appel à Jean-Marc Coppola, 53 ans, chef de file du Front de gauche (6,86%), et Pape Diouf, 62 ans, à la tête d'une liste citoyenne (5,45%). Une véritable bérézina. Autre résultat spectaculaire : Niort a basculé à droite après près de 60 ans de gouvernance de la gauche, tandis que les sorts de Strasbourg et Toulouse, que le PS avait enlevé à la droite en 2008, sont très incertains.

Cependant, à l'image du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone et du ministre de l'éducation Vincent Peillon, le PS à la « mobilisation » pour le second tour, pour faire barrage au FN. Car au niveau municipal, un nouveau tripartisme politique semble s'installer, même si plusieurs des futures triangulaires avec le FN devraient permettre au PS de conserver des mairies.

La percée du Front national : "la fin de la bipolarisation de la vie politique" ?

Le parti de Marine Le Pen a réalisé un score historique ce dimanche au premier tour des municipales. Le parti frontiste a, semble-t-il, surfé sur une abstention record et les effets délétères des affaires qui ont secoué la classe politique ces dernières semaines. Principal fait d'armes, le Front national a conquis la ville d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) dès le premier tour. Ainsi, la liste du secrétaire général du FN, Steeve Briois, a rallié 50,26% des voix, loin devant le maire sortant divers gauche Eugène Binaisse (32,04%), dans cette ville de 27 000 habitants. C'est la première fois de son histoire que le parti d'extrême droite gagne dès le premier tour une ville de plus de 10.000 habitants. Mais à Perpignan, Avignon, Forbach, Béziers et Fréjus, le FN est arrivé en tête du premier tour et apparaît en mesure de remporter d'autres victoires.

"La règle est que nous nous maintiendrons, il peut y avoir une ou deux exceptions", a déclaré Marine Le Pen sur France 2, laissant entendre qu'il pourrait y avoir ici où là, au niveau local, des tractations avec des responsables de l'UMP.

"C'est la fin de la bipolarisation de la vie politique française, le Front national arrive comme une grande force autonome, une grande force politique, plus seulement nationale, mais également locale", a-t-elle estimé sur TF1. "Le Front national s'implante comme il voulait le faire, et il s'implante avec un cru assez exceptionnel." "Le Front était jusqu'ici un vote national, nous sommes en train de démontrer qu'il est aussi un vote local, un vote qui s'est enraciné", a renchéri le vice-président du FN, Florian Philippot, qui a obtenu près de 36% à Forbach.

Globalement, le parti d'extrême-droite devrait être présent dans plus d'une centaine de triangulaires, dépassant son précédent de 1995 où il s'était maintenu dans 119 villes de plus de 30 000 habitants au second tour. Le FN semble donc en mesure de faire mieux que cette année-là où il avait conquis trois villes : Toulon, Marignane (Bouches-du-Rhône) et Orange (Vaucluse), auxquelles Vitrolles (Bouches-du-Rhône) s'était ajoutée en 1997.

Une poussée du FN qui a fait réagir. La maire de Lille, Martine Aubry (PS) notamment a jugé dimanche soir que la droite avait "banalisé les thèses du Front national"."Pour moi c'est une grande tristesse, parce que je sais que le Front national n'apportera rien pour redresser Hénin-Beaumont" et aussi "parce que, partout en France, le Front national augmente", parce que "la droite a banalisé les thèses du Front national"a-t-elle estimé."Si le Front national apparaît à certains comme une solution alors qu'il n'a jamais, jamais été une solution, c'est parce que la droite a banalisé ses idées de division, d'opposition et de repli sur soi. Quand j'entends ce soir M. Copé qui explique qu'il ne fera pas jouer le front républicain, qu'il laissera un Front national gagner et qu'il n'appellera pas à voter socialiste, je me dis que la droite n'a plus rien à voir avec le gaullisme", a assuré la maire de Lille.

L'UMP peut avoir le sourire

La droite a de quoi se féliciter ce lundi matin. Les résultats du premier tour des élections municipales lui sont extrêmement favorables avec une légère progression au plan national et la réélection de plusieurs de ses ténors, dont son président Jean-François Copé. Une bonne nouvelle qui arrive après un an de discorde interne et de nombreuses affaires révélées dans la presse. « Les conditions d'une grande victoire sont réunies pour le second tour », a assuré Jean-François Copé, élu pour la quatrième fois consécutive à Meaux (Seine-et-Marne), avec environ 64% des voix.

Comme lui, d'autres anciens ministres UMP ont été réélus dès le premier tour avec de très confortables scores, notamment Laurent Wauquiez au Puy-en-Velay en Haute-Loire (plus de 67%), François Baroin à Troyes dans l'Aube (62,56%) ou Alain Juppé à Bordeaux (près de 60%). Mais le principal motif de satisfaction pour l'UMP est peut-être le score du parti à Paris. En effet, à la surprise générale, Nathalie Kosciusko-Morizet a fait mentir tous les sondages. Elle est arrivée en tête devant sa rivale socialiste Anne Hidalgo. Si les listes de NKM sont distancées dans deux arrondissements clés pour l'issue du scrutin le 30 mars, les 12e et 14e, la candidate UMP a obtenu 35,64 % des voix, un peu plus d'un point de plus qu'Anne Hidalgo, qui totalise 34,40 % des suffrages.

Le "peuple de Paris", "libre et rebelle", a "fait mentir tous les pronostics", s'est félicitée Nathalie Kosciusko-Morizet. "Le changement est possible, il est tout proche", a-t-elle lancé aux militants soulignant que, parmi ses têtes de liste, "certains sont élus dès ce (dimanche) soir". "On nous annonçait comme une évidence le triomphe de l'équipe sortante, c'est le contraire qui s'est produit ce (dimanche) soir" dans la capitale, a ajouté la candidate UMP. "Après 13 ans de pouvoir sans partage, deux Parisiens sur trois ont condamné l'équipe sortante", ont "dit leur volonté de changement", "refusé de se plier aux ordres du pouvoir et de ses relais", "crié leur désir d'une nouvelle énergie", a-t-elle martelé.

Si l'UMP arrive donc en tête au soir du premier tour, à l'heure actuelle peu de villes ont basculé de gauche à droite (la principale étant Niort). Il va donc falloir s'en remettre à des triangulaires dans 114 villes. Quelles sont donc les consignes à suivre dans ces cas là ? Jean-François Copé, fermement opposé à la politique du Front républicain, répète à l'envi que l'UMP "ne fera jamais d'alliance avec le Front national". Il a aussitôt appelé "celles et ceux qui ont voté pour le FN pour marquer leur colère" à "reporter leur voix" sur les candidats de l'UMP dimanche prochain.

Dans le même état d'esprit, François Fillon, ancien Premier ministre, a lui aussi invité "les électeurs ayant voté pour le Front national à nous rejoindre dimanche prochain", tout en répétant que "vis-à-vis du Front national, aucun désistement et aucune alliance ne peuvent être, pour l'UMP, envisagés". Il s'est félicité de la "poussée importante de la droite et du centre" pour ce premier tour, y voyant pour la gauche "les conséquences d'une politique gouvernementale inefficace et impopulaire". Et de mettre en garde : "Cependant, rien n'est encore joué".

Une cinglante punition


On nous avait dit que cette «non-campagne» ne pouvait accoucher que d'un non-événement. Que 36.000 microclimats providentiels protégeraient les socialistes du vent de déception et de colère qui souffle sur le pays. Que les électeurs de la droite, découragés par les «affaires» et la guerre des chefs, préféreraient rester chez eux. Que la spectaculaire sortie de Nicolas Sarkozy ne servirait à rien… Tout faux! Une fois encore, les augures chaussés de lunettes roses se sont lourdement trompés.
Non seulement le vote d'hier soir, marqué par la victoire de la droite et la forte poussée du FN, n'échappe pas à cette loi d'airain qui veut que les scrutins intermédiaires soient pour les électeurs l'occasion d'exprimer leur mécontentement, mais il donne à cette sanction toutes les apparences d'une cinglante punition. Pour la majorité, c'est un désaveu clair, net et sans bavure. Pour François Hollande, deux ans après son élection, la concrétisation d'un échec personnel et politique, qui le laisse, au moment d'aborder la phase cruciale de la «relance» de son quinquennat, dans une situation d'extrême fragilité.
L'UMP, qui se réjouit bruyamment - c'est de bonne guerre -, aurait tort cependant de ne pas voir que la vague bleue est surtout le produit du ressac rose. Ses électeurs se sont nettement moins abstenus que ceux du camp d'en face, mais la reconquête des cœurs et des esprits reste à accomplir.
Victoire relative, donc, et fragile aussi: l'enracinement du Front national - dont témoignent certains succès remarquables dans le sud et le nord du pays - fait peser sur la droite, via la multiplication des triangulaires, une vraie menace au second tour. Si elle ne sait pas trouver les mots pour convaincre les électeurs frontistes de (re)venir à elle, l'UMP pourrait ici ou là déchanter dimanche prochain.
Au-delà, la persistance d'un vote Front national puissant, conjugué à une abstention forte qui ressemble de plus en plus à un vote protestataire «atténué», est un avertissement sans frais. Il vaut aussi bien pour le PS que pour l'UMP.

Hollande critiqué pour être allé voter en Corrèze en Falcon


Inscrit dans un bureau de vote de Corrèze, François Hollande a utilisé le jet présidentiel pour aller déposer son bulletin dans l'urne et rentrer à Paris.
Le voyage a coûté 9200 euros, selon une information transmise par l'Élysée au Parisien. Pour le premier tour des municipales, le président a utilisé le Falcon présidentiel pour se rendre dans son fief de Tulle, en Corrèze, pour voter et en revenir.
Un voyage qui a suscité des critiques sur Twitter:
Le président n'a pas respecté ce dimanche les positions qu'il a plusieurs fois exprimées en faveur des économies de moyens pour le fonctionnement de l'État. Au mois d'août 2012 François Hollande avait signifié dans les médias sa préférence pour le TGV lorsqu'il s'était rendu au fort de Brégançon. Le rail «correspond à mes principes», déclarait encore François Hollande qui voulait alors marquer son souci d'économie.
Pour mémoire, au soir de son élection, le président s'était déjà vu reprocher d'avoir utilisé deux jets privés Falcon 900 B pour rentrer au plus vite de la Corrèze; un aller-retour alors évalué à 30.000 euros.

L'utilisation des avions présidentiels provoque régulièrement des critiques sur le train de vie de l'Élysée. Par exemple, lors des obsèques de Nelson Mandela, François Hollande s'est vu reprocher de ne pas avoir accueilli Nicolas Sarkozy à bord de l'avion présidentiel.

Municipales : pour François Hollande, la punition c'est maintenant

La gauche au pouvoir a été sévèrement sanctionnée dimanche. Le FN

réalise uns percée spectaculaire. Voir la carte

Pour François Hollande : la punition, c'est maintenant. Lui qui avait promis le changement en 2012, le président de la République le plus impopulaire de la Vème République a vu, dimanche soir, le Front national réaliser une spectaculaire poussée au premier tour des municipales. Un premier tour marqué donc par une sévère sanction de la gauche au pouvoir. Sur ce lien retrouvez notre carte interactive des résultats. Si le parti de Marine Le Pen a, semble-t-il, surfé sur une abstention record, il a également capitaliser sur les effets délétères des affaires qui ont secoué la classe politique ces dernières semaines (Buisson, écoutes Sarkozy, et mise en cause du patron de l'UMP Jean-
Bien seul, le pépère...plus dure sera la chute.
François Copé). Un contexte qui n'a cependant pas empêché la droite de progresser. A 22H30, le taux d'abstention calculé par l'Intérieur sur plus de 28 millions de bulletins dépouillés s'élevait en métropole à 37,09% (contre 33,5% en 2008). Briois élu à Hénin-Beaumont A Perpignan, Avignon, Forbach, Béziers et Fréjus, le FN est ainsi arrivé en tête du premier tour. Il est en mesure d'enregistrer d'autres victoires après celle d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) où Steeve Briois l'a emporté dimanche. C'est la première fois de son histoire que le parti d'extrême droite gagne dès le premier tour une ville de plus de 10.000 habitants. "C'était inespéré", a salué Mme Le Pen, qualifiant ce scrutin de "cru exceptionnel" marquant "la fin de la bipolarisation de la vie politique". "Le Front était jusqu'ici un vote national, nous sommes en train de démontrer qu'il est aussi un vote local, un vote qui s'est enraciné", a renchéri le vice-président du FN, Florian Philippot, qui a obtenu près de 36% à Forbach. La gauche sonnée Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a appelé "les forces démocratiques et républicaines" à faire barrage au FN au second tour, alors que l'inquiétude, la déception, voire la colère, étaient perceptibles dans les rangs de la gauche. Le porte-parole du PS, David Assouline, a reconnu une hausse "inquiétante" du parti d'extrême droite, tandis que Pierre Laurent (PCF) parlait d'"une alerte pour la gauche tout entière" et Olivier Besancenot (NPA) d'un "système politicien carbonisé". Résultat spectaculaire: Niort a basculé à droite après près de 60 ans de gouvernance de la gauche, tandis que les sorts de Strasbourg et Toulouse, que le PS avait enlevé à la droite en 2008, sont très incertains. Marseille : le FN devant le PS Marseille semble devoir échapper à Patrick Mennucci (PS), les premières estimations le donnant devancé par le FN de Stéphane Ravier, avec un Jean-Claude Gaudin (UMP) faisant la course en tête. Paris : duel serré A Paris, la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet a fait mentir les pronostics en se classant en pole position sur l'ensemble de la capitale devant Anne Hidalgo (PS), selon les estimations concordantes de deux instituts. NKM a jugé "le changement possible", "tout proche" après deux mandats de Bertrand Delanoë (PS). Certes, elle est en mesure de gagner le IXe voire le IVe arrondissement mais la bataille s'annonce difficile dans les plus stratégiques XIIe et XIVe. Copé réélu A Limoges, le maire sortant PS Alain Rodet subit un séisme politique en s'effondrant à 30%, ce qui le contraindra à affronter un second tour pour la première fois depuis 1995, alors que le FN perce à près de 17%. La gauche risque aussi de perdre Amiens, Angers, Reims, Saint-Etienne et Laval. Au Havre, le maire sortant UMP, Edouard Philippe, est réélu dès le premier tour, comme Alain Juppé à Bordeaux ou Xavier Bertrand à Saint-Quentin (Aisne). Le président de l'UMP, Jean-François Copé, réélu dès dimanche à Meaux, a appelé les électeurs du FN à reporter leurs voix sur les candidats de son parti au second tour, estimant que "les conditions d'une grande victoire" de la droite étaient réunies. Mais cette éventuelle "vague bleue" dépend pour partie du nombre de triangulaires qui opposeront dimanche prochain gauche, droite et FN et d'éventuelles consignes de désistement pour faire barrage au FN. Bayrou en tête à Pau A Pau, le président du MoDem, François Bayrou, arrive nettement en tête avec près de 42% des voix dans cette ville qu'il tente de conquérir pour la troisième fois. Son bras droit, Marielle de Sarnez, est élue dès le premier tour conseillère de Paris sur la liste du maire UMP du VIe. Les écologistes ont des raisons de se réjouir, ayant franchi les 10% dans plusieurs grandes villes (Annecy, Valence etc.) et surtout devançant à Grenoble le dauphin désigné du maire sortant PS.

Mal « enjambé »

Mal « enjambé »

Évitons, après ce premier tour des élections municipales, d'ajouter notre voix au concert de lamentations d'une partie de la classe médiatico-politique. Non pas que le taux record d'abstention et la poussée du Front national nous réjouissent, bien au contraire. Mais ne feignons surtout pas la désolation devant un résultat amplement pronostiqué depuis des semaines. Pas plus que nous ne compatirons aux déplorations des politiques se désolant d'une démobilisation civique dont ils sont les indécrottables responsables. Ce ne sont pas les pathétiques et désormais inefficaces appels à un ressaisissement au second tour qui effaceront leur discrédit.
Sans doute a-t-on eu tort dans l'entourage élyséen d'affirmer, pour donner l'image d'une inaltérable sérénité, que François Hollande avait déjà « enjambé » les municipales. Mauvaise incitation donnée à des Français qui, pour près de quatre sur dix d'entre eux, ont aussi « enjambé » ce scrutin. Il est sûr que le « différentiel d'abstention » a davantage pénalisé la gauche que la droite.
D'où la sévère défaite du PS et la victoire de l'UMP en partie atténuée par la poussée du FN avec la conquête emblématique d'un fief de gauche, Hénin-Beaumont, et sa qualification dans de multiples triangulaires. L'argument du handicap constitué par les élections intermédiaires ne saurait expliquer le cuisant revers d'une gauche insuffisamment rassemblée. Pas plus que les creuses incantations sur le « front républicain » ne suffiront à remobiliser un électorat refusant de plus en plus de se voir dicter son vote.
Tout se passe comme si les citoyens ne voulaient plus faire crédit à une classe politique qui a abusé de leur indulgence. Il n'est plus temps, aujourd'hui, d'ériger des digues anti-FN alors que la vague « bleu marine » a envahi le paysage politique. Avant de stigmatiser la droite, le PS ne saurait ignorer qu'il a perdu une partie du vote populaire. En tout cas, ce scrutin municipal difficilement « enjambé » va sans doute contraindre François Hollande à prendre des mesures plus radicales qu'il ne l'imaginait. Disons que Jean-Marc Ayrault est en ballottage défavorable…

Ecoutes : relisons Montesquieu !


Pour notre chroniqueur Gaspard Koenig, Montesquieu a répondu par avance à toutes les questions que soulèvent les écoutes ordonnées contre l'avocat de Nicolas Sarkozy.
On parle beaucoup ces temps-ci d'indépendance de la magistrature. Le Président de la République a refusé d'intervenir dans l'affaire des écoutes d'un avocat, Thierry Herzog, au prétexte, précisément, de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice. Ce faisant, tout un chacun invoque Montesquieu.
On aurait pourtant des surprises en allant regarder le détail du livre XI de la première partie de l'Esprit des Lois, où Montesquieu expose son principe bien connu selon lequel «il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir» (au passage, je précise que ce passage n'occupe qu'une infime partie de l'Esprit des Lois, vaste pot-pourri où l'on trouve des chapitres sur les eunuques ou sur «la longue chevelure des rois francs»).
Montesquieu pose bien la distinction entre les trois pouvoirs que l'on reconnaît habituellement dans l'Etat: puissance législative (faire les lois), puissance exécutrice (les appliquer), puissance de juger. D'ailleurs, on peut se demander si l'organisation institutionnelle actuelle, où l'exécutif est de facto à l'origine de toute législation via sa main-mise sur le parti majoritaire, n'engendre pas une inquiétante confusion. Comme l'écritMontesquieu, «lorsque, dans la même personne, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté». Ne serait-ce pas très largement le cas des Présidents de la Ve République, chefs de parti fantômes et chefs de gouvernement bis? Mais passons.
Le point essentiel s'agissant des magistrats, c'est que la séparation des pouvoirs ne signifie pas leur autonomie. Bien au contraire! L'équilibre cher à Montesquieu implique une perpétuelle interaction des trois pouvoirs pour éviter les inévitables dérives. Un siècle avant que Lord Acton ne formule sa célèbre maxime selon laquelle «tout pouvoir corrompt», Montesquieu avait déjà établi que l'esprit des lois est une affaire de psychologie tout autant que de politique. Car «tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. Qui le dirait! La vertu même a besoin de limites».
Le meilleur régime, c'est celui qui permet de ligoter l'autocrate qui sommeille en chacun de nous.
Et cela ne s'applique pas seulement au pouvoir exécutif, mais tout autant aux juges! Montesquieu mettait en garde contre le gouvernement des juges, en rappelant «la tyrannique magistrature des éphores [magistrats de Sparte, également juges], et les inquisiteurs d'Etat à Venise, qui sont aussi despotiques». Il est entièrement du ressort de l'exécutif de s'assurer que les juges n'outrepassent pas leur pouvoir. Il était donc parfaitement légitime que les représentants des avocats, solidaires de Maître Herzog et inquiets pour leurs libertés, aient envoyé leur requête au Président de la République, dont la fin de non-recevoir n'est motivée par aucune analyse institutionnelle sérieuse (François Hollande ayant déclaré qu'il ne lui «appartient pas, en vertu de la séparation des pouvoirs, de s'immiscer dans une affaire judiciaire»).
Montesquieu complète son propos par quelques remarques incidentes dont on pourrait également s'inspirer aujourd'hui. Par exemple qu'«il faut que les juges soient de la condition de l'accusé, ou ses pairs, pour qu'il ne puisse pas se mettre dans l'esprit qu'il soit tombé entre les mains de gens portés à lui faire violence». On se souvient d'Eva Joly fière de brandir ses feuilles de paie face auxpatrons qu'elle accusait… 
Le soupçon de ressentiment qui pèse aujourd'hui sur les juges, et l'impression d'acharnement sur les personnalités du monde politique ou financier, ont malheureusement trouvé à s'alimenter dans l'affaire du «mur des cons», véritable tableau de chasse des juges du Syndicat de la Magistrature, qui ne cache pas ses attaches partisanes. La récente mise en examen de la présidente de ce Syndicat est, de ce point de vue, une excellente nouvelle.
C'est donc en empêchant fermement le pouvoir judiciairede diligenter des écoutes sans raison suffisante, ou de procéder à des «écoutes incidentes» (hors de l'objet de la saisine), que l'on garantira au mieux cette liberté politique que Montesquieu définit comme la «tranquillité d'esprit qui provient de l'opinion que chacun a de sa sûreté». Monsieur le Président de la République, au nom de la séparation des pouvoirs, veillez à ce que nos juges ne deviennent pas des inquisiteurs!


Réagissez, monsieur le Président !

Réagissez, monsieur le Président !


Et maintenant ? Au lendemain du désaveu, c’est la seule question que doit se poser François Hollande. Le Président doit se rendre à l’évidence. Les deux tristes records de ce premier tour des municipales −le taux d’abstention et la progression du FN− traduisent une défiance totale envers le pouvoir en place. Certes, les électeurs n’ont pas pour autant adoubé la droite, mais l’opposition s’en sort mieux, comme c’est traditionnellement le cas dans les scrutins locaux.
Que disent les urnes ? Elles confirment un phénomène inquiétant : celui de l’abandon du PS par une partie des classes populaires qui se sont ralliées aux extrêmes. Elles montrent aussi clairement que le peuple de gauche n’a pas voulu se mobiliser, exprimant son rejet et son incompréhension devant la politique mise en œuvre depuis 2012.
Face à ce désenchantement, l’exécutif ne peut pas simplement se contenter de bredouiller et d’évoquer «une impatience des gens», comme l’a dit Najat Vallaud-Belkacem. Le pari de François Hollande depuis le début de l’année de faire reposer toute sa politique sur le pacte de responsabilité n’a rassuré personne, surtout pas la gauche populaire, qui n’a retenu que les contreparties accordées aux entreprises et au patronat. Après les couacs en série qui ont marqué la première partie de son quinquennat, le Président n’a toujours pas fixé de cap suffisamment clair au pays et ce sont tous les élus de gauche qui en paient le prix aujourd’hui.
Il y a évidemment urgence à rebondir. Mais dans l’entre-deux-tours, le Président ne peut pas faire grand-chose, si ce n’est espérer un rassemblement de toutes les forces de gauche dimanche prochain.
Après, un remaniement majeur est désormais inévitable. Il ne suffira pas, néanmoins. Hollande se doit de reprendre la main et de livrer une feuille de route aux Français jusqu’en 2017 s’il ne veut pas que le délitement se poursuive.