TOUT EST DIT

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mardi 18 mars 2014

L'impossible embargo sur les Mistral vendus à la Russie

On ne fait pas du commerce avec de grands sentiments. Vendus 1,2 milliard d'euros par la France, le Vladivostok et le Sébastopol seront livrés.


Selon Laurent Fabius, qui l'a dit lundi soir sur TF1, la vente à laRussie des deux porte-hélicoptères de type Mistral pourrait être compromise. Le ministre des Affaires étrangères s'est toutefoismontré très prudent, assortissant sa déclaration de conditions qui ne relèvent pas de décisions prises à Paris : "Si Poutine continue ce qu'il fait, nous pouvons envisager d'annuler ces ventes, mais nous demanderons à d'autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l'équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde." En demandant aux Britanniques le gel bien peu probable d'avoirs d'oligarques, le risque pris par les autorités françaises est fort limité. 


On peut remarquer au passage qu'une telle décision de sanction ne reviendrait pas au ministre des Affaires étrangères, mais bien au Premier ministre, qui préside la structure administrative ad hoc, la Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG). Selon un principe français immuable, toutes les ventes d'armes sont interdites : chacune doit faire l'objet de multiples autorisations. Une annulation des ventes à la Russie est-elle possible ? En payant des dédommagements contractuels, bien sûr. Serait-elle opportune ? Certainement pas... Que ferait donc la France de ces navires ? Les affecterait-elle à la marine nationale qui en possède déjà trois et n'en demande pas d'autres ? C'est une possibilité. Les mettre "sous cocon" en attendant une revente hypothétique ? C'en est une autre. Mais qui paierait dans ce cas ? Là, la réponse est facile : la Défense, bien sûr ! À moins que le Quai d'Orsay ? On rigole...

Quatrième rang

Les Français sont de gros vendeurs d'armes. Ils occupent le quatrième rang dans le monde. Les prises de commandes de l'année 2013 se sont élevées à 6,3 milliards d'euros tandis que les fabrications de ces matériels assurent bon an mal an le maintien en France de 100 000 emplois non délocalisables. La seule vente des deux Mistral, baptisés par les Russes Vladivostok et Sébastopol, a rapporté 1,2 milliard d'euros aux industriels concernés - entre autres DCNS, Thales et STX -, et quatre cents marins russes sont attendus dans les prochaines semaines à Saint-Nazaire. 
Lorsque les négociations sur la vente de ces navires ont été annoncées, en 2008, la situation politique n'était guère différente de celle qui prévaut après le référendum de sécession de la Crimée de l'Ukraine : la Russie venait de gagner une guerre-éclair contre la Géorgie et de consolider militairement dans la foulée l'"indépendance" de deux de ses régions : l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. Après beaucoup d'hésitations et aussi quelques magouilles politico-financières avec des intérêts russes, le gouvernement français avait finalement conclu cette vente. Les BPC ne sont pas des navires "offensifs", mais de gros cargos construits aux normes civiles, et ceux vendus à la Russie comportent certes des équipements sophistiqués de navigation, de commandement et de contrôle, mais ni systèmes de combat dernier cri ni armements français. Hypocrisie ? peut-être... Mais si la France ne vendait des armes qu'aux États intégralement respectueux des droits de l'homme, de leurs engagements internationaux ou de la morale publique, elle ne vendrait ni aux monarchies du Golfe, de l'Arabie saoudite au Qatar, ni à l'Inde. Singapour, client exceptionnel qui applique la peine de mort, serait-elle sur la liste ?

Un marché ultra-concurrentiel

Le fait d'annuler une vente à un État solvable, désireux de surcroît d'acheter de nouveaux navires du même type, voire de nouveaux matériels dans d'autres catégories, aurait un effet absolument déplorable sur les autres clients potentiels. Le marché de l'armement est hautement concurrentiel et les Français ne disposent d'aucun matériel que d'autres pays ne proposeraient pas. Les ventes des Mistral à la Russie avaient été conclues de haute lutte contre des chantiers néerlandais, sud-coréens et espagnols proposant d'excellents matériels. Renoncer à les livrer, sous le coup de l'émotion, impliquerait de changer de pied et de cesser de proposer de vendre des armes à l'étranger. C'est évidemment possible, mais c'est un choix qu'il faut pouvoir assumer. Le gouvernement français y est-il prêt ? C'est peu probable. 
Plus prosaïquement, il se contentera sans doute de marques diplomatiques de mauvaise humeur, comme l'annulation d'un voyage à Moscou de Jean-Yves Le Drian et de Laurent Fabius, prévu de longue date. Il pourrait également confirmer l'annulation de manoeuvres navales annuelles avec la Royal Navy et la marine russe. Les Britanniques s'en sont déjà retirés... On ne saurait oublier enfin que le marché des armes étant surtout pragmatique, la tradition veut que pour gêner un client de ses propres armements, on engage son adversaire à se fournir lui aussi en France. La France a gagné des milliards à ce jeu avec Israël et les pays arabes, avec l'Inde et le Pakistan, la Grèce et la Turquie, etc. Si la logique était respectée, Paris ne cesserait pas de fournir des armes à la Russie, mais tenterait d'agir de même avec l'Ukraine.

Pourquoi y a-t-il autant de pharmacies en Grèce ?


Il y aurait plus de 97 officines pour 100.000 habitants, contre un peu plus de 35 en France.
La Grèce serait le pays qui compte le plus grand nombre de pharmacies par habitant en Europe à en croire le site Quartz. Il y aurait ainsi plus de 97 officines pour 100.000 habitants. Ce qui est presque le double de la Belgique, qui, selon le site, arriverait en 5e position, avec plus de 46 établissements.

En France, 35 pharmacies pour 100.000 habitants

Comme le montre le graphique de Quartz (cf. ci-dessous), la France arriverait ainsi à la 12e place, avec un peu plus de 35 officines pour 100.000 habitants, juste derrière la Slovaquie et l'Estonie.
Ce sont surtout des pays scandinaves qui arrivent en queue de peloton. Le Danemark arrive ainsi bon dernier avec 5,6 pharmacies pour 100.000 habitants, juste derrière les Pays-Bas (11,89), la Suède (11,92), la Norvège (13,19) et la Finlande (15,18).
 Pharmacies grecques

Une règlementation (très) contraignante

L'explication serait à chercher du côté de la règlementation grecque. En effet, selon l'OCDE, la Grèce serait l'un des rares pays de l'UE qui fixe les prix pour les médicaments, comme l'aspirine, au niveau national - en France, les prix diffèrent d'une pharmacie à l'autre et peuvent parfois varier du simple au triple -, et qui en limite la distribution dans les établissements autorisés.
Par ailleurs, la règlementation limite la propriété des officines aux pharmaciens, et chaque diplômé ne peut en posséder qu'une seule. Sachant que les implantations sont elles aussi règlementées, tout comme les heures d'ouverture. Bref, la législation est assez stricte en la matière. De quoi laisser la concurrence à distance.

Des profits plus élevés qu'ailleurs

Pour autant, malgré une règlementation qui peut de prime abord paraître assez contraignante, l'OCDE relève que la marge des pharmacies est plus élevée (+ 4 points de pourcentage) que partout ailleurs en Europe.
Mais depuis que l'Union européenne aide financièrement la Grèce, la troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) a émis le souhait de voir la législation s'assouplir en la matière, et notamment réduire les restrictions sur la vente libre des médicaments, dans d'autres types de magasins, comme les supermarchés.

La troïka veut assouplir la législation grecque

La raison ? La concurrence fait baisser les prix , ce qui permettra d'augmenter les ventes et donc de donner un coup de pouce à l'économie du pays, selon la troïka. A ceci près que les médicaments ne sont pas tout à fait des biens de consommation comme les autres...
Quoi qu'il en soit, les pharmaciens ne voient pas cela d'un bon œil. Bien au contraire, il s'agirait d'une véritable "menace existentielle" pour une grande majorité d'entre eux, note Quartz. Une telle modification des règles se traduirait selon eux par la fermeture de quelque 11.000 pharmacies et de nombreuses pertes d'emploi. Ce qui n'est pas spécialement souhaitable dans une économie déjà en difficulté, avec un taux de chômage de 28% en novembre d'après les chiffres officiels publiés en février.

Politique et pollution : intox et désintox

La majorité socialo-écolo d'Ile-de-France n'a pas toujours été claire sur les votes liés aux questions environnementales. Entre mensonges et arrangements...


Les écolos ont voté pour les bus au diesel 

FAUX. Lors de la séance du 13 février 2013 du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) - dont le compte rendu a été consulté par Le Point.fr -, trois administrateurs EELV se sont abstenus, et le vice-président du Stif, par ailleurs vice-président chargé des transports à la région, Pierre Serne (EELV), lui, n'a pas pris part au vote. Et pour cause, celui qui est montré du doigt parAnne Hidalgo présidait la séance, en remplacement de Jean-Paul Huchon (président du Stif et de la région Ile-de-France). Plus de 300 bus diesel ont été commandés ce jour-là. Et les deux élus PS parisiens, administrateurs au Stif, dont l'adjoint au maire de Paris chargé des transports, Julien Bargeton, n'ont rien trouvé à y redire. Ils ont voté pour. 
Et... VRAI ! En décembre 2013, les quatre administrateurs écolos ont fini par valider la commande... Explication de Pierre Serne : "On était contre la commande, mais une fois qu'elle était lancée, on ne pouvait pas l'annuler comme ça. Si on ne prenait pas ces bus, il y avait 90 millions d'euros de dédits, et pendant plusieurs mois on aurait laissé tourner de vieux bus beaucoup plus polluants." De leur côté, les deux socialistes parisiens, suivant les consignes de la candidate Hidalgo, changent leur fusil d'épaule et votent... contre ! "Un vote de posture !, dénonce Serne. D'ailleurs, Huchon les a bien engueulés..." 

NKM est "la ministre du diesel" 

FAUX. C'est Anne Hidalgo qui le dit. La candidate socialiste à la mairie de Paris laisse entendre que sa rivale UMP a encouragé l'achat de véhicules diesel lors de son passage au gouvernement. Hidalgo vise en fait Jean-Louis Borloo : l'ex-ministre de l'Écologie avait en effet refusé d'étendre son "bonus-malus" au diesel. "Mais le diesel est défiscalisé depuis les années 77-78, rappelle un expert en environnement. Toute la politique de diminution des particules fines doit être liée à une refiscalisation du diesel. Or, le gouvernement socialiste n'a pas touché à cette niche fiscale." 

Le diesel coûte cher aux contribuables 

VRAI. Le diesel représente 7 milliards d'euros de défiscalisation ; la pollution de l'air coûte 1,7 milliard à la Sécurité sociale... Par ailleurs, la France est sous le coup d'une menace d'amende de la Commission européenne pour non-respect de la directive sur la qualité de l'air. Elle encourt des pénalités journalières d'au moins 240 000 euros...

L'État est en partie responsable de cette situation 

VRAI. "Si la loi sur l'air avait été appliquée telle qu'elle a été votée en 1996, le droit à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé - reconnu à l'article premier - ne serait pas virtuel", regrette l'ex-ministre de l'Environnement Corinne Lepage (à l'origine de ladite loi) sur son blog. En cause, le manque d'entrain des gouvernements successifs et les lobbys automobiles et pétroliers. Aujourd'hui, le ministre de l'Écologie dit vouloir une nouvelle loi. À quoi bon ? "Sous le couvert de son étiquette anti-OGM et anti-gaz de schiste, Philippe Martin est en fait l'instrument des lobbies industriels", dénonce Franck Laval, président d'Écologie sans frontière, à l'origine d'une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui à la suite des pics de pollution. Quant aux ministres Verts, ils brillent, selon lui, par leur "manque de courage". "Cécile Duflot et Pascal Canfin ont une responsabilité en participant à une politique du tout diesel pour 5 à 15 ans." 

La circulation alternée est un gadget 

FAUX, mais... il est difficile d'avoir du recul sur cette mesure inventée par Corinne Lepage, qui n'a été mise en place qu'une seule fois, le 1er octobre 1997. L'expérience avait pu néanmoins mettre en avant une baisse des émissions globales de dioxyde d'azote sur l'Ile-de-France de 15 % par rapport au 30 septembre 1997. Sur la journée de lundi, le ministère des Transports a pu enregistrer une réduction du flux de voitures de 30 %. Quant à l'impact de cette journée sur notre santé, il faudra attendre encore un peu pour connaître les résultats. Évidemment, réduire le trafic diminue la pollution. Mais, pour les associations écologistes, la mesure aurait été bien plus efficace si elle avait interdit la circulation aux véhicules les plus polluants. Car, lundi, on pouvait rouler tranquillement au volant d'un 4 x 4 diesel pour peu que celui-ci ait une immatriculation avec un chiffre impair...

Gastronomie: Un yaourt grec peut en cacher beaucoup d'autres

Le "yaourt grec" n'existe pas en Grèce. En tout cas pas sous cette dénomination qui a fait le succès du produit sur les marchés mondiaux mais dissimule des recettes très différentes.
"Comment se fabrique le yaourt grec?" Thanasis Karagiorgos accueille la question du néophyte avec gourmandise: "vous voulez dire le +straggisto+ ou +l'astraggisto+ ?"
Le patron de 37 ans sait de quoi il parle: il est la troisième génération à la  du milk bar "Stani" ("bergerie") le plus ancien et l'un des derniers d'Athènes où vieux messieurs solitaires, couples, familles achètent ou consomment sur place les spécialités maison, riz au lait, crème de lait parfumées, gâteaux à la crème et le simple mais délicieux yaourt. 


Un yaourt "astraggisto", c'est-à-dire non égoutté, est composé de lait de brebis à 6,5% de matières grasses. Quelques heures à températures maîtrisées, aucun additif. Le résultat est là: délicatement aigre, doux, honteusement crémeux.
"Le secret, c'est le lait, explique Prokopis Ploumbis, patron d'une fromagerie artisanale à une soixantaine de kilomètres d'Athènes.
- Pays du lait de brebis -
"Les brebis grecques reçoivent peu d'aliments d'élevage. Elles se nourrissent dans la montagne. Le meilleur, c'est le lait de , la richesse de ce que mangent les bêtes est inimaginable, des centaines de plantes différentes", explique le producteur installé dans une vallée où le maquis méditerranéen est piqué d'amandiers en fleurs.
Cas singulier en Europe, la Grèce produit autant de lait de brebis et de chèvre que de lait de vache.
Autre exception: en plus des groupes industriels, subsistent des centaines de fromageries artisanales produisant pour le  local yaourts et fromages, livrés quotidiennement aux commerces d'une île ou d'une région.
Mais si les yaourts de la maison Stani ou du fromager Ploumbis n'ont rien à voir avec les produits qui s'alignent dans les supermarchés de la planète, ce n'est pas seulement à cause de leur caractère artisanal.
"Ce que vous appelez +yaourt grec+ à l'étranger, est connu en Grèce sous le terme de +straggisto+ (égoutté, ndlr). Un yaourt de lait de vache passé par une étape d'égouttage qui permet l'évacuation du petit lait", explique M. Ploumbis.
Traduction en terme marketing: un yaourt plus épais, plus riche en protéines et beaucoup moins gras (généralement autour de 2%).
Flairant l'argument publicitaire et diététique, un homme d'affaires d'origine turc, Hamdi Ulukaya, a construit autour de ce produit la marque de yaourt Chobani avec laquelle il a conquis, en quelques années, le marché du +yaourt grec+ américain qui représentait 4% du marché total des yaourts aux Etats-Unis en 2008, plus de 35% aujourd'hui.
Ce "yaourt grec" n'a de grec que le nom: il est fabriqué dans les environs de New York dans une entreprise appartenant à un Turc.
Une claque pour les multinationales laitières, comme Danone, prises de court par la déferlante Chobani, et qui ont rapidement planché sur des produits similaires.
- Appellation protégée ? -
Une claque aussi pour les industriels grecs dont le yaourt grec égoutté "straggisto", la recette dont s'inspire Chobani, est le produit phare à l'exportation. Le straggisto est le yaourt le plus consommé en Grèce où il sert notamment de base aux préparations culinaires comme le tzatziki.
Premier menacé, Fage, leader national du yaourt et présent depuis les années 80 dans quarante pays, comme en Grande-Bretagne où il représente en valeur 95% des yaourts grecs vendus.
"C'est Fage qui a fait connaître à l'étranger la texture crémeuse du yaourt grec, sa concentration en protéine, son goût riche, obtenu uniquement pas égouttage, sans additif", défend son directeur commercial Alexis Alexopoulos.
Pas question, dès lors, de laisser Chobani marcher sur ses plate-bandes, au moins en Europe. 
Quitte à lancer une croisade semblable à celle menée par Athènes pour la feta afin d'obtenir une "appellation d'origine protégée" européenne ?
Sans espoir, reconnaît Alexis Alexopoulos: la réglementation européenne exigerait, pour protéger l'appellation "yaourt grec", que celle-ci soit utilisée en Grèce. Ce qui n'est pas le cas puisqu'on y parle de yaourt "straggisto", "astraggisto" ou "traditionnel".
La marque grecque, dont les exportations ont tout de même augmenté de 17% en 2013, a cependant vu son horizon s'éclaircir grâce à la justice britannique.
En janvier, celle-ci a confirmé, en appel, une décision interdisant à Chobani d'appeler "yaourt grec" son yaourt égoutté produit aux Etats-Unis. Moins pour rendre hommage aux spécificités de la recette de Fage que par respect du consommateur britannique qui, analyse le juge, associe le terme "yaourt grec" à un produit fabriqué en Grèce.
Et tant pis, souligne le jugement consulté par l'AFP, si peu de consommateurs connaissent vraiment la recette qui se cache derrière cette appellation.

Jour de grève… mais pour quoi faire ? 5 priorités que devraient se fixer les syndicats s'ils défendaient (vraiment) ceux qu'ils sont censés représenter


La plupart des syndicats ouvriers, à l'exception de la CFDT, manifestent aujourd'hui pour critiquer les modalités du Pacte de responsabilité. Une "grand-messe" des plus traditionnelles et dont l'impact sera des plus symboliques pour les salariés qu'ils sont censés protéger.

Si l'on devait reconsidérer les missions fondamentales des syndicats, quelles seraient-elles ? Comment (re)définir leurs rôles fondamentaux au XXIe siècle ?

Eric Verhaeghe : Le rôle fondamental des syndicats reste encore et toujours la représentation organisée des salariés et la défense concertée de leurs intérêts.De ce point de vue, les choses n'ont pas bougé depuis plusieurs siècles. Reste maintenant à savoir ce que l'on met sous cette expression. En France, les syndicats restent marqués par une culture du conflit, assez bien exprimée par la Charte d'Amiens au début du siècle précédent, qui préconisait d'exproprier les capitalistes plutôt que de négocier avec eux des améliorations concrètes. Ce manifeste de l'anarcho-syndicalisme a beaucoup marqué les esprits. Encore aujourd'hui, le syndicalisme français, même à la CFDT ou à la CGC, aime bien s'exprimer sur les grands sujets de société. Par exemple, les syndicats français manifestent contre l'extrême-droite ou pour des réformes qui n'ont rien à voir avec la représentation immédiate des salariés. Il n'est pas rare de trouver des syndicats dans les manifestations de soutien au mariage gay ou à d'autres choses de ce genre. Cette conception-là est radicalement différente de la conception allemande, où l'engagement syndical prohibe toute forme de confusion avec des thèmes politiques. Il est d'ailleurs, en Allemagne, interdit de faire grève pour des sujets autres que directement liés à l'intérêt des salariés.
Dominique Andolfatto : Dans les années 1920, un syndicaliste dont les mémoires n’ont été publiées qu’en 2011 (Mémoires d’un authentique prolétaire de Lucien Cancouët, aux éditions Vendémiaire, avec une préface du philosophe Alain) soulignait tout le travail de conviction, de formation (et auto-formation), d’écoute qu’il faut déployer pour implanter et développer l’organisation syndicale. Travail de longue haleine toujours fragilisé expliquait-il par des permanents souvent en décalage avec certaines réalités… Lucien Cancouët critiquait également un discours syndical fait de "grandes phrases contre le capitalisme en général, seul responsable de tous les maux [qui] cachent une réelle incapacité à aborder les vrais problèmes : les salaires et la vie chère". Il critiquait encore le choix d’"éléments douteux" pour l’exercice de fonctions syndicales, la corruption de certains d’entre eux, l’absence d’éducation ouvrière au sein des structures syndicales, une activité qui se borne à la collecte de cotisations ou faite de "meetings d’agitation d’où l’on sortait étourdi par les discours virulents". A plus de 80 ans de distance, on a (un peu) le sentiment que les choses n’ont (parfois) pas beaucoup évolué… et c’est là une bonne base – me semble-t-il – pour interroger le syndicalisme contemporain…
Cela étant, les auto-entrepreneurs devraient sans doute se tourner vers les organisations d’entrepreneurs pour la défense de leurs intérêts, organisations avec lesquelles ils partagent les mêmes préoccupations, par exemple en matière fiscale… mais ces mêmes organisations ne leur sont pas nécessairement ouvertes.Du côté du monde de l’entreprise aussi, il existe en effet un solide "corporatisme" et conservatisme. Tout le monde n’y est pas forcément le bienvenu. On peut envisager aussi le développement d’un type d’organisations intermédiaires entre syndicats de salariés et organisations de l’entreprise.

Priorité n°1 : La gestion de la souffrance au travail

Eric Verhaeghe : Il faudra un jour faire l'histoire des 35 heures et de leurs conséquences en termes de souffrance au travail. Beaucoup d'entreprises françaises ont en effet demandé à leurs salariés de produire en 35 heures autant qu'en 39 heures. La mécanique des forfaits-jour des cadres amène parallèlement des situations de plus en plus dangereuses. Non seulement l'absentéisme a beaucoup augmenté en quelques années (il coûte 5 milliards de plus qu'il y a cinq ans à la sécurité sociale), mais des études montrent que plusieurs millions de salariés sont au bord du burn-out. La prise en compte de ce phénomène est importante, car la souffrance au travail est un élément de conflictualité qui peut déboucher à tout instant sur une explosion sociale.
Dominique Andolfatto : C’est là une thématique relativement nouvelle que les syndicats s’efforcent de s’approprier depuis quelques années. Mais leur contribution reste difficile à évaluer (tout comme la souffrance au travail difficile à déterminer). En outre, on peut expliquer – au moins partiellement - le surgissement de cette thématique en raison du déclin syndical ou de l’invisibilité syndicale dans de nombreux lieux de travail (même si des syndicats restent présents dans l’entreprise, voire en y prospérant, mais tout en se cantonnant à des fonctions officielles d’interlocuteur des employeurs ainsi que le fixe le code du travail). Sans doute faut-il parler aussi du déclin de la "lutte des classes" ou, en termes plus neutres, de la conflictualité sociale. Cette "disparition" des syndicats (mais aussi du conflit qui permettait d’identifier des "adversaires" et, ce faisant, de construire une certaine cohésion du groupe) traduit une dégradation des liens sociaux, un défaut de communication interne et a conduit à un repli des salariés sur eux-mêmes.C’est dans ce contexte que la thématique de la souffrance au travail a surgi… alors que, pendant longtemps, c’est celle des conditions de travail, prises en charge par les syndicats, qui dominait. Mais bien des syndicalistes se sont désintéressés de celles-ci, absorbés par d’autres tâches plus valorisantes. La souffrance au travail est donc symptomatique du contexte actuel de faiblesse et d’institutionnalisation du syndicalisme. Avec des salariés qui, faute de relais de leurs aspirations ou revendications, faute d’"adversaire" également, vont livrer un "combat" contre eux mêmes qui peut parfois leur être fatal. Si les syndicats recouvraient toute leur dimension sociale – et ne se cantonnait aux rôles purement juridiques que leur confère le code du travail – il est à parier que cette thématique n’aurait plus lieu d’être ou, à tout le moins, reculerait. En outre, comme l’a bien montré l’économiste Etienne Wasmer, ce n’est pas tant en renforçant le droit du travail (ou syndical) qu’on trouvera une solution au stress (ou à la souffrance) au travail… mais en donnant plus de fluidité au marché du travail, soit en assurant aux "victimes" de stress ou de souffrance un emploi dans une entreprise nouvelle.

Priorité n°2 : Réfléchir à l'intégration des chômeurs

Eric Verhaeghe : En réalité, on peut dire, entre minima sociaux et chômeurs de longue durée, que la France compte environ 4 millions de personnes qui sont durablement sorties de l'emploi et auront beaucoup de mal à y revenir. A ces 4 millions de "perdus", il faut ajouter plus de 2 millions de chômeurs indemnisés à la recherche d'un emploi. Autrement dit, la France compte un taux de perte de près de 20% de sa population active. En France, on considère qu'il y a environ 28 millions d'actifs. Entre les fameux insiders, détenteurs d'un CDI, et les autres, on voit mal les mesures intermédiaires, et c'est bien un problème.
Dominique Andolfatto : Le syndicalisme est effectivement devenu une affaire d’insiders. C’est l’affaire de salariés assez bien intégrés, en contrat à durée indéterminée ou fonctionnaires. Les outsiders – chômeurs, salariés précaires ou autres catégories – peinent à trouver une place ou à voir leurs intérêts pris en charge par des syndicats. Les associations de chômeur créés par la CGT ont d’ailleurs été un échec. Cela dit, il ne faut pas non plus globaliser. Quelques organisations de la CGT, de nouveau, ont cherché à aider effectivement des travailleurs immigrés ou travailleurs détachés originaires d’autres pays de l’Union européenne (comme dans la construction navale ou la travail saisonnier). Mais cela paraît rester assez exceptionnel. La rencontre entre syndicats et jeunes salariés est également difficile et, en 2013, dans son livre sur Les vingt ans qui ont changé la CGT, la journaliste Leila de Comarmond mentionnait aussi que les apprentis sont "totalement oubliés".

Priorité n°3 : Adapter le monde du travail aux changements technologiques

Eric Verhaeghe : Les entreprises françaises tardent à opérer leur mue numérique. Ce retard est d'abord imputable aux managers. Les managers français sortent d'un système éducatif fondé sur des valeurs absolument rétives à la transformation numérique. Dans l'entreprise numérique, il y a peu de hiérarchie, il y a beaucoup d'informel, et tout le monde se doit d'être créatif. Le management français aime l'inverse : la hiérarchie pesante, le formalisme courtisan, l'étouffement des initiatives et des idées, sauf dans un cercle très restreint issu de grandes écoles. Au lieu de ramper devant ce système, les syndicats français devraient plutôt secouer le cocotier et revenir aux valeurs fondamentales qui les ont vus naître :l'émancipation des travailleurs et la proclamation de leur égalité.
Dominique Andolfatto : Le rôle des syndicats serait ici à étudier à la loupe. Il faudrait dépouiller des accords d’entreprise, examiner si la question des changements technologiques – hormis le cadre des restructurations qui conduisent à des plans de sauvegarde de l’emploi et, en réalité, à des licenciements – sont traités par les syndicats. Difficile de faire une réponse globale. Mais, manifestement, les changements technologiques n’apparaissent pas de prime abord comme un sujet syndical central.

Priorité n°4 : Repenser l'emploi à l'heure de la mondialisation

Eric Verhaeghe : Je dirais plutôt que les syndicats devraient adopter des logiques d'emplois à long terme. Trop souvent, il s sont ancrés dans une culture de l'immédiateté : on fait grève pour obtenir des augmentations de salaires, sans se demander ce que seront les postes de travail dans les 5 ans. Ce réflexe est plus répandu qu'on ne croit. La saison des négociations salariales obligatoires le rappelle : les conflits y fleurissent allègrement. C'est absurde.
Dominique Andolfatto : Penser l’emploi et ses évolutions, c’est penser le changement et faire de la stratégie économique. Les syndicats cherchent plutôt à défendre certaines situations acquises et à constituer de petites forteresses professionnelles, auxquelles est garantie l’immobilité (mais pas l’immortalité).Cela dit, contrairement à diverses formations politiques, de l’extrême gauche ou d’ailleurs, les syndicats ne sont pas hostiles à la mondialisation… même s’ils ne le claironnent pas trop fort. Celle-ci a amélioré la condition des travailleurs de nombreux pays du monde et, donc, la Confédération syndicale mondiale, à laquelle adhèrent les principaux syndicaux français, n’est pas hostile à la mondialisation. Enfin, s’agissant de penser l’emploi, les élites politiques ne semblent pas beaucoup plus armées que les syndicats. François Mitterrand lui-même avait déjà dit que tout avait été tenté concernant la politique de l’emploi, actant l’échec de celle-ci et finalement un déficit d’imagination et d’innovation des élites en la matière.

Priorité n°5 : Repenser les modes d'organisation du travail au-delà du salariat

Eric Verhaeghe : En réalité, les syndicats ne mesurent pas que le salariat est en mutation, voire en voie de disparition. Ou alors ils s'en rendent trop bien compte et entament une lutte de tous les instants pour préserver une situation qui ne durera pas plus de dix ans. La génération Y sera la première à l'expérimenter : elle préfère de nouvelles formes d'emplois, capables de réaliser ses rêves de "zapping existentiel", plutôt qu'un CDI.
Dominique Andolfatto : Là, ce ne semble pas l’affaire des syndicats si l’on évoque les syndicats de salariés. L’affaire de ceux-ci devraient être avant tout la défense individuelle, l’écoute, l’assistance des salariés, fonction souvent dévalorisée au profit des fonctions collectives, plus gratifiantes, comme la négociation (et le théâtre de celle-ci). Être simplement à l’écoute des salariés, être leur porte-parole – justification historique des syndicats – semblent curieusement un peu ringard aujourd’hui… alors que, manifestement, ces fonctions mériteraient d’être redécouvertes.
Finalement, le problème est probablement que le monde du travail évolue plus vite que celui des organisations censées représenter ses intérêts. Il y a un "gap" perpétuel que ces dernières peinent à rattraper. D’autant que leur statut institutionnel leur apporte certaines garanties qui favorisent les routines et, finalement, une "société bloquée". Ce serait aux salariés et aux entrepreneurs (auto- ou pas) de réinventer leurs organisations dites représentatives, soit des organisations ouvertes, pragmatiques, procurant des services effectifs à leurs membres et, surtout, les défendant individuellement.

Sarkozy ne peut compter que sur lui-même

Sarkozy ne peut compter que sur lui-même


Détesté et menacé à gauche, Nicolas Sarkozy n'est pas aidé par une UMP inaudible et menée par des gens qui ne lui veulent pas de bien. Comment en sortir ?

Que l'affaire des écoutes favorise les intérêts et les ambitions deNicolas Sarkozy ou qu'au contraire elle fasse le jeu de François Hollande, cette question est oiseuse et le restera tant que les actions et les enquêtes judiciaires relatives aux délits et aux crimes dont le pouvoir soupçonne l'ancien président de la République ne seront pas parvenues à leur terme. Alors, tout pourra arriver : la disculpation de Sarkozy et son retour en grâce ou la réalisation des espérances de Hollande. Pour l'heure, les récents sondagesmontrent un léger fléchissement du crédit dont bénéficiait le premier et un léger progrès de celui du second. Ni l'une ni l'autre de ces conclusions n'ont aujourd'hui de valeur. Elles sont provisoires et peu significatives, à cette réserve près que l'opinion ne semble pas avoir été aussi sensible qu'on l'espérait au caractère vicieux du procédé des écoutes, aux mensonges embarrassés du gouvernement et au harcèlement que subit Sarkozy. Celui-ci devrait pourtant bénéficier jusqu'à plus ample informé de la présomption d'innocence.
Son image ne sort cependant qu'égratignée de la curée dont il est l'objet. Sa famille en tout cas lui garde sa confiance et continue de voir en lui son meilleur candidat. De la part des électeurs de l'UMP, cela n'étonne pas. De même, cela n'étonne pas, soit dit en passant, que parallèlement Hollande connaisse un regain de faveur chez les partisans du MoDem, fidèles à leur mouvement perpétuel de balancement de conscience. Il est plus intéressant de noter qu'en revanche, et malgré ses déboires, Sarkozy réalise l'un de ses meilleurs scores dans les milieux populaires alors que, selon le même parallélisme, l'hostilité de ces mêmes milieux à Hollande ne désarme pas (17 % seulement de satisfaction chez les ouvriers, 13 % chez les commerçants et artisans, 19 % chez les employés). C'est une sanction sévère et celle-ci est politique. On n'est plus ici dans la morale ou ce qui en tient lieu, on n'est plus dans l'image, on est dans la réalité. L'atout de Sarkozy est dans le discrédit dont continue de souffrir Hollande en matière d'action politique, économique et sociale.

Sa crédibilité repose actuellement sur la nostalgie

Encore faudrait-il que l'opposition exploite plus intelligemment la faiblesse de l'actuel président. Les sujets ne manquent pas qui justifieraient une critique en profondeur des faits et gestes du gouvernement Ayrault, assortie de propositions alternatives concrètes. Il ne suffit pas que les dirigeants de la droite limitent leur discours à l'anathème, tout ce qu'ils ont su faire jusqu'à présent, offrant de surcroît le spectacle irresponsable de leurs divisions. Sarkozy, dans ce contexte, ne peut compter que sur lui-même. Il a choisi jusqu'à présent la retenue. À défaut de s'appuyer sur un parti qu'il méprise, mené par des gens qui ne lui veulent pas de bien, il se verra tôt ou tard - et le plus tôt sera le mieux - forcé de sortir de son silence pour proposer aux Français un projet capable de les séduire et de les rassembler. Sa crédibilité ne repose actuellement que sur la nostalgie. Il lui faudrait la renforcer par une communication plus présente sur les problèmes de fond, de telle sorte qu'il apporte une réponse positive à la question : Sarkozy ferait-il mieux que Hollande ? Mais, et là est son handicap, il ne pourra le faire que lorsqu'il sera lavé du soupçon qu'entretient contre lui son adversaire, dans un acharnement dont on comprend trop bien l'objectif : le tuer.

Les sanctions font rire les marchés


On attendait avec inquiétude l'ampleur de la réaction des Américains et des Européens à l'annexion de la Crimée. Obama et les dirigeants européens avaient fait des déclarations menaçantes avant le référendum. À tel point qu'on imaginait une guerre imminente sur le terrain, chaude ou froide. Les sanctions ont été annoncées hier. Et elles ont plongé les marchés...dans l'hilarité
EUPHORIE SUR LES MARCHÉS
Les marchés ont fortement rebondi au lendemain du referendum en Crimée. Et c’est vrai que c’était quand même une surprise. Voir la Bourse Russe flamber de 5%, le rouble monter, et tous les indices boursiers monter de 1 à 3% alors que l’annexion de la Crimée était considérée comme un acte de guerre pourrait étonner. On pourrait encore se dire que les marchés sont irrationnels et font n’importe quoi. Mais pour une fois, leur réaction est compréhensible

POURQUOI LA HAUSSE ?
Je dois vous avouer une chose. Quand j’ai découvert les sanctions contre la Russie, j’ai cru que c’était une blague. Les États-Unis ont gelé les avoirs et limité les déplacements de sept Russes proches du pouvoir, l'Europe, elle a visé 21 personnes dont 13 russes. On peut déjà imaginer la deuxième vague de sanctions. La fermeture des pistes rouges de Courchevel aux oligarques russes et l'interdiction d'entrée du port de Saint-tropez à la flotte russe. Une fois de plus Obama et les Européens se sont ridiculisés en se déculottant. Les marchés ne s’y sont pas trompés. Voir l'édito en vidéo
LE YUAN BAISSE
Après la décision chinoise de donner plus de liberté de fluctuation au yuan, le yuan a continué à baisser. Et la baisse va continuer. Ce matin, un nouveau défaut a été annoncé dans l'immobilier cette fois. la Chine a entamé une purge qui risque de durer quelques mois, voire quelques années.

TOUT CA POUR CA
Branle bas de combat pour ...une seule journée de circulation alternée. Mobilisation incroyable des policiers hier... Tout ça pour montrer aux Russes de quoi on est capable quand on s'énerve.

LA COURSE AUX VISAS
Le FT décrit la course des groupes technologiques américains pour obtenir des visas pour les ingénieurs recrutés à l'étranger. Le quota est rempli en quelques heures après le lancement. Cette année, c'est en avril. Les États-Unis continuent à aspirer la matière grise mondiale.

UN CONSEIL POUR VOUS
La hausse de l'euro devient asphyxiante et la BCE devra réagir. L'euro a un potentiel de hausse jusqu'à 1.42 mais nous pensons qu'on peut tenter de miser sur une rechute temporaire à 1.36. Nous conseillons aux investisseurs risquophiles de jouer ce mouvement avec le turbo Best put eurodollar 1Z29Z 

QUEL EST LE MODÈLE DE PATRICK DRAHI?
Le patron de Numericable. Selon le Wall Street Journal, c'est le magnat du câble américain John Malone, patron de Liberty Global. Un homme étonnant. Lisez son parcours sur Internet.

CE SOIR
documentaire exceptionnel sur la première guerre mondiale dans la série "Apocalypse". Sur France 2.

LA BLAGUE DU JOUR
nous vient du très comique Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT. Je cite: "les patrons sont des assistés". On attend avec impatience son premier one man show;

ON CONNAÎT ENFIN LE GAGNANT
la médaille d'or du meilleur jambon de Paris décernée chaque année par la confrérie des Chevaliers de Saint Antoine est revenue cette année au patron de la charcuterie de la gare de Saint Geneviève des Bois. La fin d'un suspense insupportable.

LE VRAI GAGNANT
de la vente de SFR sera tout de même Vivendi. Je continue à miser à fond sur Bolloré. Nous vous proposons d'ailleurs un produit intéressant : Vivendi Coupon, éligible à notre contrat d’assurance vie sans frais d’entrée Frontière Efficiente. Ce produit combine à l’échéance objectif de gain élevé (7 % par année écoulée) et protection du capital si l'action Vivendi SA n'a pas perdu plus de 50% de sa valeur à l'échéance.

ALIBABA INNOVE
Pour son introduction en Bourse, Alibaba n'aura que des banques co introductrices payées avec la même commission. Il n'y aura pas de banque lead payée plus cher. Au fait vos suggestions de blagues pour Alibaba hier étaient pathétiques...

LA FLAMBÉE DU PETIT DÉJEUNER
Enquête intéressante dans le FT (encore...).Du fait du climat, de la crise en Ukraine et d'autres éléments spécifiques, le prix de certaines matières premières flambe depuis le début d'année. Du coup ça va faire mal pour votre petit dej. Le café est en hausse de 72%, le cacao de 8%, le blé de 12%, le jus d'orange de 11%, le sucre de 6%, le lait de 21% et la poitrine de porc de 42%. Il va falloir adopter le petit dej alterné. Un jour sur deux.

Municipales à Paris. Les bus diesel polluent la journée d'Anne Hidalgo


La candidate PS à Paris, Anne Hidalgo, fait l'unanimité contre elle après sa sortie dimanche contre le vice-président écologiste d'Ile-de-France en charge des Transports.

Mme Hidalgo avait accusé Pierre Serne d'avoir accepté en décembre une commande de bus diesel, en échange d'avancées sur la question du coût des transports, un des thèmes de campagne d'EELV pendant les régionales. 

Moment de faiblesse

« C'est un scandale qu'elle ait dit ça », a vivement protesté la ministre du Logement écologiste Cécile Duflot sur BFMTV et RMC, « c'est une commande qui a été passée en février (2013), les écologistes n'avaient pas voté cette commande. Simplement, au mois de décembre, quand la commande était déjà payée à 60%, avec des bus bien moins polluants que ceux  qui circulent aujourd'hui, les écologistes ont assumé »
« Dire que c'est la faute des écologistes, et en particulier Pierre Serne, je trouve ça inouï », a-t-elle ajouté, avant de conclure que Mme Hidalgo avait peut-être eu un « moment de faiblesse »

Le candidat EELV à la mairie de Paris Christophe Najdovski lui a fait écho en parlant d'un« moment d'égarement », tandis que le sénateur EELV Jean-Vincent Placé a « dénoncé une polémique inutile avec des propos qui sont tout simplement faux »

 Huchon soutien son vice-président

Mme Hidalgo n'a pas trouvé davantage de soutien dans son camp: le président de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon a déclaré sur LCI être « totalement solidaire » de M. Serne. « J'étais avec lui, nous avons pris cette décision, on ne pouvait pas en prendre une meilleure », a-t-il déclaré. 
Sans se renier, la première adjointe de Bertrand Delanoë a tenté d'atténuer sa charge lundi, soulignant partager avec les écologistes « un objectif commun, qui est la lutte contre la pollution »

Délices de NKM

Cette polémique a, en tout cas, fait les délices de la candidate UMP à la mairie de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet. 
« Cet épisode de pollution a été l'occasion de montrer (le) vrai visage (d'Anne Hidalgo), celui de la défausse et de la recherche de boucs émissaires (...) Pour masquer un bilan catastrophique, elle cherche des boucs émissaires et croit les trouver avec moi d'une part et les Verts d'autre part », a-t-elle dit lors d'un point presse à son QG. 
Mme Kosciusko-Morizet a fustigé « l'imprévoyance ,  l'incompétence et l'incohérence » de sa rivale. « C'est seulement quand le pic est là depuis plusieurs jours qu'on commence à entendre parler de la municipalité, et encore avec des mesures assez paradoxales comme le Vélib gratuit, pour rouler derrière les bus au diesel généreusement achetés par Mme Hidalgo », a-t-elle raillé. 

Débat autour des Zapa

Alors que Mme Hidalgo avait appelé dimanche à « zapper les Zapa » (Zone d'action prioritaire pour l'air), Mme Kosciusko-Morizet a soutenu que c'était « la seule mesure efficace et d'ailleurs appliquée très largement dans les grandes capitales européennes »
L'ancienne ministre de l'Écologie s'est plu à rappeler que le maire de Paris Bertrand Delanoë lui-même avait appelé de ses voeux en novembre 2012 la mise en place d'une Zapa « sur un territoire étendu jusqu'à l'A86 », mesure qu'il voulait accompagner d'une nouvelle « prime à la casse » pour aider les ménages à se défaire de leurs véhicules polluants. 
Un dispositif de Zapa, issu du Grenelle 2, sous le quinquennat Sarkozy, a été abandonné par le gouvernement Ayrault vu le peu d'empressement des villes à se porter candidates aux tests. 

Paris pollué : l'enfumage de Delanoë et des écolos


La façon dont le «smog», le nuage de pollution, s'est invité dans la campagne électorale est l'occasion de souligner combien Paris, en 12 ans de gestion sociétale, a reculé. Ce constat me navre d'ailleurs, puisque Bertrand Delanoë, lorsqu'il fut élu, portait avec lui une cohorte d'espoirs qui se sont tous éteints les uns après les autres.
● Le Smog, grand échec de l'équipe Delanoë
Commençons quand même par le commencement. Jamais de mémoire de Parisien la pollution n'avait atteint une telle pestilence. Non seulement elle est visible à l'oeil nu, mais tous ceux qui fréquentent le périphérique sentent forcément leurs poumons opprimés à son approche. L'état sanitaire de la Ville est devenu calamiteux.
Je reprends ici le programme de Delanoë en 2008:
- réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2) de 15% par rapport à 2004
- 200.000 mètres carrés de panneaux solaires d'ici à 2014 «pour faire de Paris une capitale mondiale de l'énergie solaire»

- création de quatre sections de couverture du périphérique pour lutter contre les nuisances sonores
- «végétalisation» des toitures
- construction de tours, mais «de haute performance environnementale et de grande qualité architecturale»
- 30 hectares supplémentaires d'espaces verts (32 dans la mandature 2001-2008)
- diminuer de 10% les déchets produits dans Paris
Il serait intéressant de reprendre point par point le programme de l'équipe sortante sur ces questions d'environnements. Le smog rappelle avec une triste évidence que le bilan général de la politique municipale est mauvais, et même très mauvais.
Juste par curiosité, l'équipement de la Ville en panneaux solaires est de 25.000 m2, soit dix fois moins que l'engagement de 2008. Selon Anne Hidalgo, 16 hectares de verdure ont été créés depuis 2008, soit deux fois moins que prévu. Ces deux seuls exemples sont d'autres illustrations de l'échec de Delanoë sur la question de l'environnement. Cet échec met aujourd'hui notre santé en danger.
Cet échec est également accablant pour les Verts, qui sont allés à la gamelle municipale depuis 12 ans, et ont diffusé leur idéologie bobo anti-banlieue nausabéonde sous couvert de grands idéaux sociétaux. Je rappelle ici quelques propos de la bienpensance verdoyante:
«L'ensemble de ces projets et plus globalement la place des 2 roues dans notre ville, feront l'objet d'une étude attentive dans le cadre de l'élaboration du futur Plan de Déplacement de Paris dont l'objectif est non seulement d'agir concrètement pour réduire les nuisances et les pollutions liées à l'automobile, mais aussi de promouvoir une utilisation équilibrée de l'espace public pour tous les Parisiens.»
(Denis Beaupin, 2001)
Tout ça pour ça!
● On s'ennuie à Paris
A cet échec patent, j'ajoute quand même le constat d'endormissement général qui saisit forcément les Parisiens noctambules.
Alors que, dans certains quartiers, la police laisse faire le tapage nocturne de façon totalement ahurissante (je pense ici à certaines zones de l'Est parisien où les appartements sont invivables à cause de ces nuisances - les habitants comme ceux du square d'Amiens, sur les maréchaux, dans le 20è, ne cessent de s'en plaindre), les rues de l'hyper-centre sommeillent avec le calme de la petite bourgeoisie bien-pensante qui entoure le maire. Longtemps, je n'y ai pas cru, mais… c'est en descendant récemment les Champs-Elysées à deux heures et demie du matin, à la recherche d'un bar avec quelques amis, un vendredi soir, que j'ai soudain mesuré le recul parisien.
Lorsque je suis arrivé à Paris en 1986, je me souviens qu'à deux heures du matin, on trouvait encore un hyper-marché ouvert (oui, oui, c'était le G 20 de Beaubourg, qui faisait travailler des étudiants… à cette époque les petits boulots étaient légion). A n'importe quelle heure du jour et de la nuit, on trouvait toujours un bar ou un magasin ouvert à Paris.
Aujourd'hui, même les Champs sont devenus un désert ahurissant.
Pourtant, Delanoë paraissait là encore porteur d'un anti-conformisme qui laissait espérer bien des choses… sauf une capacité à transformer la capitale en une résidence petite bourgeoise où l'on se couche à 22 heures.
● Une réussite sociale, vraiment?
L'équipe sortante aime bien parler de ses grandes réussites sociales pour faire oublier ses échecs par ailleurs.
Les créations de places en crèche tiennent la première place dans ces proclamations triomphales. Du point de vue du volume, l'objectif affiché en 2008 a été presque atteint (2.500 places nouvelles), ce qui est un bon bilan. Mais personne (les lecteurs de ce blog le savent, puisque j'ai commis en septembre 2013 un papier sur ce sujet) ne s'est réellement soucié de préciser le projet éducatif qu'il y avait derrière tout cela, et l'idée s'installe maintenant sans nuance qu'un enfant est fait pour aller à la crèche dès 3 mois pour son bien… Je ne reviendrai pas sur ce point maintenant, mais ce sujet pose quand même problème.
Sur les autres points du programme social de Delanoë en 2008, l'équipe sortante se montre curieusement beaucoup plus discrète. Peut-être (les habitants de l'Est parisien le savent) que les grappes d'enfants (y compris des nourrissons) qui dorment chaque nuit dans la rue apportent-elles là aussi un démenti cinglant aux proclamations de réussite officielle.
On pourrait par ailleurs disserter sur l'existence ou non de l'adjoint chargé du bénévolat que le maire annonçait en 2008. Sur le sujet de la capacité hôtelière, elle n'a guère progressé de plus de 2,5%, ce qui est un échec total pour l'équipe en place.
Bref, alors que le programme social de la Ville était extrêmement léger en dehors des créations de crèches, il est loin d'avoir été tenu.
Tous ces constats sont navrants. Bertrand Delanoë était, lors de son élection porteur d'une espérance: celle d'un homme nouveau qui apporterait des réformes et un renouveau parisien. Nous en sommes bien loin.