TOUT EST DIT

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samedi 8 mars 2014

UMP, FN, PS : l'effondrement de la politique

UMP, FN, PS : l'effondrement de la politique

À travers François Hollande, dont l'impopularité pulvérise tous les records, c'est l'ensemble de la classe dirigeante qui est fustigée par la population, analyse Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Élysée.

L'atmosphère générale dans laquelle baigne le pays semble être sans aucun précédent historique. On n'a pas souvenir d'une situation comparable de rejet populaire de la classe politique, des «élites» et des milieux d'influence dans leur ensemble. A travers François Hollande, dont l'impopularité pulvérise tous les records avec un taux de confiance de 17 % (- 2 %) selon le sondage SOFRES Figaro magazine mars 2014, c'est l'ensemble de la classe dirigeante qui est fustigée par la population. Les pouvoirs nationaux pataugent dans une impuissance de plusieurs décennies à régler les problèmes des Français, le chômage qui n'a jamais été aussi élevé dans l'histoire contemporaine, avec 3,3 millions de demandeurs d'emploi, la violence, le déclin économique, la dette et les déficits à l'origine de la «mise sous surveillance» de la Commission européenne, qui signe la perte d'indépendance de la nation. La crise de confiance est générale. La majorité actuelle la subit de plein fouet. Plus peut-être que ses résultats, c'est un style qui est condamné, une impression confuse de déni des réalités, de fausseté du discours, de distance prise avec le peuple et de fuite en avant dans le sectarisme. Mais cette crise de confiance concerne l'ensemble de la classe politique et se caractérise par l'absence d'alternative apparente. L'UMP est embourbée dans les scandales, ses déchirements d'ego, l'image négative de ses dirigeants. Rarement depuis un siècle et demi, l'image donnée par le camp des républicains modérés n'aura été aussi désastreuse. Le Front national, malgré les efforts de dédiabolisation accomplis et une omni-présence médiatique, garde au fond une image maudite, même si, dans le secret des sondages et des urnes, il joue un rôle de défouloir. Fondant son succès sur le tout-démagogie, isolé par l'agressivité de son discours, il ne se présente pas non plus en alternative crédible et son plafonnement à un niveau, même très élevé, de de 20 à 25 % des suffrages, dans un climat général de désespérance aussi profond, marque les limites de son potentiel. On ne constate de même strictement aucune percée individuelle durable dans les enquêtes d'opinion ni aucune tentation de «l'homme providentiel». « Le retour en grâce de personnalités dont la présence dans la vie politique remonte à plus de trente ans et jadis impopulaires est symptômatique du désarroi actuel. » Le relatif retour en grâce dans les sondages de personnalités dont la présence dans la vie politique remonte à plus de trente ans et qui ont été jadis extrêmemement impopulaires, Laurent Fabius et Alain Juppé, voire même de Dominique Strauss Kahn est symptômatique du profond désarroi actuel et du sentiment d'impasse générale, sinon d'absurdité. Le clivage principal ne se situe plus entre une majorité et une opposition, mais entre la France dite «d'en haut» et la France dite «d'en bas» c'est-à dire entre la classe dirigeante dans son ensemble, les milieux influents - le monde politique et médiatique - et la majorité silencieuse. Les Français, dont l'intelligence collective est sous-estimée par les milieux «d'en haut», comprennent qu'il n'existe pas de solution miracle. Ils fustigent un comportement général. Selon un sondage CEVIPOF de janvier 2014, 88 % reprochent aux dirigeants politiques de «ne pas se préoccuper de ce que pensent les gens comme eux», 8 % font confiance aux partis politiques et 23 % aux médias. Ils ont le sentiment d'une dérive de la vie publique, de plus en plus portée à la conquête et la préservation des postes, le sensationnel, les scandales, les polémiques parfois d'une extrême violence, le sectarisme d'où qu'il vienne, les insultes et ces horribles lynchages médiatiques -quelle que soit la gravité des faits qui les motivent-, qui s'enchaînent les uns après les autres. Dès lors, ils se sentent abandonnés par leurs élites, jugées indifférentes à leurs difficultés et leurs préoccupations. Les causes de cet effondrement de la politique sont profondes. Le triomphe de l'ego dans la vie publique, au détriment de l'intérêt général, est symptômatique d'un phénomène de société beaucoup plus global: «A l'âge post moderne une valeur cardinale perdure, intangible, indiscutée au travers de ses manifestations multiples: l'individu et son droit toujours plus proclamé de s'accomplir à part…» écrit Gilles Lipovetsky dans L'ère du vide (Gallimard 1983). La surpersonnalisation de la vie politique, jusqu'à l'absurde, est la quintessence de ce phénomène. « L'institution présidentielle, surmédiatisée, devenue le mirage obsessionnel des politiciens nationaux, cristallise la dérive narcissique de la vie publique. » L'institution présidentielle, surmédiatisée, devenue le mirage obsessionnel des politiciens nationaux, cristallise la dérive narcissique de la vie publique dans un climat d'aveuglement total dû à l'hypertrophie de l'ego. On ne voit guère aujourd'hui d'issue possible à une crise du politique qui reflète un phénomène de société plus global. Une réforme des institutions visant à réduire le narcissisme élyséen en réhaussant les autres pôles de pouvoir, Matignon et le Parlement, un recours plus fréquent à la démocratie directe, le référendum, apporteraient peut-être un peu d'air frais à la vie publique, mais sans pour autant modifier en profondeur les comportements. Il arrive un stade où l'on ne peut guère s'en remettre qu'à la force de l'histoire, de Clio: «C'est ici le plus grand mystère peut-être de l'événement, mon ami, c'est ici proprement le mystère et le mécanisme même de l'évènement, historique, le secret de ma force, mon ami, le secret de la force du temps, le secret temporel mystérieux, le secret historique mystérieux, le mécanisme même temporel, historique, la mécanique démontée, le secret de la force de l'histoire, le secret de ma force et de ma domination…» (Charles Péguy, Clio, Dialogue de l'histoire et de l'âme païenne.) 

Patrick Buisson, un traître en Sarkozie

Patrick Buisson, un traître en Sarkozie

Il a donc osé mettre l’Élysée sur écoute. Chapeau, l’artiste ! La vilaine manœuvre, d’ordinaire, se fait dans l’autre sens. Éclatant au grand jour, le scandale sort de l’ombre une éminence grise qui espérait bien y rester. Et la lumière fut. Le pays tout entier connaît maintenant Patrick Buisson, qui conseillait le prince à l’époque du “Cass’toi pauv’con”.
Qui c’est, ce type ? De son propre aveu, bande sonore à l’appui, un “monarchiste” pur et dur. Un bon fils, aussi, qui semble regretter les “Camelots du roi” où son père milita jadis. Ceux-là, entre les deux guerres, appelaient “Gueuse” la République et comptaient l’abattre par “un coup de force”. L’Action française, dans ce qu’elle a de plus noble…
Qu’un maurassien ait pu ainsi s’infiltrer au sommet de l’Etat, entre 2007 et 2012, donne un peu le vertige. Parmi l’UMP, d’ailleurs, beaucoup dénoncèrent son influence nocive. Mais personne ne réussit à obtenir le départ du savant stratège. L’ex-journaliste de Minute, inspirateur d’une fameuse “dérive droitière”, gardait la confiance de Nicolas Sarkozy. Mauvaise pioche du président : qui dîne avec le diable a besoin d’une longue cuillère…
Buisson, dictaphone planqué, enregistrait les dialogues intimes dans le cercle étroit du pouvoir. Au fil de leur retranscription encore partielle, on entend quoi exactement ? À défaut d’éblouissantes analyses, un chapelet de pauvres et venimeuses vulgarités. Nous voici donc, enfin, au cœur de la plus haute politique.

Pour son dernier meeting de campagne dans le XVe, Anne Hidalgo ne se montre pas très sport…


Pour que la candidate socialiste Anne Hidalgo puisse tenir un meeting, plusieurs centaines d’élèves et de membres de clubs de l’arrondissement risquent d’être privés de sport pendant deux jours.
C’est via un mail de son directeur de campagne dans le XVe, Florian Sitbon, qu’Anne Hidalgo a demandé à la Direction Des Sports de la Ville de Paris l’autorisation d’organiser un meeting le 20 mars au gymnase Cévennes.
« L’événement aurait lieu le jeudi 20 mars prochain, de 19h à 21h, avec une mise en place à partir de 14h » a fait savoir le collaborateur de la candidate socialiste. Mais il se trouve que ce gymnase est très occupé et qu’un meeting devant réunir près de 300 personnes requiert un travail préparatoire puis des heures de nettoyage et de rangement le lendemain qui empêchent toute activité de s’y dérouler.
Dans sa réponse à Florian Sitbon, la DDS qui chiffre à 3842 euros le coût de l’opération, rappelle que cette manifestation entraînera la suppression de « dix créneaux scolaires et de 12 créneaux associatifs ». Autrement dit, plusieurs centaines d’élèves et de membres de clubs de l’arrondissement risquent d’être privés de sport pendant deux jours. Qu’à cela ne tienne, Anne Hidalgo tiendra bien sa grande réunion de fin de campagne dans le XVe au gymnase Cévennes le 20 mars, à partir de 18H30, évacuant du même coup la proposition d’un nouveau débat avec les autres têtes de listes qui lui avait été proposé ce 20 mars et qu’elle a refusé, au grand dam de ses adversaires. Pas très sport, Anne…

La benne à ordures

La benne à ordures


On peut se demander pourquoi la politique française sombre ainsi dans l’ordure pure et simple. L’histoire des enregistrements Buisson est tout simplement minable, à vomir. A l’origine ? Une fuite d’un ordinateur à la maison ne peut sans doute  venir que d’un sordide règlement de compte privé. Tout commence dans la pourriture et se poursuit dans la manipulation. L’univers politico-médiatique fait une montagne, un Everest, de propos enregistrés clandestinement et volés qui n’ont, à ce stade, pas le moindre espèce d’intérêt politique ou historique : la une du Monde, les télés, les radios se repaissent de l’immondice. Pendant ce temps, la Commission place la France « sous surveillance » pour sa situation économique calamiteuse, qui la voue au ban des nations européennes. Et moi qui ne suis pas fédéraliste, mais euro-réaliste, je le dis sans ambages: la Commission a entièrement raison ! Nous sommes embarqués dans une entreprise de crétinisation de masse, de destruction de l’esprit civique et de l’intelligence de la part d’un monde politico-médiatique sans foi ni loi qui n’a plus qu’une seule préoccupation : survivre dans le désastre, conserver ses rentes de situations, son influence et ses privilèges. Ce qui lui fait peur aujourd’hui, à tort ou à raison, c’est un éventuel retour du président Sarkozy dans l’arène politique qui viendrait chambouler l’équilibre de la pourriture en train de se cristalliser. Pour l’éviter, ils sont prêts à tout, à livrer le pays au chaos, à la honte et à l’extrémisme, à détruire et à tuer.

Yannis Varoufakis: "Il aurait mieux valu que la Grèce fasse faillite"


Yanis Varoufakis, économiste éconoclaste, fait partie du petit nombre des experts qui ont prédit la crise des subprimes. Il juge - sévèrement - les politiques menées face à la crise par les institutions du Vieux Continent. Interview. 

Le "Dr. Doom" grec. C'est par ce surnom -"M. Catastrophe"- que nombre de ses concitoyens connaissent Yanis Varoufakis, ancien conseiller de Georges Papandréou. Mais c'est en critiquant les plans de sauvetage d'Athènes, en 2010 et 2011, qu'il s'est rendu célèbre, s'attirant au passage l'hostilité des cercles dirigeants du pays, au point de devoir s'exiler aux Etats-Unis, en 2011. A quelques jours d'un Conseil européen important (le 20 mars) et à quelques semaines d'élections européennes à haut risque, Varoufakis juge - sévèrement - les politiques menées face à la crise par les institutions du Vieux Continent. Alors que la Grèce préside depuis le 1er janvier l'Union européenne, celui qui enseigne désormais à l'Université du Texas à Austin fait aussi part de son inquiétude pour son pays. 
La Commission européenne estime que la Grèce commence à sortir la tête de l'eau. Qu'en pensez-vous?
C'est une absurdité. La Commission met en avant les indicateurs qui l'arrangent. Elle soutient que le taux auquel le pays emprunte a baissé, mais la Grèce n'est pas retournée sur les marchés depuis 2010! Par ailleurs, une grande partie de la dette est désormais détenue par les autres Etats européens. Donc, cela n'a pas vraiment de signification.  
De la même manière, on nous explique que la Bourse d'Athènes reprend des couleurs. Mais la plupart des grandes entreprises sont parties s'installer au Luxembourg ou au Royaume-Uni. Il n'y a plus guère que les banques qui soient cotées. Or les hedge funds parient que leur cours va un peu se redres -ser : c'est la seule raison pour laquelle la Bourse remonte ! 
A quels indicateurs peut-on se fier?
Il faut regarder, en premier lieu, l'investissement. C'est la force qui entraîne l'économie. Il a diminué sans discontinuer depuis quatre ans, y compris au dernier trimestre de 2013. Deuxième indicateur : l'emploi. Le chômage continue à augmenter. Enfin, dernier élément : le crédit, notamment les prêts destinés aux start-up et, plus généralement, aux petites et moyennes entreprises.  
Là aussi, on observe une chute. Voilà les vrais indicateurs, et l'histoire qu'ils racontent est très triste. Le plan adopté pour le pays en 2010 a été une énorme erreur de politique économique : on a échangé un sauvetage financier contre une austérité très violente, qui a fait exploser la dette au lieu de la réduire. Il aurait mieux valu laisser le pays faire faillite. La Grèce paie aujourd'hui encore les conséquences de cette décision. 
Comment jugez-vous la situation actuelle du pays, sur le plan économique et social?
La Grèce est un Etat exsangue, avec une minorité qui prospère grâce à la corruption, et une majorité qui dépérit. Les véritables décisions sont prises par les commissaires européens. Les seuls biens que nous exportons, ce sont nos jeunes, partis s'installer sous d'autres cieux. 
Comment évaluez-vous les risques politiques et sociaux dans le pays?
C'est bien connu : l'Histoire se répète parfois sous forme de tragédie, parfois sous forme de farce. Les premières années de la crise ont été marquées par de nombreux troubles sociaux ; il y en a beaucoup moins maintenant. Les gens rentrent chez eux et lèchent leurs plaies. Ils essaient de joindre les deux bouts, et de mettre de quoi manger sur la table. Pour résumer, les rues sont calmes, mais le mécontentement est fort, et la pauvreté, un cancer qui tue les gens psychologiquement.  
De très nombreux ménages sont surendettés. Ce que j'ai pu observer au sein des familles, c'est une forme de dépression au sens clinique du terme, qui s'apparente beaucoup aux états bipolaires. Un jour, les gens sont catatoniques et, le lendemain, ils sont dans une forme d'optimisme bizarre, où ils éprouvent le sentiment totalement irréaliste que tout est possible. Puis la dépression revient. Pas besoin d'être grand clerc pour savoir de quoi tout cela est le terreau, on l'a déjà expérimenté dans les années 1930, et pas seulement en Allemagne... 
Aube dorée, le parti d'extrême droite, ne recueille pourtant qu'une minorité des suffrages...
Aube dorée n'est pas au gouvernement, mais cela ne veut pas dire que ses idées ne sont pas au pouvoir. En 2012, juste avant les élections législatives, le gouvernement socialiste a ordonné que les femmes SDF à Athènes soient soumises sans leur consentement à des tests VIH et que, si elles étaient séropositives, elles soient emprisonnées et que leurs photos soient affichées à l'extérieur des commissariats.  
A l'été 2012 encore, des députés du parti au pouvoir [sous le gouvernement conservateur d'Antonis Samaras] ont déposé au Parlement un amendement qui stipule que, pour entrer dans la police ou l'armée grecque, il ne faut pas seulement être citoyen du pays, mais pouvoir prouver que l'on est de sang grec. Si les partis traditionnels font cela, que feront les fascistes ? 
Après avoir longtemps été professeur à l'université de Sydney, vous êtes revenu en Grèce en 2000, où vous avez été conseiller économique de Georges Papandréou entre 2004 et 2006. Puis vous avez à nouveau quitté le pays à la fin de 2011. Pourquoi?
Je suis revenu effectivement en Grèce en 2000. Le pays était alors traversé par une vague de xénophobie, et j'avais trouvé que Papandréou, en tant que ministre des Affaires étrangères, y avait bien répondu. C'est pour cela que j'ai accepté de le conseiller. Puis j'ai commencé à avoir des divergences avec lui à propos de son management, mais aussi de la politique économique menée. J'ai démissionné en 2006, et j'ai commencé à alerter sur les risques de crise financière mondiale. J'ai été traité comme l'idiot du village. 
Ensuite, la crise a éclaté et a touché la Grèce, en 2009. En tant qu'ancien conseiller de Papandréou, j'étais un des seuls à dire : il ne faut pas accepter le plan de sauvetage, il aura des conséquences catastrophiques; mieux vaut laisser l'Etat faire défaut. Dès lors, j'ai commencé à être considéré en Grèce comme un "agent du mal", celui qui voulait que le pays fasse faillite. Cela ne s'est pas arrangé l'année suivante, quand j'ai critiqué le second plan de sauvetage, qui alimentait la corruption financière, avec la bénédiction de la troïka [NDLR: Union européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international]. Ma famille a alors commencé à recevoir des menaces, et j'ai décidé de quitter le pays. Voilà pourquoi je vous parle aujourd'hui depuis l'Université du Texas, à Austin. 
Au-delà de la Grèce, que pensez-vous de la situation de la zone euro? Bruxelles estime là encore que la situation s'améliore, tandis que certains experts s'alarment du risque de déflation...
Notre premier devoir, c'est de conceptualiser les problèmes que nous rencontrons. Prenez, par exemple, le changement climatique. Vous observez des inondations en Australie, un dégel en Sibérie, des ouragans à New York ou à La Nouvelle-Orléans. Si vous considérez ces phénomènes séparément, vous n'avez aucune chance de résoudre le problème. C'est pourtant ce que l'on a fait avec la zone euro, alors que la pauvreté en Grèce, le chômage en Espagne, les minijobs en Allemagne, le déficit de compétitivité de la France sont tous liés aux dysfonctionnements de l'architecture de la zone euro. On a voulu résoudre ces difficultés par des politiques d'austérité généralisées, avec le succès que l'on sait. 
Le risque de déflation est-il réel?
La spirale déflationniste est d'ores et déjà enclenchée. Les prix manufacturiers ont commencé à chuter dans certains secteurs. L'Allemagne vient d'annoncer que les salaires réels avaient baissé en 2013. Si les salaires diminuent en Allemagne, que va-t-il se passer en France ou en 
Espagne? Il faut rappeler que cette stratégie de déflation salariale a été mise en oeuvre sciemment par la Commission pour remédier à la crise. Dans sa grande sagesse, elle a récem -ment demandé au Portugal de baisser encore les rému -nérations ! Mais je ne blâme pas les autorités politiques : si l'on considère que l'architecture de la zone euro est sacrosainte, alors la BCE ne peut pas monétiser la dette, elle ne peut pas non plus jouer les inter médiaires entre les établissements financiers et les Etats... Elle ne peut rien faire! 
Vous proposez justement dans un ouvrage récent (1) plusieurs mesures pour résoudre ces problèmes sans modifier les traités...
Nous proposons en premier lieu que la BCE puisse émettre elle-même des obligations pour le compte des Etats, ce qui permettrait de faire baisser les taux d'intérêt auxquels ils empruntent. Deuxièmement, il faudrait autoriser la BCE à recapitaliser directement les banques en difficulté via le Mécanisme européen de stabilité. Cette faculté romprait le lien entre les banques et les Etats dont elles sont originaires.  

Scène de la vie quotidienne

Scène de la vie quotidienne


 Ce n’est pas la première fois qu’une telle mésaventure m’arrive. Mercredi, vers 18 heures, sortant du métro, à deux pas de chez moi, je discute avec une amie de "l’affaire Buisson". J’aperçois un homme d’une trentaine d’années en train de bousculer violemment et d’insulter une jeune femme, grande, mince, brune, accompagnée de deux tout jeunes enfants d’environ 3 et 5 ans qui se tiennent la main. Je m’interpose et lui dis d’arrêter. Son haleine empeste l’alcool à deux mètres. "C’est ma femme, connard, je fais ce que je veux!" Je reçois une bordée d’injures et un mauvais coup au thorax. Deux personnes se joignent à moi, détournant ainsi sur elles la fureur de l’ivrogne. J’en profite pour dire à la dame: "Venez, je vous accompagne au commissariat, vous ne pouvez pas rester ainsi." Elle me répond tristement: "Je vous remercie beaucoup Monsieur, mais ce n’est pas possible". "Si! vous allez venir avec moi au commissariat!" "Non, je suis désolée, Monsieur, je ne peux pas faire une chose pareille". L’abruti se rapproche de sa compagne: "Allez viens, on rentre à la maison". J’essaye de nouveau de m’interposer. Les deux passants m’arrêtent: "c’est inutile, si elle n’est pas d’accord, vous ne pouvez rien faire!". Je vois donc le sale type s’éloigner d’un pas mal assuré, "allez, viens, on rentre à la maison", suivi de sa femme en pleurs et de deux minuscules têtes blondes, une fille et un garçon, main dans la main, qui doivent se demander ce qu’ils sont venus faire en ce monde pourri.