TOUT EST DIT

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lundi 3 mars 2014

EXTRAIT DU CANARD


Roms : police et justice "obligées de ruser" face à la délinquance

La question rom reste un point de crispation à l'approche des municipales. Francetv info a rencontré policiers et magistrats pour mieux comprendre les enjeux de la lutte contre la délinquance itinérante. 
Un petit matin sur le réseau de transports en commun de Lille (Nord). Une poignée deRoms d'une dizaine d'années bidouillent devant les distributeurs de tickets. Rodés, ils visent plutôt les femmes. Lorsqu'elles insèrent leur monnaie, celles-ci sont immédiatement distraites par deux gamins tandis qu'un troisième annule la commande, se saisit des quelques pièces retombées de la machine et disparaît. "Ça, ça nous pourrit la vie en ce moment", soupire André Lourdelle, vice-procureur au parquet des mineurs de Lille.

Des méfaits "toujours à la marge d'une infraction pénale" 
Code civil à la main, il précise : "Il faut que je trouve une infraction pénale, un élément matériel, qui corresponde aux faits qui vous choquent, vous citoyens, pour pouvoir poursuivre un individu." Et André Lourdelle d'énumérer, sur ce cas précis qui se produit tous les jours dans les transports lillois : "Un vol ? Si personne ne porte plainte, on ne peut rien et les gens pressés qui se font piquer 2 euros avant d'aller au boulot ne viennent jamais au commissariat. Une escroquerie ? Il faut que la victime remette quelque chose à une autre personne en ayant été abusée. Abus de confiance ?" Le vice-procureur poursuit sa démonstration...
Confronté à des méfaits "toujours à la marge d'une infraction pénale", le parquet est"obligé de ruser". Et ce n'est pas la seule contrainte dont il doit tenir compte. "Quand on arrête un mineur rom, il faut déjà réussir à obtenir un nom. Et même si on a un nom, il faut pouvoir trouver les parents, qui ne parlent souvent pas français", explique le magistrat. En outre, la loi ne permet pas le maintien des mineurs de moins de 12 ans en détention et impose un maximum de 4 heures de garde à vue pour les plus de 15 ans.
Pour pouvoir agir malgré tout, les autorités lilloises ont mis en place un dispositif pour lutter contre la mendicité aux feux rouges, pratiquée par des femmes, mais aussi des enfants, au milieu de la circulation. "La police a opéré une surveillance durant plusieurs semaines, avec photos à l'appui, pour repérer qui était là de façon récurrente et où", raconte André Lourdelle.
Finalement cinq jeunes de 7 à 15 ans sont interpellés et conduits dans les centres sociaux du conseil général grâce à des ordonnances de placement provisoire, prévues pour protéger les mineurs. "Deux familles se sont présentées et on les a placées en garde à vue sur le fondement de 'soustraction aux obligations parentales', poursuit le vice-procureur. On nous a accusés de rafler des gamins, mais le phénomène a été éradiqué."

Peu de renseignements et "pas de fichier centralisé"

La stratégie a également changé au niveau de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI). Créée en 2004, cette cellule progresse doucement dans l'organisation de la réponse policière face à une délinquance dont il découvre les contours. Selon le colonel Patrice Bayard, qui dirige l'OCLDI, la délinquance itinérante la plus répandue est notamment le fait d'individus qui viennent s'accoler à un camp existant pour y recruter des mineurs ou qui s'en servent de camp de base provisoire.
"Nos services d'investigations constatent que des camionnettes partent des camps le matin. Des gamines sont lâchées dans une rue, où elles volent de la monnaie et des bijoux, avant d'être emmenées ailleurs", confirme un commissaire. Mais difficile de piquer les réseaux sur le fait : "il faudrait des effectifs à foison pour surveiller toutes les entrées et les sorties des camps", soupire le cadre policier. Et de préciser : "La BAC sait à peu près qui fout la merde dans quel quartier. Mais les Roms, on ne les connaît presque pas : ils vivent à l'écart et on n'a pas de fichier centralisé."
Mi-septembre, trois frères et sœurs sont interpellés sur un cambriolage en Alsace. Les enquêteurs équipent les téléphones portables de traceurs puis relâchent les suspects. Ils sont ensuite repérés dans l'Aude, le 16, et dans les Bouches-du-Rhône, le 17. Ils dorment dans les camps roms des environs et peuvent compter sur quelques adultes pour venir les chercher en cas de problème. Mais ils ne rendent de comptes qu'à leurs parents, domiciliés en Ile-de-France.
Le rapprochement entre leur géolocalisation et les cambriolages signalés parle d'elle-même. Mais il n'existe aucune preuve. Le seul moyen pour les autorités de "traiter les choses" selon Patrice Bayard, c'est d'utiliser "le volet de la traite des êtres humains", motif pour lequel le tribunal de Nancy a condamné, fin septembre, 27 Roms d'un réseau similaire utilisant leurs enfants pour des cambriolages.

Peu de chance qu'ils se présentent devant la justice

"Il y a une sous-estimation de ces problèmes-là. On traite ça comme une délinquance de proximité. Or c'est souvent plus compliqué", résume le patron de l'OCLDI. "Pour l'instant, chacun mène sa guerre dans son coin", ajoute-t-il. D'après lui, seule 30 à 40% de la réalité est d'ailleurs connue. Petite lueur d'espoir pour Patrice Bayard, la mobilisation actuelle au niveau européen : "Les suspects sont souvent connus dans d'autres pays pour des faits identiques. Donc son profil change : ce n'est plus un primo délinquant qui fait ça pour sa survie, ce qui permet de changer le regard du magistrat sur la question."
Reste à savoir si les mis en cause répondront présents à leur convocation judiciaires. Un juge pour enfants qui souhaite garder l'anonymat confirme : 90% des procédures se retrouvent sans accusés. "Au mieux, ils sont là pour leur mise en examen. Sinon, je fais un mandat d'amener à la dernière adresse connue mais les policiers font chou blanc", regrette le magistrat.
A Lille, même pour des petits délits, le parquet déclenche régulièrement des comparutions immédiates. "On nous accuse de faire comparaître des voleurs de poules mais c'est notre seule chance qu'ils passent devant la justice", s'excuse André Lourdelle. Et le juge, qui "voit passer des noms plusieurs fois par an sans n'avoir jamais vu de visage", de nuancer : "Les gens issus de la communauté rom installée en France qui veulent s'intégrer se présentent au tribunal. Ce sont ceux issus des pays des Balkans qui ne viennent jamais."
De toute façon, soupire le magistrat, "mon plus gros problème est de trouver de quoi scolariser ou intégrer" les mineurs incriminés et "vulnérables""On trouve systématiquement porte close. Les associations elles-mêmes reconnaissent qu'il faut un an pour arriver à quelque chose."

Le "ping-pong" de l'évacuation des camps

"Et pendant ce temps-là, la police est au milieu, prisonnière du politique et de ses atermoiements", glisse un commissaire de police désemparé, qui a "l'impression de vider l'océan avec une petite cuillère".  La gestion des camps illégaux, qui se développent car près de la moitié des communes françaises ne respectent pasl’obligation qui leur est faite depuis 2000 de prévoir un terrain d’accueil pour les gens du voyage, est la dernière épine dans le pied des autorités. 
"On ne peut pas nier l'ensemble des phénomènes qui entourent ces populations", explique prudemment Céline Berthon, secrétaire générale adjointe du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) qui dénonce régulièrement le temps "perdu" à ces opérations. Entre Lille, Tourcoing, Roubaix, et les petites villes alentours, "c'est un véritable ping-pong", explique un commissaire du Nord.
Pour les personnes faisant l'objet d'obligation de quitter le territoire français (OQTF),"on les raccompagne à la frontière, c'est-à-dire en Belgique, à une poignée de kilomètres", grince-t-il. Kilomètres aussitôt parcourus dans l'autre sens. Quant aux autres, elles sont escortées soit jusqu'à un camp légal, généralement saturé, soit "on les met litteralement sur la route, dans la direction du département voisin".

L'heure de Fabius

L'heure de Fabius

Depuis des mois déjà - et bien avant que François Hollande ne lance son pacte de responsabilité avec le patronat - Laurent Fabius martelait ces trois mots : « Compétitivité, attractivité et baisse des dépenses publiques ». On aurait pu juger cela hors sujet pour un ministre des Affaires étrangères. On aurait pu penser, aussi, que c'était une critique à peine voilée de Hollande dont l'arrogant Fabius raillait, en 2007, l'effacement de « fraise des bois » . Mais voilà que 61 % des Français (Ifop-JDD) voient en lui « le plus solide » des membres du gouvernement, loin devant Valls, leur favori d'hier. Et voilà que le positionnement de celui qui fut, en 2005, l'adversaire de Hollande, premier secrétaire du PS, lors de la bataille pour le référendum européen, « colle » exactement au nouveau cap de Hollande Président. Parce qu'il n'a pas oublié les humiliations passées et qu'il peut craindre la comparaison à venir, le chef de l'État hésite-t-il, cependant, à nommer Fabius à Matignon ? Mais il a appris de François Mitterrand à utiliser les hommes sans affect. Si 1984 fut, pour son prédécesseur socialiste, le moment de nommer un Premier ministre de 38 ans - Fabius - incarnant la modernité, 2014 est, pour Hollande, le moment de nommer un homme d'expérience. Et puis, Fabius est celui qui disait « la gauche ne court pas le risque d'être battue par la droite, mais elle peut l'être par les impôts ». C'était en 2001. L'année d'après, Lionel Jospin était évincé par Jean-Marie Le Pen. Hollande n'a pas oublié la leçon.

Notre-Dame-des-Landes. Embrasement immédiat

Notre-Dame-des-Landes. Embrasement immédiat



Preuve que Notre-Dame-des-Landes est un sujet qui divise profondément, rarement les échanges avaient été aussi nombreux et tendus que cette semaine, à la suite de la manifestation de Nantes et de ses violences. Et rarement la « tour de contrôle » du Télégramme n'avait eu à sortir de la piste autant de commentaires déplacés ou insultants.
Reste la fracture elle-même. « De toute façon, vous pouvez taper du pied comme des gosses mal élevés, il se fera, cet aéroport ! » tonne Titi Bernard sur Facebook. « Surtout qu'il ne coûtera qu'aux habitants de Loire-Atlantique (...), marre de ces commentaires infondés venant souvent de Bretons en plus », abonde Jean-François Bonnet. « Arrêtez de dire que ce sont les Bretons qui mettent la m*** », lui répond un peu plus loin Lionel Tybreizh, tandis que Flo Freemouss pointe des casseurs « qui ne venaient que pour casser et pas pour la manifestation ».
Les violences de Nantes « sont une honte mais les opposants à cet aéroport ne sont pas les responsables et nous le savons tous », affirme en écho Eric Teva Bernard. Ce n'est pas l'avis de Yannick Porhel : « si les anti-NDDL ne sont pas capables de tenir leurs rangs et d'organiser des manifestations pacifiques, c'est leur choix mais qu'ils ne viennent pas se plaindre ! » Les images, en tout cas, ont impressionné : « Nantes ou Kiev ? » nous demandait sur Twitter@PhilippeWezer.
Quant à la facture de la casse, « qui va devoir payer, maintenant ? » s'inquiète Marylène Rostren, à qui Jean-Pierre Gruson répond indirectement sur letelegramme.fr : « les organisateurs de la manifestation ». Alain Bosso préfère ironiser sur les dégâts : « si on raisonne comme Ayrault, on pourrait dire que ça donnera du travail... Un peu comme construire un aéroport alors qu'il y en a déjà un qui convient très bien... »
Dernier épisode de la semaine, la demande par Jacques Auxiette de faire évacuer la Zad : « il peut toujours demander, pas dit qu'il y arrive », semble vouloir croire Ludovic Morris. De nouveaux débats enflammés en perspective, donc.

Crise ukrainienne : ce que nous coûterait vraiment un clash Russie/Europe


La France et le Royaume-Uni ont suspendu leur participation aux réunions préparatoires du G8 de Sotchi (Russie), en réaction aux événements en Ukraine. Mais si le divorce entre la Russie et l'Union européenne était réellement consommé, l'impact économique serait insoutenable pour plusieurs pays de l'union.

 Le monde occidental et notamment les pays européens ont vivement réagit à l'incursion russe en Ukraine. La France et la Grande-Bretagne ont notamment annoncé avoir "suspendu" sa participation aux réunions préparatoires du G8 de Sotchi. Quel impact pourrait avoir sur l'Europe une rupture des relations de ses relations avec la Russie ?

Nicolas Mazzucchi : Ce serait très compliqué, car ces deux ensembles sont interconnectés. Ils ont tous les deux annoncé depuis de nombreuses années leur volonté de coopérer et ont tissé un certain nombre de lien, diplomatiques ou économiques. Cette relation s’est beaucoup développée depuis les années Eltsine et a continué sous Poutine, qui voit l’UE comme un de ses partenaires, notamment économique.
L’Europe au sens large est le débouché économique naturel de la Russie. Imaginez le nombre de liens qui se sont tissés depuis 25 ans ! Une rupture aurait donc des conséquences extrêmement fortes, et je ne vois pas comme cela pourrait arriver, sur le plan diplomatique ou économique.

Quel serait l’impact sur l’approvisionnement énergétique de l’UE si les situations venaient à se tendre ? Quels pays sont les plus dépendants de l’énergie russe ?

L’impact serait énorme, et pour certains pays insoutenable. La Russie exporte la majeure partie de son gaz et de son pétrole vers l’ouest. L’Union européenne et les pays européens sont ses premiers clients au niveau des matières premières énergétiques.
Si l’on rajoute la partie technologique de ce volet énergétique, énormément de pays européens sont équipés de centrales nucléaires russes, ont des contrats d’approvisionnement avec la Russie pour l’uranium ; Atomener-goprom l’entreprise russe de construction de centrales nucléaires, opère en République-Tchèque, en Slovaquie…  Cette société a aussi passé des contrats de fourniture d’uranium avec Areva, pour alimenter des centrales au Royaume-Uni.
L’Allemagne est le pays le plus dépendant à la Russie. Elle s’est construite depuis les années 1990 comme le hub énergétique de la Russie en Europe. Le siège de Gazprom Europe est en Allemagne et le pays est le premier client en export-pétrole de la Russie. L’Allemagne, au tout premier chef, serait le pays d’Europe le plus affecté. Mais tous les pays qui se situent entre elle et la Russie, c’est-à-dire toute l’Europe centrale et orientale, sont aussi extrêmement dépendants. Ces pays, comme la Pologne, la Slovaquie ou la République tchèque avaient déjà extrêmement souffert lors des guerres gazières entre la Russie et l’Ukraine en 2006-2008.
La Russie a aussi diversifié ses voies d’approvisionnement vers l’Europe, en construisant le gazoduc North Stream et actuellement le gazoduc South Stream, ce qui veut dire que des pays qui étaient peu dépendants de la Russie le deviennent de plus en plus. Pour la France, par exemple, on est passé de 12% à 15% d’approvisionnement gazier russe en 5 ans. Ce n’est pas énorme, mais on voit que la Russie renforce son poids dans les relations.
Pour l’Union, une rupture des relations aurait donc un impact majeur – ce qui accrédite l’idée que cela ne se produira pas – et cet impact serait vraiment dramatique pour l’Allemagne et l’Europe orientale.

La relation énergétique entre Européens et Russes date maintenant d’il y a plus de 30 ans, avec les accords de 1981 prévoyant des livraisons de gaz soviétique à des Etats de la CEE. Ces accords ont résisté à toutes les crises, notamment à la colère de l’administration Reagan, dès leur mise en place. Peut-on envisager une rupture diplomatique qui ne toucherait pas au sujet énergique, trop sensible pour les deux parties ?

Les deux volets sont interconnectés. La Russie fournit de l’énergie à des tarifs préférentiels en fonction des relations qu’elle entretient avec les pays. Elle fournit très peu à court marché, mais plutôt à long marché, avec des facilités pour des pays qui lui sont proches, comme l’Allemagne. Si demain elle décide de vendre à court marché, on n’aura pas une rupture des relations énergétiques, mais l’impact sera tout de même très important. Ça a été parfaitement compris par Vladimir Poutine dès son arrivée au pouvoir, et c’est l’un des éléments de son « arme diplomatique gazière ».
Et ça ne s’entend pas que dans l’énergie. La Russie est un champion des matières premières toute catégorie : métaux rares ou stratégiques – la Russie est l’un des premiers fournisseurs de titane d’Airbus – ou matières premières agricoles, comme le blé. Pour toutes les industries agro-alimentaires européennes qui vont se fournir en Russie, il peut y avoir un problème.
Tout ce système d’exportation de matières premières est tenu de manière plus ou moins directe par le Kremlin. VSMPO-Avisma, le producteur de titane, appartient ainsi aux deux-tiers à l’Etat russe.

Malgré ces interconnections, comment expliquer que les relations entre l'Union européenne (UE) et la Russie patinent depuis plusieurs années, notamment depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin ? Par exemple, le dossier de l’abrogation des Visas n’a jamais été réglé.

Chacun est un peu sous la menace de l’autre. L’Union européenne est dépendante de la Russie au niveau énergétique, mais la Russie s’est énormément désindustrialisé depuis la chute de l’URSS et a de plus en plus besoin non seulement des produits finis européens mais aussi des coopérations technologiques. On le voit dans l’aéronautique, où des sous-filiales d’Airbus sont obligées d’aider des entreprises russes ; Renault ou Fiat ont aussi noué des partenariats avec des constructeurs russes…
Chacun a besoin de l’autre et joue là-dessus. Ce jeu de dépendance croisée fait que la relation a parfois du mal à se mettre en place de manière sereine car chacun soupçonne l’autre d’instrumentaliser le volet économique et de vouloir accroître sa puissance au détriment de l’autre.
Par ailleurs, l’Union européenne n’est pas un bloc unifié. On a le bloc des pays moins orientés vers la Russie, pour des raisons historiques – les pays baltes – ou géo-économiques – comme le Royaume-Uni. Il y a ensuite le bloc pro-russe (Allemagne, Slovaquie, certains pays du Caucase) et un troisième groupe (France, Portugal, Espagne…) qui ont peu de liens. Ils jouent un peu le rôle de tampon et c’est souvent le basculement de la France qui décide de la relation.
Il y a donc un éclatement des opinions européennes vis-à-vis de la Russie. Si on y ajoute le jeu des Etats-Unis via l’Otan, ça complexifie encore l’affaire.

On le sait peu, mais 2014 est "l’année de la science UE-Russie". Y-a-t-il d’autres secteurs où la coopération Europe-Russie pourrait souffrir d’une rupture des relations ?

La Russie a toujours considéré la science comme l’un de ses pôles de savoir-faire, particulièrement les sciences dures. Et Vladimir Poutine a voulu reprendre, depuis plusieurs années, remettre les universités russes au premier plan. Il fait appel pour cela à la coopération culturelle, éducative et scientifique avec l’Europe. Un certains nombres de programmes pourraient donc être touchés.
Il y a aussi une volonté russe de se réindustrialiser, avec une visée dans les domaines de pointe comme l’industrie nucléaire, l’aéronautique, le spatial et les nanotechnologies. Pour cela, les Russes comptent sur le savoir-faire des industries européennes. Une rupture des relations sur ce point ferait aussi mal à la Russie.

C’est un peu un équilibre de la terreur, finalement ?

Oui, mais les deux ont des portes de sortie… complexes. Dans le domaine énergétique, les Etats-Unis se présentent de plus en plus comme un futur exportateur de gaz et incitent certains pays à venir se fournir chez eux plutôt que chez les Russes. Les pays baltes et les pays d’Europe du Nord sont très intéressés.
Côté russe, il y a aussi une possibilité de diversification vers la Chine – même si les relations russo-chinoises sont encore plus marquées par la défiance que les relations avec l’Europe. Les Chinois sont de plus en plus demandeurs de matières premières, de gaz russe, et la Russie a un peu tendance à brandir cette menace à l’UE : « si vous arrêtez d’acheter notre pétrole, on le vendra à la Chine ».
Ceci dit, ces voies de sortie ne se feront qu’à moyen ou long terme, et il y a très peu de chances que la Chine remplace l’Europe demain ou après-demain dans la balance économique russe. Idem pour les Etats-Unis remplaçant la Russie dans la balance européenne.

AMBIANCE DÉLÉTÈRE

AMBIANCE DÉLÉTÈRE


Sa tâche a beau être rude, il doit sourire, François Hollande. Lui qui n’a pas pour habitude de faire de confidences sur ses intentions réelles, même s’il aime en distiller d’autres plus anecdotiques pour tester son interlocuteur ou l’égarer, ne peut que s’amuser des intentions qu’on lui prête à propos du remaniement et des supputations à la mode. Car une seule chose est acquise : s’il devient nécessaire de reformater à ce stade du quinquennat l’équipe gouvernementale, pour de bons motifs maintes fois ressassés, le président est maître de ses choix et de son calendrier.
Sauf que l’ambiance du moment est détestable. En l’absence d’infos, l’intox s’en donne à cœur joie. Qu’un ministre en déteste un autre et voilà son cabinet et lui-même qui nourrissent les rumeurs les plus aigres pour le fragiliser. Qu’un des conseillers du prince ne sache pas grand-chose et le voici qui glisse pour exister ce qu’il croit avoir compris et qu’il prend pour vérité. Que l’une ou l’autre rêve d’être ministre et son entourage s’efforce de faire accroire à tous qu’il s’agit-là d’une évidence. Oui, l’atmosphère est délétère. C’est d’ailleurs pour en finir que l’on aimerait que le chef de l’État fasse vite, finalement.

LA LOI DU PLUS FORT

LA LOI DU PLUS FORT


une irrésistible et terrifiante machine s’est mise en route ces derniers jours en Ukraine. Hier, les nouvelles alarmantes en provenance de Crimée se sont succédé à une cadence soutenue. L’envoi d’un contingent de 6.000 hommes et de 30 blindés par Poutine, la prise de contrôle de sites stratégiques par des soldats, puis l’approbation à l’unanimité par le Sénat russe des mesures prises par le tsar de Russie, tout cela a de quoi inquiéter la communauté internationale. Jusqu’alors, le nouveau pouvoir ukrainien, qui appelle à l’aide, a su garder ses nerfs, et n’a pas répondu à la provocation. Obama, prudemment, a tout de même fait part de son inquiétude, tandis que Jean-Marc Ayrault s’est indigné, diplomatiquement, de la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Bref, pour l’instant, c’est le plus fort, celui qui fait rouler ses muscles et avancer ses chars, qui occupe le terrain. Comme aux échecs, une opération risquée car, après tout, la Russie a aussi besoin de l’Europe comme partenaire économique… Et Il suffirait de peu pour mettre le feu aux poudres.

Arrête tes chars, Vladimir

Arrête tes chars, Vladimir


Qui osera dire à Poutine : « Arrête tes chars, Vladimir » ? Qui s'autorisera cette effronterie à l'égard du maître du Kremlin au moment où il fait monter la tension à l'est de l'Ukraine et menace de mettre l'Occident à sa botte ? Personne, sans doute, parce qu'à la diplomatie passéiste du rapport de force de Poutine, les Occidentaux n'opposent que la diplomatie du verbe haut et de l'action timorée. Pourrait-il en être autrement, d'ailleurs, quand les dirigeants des grandes démocraties s'honorent de scrupules vis-à-vis de leurs opinions dont ne s'embarrassent guère les autocrates.
Ainsi donc Poutine joue-t-il dans un bluff provocateur la carte de l'escalade, pas seulement verbale, quand ses interlocuteurs répugnent à entrer dans une surenchère dont ils ne savent où elle pourrait s'arrêter. Il y a gros à parier que Moscou ne veut pas davantage d'une guerre mais on l'en sait simplement capable depuis l'exemple géorgien en 2008. D'où cette multitude d'avertissements sans frais des Européens, des États-Unis, de l'Otan, menaçant la Russie d'un puéril boycott du prochain G8 de Sotchi et d'une mise au ban des grandes puissances.
L'ennui est que les Européens et les États-Unis payent leur trop grande mansuétude à l'égard de la Russie. L'Union européenne, accaparée par la crise économique, n'a que trop tardé à ébaucher une politique étrangère commune. La question ukrainienne, impréparée, en a été la cruelle illustration. Quant à Barack Obama, il a péché par naïveté en ménageant Poutine dont il avait besoin sur les dossiers iranien et syrien.
Dans ces conditions, que va-t-il advenir de l'Ukraine et de la Crimée ? Certes, les Ukrainiens ne doivent pas être dépossédés de la victoire de la rue, mais ils ne doivent pas non plus en abuser en cédant au vertige révolutionnaire. Les barricades de la place Maïdan ne sauraient faire fi des intérêts stratégiques de la Russie et des impératifs de la géopolitique. La solution passe forcément par une médiation donnant une autonomie accrue à la Crimée et préservant les équilibres Est-Ouest. Alors, Vladimir, arrête tes chars, on t'a reconnu !

La pauvreté s'aggrave dans les villes (enquête)


Les maires estiment dans une large majorité (80%) que le nombre de personnes en situation de pauvreté dans leur commune a augmenté, selon un sondage TNS-Sofres diffusé ce lundi pour le Secours catholique, à l'occasion des élections municipales. Ils sont 71% à penser que les personnes en situation de pauvreté sont, dans leur commune, "un peu plus qu'avant", 9% estiment même qu'ils sont "beaucoup plus qu'avant", seulement 6% jugeant qu'ils sont "moins qu'avant" (14 ne se prononcent pas).
"Au Secours catholique, on sait qu'il y a une forte dégradation de la pauvreté", souligne auprès de l'AFP Bernard Thibaud, secrétaire général de l'organisation. "Mais ce qui nous surprend c'est l'ampleur de la prise de conscience par les maires. Le chiffre de la dégradation de la pauvreté était de 51% en 2008, lors de la précédente enquête, et il est désormais de 80%".

Pour une majorité d'élus, les femmes seules avec enfants et les jeunes sans emploi sont les deux catégories pour lesquelles la pauvreté s'est le plus aggravée (63%), devant les personnes en emploi précaire (62%), les chômeurs de longue durée (55 %). Bernard Thibaud s'étonne cependant que les maires aient "moins la perception d'une dégradation pour les personnes sans abri et les personnes migrantes, alors que nous-mêmes, on constate une dégradation importante de la situation des familles migrantes".

Face à cette situation, les maires disent en majorité avoir "fait des efforts plus importants" pour l'aide aux impayés (loyer, gaz, eau, électricité) pour les familles en difficultés (58%), les services d'aides à domicile (57%) et le soutien scolaire aux enfants (56%).

Par ailleurs, les trois quarts des maires (76%) jugent que le lien social s'est plutôt dégradé en France, mais pas au sein de leur commune, où la situation s'est plutôt améliorée (40%) ou n'a pas changé (46%). Une large majorité (91%) affirme avoir pris des initiatives pour renforcer ce lien social au cours de leur mandat, même si le plus souvent "il s'agit d'actions ponctuelles ou ciblées, plutôt que de politiques structurelles", note Bernard Thibaud.

Cette enquête, menée régulièrement depuis 1995, a été réalisée du 21 janvier au 3 février, par téléphone, auprès d'un échantillon de 400 maires, représentatif de l'ensemble des communes françaises. Le Secours catholique lance aujourd'hui une campagne, baptisée "ne laissons pas disparaître la fraternité", pour "mettre le vivre ensemble au coeur des préoccupations" des municipales

Bruits de bottes et crise du monde occidental


Bruits de bottes et crise du monde occidental
Vladimir Poutine vient de faire approuver un « recours à la force » dans les affaires d’Ukraine. Les comparaisons historiques que cette formule semble appeler sont évidemment déplacées, mais enfin, les termes « recours à la force », sur le continent européen en particulier, sont toujours de mauvais augure. Face au président russe, le monde occidental semble étrangement vide, comme absent. Barak Obama annonce, menace dérisoire, qu’une intervention russe « aurait un coût ». L’Europe envoie ses technocrates et sa présidence grecque… Au-delà des avertissements et des mises en gardes, aucun leader européen ne semble avoir de prise sur le dossier et susceptible d’imposer une autorité, pas même la chancelière allemande malgré la domination économique écrasante de son pays sur le continent. En 2008, le président Sarkozy, dans des circonstances analogues, obtenait une solution de compromis dans le conflit entre la Géorgie et la Russie. A l’évidence, le vide n’a pas été comblé. Encore faut-il se souvenir des grandes heures du leadership occidental, même conflictuel, l’époque de VGE, Schmidt, Carter, ensuite  Reagan, puis Bush-père, Thatcher, Kohl, solide dans l’ouragan de la destruction du bloc soviétique. Les causes de cet effacement sont-elles conjoncturelles, liées aux circonstances, une conjonction de personnalités, ou correspondent-elles à un déclin fondamental du monde occidental, économique, politique, idéologique, mental ? Le vide actuel est propice aux coups de forces et aux bruits de botte sinistres. Face au risque d’une déstabilisation générale, de séismes politiques, une déflagration en Europe orientale et une menace sur la paix, nul ne semble tenir aujourd’hui le gouvernail du monde occidental.

Europe, Etats-Unis : qui est prêt à mourir pour Kiev ?


La Russie déploie depuis vendredi des milliers de soldats en Ukraine. L'Union européenne a-t-elle les moyens - et la volonté - de se mesurer à ce pays pour défendre la souveraineté d'un pays voisin ?

Le "recours à l'armée russe en Ukraine" demandé par Vladimir Poutine a été validé par le Parlement  russe ce samedi. La veille, Barack Obama s'était déclaré lors d'une conférence de presse « profondément préoccupés par les informations faisant état de mouvements militaires à l'initiative de la Fédération de Russie en Ukraine ».  Si la situation venait à déraper en Crimée quelles pourraient être les réactions possibles des Etats-Unis et de l’Union européenne ?

Guillaume Lagane : La tendance lourde de l’administration Obama a jusque-là été la passivité , c’est-à-dire laisser les pays plus ou moins hostiles à l’occident pratiquer des politiques assez agressives. On l’a vu en Chine avec les îles Senkaku et on le voit aujourd’hui avec la Russie.
De plus, les exemples du passé ne nous incitent pas à l’optimisme. La Géorgie a été agressée en 2008 par cette même Russie, qui continue d'occuper par le biais de deux Etats fantôches (l’Ossétie du sud et l’Abkhazie) près d’un tiers de son territoire. Cela n'avait pas déclenché de reaction internationale à l’époque.

Qui donc pourrait aller "mourir pour Kiev" ?

Dans la situation qui se dessine, une invasion militaire, puisqu’il semble que plusieurs milliers de soldats russes se déploient sur le territoire ukrainien, la première réaction qu’on peut attendre est celle des forces armées ukrainiennes. Mais d’une part ce ne sont pas des forces armées de premier rang, et d’autre part elles doivent évidemment attendre la réaction des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Sachant que les forces ukrainiennes ne sont pas au niveau des forces occidentales, quel type de soutien peuvent-elles recevoir ? Les Etats-Unis et l’Union européenne ont des moyens militaires en Mer noire. Mais les Etats-Unis vont s’engager dans une épreuve de force avec la Russie ? C’est loin d’être évident.
Quant à l’UE, elle a un double problème. D’une part un problème de moyens militaires : ceux-ci sont insuffisants et elle ne peut pas assurer elle-même une opération d’envergure – on l’a vu au Mali ou en Centrafrique, où les forces européennes d’intervention, n’ont pas été utilisés.
Elle a aussi un problème de cohérence : tous les pays de l’UE ne sont pas forcément sur la même ligne. Le gouvernement Hollande est certes critique sur la Russie, néanmoins on peut se demander si l’Allemagne, par exemple, serait favorable à l’utilisation de forces armées pour défendre la souveraineté de l’Ukraine. Ca semble assez douteux.

L’Ukraine est pourtant menacée dans ses frontières, dans sa souveraineté. L’Union européenne n’a-t-elle pas intérêt à réaliser l’union sacrée, au nom de ses idéaux de démocratie ?

Ca peut être une crise révélatrice pour l’UE, quelque chose qui la ferait basculer – ce qui serait une bonne chose à l’heure où beaucoup d’Européens doutent de l’utilité de l’Union et ont oublié les avantages qu’elle peut apporter. Mais jusqu’ici, l’UE a plutôt privilégié le soft power – la coopération économique et l’influence culturelle – pour attirer ces pays plutôt que le déploiement de forces militaires.
Il y a eu des déploiements de forces militaires européennes dans les Balkans en 1990, mais ils ont été des déploiements postérieurs à la véritable opération militaire menée par l’Otan. Aujourd'hui, il y a une petite présence militaire en Géorgie, des observateurs déployés suite à  la crise de 2008, mais uniquement du côté georgien, puisque la Russie a refusé qu’ils se déploient en Ossétie et Abkhazie. Le reste de l’intervention européenne dans cette région se résume à la signature d’accords de coopération et de commerce, avec des pays comme la Moldavie, l’Ukraine et la Georgie. Des accords de commerce qui ne leur ouvrent pas la porte de l’Union pour ne pas fâcher la Russie.
Une intervention russe aussi visible que celle qui se dessine aujourd’hui pourrait certes déclencher une réaction des Européens, mais je ne pense pas qu’on soit encore là.

L'Otan reste donc le dernier candidat potentiel à une action ?

Il faut savoir que l’Ukraine a fait, dans les années 90, une demande d'adhésion à l’Otan. Cette adhésion a été repoussée au sommet de Bucarest, en 2008, notamment sur demande de la France et de l’Allemagne qui ne voulaient pas fâcher la Russie. Cette demande a ensuite été abandonnée par Ianoukovitch.
La Géorgie était aussi candidate  à la même période. La question qui s'est posé ensuite, c’est de savoir si l’entrée dans l’Otan aurait protégé sa souveraineté face à la Russie, car un pays agressé peut demander la solidarité des alliés.
Aujourd’hui, la même question se pose. L’Ukraine ne peut pas faire cette demande, car elle ne fait pas partie de l’Otan, mais l’alliance peut considérer que, puisque des partenariats ont été tissés, sa sécurité fait partie des intérêts de l’alliance. Ce type d’évolution est possible, d’autant que l’Ukraine est entourée de pays qui sont dans l’Otan : Pologne, Hongrie, Roumanie, Turquie.

Etant donné l’appui que possède la Russie en Crimée, une intervention de l'Europe serait-elle tout simplement la bienvenue dans cette région ?

Il faut effectivement poser la question de la légitimité d’une intervention. La façon dont le pouvoir ukrainien a été renversé ne repond pas aux standards des démocraties occidentales, mais les nouvelles autorités ukrainiennes ont  aussi pris des décisions symboliques maladroites, notamment l’interdiction du russe comme seconde langue, qui peut rendre mal à l’aise les populations russophones.
En même temps, il serait imprudent de la part de l’UE de laisser la Russie redessiner les frontières européennes au nom des minorités linguistiques locales. Ca ouvrirait la voie à des revendications de ce type de la part de minorités d’autres pays. Si l’autonomie de la Crimée doit être renforcée, il faut que ça soit dans un cadre négocié, pas une politique de force.
On a l’impression que l’UE cherche à nouer avec la Russie un partenariat équitable, mais c’est un Etat autoritaire qui comprend surtout la politique de la force.

Peut-on dire qu' l'Union est donc face à un double-tiraillement : d'un côté, doit-on protéger l'Ukraine au risque de créer un conflit ; de l'autre, doit-on caresser l'ours russe dans le sens du poil ou lui montrer les dents ?

Toute la politique occidentale est partagée entre ces deux approches. On n’est plus dans la guerre froide, mais ça y ressemble beaucoup : il y a d’un côté la politique de confrontation, qui a été celle des Américains à certaines époques, notamment sous Reagan, et à d’autres moments des politiques de négociation, comme sous la détente avec Kissinger.
La relation avec la Russie est complexe : les Européens importent 40% de leur gaz de Russie, alors ils ont intérêt que les relations soient bonnes. En même temps, une politique trop conciliante incite les Russes à prendre tous les avantages qu’ils peuvent. Mais n'oublions pas que la Russie est un colosse aux pieds d’argile. C’est un pays qui dépend aussi énormément de ses exportations de gaz, son principal revenu, il n’a donc pas intérêt à se fâcher avec son principal client qui est l’UE.
Il faut aussi noter que la politique de force, la Russie la pratique avec des pays de second rang comme la Moldavie ou la Géorgie, et ses forces armées ne seraient sûrement pas capables de se mesurer à des armées occidentales.

Mêmes aux forces armées européennes, dont on a mentionné les limites ? L’Europe pourrait-elle gérer un conflit face à la Russie ?

Tout dépend du conflit auquel on pense. Si c’est un conflit généralisé, la Russie reste le premier détenteur d’armes nucléaires au monde. Mais lorsqu’on regarde les conflits conventionnels, la valeur de l’armée russe est très relative. L’armée rouge a énormément décliné après la fin de l’URSS. Dans les années 2000, le budget de cette armée a été augmenté de 50% par Vladimir Poutine pour justement la moderniser et la rendre plus opérationnelle.
On sait que le conflit géorgien en 2008 a été gagné par l’armée russe, mais non sans difficultés, face à une armée géorgienne qui n’est pas de premier rang. Le matériel russe n’a pas toujours fonctionné. Les Russes ont d’ailleurs entamé une politique d’achat d’armement occidental, dont la France a d’ailleurs profité, pour moderniser des forces armées obsolètes.

Quels seraient les risques pour l'UE d'intervenir en Ukraine ?

Il y en a trois. Le premier, c’est que cette intervention militaire implique l’Union dans une situation intérieure de l’Ukraine qui est complexe : ça serait prendre partie pour la partie occidentale du pays contre la minorité russophone.
Le deuxième, ça serait d’aller vers une confrontation plus large avec la Russie, avec tous les problèmes qui ça implique en matière de coopération économique, d’implication dans le dossier syrien ou iranien, voire plus largement une montée aux extrêmes et la Russie qui considérerait qui sa sécurité nationale est menacée.
Le dernier, ça serait qu’un conflit localisé débouche sur un conflit plus généralisé.
Mais on en est pas là, les dirigeants russes sont quand même assez rationnels, et leur calcul aujourd’hui est justement qu’une politique de force ne provoquera pas de réaction des occidentaux et qu’ils peuvent la mener sans réaction négative pour eux.
Nous sommes donc dans une situation assez inquiétante, car sans réagir, on donne un blanc-seing à la Russie et éventuellement à d’autres Etats. Mais si on réagit...  Ca reste la Russie, pas le Centrafrique !