TOUT EST DIT

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dimanche 2 mars 2014

Ukraine : jusqu'où est prêt à aller Vladimir Poutine ?


Le Sénat russe a approuvé l'envoi de troupes en Ukraine, alors que Kiev accuse déjà Moscou d'avoir déployé plusieurs milliers d'hommes en Crimée. En réaction, l'Alliance atlantique a décidé de convoquer ce dimanche une réunion d'urgence des 28 ambassadeurs des pays membres de l'OTAN

A la surprise générale, la Chambre haute du parlement russe, le Conseil de la Fédération, a approuvé ce samedi le déploiement de forces armées dans la région ukrainienne de Crimée, en réponse à une demande du président Vladimir Poutine. Les élus ont voté à une très large majorité la décision de recourir aux "forces armées de la Fédération de Russie sur le territoire de l'Ukraine jusqu'à la normalisation de la situation socio-politique dans ce pays". En réaction, l'Alliance atlantique a décidé de convoquer ce dimanche une réunion d'urgence des 28 ambassadeurs des pays membres de l'OTAN, avant une Commission Otan-Ukraine prévue dans l'après-midi, a indiqué ce samedi son secrétaire général Anders Fogh RasmussenÀ la veille de la réunion d'urgence des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles, le chef de la diplomatie grec, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, est attendu ce dimanche à Kiev où il rencontrera lesnouveaux dirigeants ukrainiens. Il sera accompagné par son homologue britannique William Hague.
La décision du Sénat russe intervient au lendemain d’une conférence de presse de Barack Obama, qui avait mis Moscou en garde sur les "coûts" de toute intervention militaire en Ukraine. De nombreuses réactions se sont succédé suite à ce vote. François Hollande a estimé que "tout doit être fait pour éviter une intervention extérieure". Le président de la République a ajouté qu'un recours à la force par la Russie ferait peser "des menaces réelles sur l'intégrité territoriale et la souveraineté" de l'Ukraine. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est lui dit "profondément inquiet". Il appelle au "calme et au dialogue", comme l'ensemble des dirigeants européens
Tout le monde est pris de court, tout le monde est en train d'improviser", résume François Heisbourg, expert à la Fondation française de recherche stratégique (FRS), interrogé par l'AF

Pour Andy Kuchins, directeur du Programme Russie/Eurasie au CSIS (Centre desétudes stratégiques internationales), "le problème est que M. Poutine peut agir beaucoup plus rapidement pour atteindre ses objectifs que Washington ou l'Europe. Et le problème pour nous est que nous ne savons pas jusqu'où il veut aller L'objectif auquel nous devrions penser très rapidement est d'empêcher un scénario similaire dans d'autres régions".

Pour Guillaume Lagane, interrogé par Atlantico, "la perte de l’Ukraine est un échec géopolitique majeur qui peut profondément heurter le pouvoir russe, c’est pour cela que l’on peut craindre sa réaction". Le président russe a en effet lutté contre les révolutions de couleur dans la région pour éviter un rapprochement des ex-pays du bloc soviétique avec l’Europe. Avec Ianoukovitch au pouvoir en Ukraine, il se profilait une entrée de l’Ukraine dans l’alliance eurasiatique voulue par Poutine, une zone commerciale regroupant des anciens pays de l’Union soviétique, dont le Kazakhstan et la Biélorussie ont accepté de faire partie.

En 2008, la Russie avait mené – déjà pendant la période des jeux olympiques – une guerre éclair de cinq jours sur la Georgie. Elle s’était soldée par la mise en place de deux Etats-fantoches pro-russes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, quadrillés par des milliers de soldats russes. Un tel scénario est-il envisageable aujourd’hui ?

"Encourager le sécessionnisme de l’est et du sud permettrait de briser l’Ukraine et de créer un nouveau conflit gelé, ce que les Russes ont déjà fait en Moldavie (avec la Transnistrie) ou en Géorgie", explique Guillaume Lagane. L’intérêt de ces conflits gelés : "ils affaiblissent les Etats de la zone d’intérêt privilégiée de Moscou et les empêche de se rapprocher de l’Union européenne". L’Union oblige en effet les candidats à l’adhésion à régler les problèmes susceptibles de dégénérer en conflits….

Vendredi, des sources diplomatiques européennes se voulaient néanmoins rassurantes, en estimant que Vladimir Poutine n'avait pas intérêt à trop faire monter la tension à trois mois du prochain sommet du G8 qu'il doit accueillir à Sotchi. "La tentation naturelle (des Occidentaux) est de donner le bénéfice du doute à Poutine. Personne n'a intérêt à voir la situation se dégrader dans la région", expliquait à nouveau François Heisbourg à l’AFP samedi.

Vladimir Poutine pourrait d’ailleurs n’être en train que de jouer avec les nerfs des occidentaux… Peu après le vote du Sénat, le Kremlin a annoncé que le président russe n'avait pris "aucune décision" et que l'armée pourrait ne pas intervenir immédiatement…

Casse humaine, sociale et politique : les coûts sous-estimés du chômage pour la société française


La confirmation de l'échec de François Hollande s'inscrit dans une longue lignée de ratés politiques contre le chômage de masse. Si l'on peut évidemment s'inquiéter des conséquences économiques qu'une telle tendance peut avoir sur le pays, il ne faudrait pas oublier que le sous-emploi se paye sur bien d'autres plans.
Jacques Bichot : Le développement progressif du chômage de longue durée, qui s'est particulièrement intensifié pendant l'après-crise (la durée moyenne d'inscription à Pôle emploi ayant grimpé de plus de 100 jours en quatre ans jusqu'à frôler 500 jours en juillet 2013) est évident. Il s'agit là d'un phénomène hautement incapacitant pour les individus qui y sont confrontés, ces derniers étant évidemment de moins en moins susceptibles de retourner sur le marché du travail au fil des mois. S'il n'est généralement pas particulièrement handicapant sur le plan social d'être confronté à des périodes d'inactivités de 3/4 mois, on note une véritable barrière à partir de 9/12 mois. A ce stade, ce n'est plus seulement le chômeur mais une grande partie de son entourage (famille, amis…) qui commence à verser dans la commisération, ce qui finit par marginaliser de plus en plus le principal intéressé. Le département de la Santé britannique a ainsi produit récemment une étude soulignant l'impact insécurisant que peut avoir l'inactivité d'un père de famille sur la psychologie de ses enfants, et ce même plusieurs années après qu'il ait retrouvé un emploi. Est ainsi crée un climat insécurisant qui peut entraîner des échecs scolaires, des difficultés caractérielles qui auront clairement des conséquences sur ces futurs adultes. Par ailleurs, on sait bien que le chômage est un facteur qui joue beaucoup sur les ruptures conjugales (expérimentées par 43,5% des hommes au chômage depuis 2 ans, contre 18,9% pour ceux qui étaient actifs d'après une enquête du sociologue Serge Paugam, NDLR).
On peut aussi évoquer le lien entre hausse du chômage et de la délinquance même s'il est toujours difficile d'affirmer qu'il existe statistiquement une corrélation nette et directe entre ces deux phénomènes. Il est toutefois possible d'affirmer que les résultats obtenus par des chercheurs comme Michel Lagrave (qui avait démontré qu'une hausse d'1 million de chômeurs sur cinq ans générait 14 000 condamnations pénales supplémentaires) ne sont pas des plus ahurissants. Cette propension à la délinquance est évidemment plus forte pour des chômeurs de longue durée (2 ans et plus) qui bénéficient d'un régime bien moins avantageux pour subsister au quotidien.Il ne faudrait pas pour autant penser que la responsabilité pleine et entière de la délinquance est à rejeter sur la pauvreté, sans quoi la "délinquance en col blanc" ne devrait en toute logique ne pas exister...

Un dérèglement du système éducatif

François Dubet : S'il n'existe, à ma connaissance, aucune enquête traitant spécifiquement du coût du chômage sur le bon fonctionnement du système éducatif, on peut faire quelques hypothèses vraisemblables.Le chômage de masse peut accentuer la compétition scolaire en faveur des formations perçues comme les plus utiles et les plus efficaces, c’est-à-dire les formations les plus sélectives. Le choix des étudiants indique clairement la hiérarchie des formations en fonction de leur proximité réelle ou supposée avec certains marchés du travail. Beaucoup de formations font leur publicité sur cette dimension.
Le chômage a de plus accru la peur de l’échec scolaire. Il s’agit d’abord de se préserver de l’échec scolaire qui induit une quasi-condamnation au chômage et à la précarité. En ce sens, le chômage en développé un climat scolaire anxiogène parce que l’échec scolaire condamne à un échec social.Autre conséquence, dans les milieux sociaux où le chômage et l’échec scolaire sont importants, il n’est pas exclu que l’on observe une perte de confiance dans les études puisque on serait condamné à l’échec et au chômage. C’est là que le chômage de masse peut devenir une dimension de la culture sociale et les élèves ne croient plus dans l’école.
Enfin, il y  a un effet mécanique du chômage de masse que l’on peut définir ainsi. D’un côté, les diplômes sont indispensables pour de protéger du chômage. D’un autre côté il peut y avoir une dévaluation relative de certains diplômes peu spécialisés ce qui conduit à allonger les études pour acquérir des biens sociaux qui "coûtent" de plus en plus cher en termes de diplômes afin de ne pas être déclassé. Au bout du compte,le rôle joué par la peur affecte profondément le rapport aux études : recherche des utilités escomptées aux dépens de l’intérêt intellectuel et personnel pour les études. Du côté de l’offre, on peut craindre que ne se développe un marché des diplômes, des écoles et des dispositifs reposant sur des promesses d’accès à l’emploi des plus incertaines. Faute de contrôle de ces formations souvent privées et parfois publiques, se créerait ainsi un "marché de l’angoisse". 
David Bourguignon : Nous avions mené il y a maintenant sept ans une étude* sur les différentes visions du monde du travail, la recherche portant notamment sur les étudiants. On constatait ainsi que la "vision fermée" du monde du travail se retrouvait dans un nombre significatif de cas, un fait qui semblait démontrer une baisse de l’appétence pour les études à une époque où la probabilité d'être employé apparaît de moins en moins évidente, même avec un diplôme de haut niveau. Parallèlement la vision "ouverte" qui consiste à voir le travail comme un lieu stimulant et facilement accessible était moins présente, alors que c'est le développement de cette dernière qui a plutôt tendance à favoriser l'insertion professionnelle. 
* Bourguignon, D., & Herman, G. (2007). Quand le monde du travail est perçu comme ouvert ou fermé. In. G. Herman (Ed), Travail, chômage et stigmatisation : Une analyse psychosociale (pp. 177-213).  Bruxelles, Belgique: De Boeck.

Un impact physique et mental sur notre santé 

David Bourguignon : La communauté scientifique a longtemps hésité entre deux grandes hypothèses sur le rapport entre chômage et problèmes de santé. La première, baptisée "hypothèse de sélection", théorisait l'idée que ceux qui étaient marginalisés par le monde du travail étaient généralement les moins aptes, voire les plus déficients sur le plan psychologique, ce qui expliquerait leur incapacité à retrouver du travail. On pourrait la qualifier d'approche "darwinienne". La seconde, que l'on appelle "l'hypothèse d'exposition" pense à l'inverse que c'est la perte d'emploi qui serait destructive tant sur le plan du bien-être psychologique et psychique que sur celui de la santé physique. Deux grandes séries de recherches menées dans les années 2000 ont permis toutefois de trancher entre ces deux contradictions : tout d'abord en 2005, une "méta-analyse" (ici une compilation de 110 études) penchait clairement pour "l'hypothèse d'exposition" en relatant l'apparition plusieurs fois constatée de troubles divers en aval de la perte d'emploi (faible estime de soi, humeurs négatives, penchant pour l'alcoolisme et la toxicomanie, voire mortalité dans les cas les plus extrêmes). Ces travaux ont été renforcés en 2009 par une autre méta-analyse portant cette fois sur plus de 300 études, et qui relevait là encore une hausse de la probabilité d'un déficit de santé mentale pour les personnes frappées depuis un certain temps (9 à 12 mois) par le chômage. Cette même méta-analyse avait par ailleurs cherché à trouver d'autres potentielles causes explicatives à la hausse de la mortalité notée chez les chômeurs étudiés, concluant qu'il n'existait effectivement pas d'autre biais clairement envisageables.
Il est du reste nécessaire d'analyser les conséquences du chômage en regardant par effet de comparaison ce que le travail apporte au bien-être d'un individu : au-delà du salaire, l'emploi offre un but, une direction de vie, un lien de sociabilité, une autosatisfaction mais aussi et surtout une identité dans l'échelle sociale. A l'inverse le chômage détruit toutes ces valeurs positives et pousse les individus concernés à l'autodépréciation : les travaux que nous avons menés ont ainsi démontré que sur des tests basiques (test de lecture en l'occurrence) un chômeur sera bien moins performant si on lui a fait savoir que l'on est au fait de son statut. On voit bien ici la paralysie provoquée par une "barrière psychologique", en particulier pour les chômeurs de longue durée. 
De plus, on sait que le chômage est un facteur multiplicatif de la probabilité de chute dans la dépression, fait qui multiplie par extension le taux de suicide sur ces populations (Le sociologue Louis Chauvel avait ainsi démontré qu'une augmentation de 3% du taux de chômage pouvait générer une hausse des suicides de 4,4%, NDLR). Un autre fait inquiétant, qui validerait une partie de l'hypothèse de sélection", est l'effet "boule de neige" qui touche les cas dépressifs, ces derniers devenant logiquement de moins en moins aptes à retrouver un emploi au fur et à mesure que leur état mental s'aggrave.
Maxime Tandonnet : Il ne faut pas perdre de vue que l’augmentation du chômage et son maintien à un niveau élevé remontent au milieu des années 1970 et plus particulièrement à la grande crise économique de 1974 déclenchée par le quadruplement du prix du pétrole mais dont les causes étaient évidemment profondes et durables. Les deux millions ont été atteints en 1980, puis les trois millions dix ans plus tard. Aujourd’hui, nous sommes à 3,3 millions sachant que ce chiffre est un indicateur de fiabilité limitée, la réalité de l’exclusion du monde de l’emploi étant plutôt de 5 millions. Après trente années de forte croissance et de plein emploi de 1945 à 1974, dites les Trente Glorieuses, aujourd’hui convient-il de parler des Quarante Honteuses… Le chômage est la pire des inégalités et des facteurs de désintégration sociale puisqu’il frappe surtout les jeunes de moins 25 ans et les prive de l’accès à une vie sociale stable et indépendante. Or, depuis 1974, tous les présidents, gouvernements et majorités successifs placent au premier rang de leur priorité le retour au plein emploi et tous échouent les uns après les autres.
Songeons que 7 alternances politiques sont intervenues depuis 1981, et chaque fois, les espoirs suscités, les promesses annoncées, ont été déçus. D’où l’effondrement continu de la confiance dans la politique, la montée de l’abstention, le déclin continu, sur 40 ans, de la cote de popularité des dirigeants, notamment du chef de l’Etat, sauf en période de cohabitation où il est de facto leader de l’opposition. Même si la situation de l’emploi n’est pas la seule cause de ce phénomène, il n’est donc pas illogique qu’une partie de l’électorat soit tenté par le vote FN, c’est-à-dire historiquement un parti de pure opposition, qui s’est marginalisé par ses prises de position et a donc échappé pendant 40 ans aux alternances successives et à l’exercice des responsabilités. A l’évidence, plus qu’un vote idéologique ou de sympathie, c’est en partie un vote de désespoir et de protestation, proche dans sa logique de l’abstention et qui ne recouvre pas, pour une partie des personnes qui font ce choix, l’espérance d’une amélioration des choses. Il y a sans doute dans la poussée du vote fn une part de pure sanction des majorités gouvernementales successives. 

Un poids pour la protection sociale

Philippe Crevel : En termes de croissance tout d'abord, si l'on prend en compte la définition "large" (incluant les personnes à temps partiel à la recherche d'un emploi),on considère que si la France avait un taux d'emploi similaire à plusieurs de nos voisins européens (69% pour la Finlande, 70,1 pour le Royaume-Uni contre 63.9 pour l'Hexagone en 2012) notre PIB serait de 200 à 300 milliards d'euros supérieur à ce qu'il est actuellement (2066 milliards d'euros courant en 2013). On pourrait ainsi dire, en théorie s'entend, qu'une grande partie du déficit de nos régimes sociaux seraient couverts si nous avions un taux d'emploi proche de celui de l'Allemagne (72.8 en 2012) actuellement, ce dernier pays n'ayant pas de problèmes majeurs de financement de sa protection sociale aujourd'hui.
Nous aurions par ailleurs, toujours dans l'optique où notre taux d'emploi équivalait à celui d'outre-Rhin, un régime de retraite qui serait proche de l'équilibre en lieu et place des 6 milliards de déficit pour le régime général et le Fonds de solidarité vieillesse en 2013.

Les chemins de l’apocalypse

Les chemins de l’apocalypse


L’histoire s’écoule comme un grand fleuvequi ne remonte jamais son cours, mais les hommes qui la font ou la subissent ne changent pas beaucoup d’un siècle à l’autre. Le 2 mars 1914, tout juste, commençait l’un des pires scandales de l’histoire politique française, avec le début de la campagne de dénigrement de Joseph Caillaux par le  directeur du Figaro, Gaston Calmette, qui finira assassiné dans son bureau de plusieurs balles de revolver par la femme de l’homme politique. Pendant que le pays se passionnait pour ce fait divers, une guerre qui devait saigner toute une génération, ruiner l’Europe et bouleverser le coursde l’histoire, se tramait dans les coulisses.
Pourtant, jamais plus qu’aujourd’hui la vie politique française n’a atteint un tel niveau de médiocrité. Elle n’est plus que scandales, indignations, jappements hargneux, menaces, coups de théâtre, démagogie, supputations débilitantes et annonces stériles, haine, impuissance et gesticulations cyniques. Des évènements d’une gravité inouïe se déroulent en ce moment à l’Est de l’Europe, en Ukraine, peut-être annonciateurs d’une déstabilisation générale, mais cela ne semble en aucun cas troubler le traintrain minable de la classe politico-médiatique française. Un jour, même lointain, des événements titanesques vont se produire et nous exploser à la figure;  n’étant pas devin, pas plus que nos anciens de 1914 qui n’ont rien vu venir, nous ne savons pas ni d’où, ni quand, mais ils se produiront un jour, même lointain, cela ne fait guère de doute. Les aboyeurs, les démagogues, les pantins de la télévision, des cabinets et des états-majors politiciens partiront alors se planquer. Et voulez-vous parier, ce sont toujours les mêmes qui vont trinquer, d’une manière ou d’une autre, la chair à canon, les jeunes, la majorité silencieuse qui n’avait rien demandé à personne, sinon vivre et travailler en paix, comme y a cent ans. Et tout cela paraîtra du plus grand normal…

La Troisième Guerre mondiale nous menace-t-elle ?


De quoi nous sommes-nous mêlés de proposer à l’Ukraine une possibilité de rejoindre l’Europe ?
L’Union européenne a été construite dans l’objectif d’éviter une future guerre mondiale, et c’est à cause d’elle que cette Troisième Guerre mondiale risque de nous conduire vers une nouvelle catastrophe. Il fallait laisser le libre choix à l’Ukraine de se prononcer démocratiquement par référendum sans aucune intervention externe, ni d’un côté ni de l’autre.
On ne peut pas obliger un peuple qui ne le souhaite pas dans sa majorité de quitter un allié pour un autre. Nous nous gavons de mots ! Ce pauvre peuple dirigé par des gouvernements corrompus et qui, sous la menace d’une dictature russe, n’aspire qu’à rejoindre nos valeurs, nos lois, notre justice, notre niveau de vie élevé et tout le bien-être que nous pouvons – prétendument – leur apporter, etc. Eh bien, non !
Une moitié de ce peuple ne veut pas entendre parler de l’Europe et on peut même se demander si l’autre moitié en a tellement envie… Aujourd’hui, l’alternative est simple : soit la partition, soit l’affrontement. L’Ukraine de l’Est (Crimée) ne reconnaît pas le gouvernement de l’Ukraine de l’Ouest et vice versa. L’une parle russe, l’autre ukrainien, sans parler des sujets religieux. La Tchécoslovaquie s’y est résolue et cela ne lui a pas si mal réussi.
La Russie a décidé l’envoi de troupes afin de maintenir l’ordre, protéger ses partisans, mais surtout son accès direct à la Méditerranée par Sébastopol, où se trouve la plus grande partie de sa flotte. Qu’allons-nous faire ? L’Union européenne, qui est dans l’incapacité de soutenir la France dans son rôle de gendarme de l’Afrique, va-t-elle envoyer des troupes dans l’Ukraine de l’Ouest ? Lesquelles ? Polonaises, finlandaises ?
Comme elle sera incapable de le faire, ce seront les Américains qui, une fois encore, montreront les dents aux Russes. Et nous revoilà plongés en pleine période de la guerre froide, en 1962, lorsque la flotte et les missiles russes approchaient des côtes cubaines et que nous étions à deux doigts de l’affrontement et de la catastrophe. À l’époque, l’URSS a fait marche arrière ! Mais aujourd’hui, Poutine fera-t-il marche arrière ?
Ce n’est pas l’Union européenne qui fait peur aux Russes, ni à personne d’ailleurs, et nous craignons bien plus qu’eux une Troisième Guerre mondiale. Alors, très vite, un nouveau Yalta (qui justement se situe en Crimée/Ukraine) pour sauver un monde de plus en plus en péril par la folie de quelques dirigeants !

François Hollande se cherche un nouveau costume

Après l’échec confus du changement de discours économique, le Président s’avance désormais dans le domaine symbolique.


Une nouvelle opération de reconquête de l’opinion est lancée par l’Élysée. Après l’échec confus du changement de discours économique, le Président s’avance désormais dans le domaine symbolique.
Par définition, le symbole ne se mesure pas à ses résultats. La gauche est tellement inepte sur le plan économique qu’elle ne peut plus exister que sur la question des valeurs et dans les débats de société. Il est vrai que là, elle bénéficie d’une foule de gens qui se croient journalistes et diffusent en permanence des préjugés enrobés dans une épaisse gangue d’ignorance. Le Président au Salon de l’agriculture, le Président au mont Valérien, la Terre qui ne ment pas et les morts qu’on honore, voilà qui vous rhabille un chef de l’État. Porte de Versailles, M. Hollande a fait semblant d’écouter, le ton faussement intéressé et l’appétit manifestement aiguisé. Le pacte de responsabilité, comme le poumon chez Molière, ça explique tout, ça résout toutes les maladies, même les problèmes agricoles.
Au mont Valérien, c’était plus facile. On pouvait faire vibrer la corde mémorielle. Le Président l’avait dit : l’année 2014 sera consacrée à la commémoration. La posture est triplement avantageuse. Contrairement aux promesses, les souvenirs sont rarement démentis par le futur. Le respect dû à la souffrance, aux martyrs et aux héros fait taire la critique et suscite la communion unanime. De manière subliminale, on peut y glisser quelques touches politiques, de subtiles nuances partisanes. Non seulement elles ne seront pas dénoncées par peur d’être celui qui gâche la cérémonie et doit baisser la tête pour fuir les regards courroucés de l’assistance, mais encore elles introduiront en douce des images mentales, des réflexes idéologiques qui forgeront les esprits et expliquent la conscience collective d’un peuple.
Sur ce plan, Hollande est meilleur que Sarkozy. Ce dernier, dont la culture n’est pas la plus grande qualité, avait bien saisi l’intérêt tactique de la Mémoire. Mais il en avait fait trop, comme à son habitude, en faisant de Guy Môquet, martyr certes, mais militant communiste plus que résistant, le symbole de l’engagement de la jeunesse contre l’occupant nazi. La tentative de récupération qui accompagnait la consternante ouverture à gauche a échoué, mais elle a participé à l’hémiplégie mémorielle de notre pays, qui fait naître son histoire en 1789, et ne prend en considération que les grandes heures de la République gravées quasi exclusivement par des hommes de gauche. Rien, en revanche, ne déroge chez Hollande à la volonté d’instiller subtilement de l’histoire idéologique dans cette année mémorielle. À commencer par la parité.
Le Panthéon est un instrument de lecture idéologique de notre histoire. Non seulement il a connu des entrées et des sorties selon l’air du temps, comme le chassé-croisé entre Mirabeau et Marat mais, encore, il opère une sélection qui ampute notre histoire et notre culture. Sous l’Église transformée en temple mémoriel qui parle de la France, la crypte évoque non pas la France, mais des régimes politiques : le Premier Empire, surreprésenté, et la République prise assez souvent dans le sens restrictif et partisan que la gauche donne à ce mot. On ne doit pas contester la présence de ceux qui y sont, comme Jean Moulin ou André Malraux, mais regretter qu’ils ne soient pas rejoints par d’autres, comme si la France se recroquevillait sur une partie de son passé, sur un passé de parti.