TOUT EST DIT

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mercredi 19 février 2014

France en crise, Allemagne au top : et dans 20 ans ?


Le "modèle allemand" est devenu un véritable élément de langage de la vie politique française. Pourtant, toutes les spécificités françaises ne sont pas à jeter et, d'après les projections, l'Allemagne a davantage de raisons de s'inquiéter. Analyse des points forts et des points faibles de part et d'autre du Rhin et de ce que les deux pays pourraient devenir d'ici 20 ans.
Nicolas Goetzmann : Les modèles économiques de la France et de l’Allemagne sont régulièrement opposés, pourtant, dans un contexte mondial, ils sont plus proches qu’il n’y paraît. Une dette élevée, plus de 90% par rapport au PIB en France, contre un peu plus de 80% en Allemagne, un poids fiscal élevé, près de 45% pour la France contre 40% pour l’Allemagne, et un niveau de richesse par habitant très proche en parité de pouvoir d’achat, soit 42 000 euros par habitant en Allemagne contre 39 600 en France, selon les données Eurostat.
Ce qui diffère très fortement entre les deux pays, ce sont les tendances à long terme. En effet, selon un rapport produit en 2012 par la commission européenne, les projections de potentiel de croissance sont de 1,7 % pour le France, contre 0,8 % en Allemagne. Etant donné que les projections font état d’un horizon à 2060, la progression totale de l’économie française serait de 120%, contre 40% pour l’Allemagne. Cet écart, variant du simple (0,8%) au double (1,7%), est principalement la conséquence de l’évolution démographique des deux pays, et qui pourrait aboutir au dépassement de l’Allemagne par la France dès 2040, en termes de PIB.
Alors que la France peut compter sur le taux de natalité le plus élevé de la zone euro derrière l’Irlande avec plus de 12 naissances pour 1 000 habitants, l’Allemagne n’enregistre qu’un ratio de 8 naissances pour 1 000. Cet écart de 50% en faveur de la France provoque dès lors ce très fort écart de potentiel de développement. Et les conséquences sont lourdes.
Tout d’abord du point de vue du budget de l’Etat, car un Etat qui ne peut croître qu’à un rythme de 0,8% ne peut dépenser autant qu’un Etat dont la croissance est bien supérieure. En tout état de cause, l’Allemagne a besoin de se restreindre bien plus que la France. Il ne peut y avoir de convergence réelle sur ce point, car les problématiques sont presque opposées. En tenant compte de l’inflation, la France peut supporter un peu plus de 3% de déficit par an sans que le poids de la dette ne soit impacté, alors que l’Allemagne ne peut tolérer un niveau déficit supérieur à 1,5%.
La situation de l’Allemagne pose un problème supplémentaire, car sa population vieillit et que les dépenses de santé et de retraites vont également aller en s’accentuant, et ce alors même que sa population active va subir des coupes franches. En 2011, la population active allemande comptait plus de 49 millions de personnes, elle est attendue à 33 millions en 2060, soit une baisse de plus de 16 millions de personnes c’est à dire 30% de moins. Comparativement, la France aura une population active stable d’environ 38 millions de personnes. Cette dynamique fait que l’Allemagne va devoir s’ajuster à un doublement du nombre de retraités par rapport à sa population active. Le ratio de dépendance démographique (nombre de personnes au-delà de 65 ans par rapport au nombre de personnes entre 15 et 65 ans) va ainsi passer de 30% à 60%, contre 45% en France d’ici à 2060. Le rapport de la commission fait ainsi état d’un accroissement du taux de dépenses relatif aux pensions dans le PIB de 24% pour l’Allemagne contre une hausse de 3% pour la France.
De plus, il faut bien constater que la France dispose d’un important potentiel d’amélioration de sa situation, justement parce que l’Allemagne a déjà entrepris de nombreuses réformes : elle n’a ainsi que peu de potentiel pour améliorer son sort. Au contraire, la France dispose de moyens pour relever ce potentiel de développement, notamment sur l’âge de départ à la retraite : en Allemagne le départ se fait à 67 ans, contre 62 ans en France.
Ainsi, bien que les deux pays puissent trouver des points de convergence sur leurs politiques économiques respectives, il serait difficile de ne pas constater les différences fondamentales entre les deux pays, car l’Allemagne se trouve être dans une situation bien moins favorable si l’on veut bien tenir compte des projections à long terme.

Le système social

Isabelle Bourgeois : On peut dire que les modèles de protection sociale français et allemand sont bien plus comparables que ce que l’on pourrait penser, le système français s’étant notamment inspiré en bonne partie des bases posées par Bismarck à la fin du XIXe siècle. Dans les deux cas il s’agit effectivement de structures de redistribution basées sur le facteur travail, puisque les salariés cotisent. Néanmoins, l’arrivée du chômage de masse à partir des années 1970 a amené ces deux systèmes à évoluer dans des directions séparées.
Pour ce qui est de l’Allemagne, le principal point fort du système social est évidemment le fait qu’il soit finançable jusqu’à l’horizon 2020 au minimum. Cela n’était évidemment pas le cas au début des années 2000 mais les différentes réformes d’ajustement ont permis de corriger cela.
Tout d’abord, les mesures adoptées sur l’assurance chômage, souvent décriées dans l’Hexagone, ont été bien pensées sur le plan technique, bien que leur coût social ait été important au départ. Si l’on peut le déplorer, il ne faut pas oublier en parallèle que le système social est toujours vu comme quelque chose d’adaptable plutôt que comme un Graal figé. Lorsque la conjoncture est mauvaise, les Allemands choisissent ainsi de reculer pour mieux sauter. Cette logique cherchait à éviter le développement d’un déficit massif de l’assurance chômage face à la hausse de l’inactivité, alors que le système hérité des années 1960 reposait initialement sur un ensemble d’aides souvent inconditionnelles dont le financement était simplement devenu impossible. Cela a donné lieu concrètement à une réduction de la durée de versement des allocations (percevables seulement sur 12 mois à l’exception des seniors) accompagné d’un système de requalification pour faciliter le retour des chômeurs sur le marché du travail.
Quant au système de retraites, le système de financement devra en toute logique être revu d’ici une dizaine d’années, en particulier si l’on prend en compte le vieillissement démographique allemand, qui est particulièrement important. Il sera ainsi nécessaire de revoir la part de la capitalisation dans un système de moins en moins viable en termes de fonds. Le développement de l’épargne retraite semble ici préférable, puisqu’une hausse continue des cotisations finira par avoir des impacts évidents sur l’emploi.
Enfin, l’autre force du modèle allemand en la matière est sa capacité à se repenser en dehors du monde politique, puisque la base des réformes Schröder s’est constituée autour des réflexions entre syndicats et milieux patronaux sur la flexibilité interne à l’entreprise.  
Le système français est à l’inverse, comme chacun sait, beaucoup plus généreux en termes de montant et de durée des allocations. S’il est fondamentalement bien pensé, son financement devient toutefois de plus en plus problématique, en particulier sur le plan de la protection chômage. De bonnes idées ont aussi vu le jour dans l’Hexagone, notamment le plan RSA activités (qui est versé aux personnes exerçant une activité professionnelle lorsque leur revenu est inférieur au « revenu garanti », NDLR) bien que des corrections soient encore souhaitables. Néanmoins, ce type de mesures, initialement plutôt bien conçues, n’ont qu’un impact très limité si le marché de l’emploi fonctionne mal et manque de souplesse. Ce manque de recul typiquement français finit malheureusement par provoquer comme on le voit bien une marginalisation continue de millions de travailleurs(le taux de chômage étant de 10.4 % au 2e trimestre 2013, NDLR). Un fait d’autant plus inquiétant lorsque l'on sait que le filet de la protection sociale est financé en grande partie par la dette, qui tourne actuellement autour de 95 % du PIB en France contre 82 % en Allemagne. On en arrive ainsi à une situation où les candidats aux aides sont trop nombreux en proportion des cotisants qui alimentent le système. Sans une meilleure santé financière, il sera ainsi bientôt difficile de vanter le « modèle sociale que tout le monde nous envie », pour reprendre une expression consacrée.

L’organisation de la vie politique

Christophe Bouillaud : Tout d'abord, les points forts allemands : 
Le système électoral représente  toutes les sensibilités idéologiques importantes du pays, et aussi a assuré - jusqu'ici tout au moins -  la formation de gouvernements stables. Tous les partis fonctionnent sur des règles de démocratie interne sans équivoque : par exemple, les militants du Parti social-démocrate ont eu la possibilité de voter sur le contrat de coalition qui vient d'être signé avec la CDU-CSU à l'automne dernier. Les fédérations régionales de ces partis fonctionnent elles aussi sur ce modèle de démocratie interne. Même s'il est dominé l'exécutif (la Chancellerie), les deux chambres (le Bundestag et le Bundesrat) restent des lieux de pouvoir et permettent un certain contrôle de l'action de l'exécutif de la part des parlementaires.
Le niveau de sensibilité du public et des médias à la révélation d'actes de corruption de la part des politiciens est extrêmement élevé : il est impossible de rester à son poste si l'on est soupçonné d'une malversation. Le fédéralisme permet non seulement de respecter quelques spécificités locales, mais aussi d'expérimenter des politiques publiques ou des alliances inédites au niveau des Lander. La société civile est forte et structurée, ne serait-ce que parce que les Eglises catholique et protestante gardent un financement et un rôle social important. Jusqu'aux dernières années, la presse disposait de vrais bases économiques, ce qui lui permettait de prendre une attitude parfois fort critique vis-à-vis du pouvoir. Plus généralement, le système de décision publique oblige à de nombreux compromis entre les deux grands partis et entre les différentes régions du pays. C'est compliqué au possible quand on entre dans les détails, mais cela permet de lisser les oppositions au fil des discussions. 

Les points forts français :
Encore plus avec l'instauration du quinquennat, le pouvoir exécutif dispose de tous les moyens de faire plier sa majorité parlementaire et d'imposer ses vues.Le système politique français reste bâti autour de la possibilité de mener une grande politique en opposition aux partis (y compris de la majorité présidentielle de départ) et aux intérêts particuliers à partir de l'Elysée. Cette possibilité, qui certes n'a pas été une réalité dans les dernières années, suppose cependant une "force d'âme" peu commune de la part du Président pour donner toute son ampleur au système.
Le Président peut recourir à l'arme du référendum et s'appuyer sur le peuple s'il le juge nécessaire. L'absence de réforme territoriale (avec le maintien des 36 000 communes) permet un maillage du territoire national qu'on ne trouve nulle part ailleurs désormais en Europe. Ce maillage permet d'assurer la continuité  de la démocratie aux yeux de nombreux citoyens, alors même que ces derniers sont méfiants envers les partis politiques, les syndicats, le Parlement. Les élus locaux - comme on va le voir aux municipales - forment encore aujourd'hui la base de la République. Par ailleurs, l'absurdité même de vouloir gérer une grande ville et une petite commune sur le même modèle institutionnel souligne aussi l'égalité des Français.
Plus généralement, comme l'a montré le résultat du référendum alsacien sur la fusion des deux départements d'Alsace,  les Français sont attachés aux vieilles structures territoriales du pays. Bien que la France ne soit pas un pays fédéral comme l'Allemagne, la vie collective dispose ainsi de territoires pérennes, dont on aurait tort de négliger l'importance. Un certain archaïsme, qui n'empêche pas les adaptations pragmatiques, est une force ignorée du pays, alors même qu'on l'admire parfois chez nos voisins britanniques. Quoique la plupart des Français de métropole l'ignorent, la République française est aussi ancrée sur l'ensemble du globe par ses départements et territoires d'Outre-Mer. Cet ancrage ultra-marin oblige finalement à avoir une vision moins "européo-centrée" de l'évolution du monde. 
Gérard Bossuat : Les points forts du système politique allemand relèvent de la stabilité politique et de l’excellence économique. Malgré les déstabilisations terroristes de la Fraction armée rouge dans les années 70-80, le système politique hérité de la construction fédéraliste de l’Etat ouest-allemand, à l’initiative des alliés occidentaux (États-Unis, Grande-Bretagne et France), a donné satisfaction. La RFA a gagné la confiance de ses alliés et voisins. Elle a pratiqué une démocratie parlementaire qui a garanti l’alternance politique ou la constitution de grandes coalitions SPD, CDU et Libéraux (FDP). Le bilan est impressionnant car depuis Adenauer (CDU) l’Allemagne a gagné la bataille mondiale de la croissance économique, réconcilié le peuple allemand avec la France entre 1950 et 1963, fait une Ostpolitik avec Willy Brandt (SPD), réussi la réunification des deux Allemagnes le 3 octobre 1990 et est devenue le premier partenaire économique dans l’UE. Le fédéralisme règle le partage des pouvoirs entre le Bund et les Länder. Il remonte à une longue tradition de balance des pouvoirs au sein du Saint Empire romain germanique. Il est intimement lié aussi à l’histoire dramatique du XXe siècle car la loi fondamentale allemande a pour but de prévenir le retour d’un nouvel Hitler.
L’observateur français de l’Allemagne contemporaine est frappé par la succession d’élections régionales et nationales, le coût financier de la démocratie (16 länder et un gouvernement fédéral), les dysfonctionnements de la subsidiarité. La  politique étrangère et de défense de l’Allemagne est bridée par la Loi fondamentale.
Le jeu des acteurs politiques allemands est fascinant pour les Français. Si la violence verbale ou les coups bas existent, il est toujours étonnant de constater qu’un accord peut intervenir entre les grands partis. En décembre 2013, un accord de gouvernement a été signé entre Angela Merkel, chancelière, (CDU), et  Sigmar Gabriel (SPD), vice chancelier et ministre de l’économie et de l’énergie. Un tel fonctionnement est inconnu en France où, sauf en temps de guerre, on pratique tout au plus l’ouverture à l’adversaire.
Faut-il admirer le système allemand  et en faire un modèle ? Il a fonctionné remarquablement, parce qu’il était adapté à l’histoire troublée de ce pays et aux contingences politiques depuis 1945. Le système politique des autres pays européens ne peuvent être définis par rapport à un modèle allemand qui n’a rien d’universel. Toutefois la capacité allemande à pratiquer la subsidiarité est un moyen de donner plus de responsabilités aux citoyens et aux élus locaux et régionaux.
Si l’on en vient maintenant au système politique français, au moins celui de la Ve République établi en octobre 1958 et révisé en 1962 pour permettre l’élection au suffrage universel du président de la République, il a facilité la stabilisation gouvernementale sur la durée du septennat puis du quinquennat. Il est facile de voir que les gouvernements de la Ve République durent plus longtemps que ceux de la IIIe et de la IVe République. Le suffrage universel direct, uninominal, majoritaire, à deux tours a donné des majorités stables.
Le système français est très différent du système allemand. L’organisation de la vie politique française est centralisée au sein de deux assemblées : l’Assemblée nationale et le Sénat, contre-pouvoir législatif et d’un gouvernement fort. Les principe de la République viennent de la Révolution de 1789 qui a mis fin d’une part à l’absolutisme , modéré par la coutume, de la monarchie et, d’autre part, fondé la société démocratique française moderne. La Révolution française a voulu légiférer pour le monde et pour l’éternité, ce qui a provoqué des réactions variées. Le système politique français est issu d’une histoire qui est celle de la Nation en un temps où elle était menacée par l’étranger, prussien, autrichien et anglais. Le roman national l’a légitimé et il est délicat de toucher aux principes fondateurs. Ainsi l’unité nationale est-elle un absolu parce qu’elle résulte d’une réunion volontaire des peuples du royaume, sanctionnée par la Fête de la Fédération de 1790 et surtout par la mort du roi. Les abandons de souveraineté au titre de la subsidiarité, notion mal connue, au profit des régions ou de l’Europe semblent faire planer une menace sur l’unité nationale. Qui nie ce roman risque de renier sa citoyenneté.
Le système politique français s’enracine donc dans l’image historique de la France : les Départements expriment la recherche de l’égalité entre Français; les communes, trop nombreuses, symbolisent le respect des libertés locales, l’Ecole publique et laïque témoigne du vivre ensemble en France malgré les croyances, les langues et les statuts différents.
Mais la prégnance de l’histoire est telle que de nombreux inconvénients se manifestent après plus de 2 siècles de convulsions politiques. Le système politique français n’est pas le moins bon des systèmes s’il convient aux citoyens ; le système administratif établi pour gouverner les Français est appelé à être réformé et démocratisé pour être plus efficace et d’un moindre coût. La crise de la représentation politique, c’est-à-dire le manque de confiance dans les élus du peuple, est liée aux transformations rapides de nos sociétés qui ont retiré aux élus le monopole de la transformation économique et sociale, car ils doivent le partager avec des sociétés multinationales redoutables, avec des entités politiques supérieures aux Etats et des réseaux sociaux qu’ils ne maîtrisent plus.
Quel que soit le système politique considéré, l’allemand ou le français, l’essentiel est de le rendre toujours plus démocratique.

La vision de l'Europe

Christophe Bouillaud : Les points forts de l'Allemagne :
L'Allemagne étant un pays fédéral, il n'est pas étonnant que l'idée d'un fédéralisme européen soit mieux comprise de l'autre côté du Rhin qu'en France. Les autorités allemandes de droite comme de gauche ont déjà proposé au cours des années 1990 un saut fédéral européen, et il semble que le gouvernement Merkel soit disposée à réitérer ce genre de propositions dans un avenir proche.
Par ailleurs, en pratique, les partis politiques allemands ont bien compris l'importance contemporaine du Parlement européen, et disposent ainsi d'un canal d'influence et d'information sur l'Europe communautaire.
Enfin, avec la crise des dettes souveraines, on a pu voir que l'Allemagne dispose désormais de ses alliés privilégiés dans l'Union avec les autres pays "créditeurs" de la zone Euro (Finlande, Autriche, Pays-Bas), et dans les relations internationales, l'Allemagne a bâti des relations privilégiées avec la Russie et la Chine, (re-) donnant une envergure mondiale à sa politique.
Par contre, il faut souligner que, sur l'avenir de l'Union, la vision des autorités n'est peut-être pas sans hypocrisie ou sans irréalisme. Les propositions fédéralistes semblent parfois faites dans l'espoir que les autres pays les refusent. Surtout, il n'est pas du tout dit que les électeurs allemands dans leur ensemble soient aussi prêts que cela à voir disparaître l'Allemagne dans une fédération européenne de plein exercice. Le jugement de la Cour constitutionnelle allemande de juin 2009 sur le Traité de Lisbonne a clairement posé le problème : s'il s'agit d'aller vraiment plus loin dans la fin de la souveraineté allemande au profit de la fédération européenne, il faudra donner la parole au peuple allemand.Or il y a tout de même un écart perceptible entre la position des autorités et l'expression de l'opinion publique. Personne ne sait trop en fait ce qu'il en ressortirait. 

Les points forts de la France :
Sur l'avenir de l'Union, la France ne peut pas accepter d'aller officiellement vers une fédération européenne de plein exercice, en effet la souveraineté nationale française doit apparaître comme intangible aux yeux des Français, mais, en pratique, les différents gouvernements qui se sont succèdés depuis 20 ans ont toujours été ouvert aux progrès vers l'intégration européenne accrue et souvent ont été moteurs de ses avancées. Cela choquera sans doute d'y voir un point fort de la France, mais, comme le montrent les exemples, aussi bien de N. Sarkozy avec le Traité de Lisbonne, que celui de F. Hollande, avec le TSCG ("Traité budgétaire"), les partis au pouvoir ont toujours été prêts  à avancer dans l'intégration européenne en dépit même de l'opinion majoritaire du peuple français. L'Etat français est pleinement européen, et accepte de décevoir le peuple français sur ce point.
Sur la place de l'Europe dans le monde, du point de vue géopolitique, la France poursuit sa politique de petite "puissance mondiale", et refuse totalement l'idée que l'Union européenne pourrait être une "grande Suisse". La doctrine reste ainsi : "si l'on ne s'intéresse pas aux affaires du monde, de toute façon, les affaires du monde s'intéresseront à nous", il faut donc ne pas les négliger, y compris sur le plan militaire. Cela devient de plus en plus théorique en raison des difficultés budgétaires du pays qui rendent difficile d'assumer seul une telle tâche, d'où l'appel pressant aux autres Européens. 
Gérard Bossuat : Entre la France et l’Allemagne il existe une histoire commune de désunion et de construction européenne. Nous sommes dans la seconde phase et tout le monde souhaite y rester.
Cela pose le problème du contenu à donner à cette construction. Beaucoup a déjà été fait depuis le 9 mai 1950 et même depuis l’appel de Briand à Stresemann en 1929 à la tribune de Genève. Les traités européens de Paris, de Rome, de Maastricht, de Lisbonne fruits du travail commun et singulièrement du travail franco-allemand ont tracé les directions à suivre. Pourtant il est de la responsabilité des Européens d’aujourd’hui à la veille d’une rencontre franco-allemande que l’on croit importante, de dire ce qu’ils attendent. Plus modestement j’aimerais insister sur plusieurs points. L’offre d’Europe est faible de la part d’Angela Merkel, tant en politique étrangère et de sécurité qu’en termes économiques et budgétaires. Les Français ont confiance dans la chancelière en taisant cependant leurs doutes concernant la politique économique en Europe. Il n’y a pas eu de relance commune, ni de projet d’innovation technologique commun. Français et Allemands sont concurrents, du moins est-ce ainsi que la relation économique franco-allemande est perçue. Sans doute est-ce un bien aux yeux des libéraux ; est-ce un bien pour l’avenir de nos pays dans l’Union européenne ? Il ressort actuellement de l’Europe  de l’euroscepticisme, du nationalisme, du repli sur soi, de la méfiance, du protectionnisme économique et culturel. Cette Europe semble bien en déclin.
Il revient à François Hollande et à Angela Merkel, à l’image des « couples » franco-allemands, bi-partisans antérieurs, Schmidt et Giscard d’Estaing, Mitterrand et Kohl, de donner un programme d’approfondissement européen fort, décisif. Il est urgent de faire des avancées : établir une union politique et budgétaire, réformer les institutions européennes actuelles qui génèrent de l’euroscepticisme par des interventions mesquines, créer un impôt commun et pour cela créer une chambre parlementaire votant l’impôt et contrôlant un ministre des Finances européen. Ces propositions viennent de la partie la plus décidée de l’opinion publique franco-allemande, puissent-elles être relayées par le président français et la chancelière allemande.

L'entreprise classique serait au bout du rouleau


Son organisation hiérarchique, le contrôle, la récompense individuelle : les jeunes ne voudraient plus de ce vieux modèle. C'est en tout cas la thèse d'un livre qui vient de sortir: "Partager le pouvoir, c'est possible", chez Albin Michel,
Tout n'est pas perdu, et ce livre met en avant des exemples concrets d'entreprises qui, elles, ont changé. Et c'est urgent !
Parce que selon l'auteur de ce livre, "Partager le pouvoir, c'est possible", qui vient de sortir chez Albin Michel, les jeunes - et notamment les meilleurs - seraient en train de se détourner de l'entreprise "à la papa".
Eric Albert est psychiatre, il a fondé l'Ifas, l'institut français d'action sur le stress. D'après lui, au travail, les jeunes, mais aussi de plus en plus de salariés, veulent désormais un autre type de société.

Un couple franco-allemand loin du rêve

Un couple franco-allemand loin du rêve


L’Europe, c’est à la fois du rêve et du concret, une vision et de l’action. L’un ne va pas sans l’autre : sans rêve, l’Europe devient Bruxelles et se transforme en bureaucratie tatillonne. Sans action, le rêve devient incantation et se mue en prêchi-prêcha autour du legs de Jean Monnet. A trois mois des élections européennes, on attendrait donc du Conseil des ministres franco-allemand qui se tient ce mercredi qu’il exprime une vision et propose une action. Mais rien ne l’annonce. Aucun souffle.
En réalité, il ne se passe plus grand-chose sur l’Europe depuis deux ans. Passée la mobilisation absolue pour dominer la crise des pays du sud et juguler les forces destructrices à l’œuvre contre l’euro, chaque pays s’est replié sur lui-même. Moteur indispensable de l’Europe, le tandem franco-allemand n’a rien produit. L’Allemagne s’est occupée d’elle-même et Angela Merkel de sa réélection. Et la France, après avoir prétendu réorienter l’Europe vers la croissance, s’est recentrée sur elle-même et François Hollande sur ses inversions successives, chômage et popularité.
A plusieurs reprises, pourtant, des annonces furent faites en faveur d’une initiative franco-allemande, d’une relance, d’un projet commun. Mais rien de plus : jamais de suivi, jamais de concret. Il en ira probablement de même avec les derniers « grands projets » du Président, comme cet « Airbus de l’énergie » (sic) révélé par le chef de l’Etat français et promis à devenir un joyeux « machin » techno-subventionné. Quant à l’idée de tendre à l’harmonisation fiscale entre les grands pays d’Europe, elle serait parfaite si elle ne se traduisait, pour la France, par l’espoir de voir nos voisins faire une partie du chemin vers nos taux d’imposition stratosphériques. A l’évidence, nous serions une fois de plus loin du rêve.

Le billet de Michel Schifres

Trop grave fun


C’est à des petits riens que l’on sent son âge. Je l’ai compris en découvrant la campagne du gouvernement pour lutter contre l’absentéisme électoral des jeunes. Elle est d’une modernité ébouriffante. « Voter, c’est tweeter en vrai » et « Vous aimez liker ? Voter » en sont les slogans principaux. On voit mal le rapport mais c’est sans doute qu’on est trop vieux pour le saisir. Aussi n’en doutons pas, après l’avoir lue, chacun prendra le chemin des urnes sauf ceux qui ne sont pas familiers des réseaux sociaux, ceux qui parlent mal l’anglais, ceux qui communiquent encore à l’aide d’un outil suranné, la parole, ce qui, tous comptes faits, représente pas mal de monde. Mais qu’importe : nous devons être fiers d’avoir un pouvoir si à la pointe. 
M. Ayrault est trop grave fun.

Braveheart !


Braveheart !

Le pipeau de Cameron ne fait pas le poids face aux cornemuses écossaises


Dans sept mois, en septembre prochain, l’Ecosse pourra choisir de quitter le Royaume-Uni et de retrouver son statut de nation libre. Il serait temps : elle est spoliée de ce statut depuis 307 ans !
Cette éventualité fait flipper le Premier ministre britannique David Cameron. Avec cet argument (qui devrait laisser de marbre les nationalistes écossais) que l’indépendance de l’Ecosse « ternirait l’image et le prestige du Royaume-Uni dans le monde » : « Si nous perdions l’Ecosse, nous nous couperions nous-mêmes l’herbe sous les pieds. Le constat, c’est que nous comptons plus aux yeux du monde ensemble. » C’est ce que disait déjà Londres, jadis, pour refuser à l’Irlande une indépendance que cette dernière dut arracher par la force…
Oscillant entre menaces et cajoleries, Cameron a encore déclaré : « Réfléchissez à ce que nous avons fait ensemble. »
C’est justement parce que de nombreux Ecossais y ont réfléchi qu’ils souhaitent passer à autre chose. Depuis longtemps.
Sans vouloir remonter à trop loin, il faut rappeler que la convoitise anglaise (anglo-normande à vrai dire) à l’égard de l’Ecosse remonte à Guillaume le Conquérant : en 1072, il envahit une partie de l’Ecosse jusqu’à l’embouchure du Tay.
Il faut des volumes et des volumes, qui existent d’ailleurs, pour recenser toutes les guerres anglo-écossaises. Quand Edouard Ier envahit l’Ecosse en 1296, il devra faire face à William Wallace et Andrew de Moray. Les troupes anglaises seront écrasées à la bataille de Stirling Bridge. Mais, trahi, Wallace sera capturé par les Anglais et exécuté.
A la mort d’Edouard Ier (1307), son fils Edouard II décide de mettre au pas les « rebelles ». Son armée est défaite à Bannockburn (1314). En 1320, le pape Jean XXII annule les divers traités de soumission des rois écossais envers les rois anglais. La souveraineté écossaise est dès lors reconnue par les puissances européennes.
En 1329, c’est Edouard III qui remet ça. L’Ecosse restera aux liens pendant trente ans. Et elle ne retrouvera son indépendance que parce que Edouard III a suffisamment à s’occuper avec la France (c’est le début de la guerre de Cent Ans).
Il nous faudrait évoquer aussi l’Auld Alliance (1) avec la France, Marie Ire, l’occupation féroce de l’Ecosse par Cromwell, le rétablissement de Charles II et l’Ecosse qui retrouve son indépendance et son parlement (avec frontière et douanes entre les deux pays), le Jacobitisme, Bonnie Prince Charlie (« le Roi au-delà de la mer » de Jean Raspail). Et encore le désastre de Culloden (16 avril 1746) et ses conséquences : interdiction du port du kilt et du tartan, interdiction de jouer de la cornemuse, exils forcés, déportation outre-mer des « rebelles ». Et les chars anglais pour soumettre Glasgow en 1919. Etc.
Cameron a pris des risques en lançant cet imprudent et impudent « Réfléchissez à tout ce que nous avons fait ensemble. » Il est temps que, comme l’Irlande dans la chanson Les Lacs du Connemara, les Ecossais disent non à la paix des Gallois et à celle des rois d’Angleterre. Et oui à Braveheart !
(1) Les attributions de l’Auld Alliance seront encore étendues en 1512 : tous les ressortissants de l’Ecosse deviennent également ressortissants français, et vice versa. Ce statut fut annulé par la France en 1903 (pour complaire aux Anglais). Pas par l’Ecosse.

Alain Duhamel : «Une sanction à gauche»


Vous attendez-vous à une forte abstention pour les prochaines élections ?
Dans l’absolu, non, parce que les municipales re
stent des élections à forte participation. Mais, d’une part, il y a déjà un déclin relatif lors des derniers scrutins. D’autre part, il y aura une abstention sanction à gauche. Une fraction des électeurs de gauche ne comprend pas ce qui s’est passé ces derniers mois, une autre ne comprend pas ce qui commence. Ils n’iront peut-être pas voter pour la droite, mais ils auront la tentation de rester chez eux. Il est difficile d’évaluer cette part aujourd’hui. Je l’imagine plus à 5 % qu’à 15 %. Cela peut faire la différence dans plusieurs endroits.
On parle d’un désamour vis-à-vis du politique. N’est-ce pas une explication ?
Il y a une position très critique des Français vis-à-vis des politiques. Elle est plus forte que jamais, mais elle était déjà très forte depuis des années. Par ailleurs, le scrutin est marqué par un facteur local très important. Je ne pense pas que la désaffection puisse aller beaucoup plus loin. S’il est vrai que les gens en veulent beaucoup aux politiques, ça ne veut pas dire qu’ils ne suivent plus la politique. C’est différent. Ils n’aiment pas les choses telles qu’elles se passent. On aurait eu il y a deux mois les chiffres un petit peu meilleurs sur la croissance annoncée le week-end dernier, le climat serait différent. Là, ils n’ont pas pu peser.
Est-ce que l’UMP est capable de mobiliser ?
L’UMP n’est pas dans une forme transcendante, mais elle me paraît maintenant susceptible, non pas de gagner, mais d’être bénéficiaire. Ce n’était pas le cas il y a encore quelques mois. Un certain nombre de villes moyennes vont revenir à droite. L’UMP va apparaître comme vainqueur même si ce sera dû davantage à une hausse de l’abstention de gauche qu’à une augmentation des votes de droite. Toutefois, depuis la non-inversion de la courbe du chômage, quelque chose s’est passé chez les électeurs de droite. Ils ne sont pas plus contents, ni du programme ni des dirigeants de l’UMP, mais ils sont plus remontés qu’avant contre la gauche. Recueilli par Matthieu Verrier

Le miroir déformant de l'humour télévisuel


Comment les jeunes perçoivent-ils la politique ? Il y a fort à parier que beaucoup ne la connaissent qu’à travers le prisme déformant des émissions d’humour. Les «chansonniers» d’antan ont passé la main à des amuseurs plus modernes, même si les Guignols de l’Info ont déjà plus de vingt ans ! Canteloup ou Gerra sont les héritiers de Coluche ou Pierre-Jean Vaillard, et on entend presque plus les «faux» que les «vrais» ! Mais les politiques ont-ils intérêt à se retrouver sur les plateaux des talk-shows ou des variétés ? Est-ce une bonne chose d’aller «chez Ruquier», «chez de Caunes» ou, plus paisiblement, «chez Drucker» ?
C’est un risque à prendre ! A une autre époque, on se souvient de l’interview de Thierry Ardisson, qui avait demandé à Michel Rocard si «Sucer, c’est tromper ?». Aujourd’hui, le même intervieweur a piégé l’un des jeunes ténors de la droite, Laurent Wauquiez. Celui-ci avait reconnu aller sur le site porno «Youporn», «comme tout le monde», avant de se rétracter… et de s’empêtrer !
Voulant faire un trait d’humour auprès de Michel Denisot, en 2007, Arnaud Montebourg décoche son fameux «Ségolène n’a qu’un seul défaut, c’est son compagnon.» Cela lui a valu d’être obligé de présenter sa démission en tant que porte-parole de Ségolène Royal !
Toujours sur Canal + le Petit Journal est redouté des politiques. L’ex-ministre de la Défense Gérard Longuet y a perdu son sang-froid en lançant à la journaliste qui lui posait une question embarrassante : «Vous savez quoi, j’aurais préféré que ma fille soit prostituée plutôt que journaliste.»
Du coup, se sentant parfois harcelés, les politiques finissent par «péter les plombs». Nicolas Dupont-Aignan dit à un journaliste : «Vous êtes une merde intégrale», Mélenchon traite Pujadas de «larbin», Rachida Dati dit à un reporter «Vous êtes toujours aussi con», et Patrick Balkany s’empare du matériel d’un reporter en lançant : «Vous nous faites chier». Pas sûr que ce soit la meilleure manière pour une jeunesse désabusée de découvrir la politique !

Les casseroles silencieuses

Les casseroles silencieuses


Il paraît qu'en France nous avons un goût très prononcé pour la tragédie grecque. Nous aimons les héros qui mordent la poussière, sautent les obstacles et se relèvent, tel Nicolas Sarkozy, le front haut. Comme dit l'historien Christian Delporte, qui vient de publier Come-back ! ou l'art de revenir en politique (Flammarion), nous aimons les hommes politiques indestructibles.
Et peu importent les casseroles. Elles tintent dans le vide. La France, relève l'historien, peut se prévaloir, à l'exception de l'Italie, d'être « le seul pays d'Europe occidentale capable d'élire des politiques corrompus ». Ou traversant quelques démêlés judiciaires.
Le cru 2014 des municipales déverse son lot de candidats en froid avec la loi : Jacques Mellick (PS) et ses affaires de match truqué, Jean Germain (PS) et ses noces chinoises tourangelles, le duo Dassault-Bechter. Ou encore Patrick Balkany (UMP) qui, malgré ses ennuis avec le fisc, reste plébiscité par ses électeurs de Levallois-Perret. « C'est comme un vieux couple. Les habitants vont lui rester fidèles et lui pardonner ses frasques judiciaires », pronostique un élu des Hauts-de-Seine. Déjà condamné à une inéligibilité de deux ans, d'ailleurs passés sous le soleil des Antilles, il est revenu dans l'arène politique comme une fleur en 2002. Alors…
Pour eux, le seul verdict qui compte est celui des électeurs. La rédemption par l'isoloir. Quand les urnes ont parlé, le linge est plus blanc que blanc. « Tous pourris », mais la faute à qui ?

CAPITAL

CAPITAL


Révolution culturelle chez Peugeot. Deux siècles après la naissance de la marque en Franche-Comté, un conseil de surveillance historique du groupe doit valider, demain, l’entrée au capital de PSA de l’Etat français et du chinois Dongfeng. La présidence du conseil de surveillance pourrait dans la foulée échapper à la famille Peugeot. Un virage crucial, négocié avec un mélange d’espoir et de crainte par les 90.000 salariés français du constructeur automobile. Vécue par certains comme le symbole de la mondialisation et du déclin industriel de la France, l’arrivée de Dongfeng, au-delà du bol d’air financier qu’elle va apporter, représente malgré tout une chance historique pour PSA de pénétrer les marchés asiatiques. A l’heure où le « made in China » est partout, la question n’est plus de savoir s’il faut fermer la porte de l’économie française à un dragon entré depuis longtemps par la fenêtre, mais d’accompagner et d’encadrer cette influence croissante. Il sera capital, une fois actée l’arrivée de Dongfeng, de mettre en place des garde-fous permettant d’éviter le glissement progressif du savoir-faire et de la production de PSA de la France vers l’Empire du Milieu. A l’Etat, nouvel actionnaire majeur, de jouer à plein ce rôle de protecteur des intérêts nationaux.

Attractivité : des paroles et des actes

Attractivité : des paroles et des actes


Ne dites pas aux grands patrons réunis hier à l’Elysée qu’ils avaient aussi en face d’eux un certain Arnaud Montebourg, chantre de la démondialisation. Ne leur dites pas que la promesse présidentielle d’harmonisation fiscale européenne est la énième du genre.
Ne dites pas non plus au dirigeant du fonds d’investissement américain Blackrock que son métier est, pour le PS, ce qu’il y a de pire dans l’univers de la finance. Ne dites pas au japonais Rakuten que le commerce en ligne doit en France passer sous la toise de lois antédiluviennes, ni au chimiste belge Solvay que le chef de l’Etat ne remettra jamais en cause le principe de précaution. Ne dites pas davantage au géant suisse du travail temporaire Adecco que son métier est parfois assimilé à une activité de négrier des temps modernes. Il faut aussi que l’on cache à la banque Santander que la finance reste « un adversaire sans visage » pour une bonne partie du PS, que l’on fasse oublier à tous que Mittal fut déclaré indésirable en France et que le syndicaliste qui a mené la guérilla contre lui est désormais une tête de liste-totem du Parti socialiste.
Il faudra également empêcher les investisseurs étrangers de connaître la loi « Florange » qui punit les entreprises qui auraient échoué en France, il faudra leur cacher la loi Hamon qui oblige à divulguer plusieurs mois à l’avance à ses salariés tout projet de vente d’une filiale, et il faudra glisser sur la complexité de la future loi sur les quotas de stagiaires dans les entreprises.
Et à tous ceux qui à l’avenir se demanderont si la France a réellement changé vis-à-vis des entreprises en général et des investisseurs étrangers en particulier, il faudra répondre qu’on l’espère fortement, même si, dans la République de François Hollande, il y a toujours loin de la parole aux actes.