La France, l’euro et le laissez-passer pour la facilité
L’euro est trop fort, l’euro nous asphyxie, l’euro nous tue.
Plus la France se rapprochera du Mur des réalités, et plus on entendra ce leitmotiv ; plus on se rapprochera des élections européennes, et plus on trouvera de voix pour relayer cette complainte.
Le Mur des réalités ? C’est ce qui attend la France, au bout de l’impasse économique et sociale dans laquelle elle est engagée. C’est l’obligation qui est désormais la nôtre de réformer dans la douleur le « modèle français », aujourd’hui à bout de souffle. C’est la contrainte qui nous est faite de tailler à vif dans les dépenses de l’Etat, de couper à cru dans les dépenses sociales, bref de réduire dans notre économie la part étouffante de l’argent public et de la redistribution pour permettre à la part privée de redonner du souffle, de recréer de la croissance. Le Mur des réalités, c’est ce qui nous attend à coup sûr après les élections municipales et européennes.
D’ici là, il se trouvera quantité de bons esprits pour appeler à une dévaluation de l’euro. Un petit coup de dopage monétaire qui permettrait de regagner artificiellement et de manière « soft » un peu de compétitivité. Et de repousser les réformes.
En somme, plaider pour l’euro faible c’est, de la part d’un mauvais élève comme la France, tenter d’arracher à nos voisins et à nos créanciers un laissez-passer pour la facilité. C’est croire que les pays qui ont déjà fait de profonds efforts d’ajustement nous regarderont nous en dispenser sans protester. C’est croire que l’Allemagne qui réalise trois fois plus d’excédent commercial que nous n’avons de déficit acceptera de nous absoudre de notre légèreté. C’est aussi naïf que lorsque, en pleine campagne électorale, François Hollande avait tonné qu’il « n’accepterait pas » que la monnaie chinoise ne soit pas réévaluée. Pékin en rit encore.