C’est à la finance que François Hollande doit dire merci pour ce moment. La configuration des astres sur les marchés n’a jamais été aussi favorable depuis la crise de 2008. La France s’endette pour trois fois rien ; l’euro a chuté de 10 % en six mois ; à la veille de l’hiver, le pétrole est au plus bas depuis quatre ans. Trois facteurs sur lesquels la France n’a aucune prise et qui apparaissent, à première vue, comme autant de cadeaux tombés du ciel pour la majorité socialiste.
Une telle conjonction de bonnes nouvelles pourrait justifier, pour un gouvernement aussi insouciant qu’inconscient, de laisser filer les déficits, de s’endetter jusqu’à plus soif et de reporter aux calendes grecques les réformes douloureuses. Car puisque l’emprunt ne coûte plus rien, pourquoi ne pas vivre encore plus à crédit ? Un gouvernement sage et vertueux, au contraire, verrait dans ce répit inespéré l’occasion de procéder enfin, à l’abri de toute pression des marchés, aux réformes d’ampleur dont la France a besoin : fluidifier le marché du travail, alléger les fardeaux qui pèsent sur les entreprises, diminuer les dépenses publiques.
Or, tout pousse François Hollande à emprunter la première voie. Sa propension à se laisser porter par les événements, sa majorité si divisée, l’approche en 2015 de deux élections, les départementales et les régionales, qui s’annoncent catastrophiques pour le PS, se conjuguent pour l’inciter à se contenter de réformes cosmétiques. Mais de la même façon que les heureuses nouvelles sont survenues inopinément, une remontée des taux, de l’euro et du pétrole peut advenir sans crier gare. La France n’aura plus alors que ses yeux pour pleurer sur ce moment qu’elle n’aura pas su saisir. Et les Français régleront l’addition.