TOUT EST DIT

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lundi 6 octobre 2014

Juppé, la révolution tranquille

Que tout change pour que rien ne change. L’air de Lampedusa, déclamé par Alain Delon, ambitieux Tancrède du Guépard de Visconti, se démodera-t-il un jour ? Slogan victorieux en 2012, la rime riche du “changement maintenant”, n’est plus que pataquès et l’opinion redouble de vigilance à l’égard de qui, après Hollande, osera encore promettre un virage radical. Sarkozy garantit qu’il n’est plus le même. Pourtant le naturel affleure de meeting en meeting. Il n’est qu’à écouter l’esquisse de son programme, ses supporters, vantant une énergie intacte, et ses détracteurs, déplorant ce même caractère clivant, pour en douter. Bonaparte, de retour d’Elbe, jurait avoir chassé ses démons guerriers. Retenant le sabre jusqu’à Paris, ses 100 jours s’achèveront dans le sang de Waterloo.
Et voilà comment, Alain Juppé, perdreau déplumé d’il y a 30 ans, fait figure de sage rassurant aujourd’hui. L’engouement populaire, selon les sondages, se porte vers celui qui, à 69 ans, a traversé bien des orages. Sa popularité est le signe de son évolution. Avec Sarkozy et Fillon, les apparatchiks de l’UMP ; à lui, l’énarque, les électeurs. Qui l’eût cru ? Lui, le Premier ministre droit dans ses bottes qui faisait descendre le pays dans la rue en 1995 ? Le cassant Juppé se détend et décroche le prix de l’humour politique. Il séduit même au comptoir de Bourdin, sur RMC, et Cohn-Bendit lui promet la voie royale. Ses idées, jeudi, chez Pujadas, n’avaient rien de bouleversant. Mais s’il est élu, le “papy”, réformateur modéré, ne fera qu’un mandat, dit-on. Sans souci de réélection. Ce serait là un changement majeur d’une classe politique en mal de renouvellement. Mieux, une révolution.

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