Il pleut sur François Hollande, il pleut depuis le premier jour, depuis sa remontée des Champs-Elysées et son avion foudroyé sur le chemin de Berlin.
Il pleut sur sa présidence, sur sa popularité, sur sa cote de confiance, au point de lui ôter toute force de conviction et toute latitude d’action.
Il pleut sur sa manière louvoyante de gouverner, sur sa façon approximative d’exercer le pouvoir : défié depuis des semaines, le président de la République avait choisi jusque-là de tergiverser, traitant par la petite blague les provocations du fort en gueule Montebourg. N’ayant plus dans sa main que de mauvaises options, le voilà contraint de faire une charrette là où un acte d’autorité, isolé et précoce, aurait pu suffire.
Il pleut sur sa majorité qui se retrouve ainsi en plein naufrage, lâchée par ses alliés Verts, par les communistes, par les amis de Mélenchon et maintenant par une fraction du PS qui choisit délibérément, signe d’une incroyable crise, de ne pas participer au gouvernement.
Il pleut sur sa politique, sur les choix à contretemps qu’il a défendus avec obstination puis reniés avec conviction. Il pleut sur des lois faites et défaites, sur des plans bricolés, des réformes avortées. Il pleut sur la croissance, sur l’emploi, sur toutes les performances que la France aurait pourtant les moyens de réaliser.
Il pleut sur ce chef qui n’a pas voulu trancher depuis des années, sur cette clarification politique qu’il n’a jamais assumée, ni comme patron du PSpendant dix ans, ni comme candidat au discours militant, ni comme président au geste hésitant. Il pleut sur cette gauche qui se divise et rêve de cette « autre politique » dont aucun gouvernement, nulle part dans le monde, ne veut plus.
Il pleut, et c’est toute la France qui prend l’eau.