François Hollande est sans illusions: s'il ne se passe rien d'ici 2017 et s'il parvient à ce moment-là à se porter candidat à un second mandat, il ne pourra évidemment pas espérer rassembler sur son nom le totalité de ceux qui lui ont permis d'accéder le 6 mai 2012 à l'Elysée. Il y a aujourd'hui, dans la nature, trop de disciples de Mélenchon qui ne lui pardonneront pas ce qu'ils appellent, dents serrées, sa "trahison".

Le chef de l'Etat regarde donc ailleurs, forcément sur sa droite.
Son objectif est double.
1. Si Nicolas Sarkozy, malgré les juges à ses trousses, est en piste, réunir les conditions (psychologiques et politiques) pour pouvoir expliquer, le jour venu, aux gens de droite... "raisonnables" qu'ils doivent faire le bon choix. Qu'on saura leur tendre la main.
2. Si Nicolas Sarkozy est hors-course, tabler sur les divisions de la droite et l'incapacité de celui ou celle qui serait alors en piste à fédérer tout son monde. En préparant le terrain, contre le FN de Marine Le Pen, à un accord "républicain" entre le gros du PS, les fragiles centristes et une fraction de l'UMP.
C'est dans ce contexte qu'il faut lire et relire les récentes déclarations à Europe 1 de Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droit des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Car l'intéressée, au-delà de ses sourires, ne s'est jamais beaucoup intéressée à la droite. Elle en avait d'autant moins la tentation qu'elle a vu pendant vingt ans, à Lyon, Gérard Collomb multiplier efficacement les clins d'yeux dans cette direction. C'était une raison de plus pour Najat Vallaud-Belkacem, qui rêve un jour de succéder à Collomb, pour jouer la carte inverse.
Or voici que la ministre du Droit des Femmes -évoquant la "dérive" d'une fraction de l'UMP au Sénat- explique, sur un ton... maternaliste, que l'UMP "a donné" à voir (en cette occasion) une image "qui n'est pas à son son honneur". Qu'il y a dans ses rangs une minorité qui rêve d'imiter l'hétéroclite Tea Party américain (dont Sarah Palin fut, un temps, l'héroine). Et que -cette fois, on s'accroche - "à droite aussi on trouve des progressistes". Lesquels "progressistes" sont invités par ses soins à savoir s'unir avec "les autres progressistes" lorque sont en jeu des "choses fondamentales" (à commencer par le refus de dérives "réacs").
Eclairant propos. Acculé dans les cordes par une croissance en panne et des Européens qui lui demandent des comptes, François Hollande a nommé Manuel Valls à Matignon, et s'est séparé des plus gauchistes des Verts. Il tient en respect (en tout cas pour le moment) les "frondeurs" tout en donnant un coup de barre (idéologique) à droite. Il a gommé la quasi-totalité des sujets (notamment sociétaux) qui faisaient conflit avec l'UMP. Et voici, maintenant, qu'à ses côtés son ex-porte-parole Najat Vallaud-Belkacem découvre des "progressistes" à l'UMP, et leur dit en substance: "Pourquoi pas ?".
L'automne sera chaud.