TOUT EST DIT

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mercredi 9 juillet 2014

Les Français, spectateurs de leur propre naufrage

La France se comporte comme le troll de l’Europe et du monde, menée droit dans le mur par des bras cassés dont les citoyens ne semblent pas prêts à faire cesser l’œuvre destructrice.
 Malgré les rapports alarmants de la Cour des Comptes, l’État continue de mener grand train et de dépenser sans compter. Les subventions diverses, variées et dodues dont bénéficie annuellement la presse sont jugées inefficaces par la Cour des Comptes ? Qu’à cela ne tienne ! Les élus voteront tout de même le sauvetage de L’Humanité, ce journal qui s’en trouve aussi dépourvu que de lecteurs qui, jadis, pleura Staline. On s’en émeut aujourd’hui, certes ; mais peu s’offusquent du soutien apporté à Chavez malgréles souffrances qu’il cause au peuple vénézuélien.
img contrepoints459Alors qu’ils justifient leurs méfaits par le soutien que leur apportent des électeurs (pourtant minoritaires), les élus sont incapables de comprendre que si les Français ne veulent plus acheter une presse qui se gargarise de ses reprises biaisées de dépêches AFP, les forcer à payer pour des journaux qu’ils ne lisent plus va contre leur volonté.
Il faudrait être bien naïf pour croire encore que les décisions des élus sont l’expression de la volonté du peuple. Quel citoyen approuve les banquets du RSI, les primes des ministères, l’achat d’une collection de bonsaïs par le Conseil Général des Hauts-de-Seine, et la « disparition » de nombreuses œuvres d’art à chaque changement de tête ?
Si l’État se permet de dépenser autant, avec fierté plutôt qu’avec honte, c’est parce qu’il persévère dans l’erreur selon laquelle la dépense publique crée de la richesse. Sans attendre des élus qu’ils notent la faiblesse logique de leur raisonnement, on pourrait au moins espérer qu’ils constatent l’échec des politiques de relance par la dépense menées depuis des décennies. Chaque année depuis 40 ans, ils votent un budget en déficit, sans sourciller.
Les Français ne semblent pas sourciller non plus, sauf pour descendre dans la rue en signe de protestation contre les rares lois qui ne leur nuisent pas comme le mariage homosexuel. Ils ne font plus confiance aux partis au pouvoir, et ils ont bien raison ; mais de plus en plus d’entre eux placent de l’espoir dans un parti au programme ridicule et aux intentions plus que douteuses. Leur prochain président sera choisi entre diverses nuances de socialisme, du rouge au brun en passant par la pastèque (vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur).
La presse (commodément subventionnée) se contente de relayer les mesures prises par des ministres incompétents, dont le seul mérite consiste à avoir convenablement servi le Parti. Il y aurait pourtant fort à en dire ; les priorités désopilantes de ceux qui nous dirigent se traduisent tantôt par des objectifs témérairement stupides (diviser par 2 nos émissions d’ici 2050), tantôt par des mesures liberticides à bras raccourcis (40% de femmes dans les conseils d’administration).
Ce qui caractérise le pays dans son ensemble, c’est le déni. Les contrats d’avenir ne nous sortirons pas plus de l’ornière que le retour au franc ; mettre la vie des Français en coupe réglée ne remplacera pas les coupes budgétaires nécessaires ; menacer et contraindre les entreprises ne favorisera ni l’investissement ni l’emploi. La France a besoin de réformes structurelles, que tous s’emploient à repousser autant que faire se peut, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Il sera trop tard quand toutes les caisses seront vides, aussi bien celles de l’État que celles des Français (en dehors de celles des hommes politiques et de leurs proches, qui sont depuis longtemps à l’abri du besoin et échappent commodément à la prison).
Une fois que la situation sera perçue dans toute sa gravité, on pourra remplacer les incantations à la courbe du chômage par des mesures de bon sens, que nos voisins européens ont déjà engagé. Certes, l’Europe n’échappe pas aujourd’hui à la tendance mondiale au surpoids étatique, mais certains pays ont le mérite de s’en rendre compte et l’espoir que la catastrophe puisse être évitée.
On admet volontiers en Finlande que l’État ne peut pas créer la croissance, on substitue petit à petit le privé au public en Suède, et on envisage avec sérieux la sortie d’une Union Européenne trop couteuse au Royaume-Uni.
Mais en France, rien de tout cela. Face la crise d’un modèle économique et politique dépassé (qui ne fait que commencer), la France, nue, se drape d’illusions, barricadée dans sa forteresse idéologique qui a tout d’une prison. Surtout pour les citoyens, condamnés à accepter ce qu’on tente de faire passer pour l’expression de leur volonté et la poursuite de leur meilleur intérêt.
Un jour, peut-être, la situation changera ; à eux d’en décider, et d’agir en conséquence. En attendant, les Français sont spectateurs de leur propre naufrage.

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