TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 28 février 2014

La France, forteresse Maginot

La France, forteresse Maginot


Les Français ne pensent-ils pas cul par-dessus tête ? Au moment même où l'Ukraine et d'autres pays du Vieux Continent regardent l'Europe avec des yeux énamourés, nous voilà en train de blâmer continuellement cette pauvre Union, d'où viendraient tous nos maux.
Depuis des années, Vladimir Poutine, tsar de poche, tente de développer son union eurasienne sur les décombres de l'Empire soviétique. Son projet a encore essuyé un sérieux échec, le week-end dernier, à Kiev, avec l'arrivée d'un nouveau pouvoir proeuropéen. C'est notre Europe, tant décriée ici, qui a été plébiscitée par les manifestants ukrainiens.
Apparemment, il n'y a qu'en France qu'on l'ignore, mais l'Europe fascine toujours hors de ses frontières et reste la première puissance économique du monde, dont elle représente encore près du quart du PIB, une part certes en recul face à la concurrence des pays émergents.
N'oublions pas l'Histoire : si une partie de l'Ukraine est russophone et russophile, le pays a des comptes à régler avec la Russie depuis qu'au début des années 30 Staline en fit, entre autres, son terrain d'expérimentation pour exterminer par la faim entre 4 et 7 millions de personnes, alors que l'Union soviétique continuait d'exporter du blé !
Une forme de génocide, appelée "Holdomor", curieusement occultée pendant les derniers événements, mais dont l'ombre ne s'est pas encore évanouie dans le pays et qui, plus tard, a inspiré Mao Tsé-toung dans sa politique de la grande famine qui fit une cinquantaine de millions de morts. Après ça, il ne faut pas s'étonner si l'Ukraine regarde surtout à l'Ouest.
Les différents épisodes de la révolution ukrainienne ont montré que l'Europe avait encore des choses à dire et à faire. Mille excuses pour cette constatation pourtant objective : au train où vont les choses, elle ne provoquera, hélas, que des ricanements, au mieux des haussements d'épaules. Comme si la cause était entendue et qu'il valait mieux parler de l'Europe au passé.
La montée du sentiment antieuropéen chez les Français est la conséquence directe de notre "provincialisation" : en deuil de nous-mêmes, nous ne parvenons pas à voir plus loin que le bout de notre nez, note Hubert Védrine dans un essai très revigorant, La France au défi (1). "On se moque, écrit Védrine, des élus américains qui n'ont pas de passeport, mais l'évolution de la classe politique française - et ailleurs en Europe - va un peu dans le même sens."
Trop d'universalisme tue l'universalisme. C'est sa vocation universaliste, fait historique indéniable au XVIIIe siècle et après, qui a fini par convaincre la France qu'elle n'avait rien à apprendre des autres, qui, croyait-elle, attendaient tout d'elle. Observons ce qui se passe aujourd'hui dans la tête de plus en plus de Français à propos des grands enjeux. La bombe de la dette ? La faute à l'euro. Le taux de chômage ? Encore la faute à l'euro. La désindustrialisation ? Toujours la faute à l'euro.
Que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets dans l'insolente Allemagne, peu importe, même si ça devrait nous faire réfléchir. Nous sommes aujourd'hui empégués dans une soupe idéologique régressive qui nous promet des lendemains qui chantent derrière les barbelés d'une nouvelle ligne Maginot, au nom d'un marxisme de supérette, d'un anticapitalisme primaire et d'un culte infantile de Péguy, apôtre d'une théologie de la guerre.
C'est l'économie pour les nuls, les vrais de vrais, et elle trouve d'innombrables gogos pour gober ses fadaises. Comme s'il fallait, pour nous sauver, mettre une croix sur l'Europe, le monde et notre avenir. Comme si nous devions, pour rebondir, choisir la voie de la réclusion en nous bouchant tout : les yeux, les portes, les volets. C'est ainsi que nous autres Français sommes sur la pente du refus de l'Europe et de la mondialisation, vers laquelle, au contraire, tant de pays aspirent.
Il n'y a pas si longtemps, un président français déclarait à Dakar que l'Afrique était en délicatesse avec l'Histoire alors même qu'elle était en train d'y entrer en force avec, dans certains pays, des taux de croissance à faire pâlir les dirigeants français. À l'approche des élections au Parlement de Strasbourg, qui s'annoncent catastrophiques pour la cause européenne, c'est à se demander si ce n'est pas nous qui, malgré tous nos atouts, allons sortir de l'Histoire.
L'excellent Thierry Maulnier, un ancien maurrassien qui pensait à droite, est celui qui a le mieux décrit la xénophobie française avec sa célèbre formule qu'on ne se lassera jamais de citer : "La France est la patrie du genre humain et l'on y est très accueillant aux étrangers, exception faite, bien entendu, pour les amerloques, les angliches, les fridolins, les macaronis, les espingouins, les polacks,les macaques, les ratons, les youpins et autres métèques." À la liste il faut, hélas !, ajouter encore : les romanichels, les chinetoques et peut-être même les Ukrainiens !
1. "La France au défi", Fayard.

Rheims : la démocratie pour les nuls !

La démocratie pour les nuls !


Un vent de renouveau souffle sur la télévision et sur la politique. Une nouvelle génération est en train de s'installer. Nathalie Rheims l'encourage...

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ambiance dans laquelle le pays aborde la dernière ligne droite des élections municipales n'est pas d'une grande sérénité. Certains spécialistes des médias se demandent même si on ne devrait pas supprimer les caméras dans l'hémicycle lors des questions au gouvernement. Selon eux, les médias et la démocratie ne font pas toujours bon ménage dans le cadre de "la société du spectacle". Le boycott de cette séance à la suite d'un nouveau clash entre les députés de l'UMP et les membres du gouvernement a fourni l'occasion à de nombreux journalistes des chaînes d'information continue d'interpeller les personnalités sur le délabrement de l'image qu'ils donnent de la démocratie politique. Nous sommes pourtant particulièrement fiers, en France, d'être un des principaux berceaux de la démocratie moderne et d'avoir atteint, dans ce domaine, un degré de maturité qui suscite l'envie de bien d'autres nations où les révolutions démocratiques ont tant de peine à s'affirmer et à s'établir.
La démocratie, dans l'exercice que je pratique pour Le Point.fr, consistant à humer, à travers ce que montre la télévision, l'air du temps et de la politique, j'ai l'impression de baigner dedans en permanence. Je ne me suis jamais sentie engagée dans un combat quelconque entre la gauche et la droite. J'ai pu exprimer aussi bien mon admiration pour le courage de Ségolène Royal que pour celui d'Henri Guaino ; j'ai pu applaudir à certaines performances du tribun et grand historien qu'est Jean-Luc Mélenchon, et appeler à ne pas laisser sombrer dans la ruine un grand parti comme l'UMP. Bref, on peut, au Point.fr, en tant qu'invité, s'exprimer dans la plus grande liberté, sans avoir à participer à telle ou telle "opération" ou grande manoeuvre.

La télévision, cette démocratie du quotidien

Déjà, en tant que téléspectatrice, je pointe ma "démocratie quotidienne", à chaque instant, au bout de ma télécommande. Lorsque je zappe, j'ai le sentiment de participer à un vote collectif, portant sur un programme ou sur un présentateur. L'audimat fait partie de cet "habitus" qui relève d'une démocratie intime et directe, où nous savons tous que le pouvoir est nôtre, celui de porter au pinacle ou de faire disparaître des supports idéologiques. C'est ce qui m'avait beaucoup plu en regardant la première de L'Émission pour tous de Ruquier en access prime time. Je trouvais cela "génial" d'offrir à chacun la possibilité de voter sur tout et n'importe quoi. Mais voilà, par la suite, on a vu se refermer les choses sur une sorte de manipulation de l'opinion, via ses chroniqueurs habituels et sa façon biaisée d'interroger le public. La réponse "démocratique", elle, ne s'est pas fait attendre et un audimat décevant confirma que l'opinion n'était pas aussi facilement manipulable. Même avec le plus charmant, le plus sympathique et le plus populaire des animateurs. Depuis Un homme dans la foule, le chef-d'oeuvre d'Elia Kazan de 1957, nous savons qu'aucun animateur, aussi vénéré soit-il par le public, n'est à l'abri de ce genre de déconvenue.
En tant que consommatrice, je baigne aussi dans cette autre démocratie du quotidien. Je le sais lorsque je parviens à "acheter français" ou que je me laisse aller à la mondialisation pour avoir, moi aussi, ma tablette ou mon smartphone ou, pire encore, ma voiture, sans me préoccuper de l'inversion de la courbe du chômage ou du déficit de notre balance commerciale. Ou encore en achetant bio, en pensant constamment aux menaces qui pèsent sur l'environnement et le réchauffement de la planète. Mais je suis toujours dans la démocratie active et souterraine en tant que contribuable. Là, pas d'état d'âme, la démocratie solidaire est sans appel.

La nouvelle génération Y de la politique

C'est dans la complexité de toutes ces micro-implications démocratiques que naît la maturité de mon statut de "citoyen politique" qui surplombe l'ensemble. Sur ce plan, face à l'enjeu des élections locales où cette complexité s'exerce tout particulièrement, puisqu'on y vote autant pour un parti que pour une personne, j'aurais tendance à privilégier les candidats qui acceptent de me traiter comme un citoyen adulte et ne cherchent pas à m'embobiner dans leur "savoir-faire-populaire". Ainsi, j'aime bien ceux qui acceptent de se soumettre aux primaires et n'attendent pas d'un simple jeu d'appareil qu'il les désigne. Je préfère ceux qui, justement, ne sont pas trop facilement populaires, sous prétexte qu'ils savent faire de la politique politicienne, qu'ils ont su obtenir la maîtrise de leur parti, de ses alliés, des dissidents de la vieille garde ou des nouveaux, qui ont envie d'en "croquer" ; des groupes d'influence, des comités de soutien, qui se forgent à coups de subvention ; des complicités médiatiques, qui se construisent au fil des ans à coups de relations publiques... ; toute cette vieille quincaillerie de la cuisine municipale dont on finit par être saturé et que l'on regarde comme une émission de variété ringarde. J'observe avec beaucoup d'espoir toute cette nouvelle génération Y de la politique qui semble vouloir s'éloigner de ces recettes de la popularité démagogique et permettre au peuple d'apprendre, sérieusement, sans y mettre toujours de l'habileté, à maîtriser son destin.

La génération Y ne croit plus à l'ascenseur social : pourquoi la réalité est probablement bien pire que tout ce qu'elle peut imaginer


L'enquête menée auprès de 210 000 jeunes de 18 à 34 ans pour France Télévisions dans le cadre de son opération "Génération quoi" révèle le pessimisme des jeunes. Interrogés sur leur devenir personnel, les jeunes répondants sont près des deux tiers à se déclarer plutôt ou très optimistes. En revanche, le regard qu'ils portent sur le destin de leur génération est extrêmement sombre. "Vingt ans n'est pas le plus bel âge de la vie", pensent-ils majoritairement (à 51 %).
Marie Duru-Bellat : Un patrimoine génétique s’observe chez des gens âgés, qui ont déjà une certaine expérience sociale, c'est-à-dire chez des adultes. Chez l’être humain, on ne peut isoler le génétique, un gène s’exprime dans un milieu, tous les biologistes vous le diront. Si les milieux sociaux sont très différents dans la qualité de vie : la qualité de la nutrition, les soins dans l’enfance et toute la vie. En France, tous les biologistes sérieux diront qu’il est complètement ridicule d’imaginer qu’on puisse isoler le rôle du capital génétique chez l’adulte. Comment peut-on imaginer que les plus riches auraient un meilleur bagage génétique ? 

Faut-il comprendre que les explications socio-économiques ne suffisent plus à comprendre les mécanismes de perpétuation des inégalités sociales ? A-t-on sur-estimé les capacités des sociétés à lutter contre les mécanismes de l'héritage dans toutes ses dimensions ?

Nicolas Goetzmann : A mon sens cela ne remet rien en question sur ce qui peut être fait. Si la génétique est le principal facteur, et bien soit, mais on ne peut rien faire pour changer cela alors il faut se concentrer sur ce qui peut être fait.Même si nous avons constamment surestimé la capacité de nos sociétés à favoriser la mobilité sociale, cela n’est pas une raison pour baisser les bras. Car au-delà de la mobilité au sein de l’échelle sociale, le plus important est de permettre à ceux qui sont les moins favorisés de vivre correctement. En luttant contre la pauvreté, en luttant pour le plein emploi, nous n’arriverons peut être pas à rendre la société plus fluide, mais on améliorera le sort des plus pauvres. Clarck le dit lui-même, une société de mobilité à grande échelle est une utopie, mais une société qui lutte contre les effets de ces inégalités est un objectif.
Marie Duru-Bellat : Il est probable qu’on pense trop que l’école peut tout faire. Particulièrement en France, surtout en ce moment avec les questions de genres : on pense qu’on va lutter contre les préjugés en apprenant dans les écoles que ce n’est pas bien. On surestime les capacités de l’école, d’autant plus que les études de Thomas Piketty l’ont bien montré, le patrimoine a de plus en plus d’importance, parce qu’on est dans une phase de faible croissance, donc le revenu a moins de poids que le patrimoine. C’est sans doute plus difficile que prévu, et l’école est peut-être moins puissante que prévu.


Une récente étude du Brookings Institute "the glass floor" mettait en avant la plus grande influence de la richesse par rapport à l'intelligence dans le processus de la mobilité sociale. Les deux visions sont elles contradictoires ?


Nicolas Goetzmann : L’étude du Brookings, même si elle glissait un peu la question sous le tapis, confirme cette situation. La génétique n’est pas ignorée dans cette étude, mais elle traité de façon marginale car le politique n’a pas de prise sur ce point. La question n’est donc pas pertinente politiquement en termes de réformes. Le Brookings s’inquiétait plutôt de voir que malgré la plus grande proportion de gens avec des QI élevés dans les classes sociales supérieures, il n’était pas acceptable de voir que même lorsque cela n’était pas le cas, les inégalités persistaient. Ce phénomène est simplement dû au fait que les enfants favorisés sont protégés par un niveau d’éducation supérieur, et qui profite à des enfants qui ne le « méritent » pas toujours. Mais le Brookings se rend bien compte qu’il n’est pas possible de demander aux parents de ne pas aider leurs enfants…La question revient au point de départ : comment peut-on aider au mieux les enfants les moins favorisés ?

L'enquête menée auprès de 210 000 jeunes de 18 à 34 ans pour France Télévisions dans le cadre de son opération "Génération quoi" révèle une jeunesse qui se définit comme "sacrifiée" ou "perdue". Cette génération fait le constat amer d'instruments de mobilité sociale qui ne fonctionnent pas. Ce constat est-il corroboré par les faits ? L'étude historique des phénomènes de mobilité sociale montre-t-elle que la situation s'est à cet égard dégradée ?

Nicolas Goetzmann : Les différentes études relatives à la mobilité sociale dressent à peu près le même tableau : la mobilité sociale est plutôt stable dans le temps, et reste marginale. Il s’agit plus d’un « incident » qu’autre chose. La problématique actuelle concernant la jeunesse est que la crise produit une sorte de sclérose supplémentaire sur cette mobilité qui est déjà faible structurellement. Un jeune qui s’apprête à voter pour la première fois en 2014 avait 12 ans en 2008, il ne connait que la crise, c’est son horizon. La dernière croissance forte en France, celle de la fin des années 90, n’est même pas un souvenir pour lui. La perception du monde n’est pas du tout la même que pour un aîné, si nous prenons en compte ces éléments.
La principale force de l’élévation économique est la croissance et celle-ci est inexistante depuis 6 ans, ce qui se provoque un phénomène encore plus violent : le déclassement. C’est-à-dire que même en renonçant à l’élévation de son niveau de vie, la situation est telle que la probabilité de chute sociale s’intensifie.
Marie Duru-Bellat : Ce qui est ridicule c’est de penser qu’avant il y avait beaucoup plus de mobilité sociale. C’est complètement faux, sauf pendant les années 1960, et éventuellement les trente glorieuses. Tout simplement parce qu’il y avait à la fois assez peu de diplômés et des opportunités d’emploi, notamment d’emplois qualifiés. Seuls les diplômés, c'est-à-dire peu de monde pouvaient monter dans l’échelle sociale. Nous sommes à l’heure actuelle dans un régime de croisière où il y a beaucoup de diplômés et des emplois qualifiés qui n’explosent pas. Mais ce n’est pas une panne momentanée, c’est un nouveau régime qui n’est pas très exceptionnel.

Plusieurs études économiques, notamment aux Etats-Unis, tentent de trouver de nouvelles explications à la persistance des inégalités sociales. Selon l'économiste Gregory Clarck, elles relèveraient avant tout de différences génétiques, et de leur perpétuation. Que faut-il en penser ? Quand bien même on n'adhérerait pas à l'intégralité de ses conclusions, en quoi cette approche peut-elle changer la donne ?

Nicolas Goetzmann : Gregory Clark a fait un travail considérable, aussi bien dans le temps, que géographiquement. De la Suède du XVIIe siècle, à la Chine du XXe, aux Etats Unis du XXIe siècle, le constat est le même : la mobilité sociale relève plus de l’anecdote que d’une quelconque réalité à grande échelle. Clark se base sur l’étude des noms de famille et constate que la perpétuation des inégalités traverse les siècles. Même Mao a échoué à effacer ces différences. 
Après avoir éliminé les causes les unes après les autres, Clark conclue que la génétique est la principale force qui explique cette situation. Elle n’est pas la seule, le niveau économique, l’éducation etc. sont également des facteurs mais l’héritage génétique, génération après génération, serait le principal déterminant de nos vies. Comme le dit l’auteur; le constat est désagréable. Et il tente de corroborer son étude en analysant la situation des enfants adoptés. Le constat est que ces enfants ont tendance à reproduire le schéma social de leurs parents biologiques, et non de leurs parents adoptifs.

mardi 25 février 2014

À LA FRONTIÈRE

À LA FRONTIÈRE


Comme le veut la tradition, les anneaux olympiques seront rangés aujourd’hui après l’ultime épreuve : la finale de hockey sur glace. Haut les cœurs. Le scénario semblait écrit. Les JO de Sotchi devaient se clore par le triomphe de la grande Armée rouge si chère à Vladimir Poutine. Patatras, les favoris ont été balayés d’un coup de crosse par la petite Finlande en quarts de finale. À la fois une catastrophe et une humiliation. Un révélateur également. Car si, hier, la Russie a repris d’un souffle la tête au bilan des médailles, la moisson attendue n’a pas eu lieu. Pire encore, le premier sacre d’une poupée russe en patinage, la toute jeune Adolina Sotnikova, a déclenché l’enthousiasme du public… et un véritable scandale. Comme si la corruption des juges était au patinage ce que le dopage est au cyclisme. Un fléau. Clairement, la grande opération de communication consacrant le renouveau de l’Empire a tourné court. En ce mois de février 2014, l’histoire s’est bien écrite sur les rives de la Mer Noire. Mais de l’autre côté de la frontière, si près et si loin de ce qu’une partie de la presse ukrainienne a baptisé « Les Jeux du Diable ». Au cœur d’une nation qui se débat dans les soubresauts de l’ère post-soviétique et affiche ouvertement aujourd’hui son envie de liberté.

Nantes saccagée par les antifas

Nantes saccagée par les antifas


Une dizaine de policiers hospitalisés, plus d’une centaine d’autres contusionnés, des journalistes molestés, le cœur même de Nantes à feu et à sang… Ce n’est pas là le bilan d’une manifestation contre le « mariage » gay ni d’un rassemblement contre l’enseignement du genre à nos enfants, mais celui de la grande manif organisée samedi par le ban et l’arrière-ban de l’extrême gauche opposés à la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Une manif au cours de laquelle les petits amis « antifas » et altermondialistes de Manuel Valls s’en seront donné, une fois de plus, à cœur joie. Mais, comme le disait le ministre au lendemain de l’« affaire Méric », gardons-nous surtout de tout « amalgame » entre les « groupes d’extrême droite » porteurs de « discours de haine » et « ceux qui, d’une manière ou d’une autre, luttent contre le fascisme »…

Nantes à feu et à sang

« Il existe différentes manières de s’exprimer dans ce mouvement », soulignaient dimanche, dans un communiqué commun, les représentants de la Coordination de toutes les associations opposées au projet. Mais samedi, on aura surtout eu droit à la manière forte : alors qu’Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon paradaient dans le défilé, les essaims de casseurs d’extrême gauche descellaient les pavés pour les lancer, avec les habituelles canettes, billes d’acier et autres fusées de détresse, en direction des forces de l’ordre, contraintes de charger à plusieurs reprises et de riposter à grand renfort de gomme-cogne, grenades lacrymogènes ou encore de lances à eau. Un poste de police et une agence du groupe Vinci ont été saccagés, plusieurs dizaines de vitrines de magasins et du mobilier urbain ont été brisés, et même des caténaires SNCF, afin de bloquer la circulation des trains. Au moins deux engins de chantier, mais aussi une barricade et une voiture, ont également été incendiés… Bref, de véritables scènes de guérilla urbaine, qui étaient hautement prévisibles puisque, comme le soulignait le préfet de Loire-Atlantique, les organisateurs s’appuient sur cette frange radicale depuis le début de ce mouvement. Christian de Lavernée devait d’ailleurs ajouter que « l’opposition institutionnelle à l’aéroport doit cesser d’être la vitrine légale d’un mouvement armé », en pointant directement du doigt les militants anticapitalistes installés dans des squats depuis plusieurs mois pour s’opposer au projet. Des squats, dont on se demande d’ailleurs pourquoi ils n’ont toujours pas été évacués…
Le ministre de l’Intérieur a lui aussi condamné samedi ces violences, sans bien sûr admettre qu’il en est le premier responsable. Dénonçant des faits « inadmissibles » et une « véritable guérilla urbaine », Manuel Valls a surtout mis en cause « ces Black Blocs, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers », dont la violence « continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’Etat ». Une « réponse déterminée » qui a pris la forme d’à peine une douzaine d’interpellations… Bien loin des véritables rafles organisées lors des manifestations contre le « mariage » gay.
Invitée de l’émission « 12-13 Dimanche » sur France 3, Marine Le Pen devait ainsi rappeler que « M. Valls connaît ces groupes parfaitement, ce sont notamment des groupes “antifas” qu’il se refuse à dissoudre depuis des mois et des mois, qui à chaque manifestation mettent à sac les centres-villes. » Le ministre de l’Intérieur, a-t-elle ajouté, « fait preuve d’une complaisance à l’égard de ces groupes parce qu’il s’en sent proche politiquement, voilà la réalité de la situation et elle est extrêmement grave ».

Précieux maroquins

En fait, ces émeutes de Nantes auront surtout donné lieu à une nouvelle scène de ménage entre socialistes et écologistes au gouvernement. Dimanche en effet, Jean-Marc Ayrault devait estimer, dans une déclaration à Presse-Océan, que « tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatteurs de la Zad (zone d’aménagement différé dévolue à l’aéroport), organisateurs délibérés de ces violences » et que « Europe-Ecologie-Les Verts doit sortir de l’ambiguïté ». Un message clairement adressé au ministre écologiste Cécile Duflot, qui avait affirmé samedi matin qu’elle soutiendrait « plutôt deux fois qu’une » les opposants au projet si elle n’était pas ministre, et s’était dite « de tout cœur » avec les manifestants. Une nouvelle occasion pour les gros médias, après « l’affaire Delphine Batho » il y a quelque mois, de nous resservir l’habituel feuilleton des ministres écologistes qui vont peut-être, ou peut-être pas, démissionner du gouvernement Ayrault. Car, comme l’écrivait Michel Urvoy dans les colonnes de Ouest France, « si Cécile Duflot, qui soutenait la manifestation, Jean-Vincent Placé et Emmanuelle Cosse, qui y participaient, refusent les décisions prises, ils doivent en tirer les conséquences politiques… » Sauf que c’est oublier un peu vite que la place est bonne et que l’on s’habitue rapidement au maroquin.

Vers une nouvelle approche de Berlin vis-à-vis de la Grèce-presse


BERLIN, 25 février (Reuters) - L'Allemagne envisage d'accorder à la Grèce une plus grande marge de manoeuvre pour décider elle-même des réformes à entreprendre si elle avait besoin d'un troisième plan d'aide international, écrit mardi le quotidien allemand Die Welt, qui cite des sources gouvernementales.
Les créanciers internationaux, ainsi, ne dicteraient plus dans le détail à Athènes la marche à suivre. "Nous voulons en finir avec cette approche, qui venait, avant tout, des pratiques du Fonds monétaire international à l'égard des pays en développement", dit une de ces sources.
Au lieu de dresser la liste de plus de 100 mesures à prendre, les créanciers pourraient communiquer au gouvernement grec une vingtaine d'objectifs à atteindre, ajoute Die Welt.
"Les Grecs pourraient ensuite décider quelles mesures il conviendrait de prendre pour atteindre ces objectifs, dit une source au quotidien conservateur allemand.
La Grèce a bénéficié de deux plans d'aide du FMI et de la zone euro depuis 2010, en échange de réformes structurelles et d'une baisse de ses dépenses publiques. (Sarah Marsh; Eric Faye pour le service français)

Dati peu favorable à la stratégie de Sarkozy

L'eurodéputée UMP Rachida Dati a expliqué aujourd'hui sur BFM-TV qu'elle n'était "pas très favorable" à la "stratégie de la carte postale" de Nicolas Sarkozy, qui multiplie les apparitions publiques sans se prononcer sur son avenir. L'ancien chef de l'Etat multiplie depuis plusieurs semaines les apparitions publiques, aux concerts de sa femme, Carla Bruni-Sarkozy, ou à des remises de décoration, sans annoncer d'éventuel retour.
"Je ne sais pas si c'est 2014 l'année du retour, le retour, tout le monde en parle", a commenté l'ex-ministre. Que Nicolas Sarkozy "ait envie" de revenir, "je le pense aussi, je l'ai déjà dit", a-t-elle confié. "Après, il faut que les circonstances s'y prêtent et puis je ne suis pas très favorable à la stratégie dite de la carte postale", a ajouté l'ancienne Garde des sceaux.

Selon elle, "les Français n'ont pas besoin de carte postale, ils ont besoin de gravité, de hauteur et de responsabilité et aussi de dire: c'est quoi la France aujourd'hui". "Tout explose, la gauche a fait exploser nos valeurs, notre cohésion", a accusé la maire du VIIe arrondissement de Paris. "D'abord, il faut restaurer notre Nation (...) Aujourd'hui, les Français ne veulent pas entendre on va abroger les 35h, la retraite à 75 ans...", a-t-elle estimé. "On a besoin de cohésion, de restaurer nos valeurs communes", a conclu l'eurodéputée.

lundi 24 février 2014

“Outai, la droite, outai ?”

“Outai, la droite, outai ?”


La question n’est plus de savoir si la droite doit être libérale, forte, populaire ou sociale, mais comment elle défend les valeurs qui fédèrent tous les Français.
Le tube de l’artiste belge Stromae intitulé Papaoutai s’est progressivement imposé comme l’hymne de La Manif pour tous, de la même manière que le Choeur des esclaves de Verdi, tiré de Nabucco, l’avait fait lors du combat pour l’école libre. Cette chanson raconte la manière dont le jeune chanteur a été marqué par l’absence de son père. C’est dire si les manifestants de tous âges qui défilaient contre la procréation médicale assistée, la gestation pour autrui et toutes les attaques contre la filiation n’ont pas eu de mal à y trouver la quintessence du message qu’ils souhaitaient faire passer auprès des pouvoirs publics. Avec succès, puisque, même si les Verts et la gauche de la gauche tentent de remonter au créneau, François Hollande ne prendra plus le risque de jouer aux apprentis sorciers sur des sujets de cet ordre.
Ce qu’a montré la manifestation du 2 février, c’est qu’il existait dans le pays une gigantesque “droite hors les murs” qui ne se reconnaît ni dans l’UMP, ni dans le Front national, ni dans d’autres partis plus ou moins significatifs. Cette droite, profondément républicaine, comme en témoigne le calme avec lequel elle a manifesté, respectueuse des institutions, n’est animée que par une seule préoccupation : la défense de valeurs sociétales qui transcendent les clivages partisans. Parmi ces valeurs, il y a bien sûr la famille ; il y a aussi la vie, menacée notamment par les projets en matière d’euthanasie ; il y a la liberté et la responsabilité individuelles ; il y a la défense des plus faibles, qu’ils soient handicapés ou accidentés ; il y a aussi l’opposition claire et nette à un État qui veut gérer nos existences du berceau jusqu’à la tombe en passant par la consommation de sodas, celle de matières grasses, la vitesse des véhicules, désormais inférieure à celle des vélos dans Paris, et surtout l’éducation morale de nos chères têtes blondes.
Le problème, c’est que pour ces 80 % de Français de toutes sortes qui ne se retrouvent plus dans les agissements de François Hollande et de son État PS, il n’y a toujours pas d’opposition en phase avec ce nouveau type de préoccupations. Bien sûr, il y a nombre de ténors à droite qui s’opposent avec talent à la politique de déconstruction menée par les socialistes. Il y a des quantités de parlementaires qui tentent de réfléchir à ce que pourrait être l’après-Hollande. Mais aucun ne semble avoir compris que ce peuple de France qui défile dans tout le pays attend de ses élus, de ses édiles et de ses chefs de parti autre chose que des mesures ponctuelles. La question n’est plus de savoir si la droite doit être mondialiste ou antimondialiste, si elle doit être libérale ou étatiste, forte ou humaniste, populaire ou sociale. La question est de savoir comment elle colle enfin aux préoccupations de ces millions de Français qui veulent voir défendus des valeurs éternelles, des repères transcendantaux et une vision de l’homme, de la femme et des enfants qui ne soient pas que des pions sur un échiquier, mais bien « une histoire sacrée » pour reprendre la si belle expression du poète Patrice de La Tour du Pin.
Comme l’avait très bien dit Tony Blair, premier ministre social-démocrate, en économie
« tout ce qui compte, c’est ce qui marche ». C’est la raison pour laquelle, bien qu’il se soit opposé à Margaret Thatcher, il n’a jamais remis en cause tout ce qu’elle a mis en place afin de libéraliser la Grande-Bretagne. Or même en matière économique, la droite de gouvernement est déjà incapable de s’entendre sur une plateforme, entre ceux qui veulent revenir sur les 35 heures, démanteler l’ISF et repousser la retraite à 65 ans, et ceux qui ne veulent pas ébranler le modèle social si cher à nos compatriotes mais impossible à financer. Quant au Front national, ce n’est pas peu dire que sa défense de la retraite à 60 ans, sa volonté d’augmenter immédiatement de 200 euros les bas salaires et sa revalorisation d’une fonction publique pourtant privilégiée laissent beaucoup de Français plus que sceptiques. Quand ces mêmes partis ne sont pas crédibles sur le plan économique, qu’ils font l’objet d’une défiance croissante de la part de l’opinion et sont absents des grandes batailles sociétales qui — seules — mobilisent les Français, c’est qu’il y a un problème.« Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis », faisait dire Corneille à Sertorius. La droite n’est plus nulle part, hormis dans la rue pour défendre les valeurs qu’une droite aujourd’hui révolue a été la première à oublier. Voilà pourquoi les Français jusqu’ici invisibles qui commencent à sortir de leur tanière après deux ans de socialisme sectaire, brutal et voué à l’échec, pourraient chanter : “Outai, la droite, outai ? ”

Le tandem Duflot-Placé, incarnation du cynisme décomplexé en politique?

Bien qu'opposés au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les Verts enmenés par le tandem Duflot-Placé ne comptent pas quitter le gouvernement. Pour Thomas Guénolé, ce double discours relève du cynisme pur. 
A la suite des événements de Nantes, Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé sont fragilisés. Cela fait deux ans qu'ils vivent sur un double discours. Peut-on dire qu'ils incarnent une schizophrénie assumée ou même un cynisme décomplexé?
Oui. L'on arrive à cette situation pathétique en quelques étapes. D'abord, le tandem Duflot-Placé prend la tête d'une maison mourante, les Verts de l'après-2007: un leadership dont plus personne ne veut hormis eux, à force d'écroulement électoral. Puis la locomotive Cohn-Bendit/Hulot produit aux européennes de 2009 et aux régionales qui s'ensuivent une percée électorale spectaculaire, jusqu'à tourner autour de 15 % des suffrages exprimés
. Ensuite, sur cette base, une grande distribution de postes et de sièges s'opère, en liaison avec le partenaire dominant socialiste. Ainsi, le tandem Duflot-Placé et ses affidés, ce sont les al-Saoud de la vie politique française: du pétrole est trouvé sous leurs pieds, ils n'y sont pour rien, mais les voilà riches. Par la suite, les mêmes tuent la poule aux œufs d'or, en bloquant par jeux d'appareil la prise de contrôle d'
EELVpar Daniel Cohn-Bendit : ils ont préféré saboter la locomotive mais rester aux commandes, plutôt que voir le parti prendre en puissance mais en perdre le contrôle. Puis, là encore par peur de perdre le contrôle de la boutique, le tandem Duflot-Placé bloque par de nouveaux jeux d'appareil la meilleure candidature présidentielle possible pour EELV, celle de Nicolas Hulot, et pousse celle d'Eva Joly : on retrouvera alors le score catastrophique de Dominique Voynet à la présidentielle de 2007. Enfin, depuis lors, le tandem se comporte en co-gérants de la distribution de places éligibles par le partenaire dominant socialiste.
Vous avez écrit un livre sur le mensonge en politique à paraître le 6 mars: le Petit guide du mensonge en politique. À quelle catégorie de menteurs appartiennent Duflot et Placé?
Le plus souvent, ils utilisent la méthode la plus basique du mensonge en politique, que j'appellerais la «méthode Cahuzac». L'âne est blanc, tout le monde voit que l'âne est blanc, et vous, en regardant le téléspectateur droit dans les yeux par caméra interposée, vous jurez aux Français que l'âne est noir. C'est de cette façon que communique le tandem Duflot-Placé à chaque fois qu'il est pris en flagrant délit en train d'avaler une couleuvre: il nie «droit dans les yeux», même l'évidence.
Fréquemment, la dénégation éhontée vient d'ailleurs après avoir fait une provocation pour rester présents dans le débat public, généralement en ayant attaqué un membre du gouvernement:Cécile Duflot qui attaque Manuel Valls, Jean-Vincent Placé qui attaque Arnaud Montebourg, par exemple. Par ailleurs, Jean-Vincent Placé s'est fait une spécialité de nier avoir menacé qu'EELV quitte la coalition gouvernementale, généralement après s'être assuré un surcroît de places éligibles.
Comment expliquez-vous qu'ils ne parlent jamais d'écologie? Peut-on encore les qualifier d'écologistes?
Je ne dirais pas qu'ils ne parlent jamais d'écologie. Simplement, ils s'en tiennent à quelques sujets très marquants, emblématiques:gaz de schiste, nucléaire, etc. C'est une méthode très courante en politique de nos jours. Pendant la présidentielle de 2012, François Hollande a fait la même chose envers l'aile gauche de l'électorat du PS avec la tranche à 75% d'impôt sur le revenu, et Nicolas Sarkozy a également fait de même
envers l'aile sécuritaire de l'électorat de l'UMP avec la proposition de diviser l'immigration par deux. Cette méthode consiste à agiter un épouvantail, ou à proposer une mesure-choc, uniquement pour garder fidèle tel ou tel électorat.
Pourquoi François Hollande a-t-il encore besoin d'eux?
On peut se poser la question. Quand EELV était une locomotive avec Daniel Cohn-Bendit pour chef de file, son poids électoral rendait rationnel et cohérent pour le PS de donner des places aux écologistes. En revanche, depuis la gifle reçue par la candidature présidentielle d'Eva Joly, et surtout depuis les départs successifs de Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit et Noël Mamère, l'EELV de 2009 est redevenu Les Verts post-2007, c'est-à-dire un astre mort politique au même titre que le Parti Radical de Gauche.
Dans la mesure où Les Verts ne pèsent plus électoralement, il n'y a qu'une explication au comportement de François Hollande: l'obsession de l'unité maximale de la gauche. Cette obsession, bien qu'il ne soit plus rationnel de donner autant de places et de poids aux Verts, peut se comprendre: il ne faut jamais oublier que cet homme est devenu le leader du PS le 21 avril 2002.



Genre

Genre


Un lecteur de Paris veut bien nous demander ce que nous pensons de cette théorie du genre qui enflamme les imaginations et gonfle les défilés. Au risque de le mécontenter, nous lui répondrons que nous n’en pensons rien et que ces calembredaines ne méritent pas tant d’efforts. Là où nous sommes, en humble servant du « saint langage »« honneur des hommes » selon Valéry, seule la logique nous importe, et force nous est de constater que les défileurs antigenre manquent à la fois de logique et de confiance. Car enfin l’utopie du genre a déjà été réalisée (dans les kibboutzim par exemple) avec le bonheur que l’on sait. Il ne faut pas être grand devin pour prédire le même succès aux maternelles scandinaves qui promeuvent le genre neutre. Manque de confiance en la force des choses, laquelle fait régulièrement table rase de toutes les tables rases que tous les rêveurs totalitaires ont tâché de nous imposer depuis deux siècles ; combattre à ce point ces théories insanes, c’est leur accorder une réalité dont elles n’ont pas l’ombre d’un commencement. Contester, c’est prendre un peu trop au sérieux ; discuter c’est approuver en donnant corps à ce que l’on discute. Cette dialectique élémentaire est illustrée par les dibboukim de la Kabbale, ces êtres négatifs qui se nourrissent et se renforcent de tout le mal que l’on pense d’eux. Le contraire de l’idéologie c’est la réalité, ce n’est pas une idéologie contraire. Manque de logique, aussi, que nous reprochons à nos contestataires antigenre : car enfin l’homme nouveau, soit le citoyen public, laïc et obligatoire voulu par Jules Ferry, nos socialistes actuels sont encore à espérer son avènement. C’est peu dire que la tentative a raté, malgré l’immensité des moyens mis en oeuvre depuis plus de cent vingt ans : en toute rigueur, nous devrions tous être “de gauche”, et le problème ne se poserait pas…

Valeurs

Valeurs


Au nom de quoi les valeurs se raient-elles exclusivement de gauche ? C’est à longueur de temps pourtant qu’on me donne des leçons, à tout propos et à propos de tout : guerre, sexualité, revenus, justice, pain au chocolat, drogue… Je serais donc définitivement du mauvais côté, je pense mal : je voudrais élever mes enfants moi-même mais qu’on les éduque à l’école en leur inculquant des fondamentaux basiques. Je suis archaïque car j’ai du bon sens ; le bon sens est de droite, pas l’idéologie.
Les valeurs de gauche consis tent par exemple à conspuer la richesse au détriment d’une générosité spoliatrice avec l’argent des au tres (on avait bien compris que la richesse était une antivaleur, sauf en Bourse !). Je ne comprendrais donc rien aux “valeurs de la République” ? Consistant entre autres à marier tous ceux qui ne se mariaient pas et à ne plus marier les autres (les bourgeois) qui ne sont pas des citoyens à valeur ajoutée !
Mon vocabulaire se déprécie, même si je tente de supprimer certains mots médiatiquement radiés ; je ne comprends pas bien ce que sont les “valeurs de progrès”, d’autant que le progrès est à géométrie variable : voir le principe de précaution ! Tout, pour moi, n’est pas équivalent : il existe des qualités et des défauts, l’effort a un sens, la responsabilité individuelle est un des fondements de la République et la justice consiste à punir les coupables et pas uniquement à leur trouver des excuses ; je comprends mal que l’on me souhaite bon courage quand il y a la queue à la boulangerie, car pour moi le courage est une vraie valeur…

Un pilote dans l’avion

Un pilote dans l’avion


Pendant combien de temps encore la grotesque « comédie du pouvoir » entre le PS et EELV va-t-elle durer ? Il faut vraiment que les Verts aiment les maroquins pour rester dans un gouvernement dont ils ne cessent de dénoncer la politique. Et il faut que l'exécutif soit sacrément dans le besoin (électoral) pour tolérer les manquements des écolos à la solidarité gouvernementale. La manifestation des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et les débordements qui l'ont suivie, samedi, s'inscrivent dans cette guérilla politique larvée où les Verts ne cessent de souffler sur les braises en se défendant de vouloir mettre le feu.
Sur ce dernier point, on se gardera bien de céder aux amalgames qui furent si allègrement pratiqués par la gauche pour déconsidérer les manifs « réactionnaires » sur la défense de la famille. On n'assimilera donc pas tous les manifestants pacifiques de samedi aux ultra-gauchistes et anarchistes des « Black Blocs » qui ont saccagé le centre-ville de Nantes. Ce qui n'empêche pas d'interpeller Manuel Valls sur une vigilance républicaine qui fut moins vétilleuse, et moins efficace, ici qu'ailleurs.
D'autant plus que personne n'ignorait les connivences évidentes entre certains écologistes et les occupants altermondialistes présents sur zone depuis les arrêtés préfectoraux de décembre autorisant les travaux préalables de l'aéroport. Il y a donc une bonne part d'hypocrisie dans les proclamations d'innocence des Verts timidement invités par Jean-Marc Ayrault à lever les ambiguïtés.
Le problème est que, depuis des mois, le pouvoir jouait l'enlisement sur ce dossier comme il tergiverse autour des questions environnementales. Dans l'esprit de François Hollande, désormais tourné vers la relance de l'économie, la loi sur la transition énergétique a perdu de son acuité. Le temps n'est plus aux promesses qui faisaient chavirer Cécile Duflot. À François Hollande de le dire clairement et de rompre le charme. Et à Cécile Duflot et ses amis d'en tirer les conséquences. Bien plus que d'un aéroport, il y a grand besoin d'un vrai pilote dans l'avion.

Les failles de la gouvernance Hollande expliquées par le profil psychologique du Président


A en croire le livre "Jusqu'ici tout va mal" de Cécile Amar, les multiples "couacs" gouvernementaux s'expliqueraient par la stratégie personnelle de François Hollande : une pratique solitaire du pouvoir, et une tendance à tester ses idées auprès de son entourage avant de les abandonner sans prévenir.

A en croire votre livre Jusqu'ici tout va mal (éd. Grasset), beaucoup de "couacs" gouvernementaux s'expliqueraient par le comportement même de François Hollande. En quoi son comportement les encourage-t-il ?

Cécile Amar : François Hollande n’encourage pas ce que vous appelez les « couacs » gouvernementaux. Le pouvoir isole et François Hollande a une pratique solitaire du pouvoir, c’est ce que je raconte dans le livre. Il est très sûr de lui et n’a vraiment confiance en personne. C’est sa nature, elle s’accentue à l’Elysée, car il a choisi de ne pas s’entourer de ses proches historiques ou de ses amis. Il « bouscule ses collaborateurs pour mettre de l’ordre dans ses idées » explique Michel Sapin. Hollande avoue parfois « contourner » ses collaborateurs ou ses ministres, il « préfère faire que faire faire ». Et du coup, parfois, les ministres ou les députés parlent, croyant savoir ce que le chef de l’Etat veut et ils se trompent, ou lui a changé d’avis entre temps.
Yves Derai : En formant son gouvernement, j’ai trouvé que François Hollande avait pris les décisions sages en fonction de l’intérêt du pays, faisant des choix qui correspondaient à une réalité politique. Par exemple, Vincent Peillon était son meilleur spécialiste de l’éducation, Aurélie Filippetti sa meilleure spécialiste de la culture et Manuel Valls était le meilleur sur les questions de sécurité. Il a recruté ses ministres comme un vrai chef d’entreprise. En revanche, ce n’est pas le cas au sein de son cabinet à l’Elysée : le problème de management se situe plutôt là. Le cabinet qu’il a choisi est à sa main, acquiesce quoi qu’il fasse : peu de personnes sont véritablement capables de le remettre en question. Or, il avait d’autres options possibles, avec des gens de plus haut niveau, dotés de plus de sens politique, comme le brillant avocat Maître Villemot. Non, il a choisi Emmanuel Macron. Pour piloter son comité stratégique de campagne, il s’était entouré de personnages très politiques : Manuel Valls, Stéphane Le Foll, Aquilino Morelle, Pierre Moscovici... Une fois élu, quand il a formé son cabinet, il n’a presque gardé personne. Pour diriger les affaires de la France, il lui manque des personnalités compétentes en sciences politiques.
Il croit ne pas avoir besoin d’une équipe qui lui donne des conseils et l’oriente. Il ne veut pas être ennuyé dans l’exercice solitaire de son pouvoir. Pourtant, il ne connaissait pas la machine de l’Etat et aurait dû s’entourer de gens qui l’initient à cette machine, comme cela se fait dans la plupart des cabinets de tous les ministères, au sein desquels c’est souvent le directeur de cabinet, qui connait bien l’administration, qui initie le ministre dans les six premiers mois.
Convaincu de ses propres connaissances en politique et en communication, François Hollande a pensé, malheureusement pour lui, qu’il n’avait besoin de personne en la matière. Il se croyait auto-suffisant et voulait décider de tout. Il pensait n’avoir besoin que de conseillers techniques sur des sujets particuliers. On connait le résultat.

Le président de la République testerait des idées auprès de son entourage puis les abandonnerai sans les en informer. Cela explique-t-il les prises de paroles parfois contradictoires de certains membres de la majorité ? A quels exemples précis peut-on penser ?

Cécile Amar : Son mode de fonctionnement par « itérations » comme il le dit dans le livre est parfois difficile à suivre pour ceux qui sont chargés au gouvernement ou dans la majorité d’expliquer sa politique. Quand il demande à ses conseillers « mais qui a parlé ? » alors que c’est lui, forcément c’est difficile à vivre ! François Hollande est fondamentalement un pragmatique, il avance en marchant et veut toujours surprendre. Il évolue donc sans prévenir ceux qui croyaient savoir et qui parlent et se trompent.
Et puis Hollande est secret. Cet été, il envisageait d’utiliser la CSG pour la réforme des retraites, tous les responsables de la majorité se sont donc calés sur cette position. Et puis, il a préféré utiliser les cotisations, mais ne leur a pas dit qu’il avait changé. Ses troupes ont parfois du mal à le suivre. Je raconte aussi que lorsque Cécile Duflot présente en conseil des ministres le projet de loi sur l’encadrement des loyers, promesse de campagne du candidat Hollande, le Président prend ensuite la parole et demande « les agences immobilières sont mécontentes, y a-t-il vraiment eu une concertation ? Et l’encadrement des loyers est-ce vraiment bien ? ».
Yves Derai : Jacques Chirac fonctionnerait déjà comme cela : il rassemblait des gens autour d’une table, faisait des réunions, il écoutait chacun, puis il faisait ce qu’il voulait. Dans le cas de la présidence Hollande, le problème vient plutôt d’une défaillance dans le tandem de l‘exécutif. Jean-Marc Ayrault n’a pas vraiment le pouvoir d’être le chef du gouvernement. En découle un problème de respect et de coordination avec les ministres, qui croient pouvoir n’en faire qu’à leur tête puisque le Premier ministre manque d’autorité. On retrouve un système proche du tandem Nicolas Sarkozy-François Fillon, avec un hyper-président, bien que François Hollande soit plus mou. Il y avait peut-être moins de couacs sous Nicolas Sarkozy car ses collaborateurs craignaient son autorité.
Jean-Marc Ayrault, qui était pourtant réputé pour être autoritaire, est sans cesse court-circuité. Comme François Hollande est quelqu’un qui hésite souvent avant de prendre une décision, on obtient un cocktail détonnant.

François Hollande agit-il ainsi par nature ou par tactique ? A-t-il toujours fonctionné ainsi ? Quels bénéfices en tire-t-il ? Surpassent-ils les inconvénients générés par ces couacs à répétition ?

Cécile Amar : C’est sa nature, sa personnalité. Il est très attaché à sa liberté, de mouvement et de pensée, et sa pratique du pouvoir est de plus en plus personnelle.  Il « engueule » ses conseillers, ses ministres, parce qu’il pense qu’ "à la fin, c’est lui qui paie tout".  Hollande estime qu’il « n’est pas compliqué à comprendre », mais peu ont le mode d’emploi. « Il est secret, cherche toujours à préserver son espace, cherche toujours à laisser jusqu’au bout des options ouvertes » analyse Stéphane Le Foll, qui a dirigé pendant onze ans son cabinet rue de Solférino. Lui savait le comprendre. Mais au gouvernement, à l’Elysée, ou dans la majorité, tous sont loin de décrypter François Hollande, on le voit depuis vingt mois.

François Hollande apparaît finalement comme un président opaque, qui ne se confie jamais vraiment à personne. Est-ce que ce comportement, cette tendance à tout faire remonter à lui, peut perturber le fonctionnement de l'État ?

La Véme République, dénoncée en son temps par François Mitterrand et les socialistes, concentre les pouvoirs et François Hollande s'est coulé dans ce moule. Son exercice du pouvoir est très personnel, solitaire même. C'est le choix qu'il a fait. Il est très secret, cela perturbe parfois ses ministres ou ses conseillers, mais cela fait longtemps que les socialistes ont abandonné tout désir de changer de République.

Dans ce contexte, comment interpréter les rumeurs de remaniements ?

Yves Derai : Ce n’est pas étonnant, lorsqu’il y a de tels problèmes. De plus, la popularité de François Hollande est au plus bas, autour de 20% et celle du Premier ministre est à peine au-dessus. Mais je pense que ce remaniement n’aura pas lieu tout de suite : c’est trop tôt. François Hollande ne formera pas de nouveau gouvernement avant les élections municipales, sachant que la gauche risque de perdre beaucoup dans ces élections, ainsi qu’aux européennes.
Je pense qu’il va user Jean-Marc Ayrault et son gouvernement jusqu’à la corde, attendre les résultats des élections municipales et européennes, puis il remaniera ensuite pour essayer de redonner un second souffle aux deux dernières années du quinquennat.
François Hollande apparaît finalement comme un président opaque, qui ne se confie jamais vraiment à personne. Est-ce que ce comportement, cette tendance à tout faire remonter à lui, peut perturber le fonctionnement de l'État ?

La Véme République, dénoncée en son temps par François Mitterrand et les socialistes, concentre les pouvoirs et François Hollande s'est coulé dans ce moule. Son exercice du pouvoir est très personnel, solitaire même. C'est le choix qu'il a fait. Il est très secret, cela perturbe parfois ses ministres ou ses conseillers, mais cela fait longtemps que les socialistes ont abandonné tout désir de changer de République.