TOUT EST DIT

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samedi 21 décembre 2013

Un moral d’acier

Un moral d’acier


La colère est un sentiment, pas une solution. Hors de toute mauvaise foi partisane et au-delà du déchaînement qui fera long feu, peut-on reprocher à un syndicaliste connu pour avoir exprimé son mécontentement les yeux dans les yeux avec des mots virulents, de passer aujourd'hui à la politique avec l'espoir de faire avancer autrement ses combats ? Sans doute parce qu'Édouard Martin est un ouvrier, l'annonce a aiguisé des salves de persiflages. Lorsqu'un patron est nommé à Bercy ou à l'industrie on met en exergue ses compétences. Lui, sur le double front de ses adversaires et de ses amis, devra se forger un moral d'acier. Heureusement, dans un opportun « un partout la balle au centre », Walter Brocoli le leader FO d'Arcelor-Mittal sera candidat aux municipales sur la liste UMP à Thionville.
Lutter contre le cynisme de Mittal est un engagement légitime quel que soit le terrain sur lequel on se place. La politique n'est pas la seule affaire des experts en tweets ou des apparatchiks qui n'ont jamais rien fait d'autre de leur vie. Au moins Martin le métallo peut-il parler des « crasses », du cambouis et du désarroi des victimes des délocalisations et de la finance.
Ce qu'il ne doit pas trahir, c'est son choix et l'obligation morale qui s'impose à lui de continuer à parler avec son c'ur et avec les mots du peuple, de pousser des coups de gueule avec ses tripes et, s'il le faut un jour, de claquer la porte quand les consignes du groupe ou la ligne politique des socialistes iront contre ses convictions et sa sincérité. Édouard Martin est un homme authentique qui va entrer en politique directement par le haut. Les hommes sincères le restent-ils en vivant de telles expériences ? La réponse lui appartient. Pour mesurer l'ingratitude de la politique, sa violence parfois, qu'il se souvienne de Pierre Bérégovoy, un autre syndicaliste passé au costume trois pièces.
Un premier bon point peut être porté à son crédit : celui d'avoir compris que la solution à bien de nos problèmes passe par l'Europe. Quand la classe politique touche le fond du discrédit, il faut se réjouir qu'un parti s'efface derrière un syndicaliste. On ne peut critiquer dans un même souffle le transfert de l'intègre Martin et la rareté des ouvriers en politique.

Rafale ou mirage ?

Rafale ou mirage ?


Encore raté ! Le Brésil a préféré l'avion de chasse suédois Gripen NG de Saab à « notre » Rafale. Autrement dit, pour la petite merveille technologique de Dassault-aviation, il n'y a qu'une chose qui ne décolle pas : ce sont les ventes. Il y aurait quelque cruauté à s'en réjouir. Le coup est rude pour le champion français de l'aéronautique militaire, et donc pour le pays. Il serait tout aussi déplacé d'imputer l'échec de la transaction au seul François Hollande. Et cela, même si le choix brésilien prend un caractère vexatoire quelques jours après la visite du chef de l'État français à Brasilia.
Il est sûr qu'en guise de renforcement du partenariat stratégique entre la France et le Brésil, ce « lâchage » fait mauvais effet. Il souligne peut-être aussi une défiance à l'égard de la France et un refus brésilien d'alignement. Encore une fois, on rappellera que François Hollande ne fut pas seul aux manettes sur ce long feuilleton. Mais alors, était-il besoin de minimiser la mauvaise nouvelle en prétendant que la vente au Brésil n'était pas une « cible prioritaire » ?
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a cru judicieux d'amortir le choc en promettant de prochains succès pour Dassault en Inde et dans le Golfe. Gare, cependant, à ne pas céder à d'autres mirages. Souvenons-nous que c'est en 2009, lors d'un voyage officiel au Brésil, que Nicolas Sarkozy avait salué avec emphase l'ouverture des négociations portant sur l'achat de 30 Rafale pour 4,5 milliards d'euros. On voit ce qu'il en est advenu quelques années plus tard.
Il ne faudrait pas que la même chose se reproduise avec l'Inde qui négocie depuis janvier 2012 un contrat portant sur 189 avions. En l'occurrence, ce n'est pas le savoir-faire de la France qui est en cause mais son savoir vendre et l'adaptation de son offre à la demande. Il semblerait que le Rafale « vole trop haut », si l'on peut dire, et coûte trop cher. Ajoutée à la baisse des commandes de l'armée française, la perte de marchés à l'export serait grave. Elle creuserait, dans les provisions intégrées à la loi de programmation militaire, un trou qui ne serait pas seulement d'air !

L’ennui du mort-vivant

L’ennui du mort-vivant


Noël à Matignon. Pâques à la maison ? Jean-Marc Ayrault, usé jusqu’à la corde, a répété hier soir qu’il bénéficie toujours de la confiance du président de la République. Ce genre de propos fera mourir de rire le moindre fan de foot : quand un entraîneur affirme que son président croit encore en lui, il est rapidement viré.
Malgré deux recadrages sur la fiscalité et le rapport sur l’intégration, Ayrault restera à Matignon. Sa capacité à avaler les boas explique son maintien. Taclé par le président de la République, ignoré ou bousculé par ses ministres, il s’accroche. Ses sondages apocalyptiques ne le dérangent pas. Les Français ne l’aiment pas ? Et alors ? Il est là pour imposer une politique impopulaire. Après tout, on n’a jamais demandé à un purgatif d’être agréable à avaler.
Le Premier ministre donne même l’impression d’être fier de son statut de fusible qui ne saute pas, même quand tout le tableau électrique est en feu. Hier soir, Jean-Marc Ayrault a énuméré ses travaux, notamment sa réforme fiscale. Tant pis si les prélèvements doivent augmenter l’an prochain. « J’assume » a-t-il répondu. Même certitude à propos des relations tendues avec ses ministres : « Je n’ai jamais douté du soutien du président ». Tout est dit.
Histoire de prouver sa fidélité, le chef du gouvernement a même assuré qu’il croyait dans l’inversion de la courbe du chômage. Un tel dévouement lui vaudra un sursis supplémentaire.
Avec Jean-Marc Ayrault, hier soir, TF1 avait programmé l’ennui du mort-vivant. Cette interview est d’autant plus étonnante que, comme le veut la tradition, le chef de l’État s’adressera aux Français le 31 décembre. Il y avait donc urgence à lancer une contre-offensive pour faire taire les mal-pensants, quitte à provoquer une overdose chez le téléspectateur.
L’autre indigestion, encore plus douloureuse, est annoncée au 1er janvier avec la hausse de la TVA. En attendant le grand soir fiscal mitonné par Matignon, les contribuables n’ont aucune raison de se réjouir. 2014 sera une année difficile, avec ou sans Jean-Marc Ayrault, bien carré sur sa dunette alors que l’iceberg électoral se rapproche.

SANGARIS… QUE

SANGARIS… QUE


François Hollande a beau se féliciter de l’écoute de ses partenaires européens, il revient bredouille du sommet des chefs d’Etat. Le président espérait que ses homologues se cotisent pour participer à ce qui commence à rassembler à une mésaventure centrafricaine, il fait les frais des égoïsmes. L’Elysée ne qué-mandait pas seulement 30 ou 40 millions d’euros, mais rêvait « d’affirmer un symbole, celui de l’aide de l’Union européenne à l’un des pays les plus pauvres du monde ». L’intention est louable, mais François Hollande fait les frais d’une intervention où la France est partie, certes pour la bonne cause, mais en solitaire. Bilan : difficile d’obtenir a posteriori un blanc-seing de ses partenaires qui, depuis quelques semaines et les premiers morts français, re-doutent le bourbier. Autre-ment dit, nos partenaires européens saluent la beauté du geste de la France, - inter-enir au risque de s’engluer dans une guerre de religion -, mais pas question de s’emballer. Un éventuel soutien est renvoyé au « conseil des affaires étrangères » mi janvier, et la « ministre » des Affaires étrangères de l’Europe, Catherine Ashton rendra un rapport au cours du premier semestre 2014. Autant dire que le prix à payer, pas seulement en vies humaines, sera à la charge de Paris. L’opération ‘’Sangaris... que’’ se paiera cash, à et au crédit de la France !