François Hollande n’aime pas les riches. Il l’a dit et ne cesse, depuis, de multiplier les preuves fiscales de sa détestation. Arnaud Montebourg combat la concurrence internationale. Il étrille les grands patrons « mondialisés » et le libéralisme sournois de Bruxelles. Et Vincent Peillon ? Le ministre de l’Education nationale stigmatise les professeurs des classes préparatoires, priés en quelque sorte de rentrer dans le rang. On peut bien sûr discuter du niveau de leurs rémunérations, de leur charge réelle de travail, du coût par élève de cette formation pour happy few. On peut aussi s’interroger sur ce corporatisme, ce fétichisme du statut bien français. Rien n’est tabou. Mais comment ne pas voir dans les manières du philosophe une attaque en règle contre une forme d’élitisme, tout comme le chef de l’Etat dévalorise la réussite financière ou le ministre du Redressement productif la compétition ? Comment ne pas percevoir un malaise face au succès, au talent, ennemis des modèles égalitaristes ? Nos grandes écoles sont appréciées du monde entier. Pas notre système scolaire qui devient, au fil des ans, une machine à fabriquer des cancres. Un cinquième d’une génération est ainsi sacrifié ! C'est pourquoi la chasse aux privilèges du ministre agrégé, aussi justifiée soit-elle, tient du leurre. Lancée par Jean-Pierre Chevènement, la politique de démocratisation a échoué : maintien d’un système dual qui défavorise les classes populaires, désavantage croissant de l’absence de diplôme dans une société pétrifiée par le déclassement social, persistance d’un chômage de masse faute de qualification adéquate… S’attaquer aux profs de prépas ne sauvera pas les ZEP.