TOUT EST DIT

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mercredi 4 décembre 2013

Pisa : pas de fatalité

Pisa : pas de fatalité


Mauvais pour la France, les résultats de l’enquête Pisa sur l’éducation ? Après plusieurs évaluations annuelles du même tonneau, la nouveauté n’est pas vraiment là, mais plutôt dans l’aggravation du constat. Surtout, ce qui devrait alarmer davantage encore que le bonnet d’âne en maths, c’est l’accentuation persistante des écarts entre les élèves « très performants » et les élèves les « plus en difficulté ». Comme si le pays avait pris pour acquis le volant de 20 % d’une classe d’âge que l’entrée en 6e prend en défaut de maîtrise des quelques fondamentaux nécessaires à une poursuite d’études harmonieuse.
Cette « poche de résistance » à la réussite éducative, c’est bien celle que les cartographies officielles identifient essentiellement dans les contours de ce que l’on appelle les zones d’éducation prioritaire, là où se concentrent toutes les difficultés économiques et sociales et les plus forts pourcentages de populations éloignées, au départ, du système éducatif français.
Or, l’ouverture d’un vaste chantier national de réforme des dispositifs censés, depuis trente ans, « donner plus à ceux qui ont le moins », figure justement parmi les priorités assignées à la Refondation de l’école, concomitamment avec la relance de la scolarisation des moins de trois ans, le dispositif « plus de maîtres que de classes » et autres réorganisations des rythmes scolaires. Dans cette perspective, Pisa, plutôt que de désespérer la rue de Grenelle devrait avoir – dit le gouvernement – valeur d’aiguillon, voire servir d’« électrochoc » pour doper davantage encore les troupes parties à l’assaut de la forteresse « échec scolaire ». Et faire pointer l’espoir que la fatalité du déclin cède, demain, la place au redressement de la courbe ?
C’est, en tout cas, faire le pari qu’à l’absence presque totale de mixité sociale dans ces territoires désolés peut suppléer un surcroît de moyens, d’imagination, de courage et d’obstination. Si la démonstration réussit, elle pourrait nous faire gagner quelques places vers le haut du tableau de Pisa, mais sans qu’ait été entamée une forme de ségrégation à laquelle on s’est tout doucement habituée. Amère victoire que celle que nous nous préparons…

Pourquoi ne pas supprimer l'Assurance-maladie?


Le Cercle Santé Innovation - organisation de réflexion fondée cette année par le sénateur des Yvelines Gérard Larcher- prône un remplacement de l'Assurance-maladie par une agence sous contrôle de l’État pour simplifier les parcours des patients et réaliser des économies.
L'Assurance-maladie est-elle encore utile ? C'était le premier axe de réflexion du nouveau think tank fondé et présidé par Gérard Larcher, ancien président du Sénat de 2008 à 2011. Selon Le Figaro, qui a pu se procurer le premier rapport du Cercle Santé Innovation en avant-première, il serait carrément question de modifier en profondeur la structure de notre système de santé et de supprimer l'Assurance-maladie telle qu'elle existe aujourd'hui : « Cette institution doit être remplacée par une agence sous contrôle de l'État», estiment les auteurs de ce rapport.

Le Cercle Santé Innovation propose par ailleurs une régionalisation du système et une plus grande indépendance de gestion pour les hôpitaux. «Il n'est pas normal que les investissements de l'hôpital de Champagnole soient décidés à Paris!», illustre-t-il.

Étatiser pour faire des économies

Pour l'instant, notre système de santé fait l'objet d'une double gestion : par l'État et par l'Assurance-maladie. Étatiser les tâches de l'Assurance-maladie reviendrait à simplifier le parcours des patients et permettrait de réaliser des économies, selon le think tank. Mais comme le souligne Le Figaro, il y a un problème : « passer de l'hôpital à la ville est aussi difficile, pour le patient, que sauter par dessus un précipice avec des béquilles » !
Ce rapport, qui sera publié officiellement ce mercredi, a été rédigé sous la responsabilité de Jean de Kersvadoue, Directeur de la chaire d'économie et de gestion des services de santé au Centre National des Arts et Métiers et de Victor Rodwin, Professeur de management de la santé à la Wagner Graduate School of Public Service de New-York.
Dans les mois à venir, le think tank envisage de se pencher sur le parcours de soins, la réforme du système de santé et la prise en charge de la santé mentale.

Un nouvel "ordre moral"?

Un nouvel "ordre moral"?
Ne confondons pas la morale, c’est-à-dire l’éthique, etl’ordre moral, ou la tartufferie érigée en idéologie dominante. La France politico-médiatique est de plus en plus dominée par une sorte d’ordre moral hypocrite, qui gagne tous les secteurs de la vie sociale. J’en donnerai quelques exemples :
-         La palme d’or 2013 au festival de Cannes, comporte (paraît-il) une scène d’amour torride entre deux femmes qui dure 40 minutes. Pourtant, il est strictement interdit de parler en société "d’érotisme" à propos de ce film, car ce serait trahir le génie  supérieur d’un "chef d’œuvre" (que je ne critiquerai pas, ne l’ayant pas vu…)
-         Le Parlement veut sanctionner les clients des prostituées : ira-t-on jusqu’à punir Monsieur Tartempion, grand notable de province, électeur de centre-gauche, qui largue bobonne une fois par semaine, monte à Paris le vendredi pour sauter sa maîtresse et la remercie d’une enveloppe bien garnie qui finance la garçonnière ? Non! Et après tout, c’est sa vie privée.
-         Chacun sait que la société française, sa jeunesse en particulier, est dévastée par le chômage qui explose depuis 2008,  plus encore depuis un an et demi, et poursuit son aggravation au rythme impitoyable de la destruction des emplois. Pourtant, même sans en penser un mot, il faut dire dans la bonne société que depuis les "bons chiffres d’octobre" (- 20 000 demandeurs d’emplois grâce aux radiations et aux subventions), la courbe s’est inversée et tout va  pour le mieux dans le meilleur des mondes.
-         Tout en préservant autour de la formation politique créée par M. Le Pen une dose de "diabolisation" bien calculée, la presse, les radios et les télévisions n’ont de cesse de la mettre en valeur, de l’encenser et de la promouvoir en démultipliant ses apparitions médiatiques dans l’espoir de lui donner le leadership de l’opposition, d’interdire ainsi l’alternance et de figer  la situation politique pour les 1000 ans à venir.
-         Il ne faut surtout pas travailler le dimanche, au nom d’une sacro-sainte tradition d’origine judéo-chrétienne et des principes d’équilibre familial, dans un pays où l’on se soucie comme d’une guigne du message, des symboles et des valeurs judéo-chrétiens et de la famille.
-         La France est paraît-il pays des droits de l’homme, une terre d’accueil généreuse pour l’’immigration; mais alors, pourquoi cette étrange manie de laisser entrer des centaines de milliers de personnes  qu’on est incapable d’accueillir dignement, pour les repousser ensuite, les exclure et les condamner à vivre dans le désœuvrement, le chaos des squats sordides en grande banlieue et des "cités interdites" ?
- On se gargarise du mot "égalité" dans un pays qui n’a jamais été plus inégalitaire, opposant les grandes écoles, les collèges et les lycées élitistes des bons quartiers, aux établissements de banlieues à l’abandon, ravagés par l’échec scolaire.
"L’hypocrisie est un vice privilégié qui jouit en repos d’une souveraine immunité" (Molière, Don Juan).

Qui fait louper à la France la reprise européenne ? La part du gouvernement, la part du système français, la part du contexte


Selon l’Insee, l’investissement manufacturier devrait encore baisser en France en 2014. Il se replierait de 0,2 % l’an prochain, après une baisse de 0,7 % en 2013. La France ne parvient pas à combler son retard industriel alors que la reprise s'accélère ailleurs en Europe.

- La reprise s'accélère en novembre pour le secteur manufacturier de la zone euro. L'indice signale une expansion en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche et en Irlande. Mais la France ne profite pas de cette progression et enregistre même une accélération des reculs de la production et du nombre de nouvelles commandes. La France s'enfonce alors que le reste des pays de la zone euro se redressent. Quelle est la part de responsabilité du gouvernement dans cette absence de reprise ? Quelles décisions ou absence de décision ont-elles pu être préjudiciables ?

Alain Fabre : Les dernières indications sur la situation industrielle en Europe semblent faire émerger un scénario que je redoutais depuis plusieurs mois. Un décrochage non plus par rapport à l’Allemagne mais par rapport à l’ensemble de l’Europe. On parle beaucoup de l’Allemagne dont l’activité tourne de façon plus équilibrée, la poussée de la consommation des ménages prenant le relais sous l’effet de la progression des salaires, des échanges extérieurs. En Espagne, on assiste avec trois ans de retard au scenario allemand. Après la compression de la demande intérieure, l’Espagne sort de la crise par les échanges extérieurs. Les Espagnols vont connaître en 2013 leur premier excédent de la balance des paiements courants depuis 1990. La Grèce donne également des signes qui vont dans ce sens tout en ne jouissant pas des mêmes atouts que l’Espagne. Même si l’on sent en France des indices d’enrayement de la dégradation que ce soit sur sa croissance ou même sur le chômage – même si ces chiffres doivent être lus avec un peu de prudence – on ne détecte pas un processus de sortie de crise fondé sur les moteurs robustes à l’œuvre ailleurs. Comme le montrent l’évolution très dégradée de l’investissement et de la production industriels, la France consomme encore notamment en raison de son modèle social qui le lui permet sans avoir à produire. En revanche la production est en panne. L’économie n’est pas en récession ; elle s’effondre. C’est notre stratégie qui est prise en défaut et les mois qui vont venir ne feront qu’accentuer ces tendances.
Erwan Le Noan : Hier, le site américain Business Insider a publié un article qui expliquait que le secteur manufacturier français était toujours dans un « sale état » (« is still looking very ugly »). C’est vrai sur le constat et sur l’idée que cela n’est pas nouveau. Le gouvernement de François Hollande est responsable, au même titre que les précédents, pour ne pas prendre les décisions à la hauteur des enjeux : libérer les entreprises des contraintes qui pèsent sur elles à commencer par la fiscalité écrasante(la France a le taux d’Impôt sur les sociétés le plus haut de toute l’Europe et celui qui a le moins baissé depuis une décennie).
Alors qu’on pouvait reprocher au précédent gouvernement de ne pas aller assez loin et assez vite, ou de ne pas faire grand-chose, celui de François Hollande est lui responsable de prendre des mesures qui vont à contresens (par exemple quand il réfléchissait à taxer l’EBE) ou quand il s’emmêle tellement que plus personne ne sait où il va.

Au-delà de la responsabilité conjoncturelle du gouvernement, notre retard en matière industrielle - la France est aujourd'hui derrière l'Angleterre en termes de développement industriel - est-il dû à notre modèle de développement ?

Alain Fabre : C’est exactement cela. La France continue à penser que la croissance résulte de la consommation provenant de la dépense publique et non de la production des entreprises. Nous avons sacrifié notre industrie au nom du mythe de la fin du travail et d’un monde post-industriel. Quand nous en prenons conscience, c’est pour réveiller les mannes de Colbert. Alors que le monde d’aujourd’hui est celui de l’innovation, des avantages comparatifs et de entrepreneuriat, le gouvernement continue à sanctuariser la dépense publique et à colmater nos retards industriels en montant sur ses ergots d’État stratège. La fermeture des pianos Pleyel – ceux de Frédéric Chopin – et les difficultés de PSA ont en commun ce diagnostic français erroné. La croissance économique est affaire d’entrepreneurs qu’on laisse libre de déployer leurs talents, non de technocrates aussi brillants soient-ils.
Erwan Le Noan : La France a connu une désindustrialisation  (due pour une partie seulement à la mondialisation) importante. La différence avec la Grande-Bretagne par exemple, c’est que là bas les entreprises sont sur une tendance plutôt dynamique : en juin dernier leFinancial Times se demandait même si le pays n’allait pas pouvoir rivaliser avec le fameux mittlestand allemand.
Si la France a un modèle, je ne suis pas certain que « de développement » soit la meilleure façon de le qualifier. Les réglementations et la fiscalité françaises empêchent les entreprises de grandir.

Même si la baisse annoncée de 0,2% des investissements l’an prochain est assurément meilleure que celle de cette année, qui devrait atteindre 0,7% et non -0,6% comme les industriels l’avaient indiqué en juillet dernier, les chefs d’entreprises interrogés n’ont toujours pas le cœur à investir. Comment expliquez-vous cette prudence des patrons français ?

Alain Fabre : On voit bien ce qui se passe en France par contraste avec nos voisins. Progressivement, la composante conjoncturelle de la crise laisse place à la phase haussière du cycle. Nous aussi nous allons en profiter. Mais moins que les autres, car nous courrons avec des boulets aux pieds. Les meilleurs athlètes n’y réussissent pas. Depuis 2012, l’orientation gouvernementale reste foncièrement orientée dans un sens contraire au dynamisme des entreprises. Les milieux d’affaires internationaux sont très marqués par cette situation. Il y a de leur part une grande réticence à travailler avec la France, pays perçu comme compliqué et hostile aux entreprises. Les chefs d’entreprises français sont d’abord pénalisés par la situation financière très dégradée, ce qui limite leurs moyens pour se projeter dans des investissements. Le climat est marqué sur le plan psychologique par un fort attentisme. Le discours des pouvoirs publics est confus, souvent contradictoire. La remise à plat de la fiscalité dont notre pays a vraiment besoin est perçu au mieux comme un exercice tactique, au pire par des tours de passe-passe qui alourdiront la fiscalité des « riches ». Enfin, le fait que la remise à plat se fasse à dépenses et prélèvements constants ne fait qu’alimenter le scepticisme sur un sujet de fond.
Erwan Le Noan : Les chefs d’entreprise comme les ménages sont confrontés à un contexte économique de très lourde incertitude. Les plans du gouvernement sont d’une rare instabilité et d’une opacité totale : on ne peut pas être certains de les avoir bien compris et une fois qu’ils sont annoncés, il faut s’attendre à les voir modifier. A la rentrée, le gouvernement parlait de « pause fiscale », puis il y a eu une avalanche d’annonces de taxes et maintenant il prône la révolution en voulait chambouler toute la fiscalité. Le plus sûr pour les investisseurs est d’attendre…

La France a-t-elle trop longtemps privilégié  les services au détriment de l'industrie lourde ? Plus encore qu'à notre manque de compétitivité, cela tient-il plus largement aux structures historiques de notre économie ?

Alain Fabre : Le gouvernement et les élites dirigeantes découvrent rétrospectivement leur erreur fondamentale mise en lumière par Christian Saint-Étienne notamment, d’avoir voulu à partir du milieu des années 1990 rallier le monde post-industriel. On a vécu il y a quinze ans dans le mythe d’une société de services et de fin du travail. Nous ne sommes pas les seuls. Les Anglais et les Espagnols ont vécu dans cette idée aussi. Celles de l’affranchissement du travail productif dans les bulles financières ou immobilières. Ce qui nous distingue d’eux, c’est de continuer à nier le réel. Les réformes engagées chez nos deux voisins reposent fondamentalement sur une ré-industrialisation de l’économie. On le voit en matière de coût du travail dans les deux cas. On le voit aussi en Angleterre avec la montée en puissance des gaz de schiste. En Espagne comme au Royaume-Uni, l’industrie automobile retrouve de l’allant.
Erwan Le Noan : La France n’a pas vraiment à "privilégier" l’industrie ou les services. Elle devrait plutôt se préoccuper de laisser les entreprises prospérer et on verrait bien quels secteurs prennent le dessus. Bien sûr, on ne peut pas avoir une économie faite de coiffeurs et d’assureurs ; mais on ne peut pas non plus produire des Ford T à la chaîne… La meilleure chose que puisse faire le Gouvernement aujourd’hui c’est de laisser les entreprises tranquilles !

Notre modèle social très "redistributeur" est-il également un handicap ?

Alain Fabre : C’est Jacques Delors qui ne passe pas pour un adepte du néo-libéralisme qui dénonçait en son temps l’illusion de redistribuer ce qu’on n’avait pas encore produit.Dominique Strauss-Kahn a eu un mot savoureux pour rappeler que « Marx a écrit le Capital, pas la Sécurité sociale ». Nous avons les dépenses publiques les plus élevées et de loin, de la zone euro. A PIB identique, la France dépense 240 milliards d'euros de plus que l’Allemagne et 150 milliards de plus que l’Italie. On n’a pas affaire chez nos deux voisins à des conceptions thatchériennes. Au contraire, les réformes réalisées en matière de retraite par exemple, étaient destinées à préserver à moyen terme la protection sociale qui demeure associée à notre conception européenne de la personne humaine.
Erwan Le Noan : Le modèle français n’est pas si redistributeur que cela. En fait, il prend à une minorité (les 53% de contribuables qui paient l’IR, les 50% d’entreprises qui paient l’IS) de manière très concentrée (3% des particuliers les plus riches paient 40% de l’IR en 2009 et 10% des entreprises du CAC paient 75% de l’IS de toutes les boîtes de leur rang) et il redistribue moins que le modèle britannique (comme le CREDOC vient de le montrer).
Ensuite, notre système social n’est pas vraiment un modèle, sauf à apprécier lechômage endémique des jeunesl’isolement des personnes âgées, la pauvreté qui croît… Il coûte cher et il n’aide pas vraiment ceux qui en ont besoin. L’Etat-providence a distribué les subventions et l’argent public en général pendant toutes les 30 Glorieuses. Depuis les années 1990, il est en crise : les Français se battent pour en garder quelques pièces à leur bénéfice propre car, la société étant figée, ils savent que s’ils sont sûrs de perdre, ils n’ont rien à espérer en l’état actuel des choses. Pour les convaincre, il faut rendre les dépenses publiques efficaces et la société plus fluide.

Comment rattraper une partie de notre retard sans forcément détruire notre modèle de développement et notre modèle social ?

Alain Fabre : La situation française est intenable à terme. Nous avons la chance d’avoir des taux d’intérêt très bas. Cette situation tient à la qualité de notre dette ; elle tient aussi à la gestion des politiques monétaires qui nous favorisent. Mais la prise de conscience peut être brutale et l’on devrait pas oublier les mises en garde de Standard & Poor’s. Nous avons la chance aussi de pouvoir bénéficier de la complaisance de la Commission qui blâme les bons élèves comme l’Allemagne et accorde des satisfecits aux élèves qui ne font pas leurs devoirs. Tout ceci nous est favorable mais demeure artificiel. Si nous continuons à décrocher non pas par rapport à l’Allemagne mais par rapport à l’Espagne, les marchés risquent de réviser leurs appréciations. Je ne le souhaite pas mais je le redoute. La première chose à faire est de réduire les dépenses, non pas chez les militaires mais dans les administrations civiles. Nous devons porter l’âge de la retraite à 65 ans en 2020. Enfin, il faut ramener à un an d’ici trois ou quatre ans la durée d’indemnisation du chômage.  Nous devrions réaliser des réductions de dépenses de 25 milliards par an pendant dix ans. 15 milliards devraient être affectés à la réduction des déficits et 10 milliards à la baisse des prélèvements. L’objectif est de reconstituer des conditions générales permettant aux entreprises de pouvoir à nouveau innover, investir, produire, exporter.

Ne pas se tromper de débat

Ne pas se tromper de débat


Le rapport Bailly, remis lundi à Jean-Marc Ayrault, prône « plus de souplesse » pour le travail dominical, couplée avec un maintien de la spécificité de ce jour de repos hebdomadaire, indispensable pour… conserver les compensations salariales qui lui sont propres. Derrière la prudence relative des propositions de Jean-Paul Bailly, l’ancien patron de La Poste, on voit assez clairement ces lignes de force. Le projet de loi déjà annoncé par le Premier ministre pose le principe : « Pas d’ouverture sans contrepartie pour les salariés. » En cette période de paupérisation généralisée, l’issue est évidente : on travaillera encore davantage le dimanche en France. Même si Ayrault prétend qu’il s’agit d’encadrer ce travail « dans de meilleures conditions, plus simples et plus claires ».
Tout, dans le rapport, va d’ailleurs dans le sens de l’élargissement : l’extension du droit d’ouverture de cinq à douze dimanches par an, la redéfinition de « périmètres d’animation concertés » touristiques et commerciaux, la clarification de la brouille avec les magasins de bricolage qui ouvrent dans l’illégalité depuis septembre. Car « à titre personnel », Jean-Paul Bailly est convaincu d’un effet « positif » de l’ouverture des commerces pour l’économie.
Son rapport ne va pas cependant jusqu’à vouloir accorder de nouvelles dérogations permanentes aux magasins de bricolage, et propose de revenir sur celles accordées aux grands magasins d’ameublement en 2008. Mais aussitôt il prône l’inscription provisoire, « jusqu’au 1er juillet 2015 », du « secteur du bricolage dans la liste des dérogatoires ». Vous n’y comprenez rien ? Normal, c’est de l’enfumage.
Aussi sont-ce les organisations patronales et les politiques les plus favorables au démantèlement du dimanche qui ont salué le rapport avec le plus d’enthousiasme, à commencer par Frédéric Lefebvre, ancien secrétaire d’Etat au Commerce et à la Consommation, lapidaire : « Chacun doit être libre de travailler différemment pour gagner plus. » Les syndicats, dans leur ensemble, sont contre, au nom du droit au repos des salariés et des garanties salariales qu’ils jugent insuffisantes. La CFTC, en particulier, dénonce l’« incohérence » du rapport dont la mise en œuvre aboutirait à une forte augmentation du travail dominical.
Il y aura donc une nouvelle loi, dès 2014 a promis Jean-Marc Ayrault, un brin moralisateur pour mieux embobiner le quidam : il s’est dit hostile à une société du « tout mercantile » où « l’optimum des loisirs serait le centre commercial ». De toute façon, a-t-il ajouté, on peut toujours faire ses courses le dimanche : « Il suffit d’allumer son ordinateur. »
Et c’est tout cela qui va « dynamiser l’économie » en un « cercle vertueux », comme le dit un représentant de 18 000 entreprises, Guillaume Cairou ? Les pays européens où le travail du dimanche est imposé, souvent à la faveur d’exigences des créanciers sous la houlette de plans de sauvetage européens, ne s’en portent pas particulièrement mieux. Voyez l’Italie, le Portugal, l’Espagne…
Qui trinquera ? Eh bien, sur le plan économique, les petits commerces et ce qui reste de vie de famille… Mais ce n’est pas tout.
A force de riposter sur le plan économique et social, on en vient en effet à oublier l’essentiel – même les porte-parole de l’Eglise de France qui se gardent bien de parler d’abord et surtout de la signification réelle du dimanche. Pour respecter la laïcité ?
Or le dimanche, ou plus précisément le « septième jour », qui a été donné à l’humanité tout entière depuis le début comme jour de repos, et dont le caractère gravement obligatoire a été confirmé par le Décalogue, est avant tout le signe que l’homme a été créé pour l’être et non pour l’avoir, pour la relation avec Dieu et non pour le faire, au sommet de ce monde matériel qui l’entoure et non soumis à lui.
Il en va du repos du dimanche comme de la défense du mariage vrai : tant qu’on reste « aux périphéries », sans construire sa défense sur le fond de la question de peur de choquer ceux qui ne partagent pas une morale transcendante, on ne peut en réalité rien faire, car on écarte les vraies raisons du combat.
Les vraies raisons du repos dominical, ou du septième jour, dépassent le monde matériel et jusqu’aux rythmes naturels du temps : la semaine est la seule coupure du temps qui ne soit assise sur les mouvements de la terre et des astres, mais sur un commandement révélé dans la Genèse. Et le mot sept, en hébreu, renvoie à l’alliance avec Dieu : se « septer », pourrait-on traduire, signifie « s’engager dans une alliance ».
L’alliance de Dieu avec l’homme, et de l’homme avec Dieu, l’homme qui n’est pas seulement fait pour le travail, l’économie, ni même les relations sociales, mais pour ce qui le dépasse.
Voilà qui mérite plus ample réflexion.

La fin du déni

La fin du déni


Cela ne vous étonnera pas : c'est dans la classe politique que l'enquête Pisa a provoqué le plus de chahut. Le décrochage annoncé et confirmé de la France dans ce classement international a immédiatement déclenché la polémique entre la rangée de droite et celle de gauche. Dans l'opposition on a mis en cause les années Jospin et… la réforme Peillon. Dans la majorité, on a imputé aux « dix années de la droite au pouvoir » la cause du fiasco absolu. Déplorable débat qui occulte les responsabilités partagées de tous les gouvernements, depuis des dizaines d'années, dans des réformes jamais évaluées.
À la place de vaines disputes, c'est un ressaisissement collectif de toute la communauté enseignante et parentale qui s'impose, dans l'intérêt supérieur des enfants. Il est salutaire que cette enquête Pisa, plutôt négligée dans ses précédentes éditions, contribue enfin à sortir nos dirigeants du déni. On a trop vanté notre ruineux système dans lequel nous dépensons 30 milliards d'euros de plus que l'Allemagne ou le Royaume-Uni pour le même nombre d'élèves.
Cela n'empêche pas 120.000 jeunes par an de quitter les études sans diplôme. Et cela n'a pas empêché le creusement des inégalités en dépit du généreux discours sur une école de l'égalité des chances. L'octroi d'un bac au rabais pour 80 % d'une classe d'âge a masqué la réalité d'une baisse de niveau. Le pire est qu'on a sacrifié l'apprentissage des fondamentaux aux lubies des pédagogistes. Sans parler de débats subsidiaires sur le caractère vexatoire de la notation.
Dès lors que l'on veut bien se départir des idéologies, les solutions existent. L'éducation nationale ne manque pas de moyens. Elle doit mieux les utiliser en se défaisant des rigidités administratives et des conservatismes. Pour lutter contre les inégalités, l'accent doit être mis sur le primaire, là où pèsent les déterminismes sociaux. L'abandon du dogme de collège unique, l'instauration des classes de niveau constituent des pistes à explorer. Tout cela ne va évidemment pas sans formation des enseignants et revalorisation du métier dans le cadre d'un statut rénové. « L'électrochoc Pisa » doit servir à cela. Et rien qu'à cela.