TOUT EST DIT

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samedi 30 novembre 2013

Humour noir : pourquoi vous avez tout intérêt à traumatiser votre enfant dès son plus jeune âge


Les traumatismes infantiles constituent un avantage décisif dans l'existence. Extrait de "Comment traumatiser votre enfant : 7 méthodes infaillibles pour en faire un être inadapté mais génial" 

L'enfant traumatisé fera un adulte complexe et attachant, doté de ressources inconnues de l'enfant non ou mal traumatisé. Certes, il risque au début de se révolter contre vos méthodes éducatives, mais le jour viendra où non seulement il vous en sera reconnaissant, mais où il pourra aussi en faire profiter sa propre progéniture. Même si vous admettez dès le départ les bénéfices du traumatisme, vous croiserez forcément un jour des négationnistes et des je-sais-tout, d'où l'importance d'intégrer par avance un maximum de contre-arguments.

Votre enfant sera adapté

Votre enfant fera l'expérience de la dépendance et de l'acceptation. Durant l'adolescence par exemple, il développera des compagnonnages de révolte, s'essaiera au sexe, aux drogues et au piercing en compagnie de ses pairs. Une fois adulte, il sera capable de parler avec ses amis de sa vie sentimentale pourrie et de se demander publiquement pourquoi diable il tombe toujours sur le même genre de bimbos inaccessibles.

Votre enfant forgera son caractère

L'adversité répétée est la colonne vertébrale du soi intérieur, et la force née du traumatisme la marque de fabrique de tous les adultes détraqués et néanmoins dominants. Les rares enfants épargnés par le traumatisme ont du mal à gérer la réalité d'un monde cruel et risquent de s'effondrer au moindre problème. L'enfant traumatisé, à l'inverse, affrontera l’existence avec des muscles d'acier, armé d'outils décisifs tels que l'égoïsme, l'absence de scrupules et une cuirasse à toute épreuve. En dépit de l'idéalisme qui prétend le contraire, un enfant traumatisé est un enfant solide.

Votre enfant saura contre quoi se révolter : vous !

Si les techniques traumatisantes ne mènent pas toutes à la révolte, la plupart y parviennent. Quoi de mieux à affronter qu'un parent aimant ? La révolte n'est pas seulement un rituel initiatique quasi universel, elle aide votre enfant à découvrir des visions du monde alternatives, des modes absurdes, des addictions. Votre rôle de parent est de regarder votre enfant déployer ses ailes et s'écraser en retombant au sol. Dans le meilleur des cas, il reviendra vers vous en rampant et admettra qu'après tout, c'est vous qui aviez raison.
NOUS AVONS TOUS BESOIN D’UN PSY
La psychothérapie et ses assistants, les psychotropes, sont les incontournables du bien-être contemporain. Un enfant qui grandit sans raison de consulter se retrouve vite à la ramasse avec ses camarades. Presque un tiers des Américains adultes ont vu un professionnel de santé mentale ou avalé des régulateurs d'humeur. N’est-il pas réjouissant de savoir que la consommation de psychotropes en France est l’une des plus importantes au monde ? Mais la statistique la plus convaincante pour choisir de traumatiser son enfant est la suivante : la moitié des adultes pensent que leurs parents auraient eu besoin d'un suivi thérapeutique.

Dispositif d’autodestruction


Hollande laisse Ayrault s’empêtrer dans sa réforme fiscale, laquelle va se détruire toute seule. Elle peut aussi entraîner le premier ministre…
Les socialistes sont passés maîtres dans l’art de déclencher les dispositifs d’autodestruction. Il y a huit jours, Hollande et Ayrault allaient mieux. Le premier ministre venait de se donner de l’air en lançant un coup politique : la remise à plat de la fiscalité — ce qu’il accompagnait de déclarations énergiques pour couper dans les dépenses publiques. Il pouvait espérer désamorcer la révolte antifiscale, rendait le moral à ses élus pris de panique devant l’ampleur d’un mouvement social hors contrôle et il déconcertait la droite.
Le soir même du lancement de cette contre-offensive, François Hollande s’annonce (à son retour d’Israël) au Stade de France pour assister au match retour France-Ukraine. Quatre jours plus tôt, les Bleus s’étaient débandés devant les Ukrainiens en encaissant deux buts à zéro ; ils risquaient l’élimination de la Coupe du monde. Or le mardi soir 19 novembre, les Bleus se reprennent, jouent en équipe, accomplissent un exploit en renversant le score : trois buts à zéro. Euphorie ! Le camp Hollande-Ayrault y voit un signe annonciateur : la gauche n’est pas perdue, pas plus que ne l’étaient ces Bleus si décriés. Elle aussi est capable de rebondir. En avant les métaphores. Hollande va remonter dans les sondages et Ayrault, en tête, renverser la tendance.
Est-ce l’effet de ce mardi euphorique ? Toujours est-il que, dès le lendemain matin, après ses explications à France Inter sur la méthode qu’il va employer pour mettre en oeuvre sa réforme fiscale, le premier ministre fournit au Monde des précisions qui complètent son plan. L’après-midi, le journal titre : « Jean-Marc Ayrault reprend Bercy en main », avec cette information supplémentaire : « Pour coordonner la réforme fiscale, deux nouveaux directeurs vont être nommés à des postes stratégiques. » C’est à cet instant-là que le premier ministre allume le dispositif d’autodestruction. Parce que aucun des sept ministres de Bercy n’est au courant de son plan, pas plus que les directeurs concernés.
D’un coup d’un seul, il vient de dresser contre lui les deux ministres de tête de Bercy, Pierre Moscovici (Finances) et Bernard Cazeneuve (Budget), cependant que le troisième poids lourd, Arnaud Montebourg, ne se fait plus d’illusions sur Ayrault depuis longtemps. Si ce n’était que cela, ce serait une crise intergouvernementale de plus (on se souvient des épisodes précédents, Valls, Taubira, Duflot, etc.), mais cela devient une crise au sommet même de l’État, parce qu’elle engage les deux hauts fonctionnaires des grades les plus élevés, le directeur du Trésor et celui du Budget, les deux qui tiennent les finances du pays. L’un comme l’autre n’ignoraient pas les rumeurs qui couraient à leur sujet, mais de là à les voir accréditer par le chef du gouvernement, sans en avoir été informés au préalable, ce n’est pas pardonnable. Cela révèle que la machine gouvernementale est dirigée par des amateurs. Des “branquignols”.
Les deux directeurs sont, pour le Trésor, Ramon Fernandez, 46 ans, et pour le Budget, Julien Dubertret, 47 ans. L’un et l’autre, Ena et personnalités brillantes, ont évidemment fait leur carrière sous la droite puisque celle-ci gouvernait depuis dix ans, le premier avec Sarkozy, le second chez Fillon. Est-ce une raison suffisante pour être limogés par le premier ministre ? Moscovici avait vite compris, lui, que, sans Ramon Fernandez, les autorités de Bruxelles n’auraient pas accordé leur bienveillance à la France pour décaler ses objectifs budgétaires et que cela n’aurait pas été sans conséquences sur les marchés financiers. “Mosco” est donc doublement furieux : pour lui-même et pour Fernandez. Il va l’être une troisième fois, parce que celui qui est supposé succéder au directeur du Trésor, François Villeroy de Galhau, 54 ans, ancien directeur du cabinet de DSK aux Finances, actuel directeur général délégué de BNP Paribas, n’en savait rien non plus et qu’il réagit tout aussi énergiquement.
Bref, la “reprise en main” de Bercy est ratée. D’autant plus ratée que François Hollande n’en connaissait pas plus le détail. Cela fait aussitôt renaître des rumeurs de remaniement lancées par certains ministres eux-mêmes — feu sur Ayrault ! Et comme Hollande estime qu’un remaniement serait aujourd’hui un coup pour rien, ce qui montre la confiance (sic) qu’il place dans les éventuels successeurs du premier ministre, il préfère laisser Ayrault s’empêtrer dans une réforme fiscale à laquelle il ne croit pas une seconde. Sans doute parce qu’il compte sur lui pour que cette réforme s’autodétruise à son tour, grâce à toutes ces réunions et concertations avec les syndicats, le patronat, les élus, les conseils et les hautes autorités, qui auront vite fait de démontrer qu’elle n’était pas possible. Dans huit jours, on aura changé de sujet.

Les “Tontons flingueurs” de nos libertés


En dix-huit mois, François Hollande et sa clique n’ont rien fait d’autre que dynamiter, disperser et ventiler notre économie et les valeurs fondamentalesde notre société.
Presque cinquante ans, jour pour jour, après la sortie en salles du film les Tontons flingueurs, son réalisateur, Georges Lautner, vient de disparaître. Son film culte, dont Laurent Dandrieu a raconté la genèse dans le précédent numéro de Valeurs actuelles, est rempli de scènes inoubliables et de dialogues écrits avec talent par Michel Audiard qui appartiennent d’ores et déjà à la postérité.
“Les Tontons flingueurs”, ce pourrait être, hélas, en beaucoup moins drôle, le titre du film que tous les Français vivent dans leur vie quotidienne depuis maintenant 550 jours. François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici ou Bernard Cazeneuve ne nous font pas rire comme Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche ou Jean Lefebvre. Mais plus ils s’agitent, plus ils perdent pied, plus leurs esprits s’échauffent, et plus les Français trinquent. Ce sont notre pouvoir d’achat, nos libertés de travailler, de créer, d’éduquer nos enfants ou d’être propriétaire qui sont attaqués en permanence. Au point de se demander si le programme de François Hollande et de sa clique n’est pas finalement de dynamiter, de disperser et de ventiler, pour reprendre les mots les plus célèbres de ce film inoubliable.
En l’espace de dix-huit mois, nos nouveaux Tontons flingueurs ont mis à terre le pays en l’étouffant sous le poids de 70 milliards d’euros d’impôts nouveaux. De fait, ce sont 265 usines qui ont fermé en un an et 400 000 emplois qui ont été détruits. Les valeurs liées à la propriété et à l’épargne qui ont fait le succès de la France de Guizot ou des Trente Glorieuses ont été sapées par les lois Duflot et les attaques en règle sur l’assurance vie. La famille, qui est le pire ennemi des marxistes parce qu’elle permet l’épanouissement de l’individu (« Tout homme est une histoire sacrée », comme l’écrivait le poète Patrice de La Tour du Pin), a été agressée comme jamais, avec notamment l’effrayant “mariage pour tous”. Et ce n’est pas fini. Ainsi de l’école, que Vincent Peillon conçoit comme un moyen de laver le cerveau de nos chères têtes blondes et brunes.
Maintenant que l’économie est à terre, que le nombre de Français qui partent à l’étranger bat tous les records (lire l’excellent dossier de Frédéric Paya, page 40), que la majorité socialiste est en lambeaux et que le pouvoir est lui-même à genoux, Jean-Marc Ayrault nous annonce qu’il va remettre à plat toute la fiscalité avec comme pierre angulaire de son projet la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. Sans doute a-t-il retenu la fameuse réplique de Michel Audiard : « Les impôts, c’est comme les conneries, on finit toujours par les payer. »
Mais à la différence des Tontons flingueurs, il s’agit cette fois d’un très mauvais film. D’abord, le scénario ne tient pas. Car si une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG permettrait enfin à chaque Français d’être fiscalisé, cela n’a aucun sens de fusionner un impôt progressif avec une cotisation assurantielle (destinée à financer l’assurance maladie et seulement elle). Il est déjà anormal que cette CSG soit proportionnelle alors que l’assurance d’une voiture dépend de la qualité de conduite de son propriétaire et non de ses revenus. Chacun a bien compris que nos technocrates socialistes veulent la rendre progressive par cette fusion dont rêve François Hollande depuis longtemps.
Ensuite, les acteurs ne sont pas les bons. Jean-Marc Ayrault a expliqué qu’il allait parler d’une telle réforme de la fiscalité avec les partenaires sociaux. Mais c’est une énorme erreur de casting. Si les représentants des entrepreneurs ou des artisans ont leur mot à dire compte tenu de l’importance des taxes qui les étouffent, les syndicats n’ont pas leur place. Eux reçoivent de l’argent public — beaucoup, même ! — mais ne produisent rien. Enfin, pour faire une réforme de la fiscalité et que celle-ci soit bien accueillie par l’opinion, il faudrait que le nombre de gagnants soit plus élevé que celui des perdants. Cela passe inévitablement par une taxation accrue des plus aisés, des plus économes et des plus entreprenants au profit de ceux qui ne produisent rien et vivent des subsides de l’État.
Voilà pourquoi les Français, à une très grande majorité (7 sur 10), ne veulent pas de ce nouveau film noir. Ils préfèrent garder en souvenir cette période bénie des années 1960, pendant laquelle Lautner et Audiard ont donné naissance à ces fameux Tontons flingueurs. Une période où chacun avait la liberté de créer, de travailler, d’entreprendre et d’espérer le meilleur pour ses enfants. Alors qu’aujourd’hui, des “bonnets rouges” aux cadres de la Défense, des Poussins aux Pigeons, chacun n’a qu’une seule phrase à dire à l’État socialiste : “Descends de mon dos et enlève tes mains de mes poches !”

La grande faute du pouvoir


Au lieu d’écouter les Français, la gauche assimile ceux qui n’en peuvent plus à des “factieux”.
Parce que quelques trublions ont hué Hollande, le 11 Novembre, et qu’un hebdomadaire sans audience a pondu une couverture bêtement raciste, les consciences de gauche affectent des mines de vierge effarouchée, comme si des divisions SS convergeaient vers Paris au pas de l’oie. Au prix d’amalgames grossiers, la droite UMP, les “bonnets rouges”, le FN, les “marcheurs pour tous” et… Valeurs actuelles sont censés prédisposer les esprits à l’avènement d’un “fascisme”, grâce au ciel in trouvable.
L’appel au combat contre la bête immonde ne vise qu’à escamoter les motifs d’une exaspération tous azimuts qui délégitime la classe politique en général, le pouvoir de Hollande en particulier. À cet égard, les rares officines d’extrême droite servent la soupe aux socialistes, comme les manifestants du 6 février 1934 l’ont servie aux initiateurs du Front populaire.
Si les tensions du corps social dégénéraient en giclées de violence, Hollande en tirerait profit, car la peur incite tôt ou tard le citoyen lambda à s’abriter derrière le chef, quel qu’il soit. D’abord sympathiques à l’opinion, les désordres de Mai 68, qui émanaient de la gauche, ont eu un épilogue électoral désastreux pour celle-ci.
Aussi l’UMP doit-elle s’abstenir de souffler sur les braises d’une révolte qu’elle n’a pas les moyens de convertir en un gain politique. En revanche, elle doit dénoncer sans cesse la confusion entretenue par le pouvoir et ses relais médiatiques pour la culpabiliser.
On peut redouter l’ampleur des flux migratoires, dénoncer les communautarismes et contester le cosmopolitisme idéologique sans être pour autant raciste, xénophobe, nationaliste, etc. On peut récuser le laxisme de la garde des Sceaux et de tels magistrats sans être un suppôt de l’ordre moral version Mac-Mahon ou Pétain. On peut s’opposer au mariage unisexe et à ses suites sans être taxé d’homophobie ou de puritanisme.
Sur ce sujet, les gloseurs de gauche ont tort et raison à la fois de s’appesantir sur les “marcheurs pour tous”. Tort de les réduire aux acquêts d’une faction d’intégristes cathos et d’ultras. La plupart des manifestants n’étaient guère politisés ; ils ont exprimé plus ou moins consciemment leur attachement à une civilisation qu’ils estiment en grave péril, rien de plus, rien de moins. Raison, car il est vrai que le déficit de légitimité de Hollande a pris sa source dans son dédain irrespectueux de contestataires, certes résolus, mais pacifiques et de bonne foi. Il aurait dû les recevoir, les écouter et tenter de mesurer ce qui distingue une conscience blessée d’une revendication catégorielle.
Au lieu de quoi, il a vu l’opportunité tactique de ressouder sa majorité en imposant une loi dont bénéficiera une infime minorité d’homosexuels dont il se fiche éperdument.
La conjonction de son autisme et du sectarisme de ses “amis” aura donné le ton d’un art de gouverner pire qu’inadéquat par temps d’orage. Ses mêmes “amis” persévèrent en se gargarisant du mot “droitisation”, sans comprendre du tout en quoi notre société a cessé d’être en phase avec leurs présupposés. Leur incapacité viscérale à respecter l’autre les aveugle et les mure dans un pharisaïsme qui rappelle le stalinisme de jadis, la foi révolutionnaire en moins.
La France bascule à droite dans ses profondeurs, phénomène inédit depuis les années soixante. C’est un fait. Hollande serait bien inspiré d’en prendre acte et d’en analyser les attendus, sous peine de mettre ce vieux pays à feu et à sang. On ne lui demande pas de se renier, mais de rompre avec ce mépris glacial qui entretient un sale climat de guerre civile larvée.
Les fauteurs de discorde ne sont pas les gens de droite, mais ceux qui, à gauche, escamotent le débat démocratique en expédiant leurs adversaires dans l’enfer d’un “fascisme” imaginaire, double rejeton de leur démonologie et de leur cynisme. À peine savait-on qu’un cinglé avait tiré au fusil sur Libé et BFM TV, le traitement médiatique inspiré par le pouvoir trahit un désir que l’auteur, de « type européen » (sic), soit un factieux d’extrême droite. Plus qu’un désir : un besoin, une nécessité. Or, ce dévoyé est un ersatz tardif du terrorisme d’extrême gauche qui ensanglanta l’Europe il n’y a pas si longtemps, à l’enseigne d’Action directe ou des Brigades rouges.

Dossier : Hollande, le pire président de la Ve

Disgrâce. Il y a plus inquiétant, pour le président, que ces sondages qui mesurent chaque semaine son impopularité : les Français commencent à se poser la question de sa légitimité. Enquête sur le plus cinglant discrédit de la Ve République.

Elle s’interrompt pour jeter un regard interrogateur. À cet instant, Najat Vallaud-Belkacem cherche à convaincre son auditoire. Nous sommes au mois de mars 2013, dans les locaux de Valeurs actuelles, et la porte-parole du gouvernement est invitée pour l’un de nos déjeuners de rédaction, où nous recevons des responsables politiques de gauche comme de droite. Ce jour-là, la ministre des Droits des femmes se lance dans une explication de l’impopularité du président. « Le plus dur, explique-t-elle, c’est que, contrairement aux idées reçues, le peuple de droite n’est pas légitimiste. » Regards interloqués. « Je vous assure, poursuit-elle, une partie non négligeable des électeurs de droite n’a pas accepté la victoire de François Hollande, en mai 2012, et ne la digère toujours pas. » Un temps, puis : « Il est très difficile de gouverner dans ces conditions. »
À cet instant, rien, pourtant, ne laisse présager à ce point l’échec du président de la République. Rien, à l’exception de son mutisme face à la “manif pour tous”, n’annonce son divorce d’avec l’opinion — il est aujourd’hui considéré par 53 % des Français comme le pire président de la Ve République (lire notre sondage exclusif page 16). Rien ne laisse imaginer non plus que, moins d’un an plus tard, il aura, sur fond de déclin de l’économie française, divisé et affaibli le pays, voire contribué à le ridiculiser avec l’affaire Leonarda ou ses reculades à répétition — taxation de l’épargne, écotaxe, réforme fiscale… En mars 2013, pourtant, l’une de ses ministres, et non des moindres, redoute déjà le procès en légitimité instruit contre François Hollande.
On pourra certes rétorquer que ces doutes sur la légitimité de la gauche au pouvoir furent invoqués à chaque fois qu’elle a gouverné. Chirac lui-même n’exprimait-il pas, dès 1981, ses doutes quant à la capacité de Mitterrand d’aller au bout de son mandat ? N’a-t-on jamais parlé de « parenthèse socialiste » pour mieux minimiser l’impact des années de pouvoir de la gauche ? Alors ministre de l’Économie, l’UMP François Baroin ne s’est-il pas laissé aller, en pleine séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, provoquant une bronca sur les travées socialistes, à reprocher à la gauche d’être arrivée au pouvoir « par effraction », en 1997 ?
Comme s’il fallait illustrer cette fébrilité de la gauche, le premier ministre s’embarque lui aussi, et de son propre chef, sur ce terrain de la “légitimité”. Nous sommes le 12 novembre dernier. À l’Assemblée nationale, l’UMP Christian Jacob se lance dans une diatribe contre le gouvernement. Exercice classique, pour le chef de file du principal groupe parlementaire de l’opposition : « Dix-huit mois après avoir pris le pouvoir, vous êtes impuissants et, osons le dire, vous êtes usés », attaque-t-il. Regards de défi dans les rangs de la droite, sourires crispés dans les travées socialistes. Silence gêné du gouvernement. Et Jacob de reprendre : « François Hollande a instauré une présidence molle, sans autorité, sans relief, une présidence qui bat tous les records d’impopularité. Vous-même [Jean-Marc Ayrault, NDLR], vous êtes à la tête d’un gouvernement fantôme, rejeté par 91 % des Français. » Puis de conclure, définitif : « Monsieur le premier Ministre, la grave situation à laquelle nous sommes confrontés impose un sursaut. L’horizon de la France ne peut se limiter au nombre de jours où vous resterez à Matignon ! » L’habituel murmure qui marque la fin de la question parcourt l’Hémicycle. Ayrault va répondre. Fait inhabituel, il perd ses nerfs devant cet exercice anodin pour tout chef de la majorité accusé par l’opposition. « Quand vous vous obstinez à vouloir faire croire qu’il y aurait une crise institutionnelle, de quoi parlez-vous, monsieur Jacob ? s’emporte le premier ministre. Remettez-vous en cause la légitimité du suffrage universel ? Je vous pose la question ! » Najat Vallaud-Belkacem baisse les yeux. Ayrault tempête à nouveau : « Je ne pense pas que vous mesuriez la portée de votre discours […] quand vous remettez en cause l’élection du président de la République au suffrage universel ! » Jacob s’agite pour balayer d’un revers de main le procès d’intention. Comme pour conjurer le sort, Ayrault crie l’évidence : « François Hollande a été élu président de la République pour cinq ans ! »

C'EST A VOIR....

Appel de détresse

Appel de détresse


La violence appelle, malheureusement, la violence. Le bijoutier de Sézanne qui a abattu un braqueur était attaqué pour la quatrième fois. Il a brandi son arme pour se défendre. C’est à la justice, désormais, de déterminer s’il y a eu légitime défense. En attendant, on se bornera à constater que le commerçant faisait face à une agression caractérisée. Les deux braqueurs avaient visiblement sous-estimé la capacité du bijoutier à s’opposer à leur attaque. Mal leur en a pris.
Sitôt ce drame connu, les témoignages de solidarité avec le commerçant se sont multipliés. Ils témoignent d’un ras-le-bol généralisé face à la recrudescence de ce que l’on hésite à encore appeler la « petite criminalité ». Outre la multiplication des braquages, on note une très forte hausse des cambriolages en France. À cela viennent s’ajouter les vols agricoles, véritable pillage des campagnes.
Cette vague de criminalité fait régner un climat d’inquiétude dans un pays déjà fortement atteint par la morosité que génère la crise économique. Privés d’emplois, en perte de pouvoir d’achat, les Français vivent très mal la délinquance quotidienne.
Ce désarroi explique également les réactions de rejet à l’égard de certaines communautés dont sont originaires plusieurs bandes mises en cause à de nombreuses reprises dans des affaires de vols. Ces gangs se jouent des frontières et font souvent usage de violence. Ils ajoutent à l’inquiétude due au petit banditisme issu des quartiers. Qu’ils soient ou pas situés en zones de sécurité prioritaire.
Le danger est grand de voir les citoyens s’armer, comme à Sézanne ou à Nice. La loi du Colt renvoie à une image plus proche de l’Ouest sauvage que de la démocratie apaisée. La tentation de l’autodéfense n’est pas récente, elle n’en demeure pas moins inquiétante. L’État et l’Europe doivent mieux prendre en compte les inquiétudes de leurs citoyens. Inquiets, déboussolés, ceux-ci multiplient les appels au secours. Le vote en faveur des partis d’extrême-droite est un signal de détresse adressé à des gouvernements qui semblent oublier le bien-être de leurs concitoyens, de plus en plus persuadés d’être condamnés à souffrir dans la solitude.

L'épine qui piquait le pied de l'UMP : comment Nicolas Sarkozy doit-il jouer son retour pour se transformer en recours pour la droite ?


"Cette année 2013 a été celle des cartes postales, 2014 sera celle du recommandé avec accusé de réception", prévient Brice Hortefeux, fidèle de Nicolas Sarkozy. Et d'après un sondage Ifop/Atlantico, 60% des sympathisants UMP choisiraient l'ancien président pour les représenter en 2017.

- D'après un sondage Ifop pour Atlantico, 60% des sympathisants UMP souhaitent voir Nicolas Sarkozy représenter l'UMP lors de la prochaine élection présidentielle (voir ici). L'ancien président de la République est-il une épine dans le pied de l’UMP, mais en même temps la seule chance de la droite de revenir au pouvoir ? Ou bien risque-t-il de la couler ?

Maxime Tandonnet : Il me semble aberrant de considérer Nicolas Sarkozy comme "une épine dans le pied" de la droite. Les Français attendent des solutions à la crise qu’ils subissent de plein fouet, économique, sociale, ou sur le plan de la sécurité. Le drame politique de la droite, ce n’est pas la personne de  l’ancien président. C’est qu’elle est incapable de proposer des solutions voire de montrer qu’elle est au travail pour préparer l’alternance. La crise de l’UMP est identitaire. Le parti, déboussolé, est en perte de repère sur l’Europe, l’économie, l’immigration, la sécurité. Nicolas Sarkozy n’y est évidemment pour rien. Il se trouve dans une situation étrange où on lui reproche à la fois de se taire et de parler quand il s’exprime même discrètement. Je me souviens qu'à l’Élysée il ne cessait de répéter que l’essentiel réside dans la "bataille des idées". L’UMP, déchirée par ses querelles de personnes, semble avoir renoncé à ce message fort de l’ancien chef de l’État.

Thomas Guénolé : En vue de 2017, pour l’UMP et le ‘‘peuple de droite’’, Nicolas Sarkozy est aujourd’hui le choix le plus sûr. Si l’on se base sur les enquêtes d’opinion, c’est de très loin le candidat le plus mobilisateur de l’électorat de droite au premier tour. Or, face à Marine Le Pen qui pointe à 18-20%, pouvoir assurer la qualification au second tour est un atout crucial. Quant au second tour en lui-même, peu importe le candidat de la droite. Si l’adversaire est François Hollande, n’importe quel candidat de droite le battrait en l’état actuel des enquêtes d’opinion. A fortiori si l’adversaire est Marine Le Pen.
Geoffroy Lejeune : Il est à la fois une épine parce qu’il empêche l’émergence d’un vrai chef et la seule chance de la droite de revenir au pouvoir parce qu’à l’heure actuelle, personne à part lui n’est en mesure de relever le défi de la droite en 2017 : éviter un second tour Marine Le Pen - Hollande. Voilà tout le paradoxe Sarkozy. C’est pour cela qu’il risque, dans le même temps, de couler la droite : s’il ne revient pas, elle sera plus faible que jamais pour aborder les prochaines élections présidentielles. 

Quelles sont les conditions nécessaires pour son retour ? Dépendra-t-il davantage du contexte ou de son projet et de sa vision ? Ces différentes conditions doivent-elles forcément être réunies ?


Maxime Tandonnet : Je crois qu’il faut distinguer deux choses. Son retour à la vie publique active et au débat d’idées me paraît inévitable compte tenu de sa personnalité et de sa passion de la chose publique. Cela interviendra quand il sentira le moment favorable. Le rythme d’une présidence de la République active, comme il la concevait, est infernal, de même que les coups et les insultes que l’on reçoit en permanence. Sur le plan humain, une période de ressourcement est inévitable et celle-ci prendra fin tôt ou tard. En revanche, il serait prématuré et hasardeux de spéculer sur un retour à l’Elysée. Lui-même dans ses propos relatifs à l’approche de l’élection de 2012, mettait l’accent sur les aléas extraordinaire de la vie électorale, soulignant fréquemment que jamais un candidat, donné gagnant un an à l’avance, ne l’avait emporté. Alors, à 3 ans et demi… Sa conception de l’histoire donne une grande part à l’imprévisibilité des événements. Tout dépendra des circonstances. S’il devait se porter candidat, ce ne serait sûrement pas, je l’imagine, par goût personnel - il affirmait souvent qu’on ne remonte pas les sources d’un fleuve – mais parce que des circonstances exceptionnellement dramatiques et un appel populaire l’inciteraient à replonger dans la mêlée électorale.

Thomas Guénolé : Votre question nous rajeunit de plus d’un an, car c’est dans une tribune au Monde, en août 2012, que j’avais listé ces conditions. Il y en a huit : une mauvaise conjoncture économique persistante en 2016, aucun nouveau chef pour la droite pendant sa vraie-fausse absence, pas de verrouillage de la désignation du candidat de l’UMP, pas de parasitage par les affaires judiciaires, une présence persistante mais délibérément rare de Nicolas Sarkozy dans le débat public sur des sujets solennels, une entrée en campagne dès un an avant l’élection, réussir à corriger le problème d’image sur le comportement personnel rejeté par une partie de son propre camp, et enfin, bien sûr, le fait que Nicolas Sarkozy veuille se représenter. Peu ou prou, il est indispensable que ces huit conditions soient remplies pour que Nicolas Sarkozy soit réélu président en 2017.
 
Geoffroy Lejeune : "A ce stade, la seule certitude, c’est que rien ne se passera comme on l’a prévu", m’a récemment confié un proche de l’ancien président. Je pense qu’il a raison : les circonstances en politique sont tellement mouvantes qu’il est difficile de faire des pronostics. Toutefois, j’aime beaucoup l’analyse que m’a confié en novembre 2012 l’ancien ministre Brice Hortefeux : il misait sur la déliquescence du pouvoir, sur la cacophonie à droite en l’absence de chef, et sur la montée du Front national, accentuée par le fait que, pour la première fois, les élections européennes arrivent moins de deux mois après les municipales et que le FN capitalisera sur ses résultats aux premières pour faire un exploit au secondes. Un an plus tard, rien ne l’a contredit. 

La percée du FN, si elle se confirme,  peut-elle accélérer son retour ou au contraire l'empêcher ?


Maxime Tandonnet : Franchement, je ne vois pas de raison pour que, comme vous le laissez entendre, le FN soit  au centre de ses pensées et de ses projets. La médiatisation de ce parti est en ce moment impressionnante, mais sa percée dans les sondages – d’ailleurs toute relative –  n’est pas surprenante compte tenu du contexte.  Ce parti  bénéficie des renoncements d’une classe politique en ce moment inaudible sur les grands sujets de fond, l’Europe, l’immigration, la Nation, l’autorité, la sécurité. La tragédie des socialistes au pouvoir et l’incapacité de l’UMP à incarner une solution de rechange crédible, sont tout logiquement à l’origine de la montée du FN dans les sondages. L’enjeu aujourd’hui, ce n’est pas de terrasser "un diable" quelconque, mais de restaurer la vie publique dans sa dignité, de proposer à la nation des perspectives crédibles, solides et sérieuses. La question européenne est absolument vitale à cet égard et il incombe aux dirigeants de l’opposition démocratique de définir une troisième voie entre une béatitude fédéraliste que les Français ne supportent plus et la tentation suicidaire de l’isolationnisme et du protectionnisme.

Thomas Guénolé :  En 2014, s’agissant du FN, il faut bien distinguer les municipales des européennes :
- Aux municipales, je ne crois pas à un raz-de-marée frontiste. Je pense que le FN provoquera un certain nombre de triangulaires, notamment dans le grand sud de la France, comme lors des législatives de 1997. Je pense qu’il n’y aura que peu de villes, de petite taille, concentrées dans deux à trois départements du sud, dans lesquelles le FN aura une fenêtre de tir pour gagner des mairies, comme lors des municipales de 1995. Je pense qu’en raison d’une poignée de cas où l’UMP locale passera des accords paniqués d’entre-deux tours avec le FN local, les médias mainstream passeront l’entre-deux tours à traiter du sujet des alliances UMP-FN, quand bien même il n’y aurait qu’une dizaine de cas sur 36 000 élections municipales. Et je pense qu’à cause de l’impuissance à boucler ses listes dans toutes les villes de France, le FN fera un score national artificiellement rabaissé qui sera par erreur considéré comme faible, comme pour le MoDem aux municipales de 2008.
Aux européennes, a priori le vote-sanction, le vote-vengeance, jouera à plein dans des élections que bon nombre d’électeurs considèrent sans importance et dont ils comptent donc profiter pour se lâcher en jetant une grenade dégoupillée dans l’urne : voter pour le ‘‘diable’’, voter FN. Si l’on ajoute à ça une probable forte abstention des autres électorats, le FN peut donc dépasser 25% et arriver en tête du scrutin. Cependant, avec une majorité PS-EELV en déroute, en fait, tout est entre les mains des chefs de file de campagne de l’UMP, de l’alliance UDI-MoDem, et du Front de gauche : celui qui aura le cran et le talent de faire frontalement campagne face au FN et de battre Marine Le Pen en duel télévisé pourra créer la surprise, comme Bernard Tapie face à Le Pen père jadis.
Toujours est-il que si le FN, faute de champion anti-FN, finit premier des élections européennes, alors Nicolas Sarkozy a une fenêtre de tir en or massif pour faire une conférence de presse solennelle de ‘‘contre-président’’ de la République, descendant en quelque sorte de l’Aventin pour dire ce qu’il estime devoir être fait par le gouvernement et surtout par l’opposition face à la poussée du FN.    
Geoffroy Lejeune : A mon sens, la percée du FN ne peut qu'accélérer son retour , car elle le rend indispensable. Parce qu’il écoutait son conseiller Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy a été le seul homme politique à faire baisser le Front National. On ne le dira jamais assez, il fait tomber en 2007 le Front national à 10% alors que Le Pen avait fait 16% au premier tour en 2002 et s’était qualifié pour le second tour ! Pour l’instant, personne d’autre que Sarkozy n’a réussi à faire « dégonfler » le FN. 

D'après Le Point, Nicolas Sarkozy pourrait revenir par la gauche. L'ancien président estime qu’il manque une forte teinte sociale aux programmes de François Fillon et Jean-François Copé. Selon lui, la percée de Marine Le Pen s’explique autant par son discours sur l’identité que par ses positions sociales. Cette stratégie vous paraît-elle crédible et pertinente ? Ou susceptible de couler la droite ?


Maxime Tandonnet : Sans doute, mais ce n’est pas contradictoire avec ce que l’on connaît de Sarkozy. Chez lui, le social, ce n’est en aucun cas l’assistanat, mais  la possibilité de vivre de son travail, en sécurité et dans des conditions optimales de dignité sur le plan de l’habitat, du transport, de l’éducation. Peu importe qu’on appelle cela de gauche ou de droite…  Il sait aussi qu’à la suite d’une éventuelle alternance, dans 3 ans et demi, les futurs responsables du pays auront à apporter des solutions à des sujets colossaux, tels la dette publique, le fardeau fiscal, la libération des énergies et des entreprises. Quels que soient les futurs dirigeants, ils seront confrontés à de gigantesques défis et à des épreuves terribles. J’ajoute que si Sarkozy devait un jour revenir aux affaires, il y a trois attitudes de sa part qu’il faut exclure par avance car totalement étrangères à sa mentalité : se défausser de ses responsabilités sur ses prédécesseurs, tenter d’enfouir la poussière sous le tapis en manipulant les réalités, où attendre des jours meilleurs en faisant le gros dos.

Thomas Guénolé :  Je suis totalement d’accord avec cette stratégie de ‘‘virage social’’. Je pense que les tenants de la ligne Buisson, ou ligne de lepénisation, sont des stratèges du dimanche et que la droite leur doit ses défaites électorales successives systématiques depuis 2008. J’en veux pour preuve que plus la ligne Buisson s’est affirmée à l’époque à l’Élysée, plus l’électorat de centre-droit s’est abstenu, cependant que l’électorat d’extrême centre se mettait à voter à gauche.
Au demeurant, cette idée d’un ‘‘virage social’’ correspond à la fois à la ligne Guaino gagnante en 2007, celle d’un rassemblement gaulliste des quatre familles de la droite avec ouverture à gauche, et à ce que Nicolas Sarkozy avait tenté fin 2010 : nommer Jean-Louis Borloo à Matignon. À l’époque, François Fillon avait empêché sa propre éviction du poste de Premier ministre en organisant en sous-main la fronde du groupe parlementaire UMP à l’Assemblée nationale : sans cela, Jean-Louis Borloo lui succédait fin 2010, et dès cette époque le ‘‘virage social’’ serait intervenu. En temps de crise économique et sociale aiguë, il faut être adepte du déni de réalité ou ancien rédacteur en chef de Minute pour croire qu’une stratégie de copié-collé des messages-clés du FN avait davantage de chances de l’emporter que cette stratégie-là.
Geoffroy Lejeune : Je n’appelle pas l’introduction de mesures sociales dans un programme un "retour par la gauche". En cela, Laurent Wauquiez a raison : la droite a fait une erreur majeure de confier le social à la gauche et de le laisser à Martin Hirsch quand elle gouvernait. Cela dit, l’interprétation médiatique de cette stratégie de Sarkozy me laisse pantois : parce qu’il a fait référence à l’ouverture - pour mieux en condamner les méfaits - dans son discours sur Chaban, la presse croit savoir que Sarkozy veut "tenter un retour par la gauche". Si c’est vrai, c’est une folie : les électeurs de Sarkozy sont à sa droite, et il le sait. Sarkozy a perdu en 2012 parce que 2 millions d’électeurs qui venaient pour la plupart de voter pour Marine Le Pen ont glissé un bulletin blanc dans l’urne le 6 mai 2012. C’est eux qu’il faut convaincre, et il vaudra mieux pour ce faire ne pas leur promettre Bernard Kouchner, Fadela Amara et Martin Hirsch au gouvernement…  

L'ancien chef de l'Etat est connu pour son impulsivité. Dans la perspective de son retour, sa forte personnalité est-elle son meilleur atout ou son pire ennemi ?


Maxime Tandonnet : La difficulté de l’exercice serait alors de rester lui-même tout en changeant. Son impulsivité, comme vous dites, est l’autre face de sa volonté de fer, de son énergie et de sa créativité, qualités qui sont réelles, infiniment supérieures à la moyenne des personnalités politiques, et qu’ont constatées tous ceux qui l’ont côtoyé. Ces qualités, dans une telle hypothèse, seront indispensables pour relever les défis phénoménaux auxquels le pays sera confronté. Mais les temps changent, l’expérience fait son œuvre. Il lui faudrait sans doute, en pareille hypothèse, présider le pays tout autrement, de manière plus consensuelle, fixant les grandes orientations et s’appuyant sur un Premier ministre qui serait le chef de gouvernement et dirigerait effectivement le pays, à la tête d’une équipe solide et volontaire.

Thomas Guénolé : Les deux. Ce que vous appelez sa forte personnalité, ce sont plus prosaïquement le charisme et le sens du commandement. Cela ne va pas sans désinhibition. Je pense cependant qu’il est lui-même parfaitement conscient de ce que son rapport à l’argent, son agressivité débridée et son manque de solennité comportementale lui ont coûté électoralement. De fait, grosso modo à partir de 2010, il avait déjà amorcé et en grande partie réussi sa mue vers un comportement public plus austère, plus en retenue, plus solennellement présidentiel. Je ne pense donc pas qu’il y ait un risque pour ses ambitions de retour à l’Elysée sur ce plan-là. Par contraste, le risque de réécouter les apprentis sorciers de la ligne Buisson est beaucoup plus dangereux.
Pour résumer, le Sarkozy de 2013 devrait s’inspirer du Sarkozy de 2004-2007 : celui qui faisait systématiquement deux pas à droite et un pas à gauche ; le tout en investissant, au moins une fois par semaine, soit un thème qui était jusqu’alors en jachère, soit une proposition qui n’était jusqu’alors défendue par personne.
Geoffroy Lejeune : C’est bien sûr les deux à la fois. Mais on observe une chose intéressante : Sarkozy a été battu en 2012 parce que de nombreux électeurs lui reprochaient ce qu’il était plus que ce qu’il faisait. La débâcle de Hollande, qui, lui, a été élu sur l’antisarkozysme, fait revenir le balancier dans l’autre sens ! Et, selon, un récent sondage publié dans Valeurs actuelles, les Français commencent à regretter les qualités de Sarkozy, énergie, courage, dynamisme, etc. J’ajoute que, depuis le 6 mai 2012, Sarkozy s’est fait silencieux et n’a cédé à aucun moment à la facilité de parler, de se montrer, etc, alors que la plupart de ses amis l’y encouragent. Cela démontre un sang-froid exceptionnel, aux antipodes du caractère qu’on lui connaît.

La droite a-t-elle aujourd'hui une autre option ? Plus tard ?

Maxime Tandonnet : Il ne faut pas forcément raisonner en partant des personnalités, même si le mode d’élection du chef de l’Etat y pousse. Pour l’instant, la droite a le devoir d’incarner collectivement une alternance crédible en offrant une image respectable d’elle-même et en s’engageant dans la bataille des idées. On ne sent pas aujourd’hui dans les sondages se développer une osmose entre la nation et un homme ou une femme qui s’imposerait dans l’opinion, mais cela me paraît tout à fait normal. Dans l’histoire de la vie politique française, sous la Ve République, la "rencontre" entre un peuple et son futur président, parfois des plus inattendues, ne s’exprime que dans les 3 ou 4 mois précédant l’élection présidentielle. Nous en sommes bien loin.
 
Thomas Guénolé : Non. Pour l'UMP, il n'y a pas d'alternative à la candidature de Nicolas Sarkozy. Il faut dire qu’il y a veillé lui-même. À cet égard, sans vouloir faire injure à Jean-François Copé, dans sa victoire à la Pyrrhus pour la présidence de l’UMP, il a surtout été le trustee de Nicolas Sarkozy afin d'empêcher François Fillon de prendre la place.

Effets secondaires

Effets secondaires



Il y a des effets secondaires à la liberté comme il y en a au progrès ou à certains médicaments. Pour la première fois, cette semaine, aurait dû être plaidée devant la Cour européenne des droits de l'homme une affaire sur la question du voile intégral. C'est une jeune française musulmane qui a assigné son pays en contestant la loi, en vigueur depuis 2011, qui interdit la burqa dans l'espace public. L'audience a été reportée, mais il reste le fond et cette attaque contre la République laïque par le plus obscur des communautarismes. Dans les pays moyenâgeux où la loi religieuse impose cet accoutrement discriminant la plaignante aurait sans doute été réduite au silence ou lapidée.
Ainsi va notre démocratie qui pour protéger la liberté de conscience de ses citoyens protège aussi ceux d'entre eux qui nient ses principes fondateurs et bafouent les règles du vivre ensemble. Notre démocratie tellement démocratique que ses ennemis ont compris que l'on peut en France porter n'importe quel drapeau sans risquer de se faire couper la main. Et même s'inspirant de la loi du Talion chère aux talibans, contester l'État de droit.
Jusqu'au-boutiste du défi, la jeune femme et ses manipulateurs vont même jusqu'à arguer du non-respect de sa vie privée et de ses convictions. Étrange vie privée que celle où l'on se grillage pour échapper au regard de l'autre. Étranges convictions religieuses que celles qui prétendent que le droit peut être différent selon la communauté à laquelle on appartient. La Cour, en tout cas peut-on l'espérer, lui répondra que la laïcité est un principe constitutionnel qui édicte que les convictions d'un clan ne peuvent pas s'imposer à la loi générale. Peut-être devrait-on lui faire dire aussi qu'au nom de croyances, non religieuses celles-là, dans la force des marchés et les vertus du libéralisme de graves violences économiques et sociales sont commises.
Quel paradoxe en ces jours où l'on salue la « Marche des beurs » de 1983 comme une victoire de l'égalité sur la violence raciste. Éphémère victoire puisqu'il faut encore manifester pour tenter de provoquer un sursaut républicain et revendiquer les mêmes droits pour tous ceux qui sont différents.

Les députés votent la pénalisation des clients de prostituées

Ils ont adopté, dans la nuit de vendredi à samedi, cette mesure phare de la proposition de loi sur la prostitution, qui punit l'achat d'actes sexuels de 1 500 euros d'amende. Le vote sur l'ensemble du texte aura lieu mercredi, avant d'être examiné plus tard au Sénat.


L'Assemblée nationale a adopté, dans la nuit de vendredi 29 à samedi 30 novembre, la pénalisation des clients de prostituées, mesure phare de la proposition de loi sur laprostitution.
Le vote sur l'ensemble du texte aura lieu mercredi 4 décembre, avant d'être examiné plus tard au Sénat.

1 500 euros d'amende pour les clients

Les députés ont voté à main levée la disposition la plus controversée du texte, qui punit l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1 500 euros. En cas de récidive, l'infraction deviendra un délit puni d'une peine d'amende de 3 750 euros, dans "un souci de pédagogie et de dissuasion, graduelle et progressive". Alternative à l'amende ou sanction complémentaire, un "stage de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels" est prévu.

Un parcours d'insertion pour les prostituées

Les députés ont aussi abrogé le délit de racolage passif, institué par Nicolas Sarkozy, qui pénalisait les prostituées. Ils ont également voté des mesures d'accompagnement social pour celles qui veulent quitter la prostitution, avec l'allocation d'un fonds de 20 millions d'euros par an. Les étrangères engagées dans ce "parcours de sortie" chapeauté par une association agréée pourront prétendre à un titre de séjour de six mois, éventuellement renouvelable.

"La France n'est pas un pays d'accueil de la prostitution"

Avant le vote des amendements, les députés favorables à ce texte transpartisan avaient démonté les arguments de ceux qui défendent la "liberté" des prostituées. "Il suffirait qu'une seule prostituée se dise libre pour que l'esclavage des autres soit respectable ?" a martelé la rapporteure du texte, la députée Maud Olivier (PS). Et la ministre des Droits des femmes, NajatVallaud-Belkacem, de renchérir  "La France n'est pas un pays d'accueil de la prostitution. Le sujet ça n'est pas la sexualité. Le sujet c'est l'argent qui nourrit le proxénétisme.", a-t-elle insisté.
Seuls les écologistes sont vraiment montés au créneau contre le texte, à l'instar de Sergio Coronado. "Cela vous est inconcevable qu'il puisse y avoir consentement dans un acte sexuel tarifé. Vous opposez des femmes toujours victimes, des hommes toujours coupables", a lancé le député EELV, pour qui "éloigner les prostituées des lumières de la rue, c'est les reléguer dans l'obscurité".
Deux rassemblements étaient organisés aux abords de l'Assemblée. L'un d'environ 150 personnes, à l'appel du Syndicat du travail sexuel (Strass), l'autre d'une cinquantaine de personnes à l'appel de certaines associations féministes. "Vous couchez avec nous, vous votez contre nous. Non, non non à la pénalisation", scandaient les manifestants du Strass
AH LES CONS ! ILS ONT OUVERT LA BOITE DE PANDORE, ET L'ESPÉRANCE EST RESTÉE CONCÉE À L'INTÉRIEUR.....COMME TOUJOURS. 

Pris à ses mots !

Pris à ses mots !


Parce que le chômage constitue un drame quotidien pour trop de familles, évitons de l'appréhender sous un angle polémique ou politicien. Reconnaissons pourtant que la journée d'hier a malheureusement donné lieu à beaucoup trop d'inutiles circonvolutions verbales autour de l'hypothétique inversion de la courbe du chômage. La faute en revient principalement à François Hollande qui s'est tendu un piège en faisant de la baisse du nombre de chômeurs, à la fin de l'année, un puissant marqueur de son début de quinquennat. Ce « pari » a entraîné une fixation inappropriée autour d'une date devenue fatidique.
En quelque sorte, François Hollande s'est pris à ses propres mots, se condamnant à réussir ou à subir un échec. Voilà pourquoi ses propos d'hier matin en déplacement, sur la bataille contre le chômage qui, mois après mois, « prendra le temps qu'il faudra », ont immédiatement été assimilés à la reconnaissance implicite que l'objectif ne serait pas atteint en temps et en heure. Les laborieux correctifs intervenus ensuite n'ont pas gommé l'impression de confusion générée par cet « acte manqué » élyséen.
Le problème est qu'avec la focalisation sur une date-butoir et l'embrouillamini de la parole présidentielle, s'est installé un soupçon sur la fiabilité des chiffres. Il est temps de s'affranchir de ce couperet qui accapare les esprits, pour analyser les statistiques sans a priori. Il est à noter que la baisse du chômage de 0,6 %, pour la catégorie A, annoncée hier soir, a été accueillie sans triomphalisme par la gauche et sans excès de dénigrement par la droite.
C'est heureux parce que ces chiffres ne sont ni vraiment bons ni vraiment mauvais. En cumulant avec les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite, le chômage est toujours à la hausse. De même que les contrats aidés contribuent à la réduction continue du chômage des jeunes. Trop de plans sociaux, trop de signaux économiques inquiétants, interdisent d'envisager avec certitude une embellie durable. Il faudra attendre encore des mois et des mois. François Hollande a eu raison… de se tromper hier !