TOUT EST DIT

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samedi 16 novembre 2013

"L'État et la société civile ne se comprennent plus"

Directeur de la Fondation pour l'innovation politique, Dominique Reynié organise le 16 novembre, à Paris, un événement inédit baptisé "Le progrès, c'est nous !".


Le Point : La Fondapol revendique le progrès. Pourquoi ? Cela ne va pas de soi ?
Dominique Reynié : Non, l'idée de progrès ne va pas de soi, et c'est pourquoi nous lui consacrons le grand événement de la Mutualité. Au-delà des résultats du progrès, aujourd'hui c'est l'idée même qui est plus souvent attaquée, voire rejetée ; les bienfaits du progrès peuvent être contestés. D'autres voient en lui un "changement" subi. Ils le vivent comme une normalisation douloureuse, voire autoritaire, ils éprouvent un arrachement ou une perte. Il est vrai que le progrès ne désigne qu'un processus de déploiement ; cela ne dit rien de sa qualité intrinsèque : un mal peut progresser, un bien peut progresser.
Si la France veut retrouver le chemin du progrès, ne devrait-el
le pas commencer par supprimer le principe de précaution ? 

Certainement ! En 2004, nous avons inscrit dans la Constitution l'idée que l'innovation est a priori soupçonnable ; nous nous sommes engagés sur la voie d'une constitutionnalisation du refus du risque. Cela revient sinon à interdire du moins à brider les qualités et les dispositions qui permettent à une nation de prospérer. La menace que fait peser le principe de précaution sur toute personne amenée à prendre une décision, de l'entrepreneur au directeur d'école, favorise l'attentisme, l'indécision, l'inaction. Le principe de précaution encourage une culture de l'abstention. C'est la mouche tsé-tsé piquant toute une nation. Quel retournement si l'on songe que, depuis la Renaissance et au moins jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'esprit français a porté avec tant d'éclat et de puissance les idées d'humanité, de raison et de liberté !
Dans quelle mesure le système étatique français hypercentralisé est-il un frein au progrès ?
En effet, l'étatisme est l'idéologie française par excellence. Là est bien notre véritable pensée unique ! Nul n'aura l'idée de contester la nécessité absolue d'un État, mais l'étatisme, c'est autre chose ! C'est une conception particulière de la puissance publique et de son rôle, fondée sur une défiance envers la société civile. Pour la pensée étatiste, rien de bien, rien d'important ne se fait sans l'État. Vous fâcherez un étatiste en soutenant que, au cours de la dernière décennie, Microsoft, Apple ou Google ont plus changé la France que toutes les politiques publiques supposées réformistes. L'étatiste comprend très difficilement que l'intérêt général puisse émaner de l'activité d'entrepreneurs, d'associations, d'individus, etc., toujours soupçonnés d'agir pour de vils motifs particuliers et privés... Si, dans l'Histoire, l'étatisme a pu donner le jour à la figure d'une puissance publique souveraine et majestueuse, aujourd'hui, la seule puissance dont l'État est capable a pour principal visage l'excès fiscal et la profusion réglementaire ! Or, c'est cet État hypercentralisé, parisien, tatillon et dirigiste qui bride voire empêche aujourd'hui le déploiement de l'immense force créatrice portée par la société civile. On lit souvent que les Français ne font pas confiance à leurs responsables politiques, mais on sait moins que, de même, ils estiment que les responsables politiques ne leur font pas confiance. La défiance de l'État et des responsables publics envers la société civile est devenue un obstacle pour notre pays. Bien des problèmes que nous cherchons vainement à résoudre disparaîtront lorsque l'État décidera de faire confiance aux Français, de les laisser faire.
Quelle est la part de responsabilité des élites ? 
Lorsque l'on parle des "élites", généralement pour les dénoncer, les contours du monde désigné ne sont pas très clairs. Ces "élites" problématiques ne sont pas toutes les élites mais une partie seulement. Ce sont en fait les élites sociales du monde de la haute administration, de la grande entreprise, de la politique, de la culture et des médias nationaux. Sociologiquement, leur ancrage parisien les place à une grande distance culturelle et sociale du reste de la société. Elles sont largement liées au sommet de l'État, dont elles partagent souvent la culture centralisatrice et l'esprit dirigiste. Ce n'est pas nécessairement une spécificité française ; en revanche, plus singulier est le rôle quasi exclusif joué par l'excellence scolaire dans la définition des élites. Il y a pourtant d'autres formes de réussites aussi remarquables que l'école. C'est peu dire qu'elles ne sont pas reconnues. Voyez, par exemple, le parcours d'un David Layani [créateur de la société de conseil OnePoint], qui n'a pas eu besoin de concours ou de palmes académiques pour devenir un entrepreneur d'exception. Au coeur de l'école, l'enseignement a laissé s'installer une idéologie dominante de type étatiste, où le moins qu'on puisse dire est que le jugement porté sur l'entreprise et les entrepreneurs ne risque pas d'attiser la curiosité de nos enfants qui voudraient devenir entrepreneurs. Par bonheur, tous les enfants n'écoutent pas toujours leurs maîtres ! Bien des enseignants parleraient autrement de l'entreprise s'ils connaissaient Frédéric Lippi, "entrepreneur libertaire", Ranzika Faïd, créatrice de Mobil' Douche, pour offrir, selon ses termes, la "dignité" aux SDF, ou encore l'agricultrice aveyronnaise Sarah Singla, et tant d'autres... Non seulement la réussite scolaire joue chez nous un rôle exorbitant, mais l'excellence scolaire est elle-même dominée par la culture de l'État, au point que nos trois plus prestigieuses "grandes écoles" sont toutes des écoles d'État formant aux métiers de l'État : l'École normale supérieure, l'École polytechnique et l'École nationale d'administration. La vigueur du conflit fiscal que nous vivons aujourd'hui tient aussi au fait qu'il oppose deux mondes sociaux qui ne s'estiment pas et ne se comprennent plus, l'État et la société civile.
Le populisme est-il un refus du progressisme ? 
Le populisme est une protestation liée, en effet, à une phase de profond changement économique et social. Ces périodes de bouleversement historique font des gagnants et des perdants. Les gagnants qualifient ce changement de progrès quand les perdants y voient au contraire un déclin. Ceux qui perdent ont peu de chances de se rétablir un jour, d'où cette rage dont les entrepreneurs en populisme font leur miel, très cyniquement.
"Le progrès, c'est nous !". Le samedi 16 novembre jusqu'à minuit, 170 intervenants se succéderont sur scène : penseurs, artistes, entrepreneurs... Programme et inscription impérative sur le site :www.fondapol.org. Entrée gratuite.

Ecotaxe : entre 2 100 et 4 200 camions mobilisés sur les routes

La fédération de routiers Otre réclame "l'annulation pure et simple du contrat Ecotaxe avec Ecomouv". Francetv info fait le point sur la circulation, en fin de matinée.

Après les tracteurs, les camions. Au moins 2 100 poids-lourds se sont mobilisés à travers la France contre l'écotaxe, samedi 16 novembre, selon le ministère de l'Intérieur. La fédération de routiers Otre, qui a lancé l'appel à la mobilisation, évoque le chiffre de 4 200 camions à la mi-journée. Francetv info fait le point sur les perturbations.

Qui sont les manifestants ?

L'Otre, qui représente les petites entreprises du secteur des transporteurs routiers, compte 3 000 adhérents qu'elle mobilise dans une quinzaine de régions. Les cortèges les plus importants sont situés en Ile-de-France, Aquitaine et Midi-Pyrénées.
"Nous avons dénombré au moins trois mille poids-lourds dans nos cortèges et 33 manifestations en tout, dont 16 de l'Otre et d'autres organisées par des indépendants", a déclaré Kevin Béard, en début de matinée, assurant que ce chiffre allait "bien au-delà" des prévisions de son organisation.
Autour de Paris en Seine-et-Marne, 300 à 400 routiers se sont retrouvés peu avant 10 heures avec l'intention de converger vers le marché en gros de Rungis. "On avait tablé sur 300 véhicules, là on va largement dépasser ce chiffre. La manif va être plus importante que prévu", a assuré le responsable de l'Otre sur place, Gérard Enel.

Que demandent-ils ?

Cette fédération réclame "l'annulation pure et simple du contrat Ecotaxe avec Ecomouv", société chargée de la gestion de la taxe notamment via l'installation des portiques, dont plusieurs ont été détruits au cours de manifestations, ces dernières semaines. Mardi soir, les députés UMP ont échoué à faire supprimer l'écotaxe lors du débat sur le budget 2014.

Où sont les principales perturbations ?

Bison Fûté et la Préfecture de Police de Paris (PP) ont prévu de grandes difficultés de circulation jusqu'en déut d'après-midi, particulièrement en Ile-de-France. Voici les principaux points de blocage engendrés par les opérations escargots organisées par les routiers contre l'écotaxe :
• L'autoroute A1 est fermée de 11h à 15h entre Lille et Seclin.
• Sur l'A13, déjà trois kilomètres de bouchon en direction de Rouen.
• Près de Marseille, l'A7 est bloquée aux Pennes-Mirabeau.
• Plus de 300 camions circulent sur l'A4 direction le portiquede Rungis.
• Sur la RN 10, dans les deux sens, au niveau de la barrière écotaxe située sur la commune de Barbezieux, la voie de droite est neutralisée.
• Sur l'A20, dans le sens Nord-Sud,un bouchon mobile est en cours sur soixante kilomètres après Brives.
• Sur l'A62, dans le sens Nord-Sud,une opération escargot est en cours qui se poursuit sur l’A68 en direction d’Albi.

Petites leçons de survie pour éviter le pire en temps de crise


Alors que la situation économique du pays ne cesse de s'aggraver, faute de réformes structurelles nécessaires, l'image de la France, elle aussi, en prend un coup tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Pourtant, les Français semblent bien déterminés à sortir de la spirale infernale dans laquelle est plongé le pays. Par leurs propres moyens.
Lorsque Barak Obama rencontre un chef d’État étranger, on raconte qu’il lui pose toujours la même question. François Hollande n’aurait pas récemment échappé au dialogue :
"Alors François, aurait dit le président américain, comment va la situation française, en un mot... ? 

- En un mot, répond le président français qui hésite, en un mot : bien.
- Et en deux mots, François ? 
- Barak, tu sais, en deux mots : pas bien !"
Le Wall Street Journal  raffole de ce genre d’anecdote. D’autant que pour le journal de la bourse, la situation évolue de mal en pis. Pour les Américains de New York, la France est un champ de ruines.
"C’est vrai qu’à Paris, l’impôt prélève 75 % du revenu… ?
 - C’est vrai, oui, mais pas à tous les contribuables !
- Mais c’est  75%  toutes taxes confondues ? 
- Non madame, c’est hors taxe !"
A ce moment-là du diner très chic dans un appartement luxueux à l’angle de la 5ème avenue et de la 68ème rue, l’hôtesse se tourne alors vers son mari banquier à Wall-Street :
"Darling, ce n’est peut-être pas une bonne idée que d’aller en vacances à Paris. On ferait mieux de rester en Italie avant de rentrer faire des courses à Londres. De toute façon, on m’a dit aussi que tous les magasins des Champs-Elysées étaient fermés. C’est vrai cela ???".
A ce moment-là, vous,  petit Franchie de passage, vous  faites semblant de ne pas avoir entendu. Mais quelle image ! Quel diner ! Combien de temps va-t-on laisser se dégrader ainsi l’image de la France ?
Pas facile de décrire la situation économique du pays. Pour les étrangers, elle est désastreuse.  Pour la majorité des Français  elle est mauvaise, sans visibilité,  sans espérance, ni projets. Ils ont raison. Tous les indicateurs sont au rouge. La croissance pique du nez à nouveau, l’emploi ne décolle pas, le pouvoir d’achat, les dettes, le déficit … tout part en vrille. Et pour couronner le tout, l’impôt apparait comme la dernière variable d’ajustement des finances publiques. Ce qui devient insupportable.
Quand on demande aux Français, comment ils vont, eux personnellement, la plus part répondent : " Moi ? Je me débrouille, ça pourrait être mieux mais on fait avec !! ". Les Français  sont pessimistes pour les autres, et pour le pays mais pour eux, ils  sont plutôt résignés, déçus.
"  Les Français sont découragés » disaient récemment  Valery Giscard d’Estaing, et l’ancien président de la République de répondre du tac au tac, avec son humour grinçant : « Les Français sont découragés, mais c’est normal, nous avons un président décourageant… "
Il y a du vrai bien sûr. La responsabilité du président de la République est énorme. Il a plombé son quinquennat dès le départ avec des tonnes de promesses irréalisables qui l’ont d’emblée privé de légitimité quand il s’est agi de demander un effort aux Français. Résultats : pas de politique, pas de stratégie, pas de perspectives, pas d’ambitions, pas de rêve.  La gouvernance est paralysée.
Le communiqué de Standard&Poor’s  était assassin la semaine dernière. L’agence de notation ne dénonçait pas la situation économique, elle dénonçait un pouvoir politique désormais incapable -compte tenu de la situation sociale- de proposer des reformes structurelles qui,  elles seules, pourraient faire en sorte que le pays se remette à créer de la richesse.
Faut-il pour autant sombrer dans la fatalité du déclin. L’ensemble de la classe politique spécule aujourd’hui sur des solutions politiques. Un remaniement gouvernemental, une dissolution. Bref tout balayer et essayer de retrouver une nouvelle légitimité. Possible ! Sauf qu'on retomberait dans les débats politiciens, les luttes intestines aux partis politiques pour l’accès au pouvoir. Des formes de cohabitation qui ajouteraient du chaos au chaos. Dans la mesure où aucune personnalité capable de porter un effort de redressement et de dépasser les corporatismes qui paralysent tout n’émerge, les solutions politiques paraissent vouer à l’échec.  Certains expliquent que ce n’est pas les politiques au pouvoir qu’il faut changer, mais la politique qu’ils conduisent qu’il faut revoir. Évidemment, mais comment changer de cap sans changer les pilotes, sans perdre définitivement toute crédibilité ?
Il y a donc assez peu de solutions sauf à admettre que dans l’Histoire, la crise, la vraie, la dure, a souvent rendu intelligent les gens de pouvoir. Sauf à penser que la crise rend l’opinion publique capable d’entendre un langage de vérité... Des larmes, du sang et de la sueur. François Hollande ne peut plus jouer les Churchill.
 Depuis le début de la crise, en 2008, le système économique mondial a pourtant échappé à la catastrophe par deux fois. La première fois, en octobre 2008, quand il a fallu restaurer la confiance dans le système bancaire complètement fracassé. Les chefs d’État du monde entier ont réussi à se mettre d’accord en très peu de temps sur un ensemble de garanties capables de sécuriser le système financier.
La deuxième fois quand l’Europe a signé des accords pour éviter l’explosion en raison des difficultés par la Grèce, l’Italie et l’Espagne. Fin 2011, on a enfin instauré en Europe des dispositifs d’alerte et de correction pour éviter les incendies. La France et l’Allemagne ont réussi à s’entendre sur un minimum de solidarité. On a même réussi à s’entendre sur une Banque centrale qui s’est mise à fonctionner comme les autres Banques centrales.  Ce jour-là il y avait assez peu de place à la querelle  idéologique, c’est le pragmatisme qui a permis de sauver la construction européenne. Personne ne le regrette aujourd’hui.
Le traité a été révisé. François Hollande, qui avait beaucoup menacé de le rejeter pendant la campagne, l’a accepté et l’a fait ratifier. Les faits sont têtus, les chiffres ne mentent pas. La crise rend intelligent dès qu'elle est assez grave pour mettre en jeu la survie d’un peuple ou d’une nation. L’Histoire rendra peut être justice à cette poignée d’hommes d’État et chefs de gouvernement qui ont sauvé le système. Les opinions publiques ont été ingrates. Ils ont tous été balayés par le suffrage universel. Tous, sauf Angela Merkel, qui a survécu brillamment. Décidément, l’Allemagne n’aura jamais rien fait comme les autres. Même sa démocratie ne fonctionne pas à la démagogie.
Au-delà de ces réactions de survie collective dont l’Histoire nous a souvent gratifié, il y a aussi des réactions individuelles, égoïstes. L’instinct de survie des peuples a ses limites. L’instinct de survie des hommes en a beaucoup moins. Aujourd’hui, en France beaucoup souffrent de difficultés et parfois même de la misère. Mais beaucoup aussi s’arrangent avec le ciel ou avec la loi. les Espagnols ont fait jouer les solidarités familiales, les Italiens ont réactivé les réseaux, ils sont champions du monde des réseaux. Quant aux Français les plus démunis, ils se raccrochent aux générosités du  modèle social. Ils basculent dans l’illégalité pour échapper en partie à la pression fiscale, D’autres, parce qu’ils le peuvent, s’expatrient là où la fiscalité est plus soft ou tout simplement là où ils peuvent travailler. Pour ce qui est des jeunes diplômes, des bac +7, des très riches et des retraités, on s’arrange, on se débrouille mais tout cela ne fait pas une économie forte.
Le pouvoir a fait deux erreurs énormes.
Un, il n’a pas voulu expliquer la réalité et la gravite de la crise structurelle. Il n’en a pas eu le courage, parce qu'il n’a pas voulu assumer la nécessité d’une politique d’offre qui seule pouvait nous faire gagner en compétitivité. Pour ne pas avoir à affronter le mécontentement, la gouvernance a, au contraire, nier la crise, et prétendu qu' il existait des portes de sortie.
Deux, il sous-estimé la capacité des chefs d’entreprise à s’adapter aux contraintes, à  réagir. Les responsables politiques  ne connaissaient ni l’entreprise privée, ni ceux qui les dirigent. Ils pensaient que l’Etat et les énarques pouvaient tout régler. Plus grave, ils ont considéré les chefs d’entreprise comme les responsables du fiasco. Quelle erreur que d’avoir pensé cela ! Les chefs d’entreprise sont et seront les instruments du redressement pourvu qu'on les laisse travailler.
Dans un de ses films, le réalisateur américain Spielberg fait donner à un de ses personnages un cours de management d’entreprise. Le film, c’est Catch me if You Can.Dans la pénombre d’une salle de conférence, Di Caprio écoute, ébahi, un professeur raconter l’histoire de deux petites souris.
"  Deux petites souris tombent dans un sceau plein de crème. La première désespérée se laisse mourir immédiatement. La seconde refuse ce destin funeste et se débat. Elle se débat tant et tant qu'elle transforme la crème en beurre…et ainsi elle sort du sceau.  Je vous propose, dit le professeur, d’appartenir à la famille de la deuxième petite souris.".
Les chefs d’entreprise sont de cette espèce-là.

Berlin dans le collimateur de Bruxelles

Berlin dans le collimateur de Bruxelles

Enfin ! Enfin, la Commission européenne peut pointer du doigt l’Allemagne en matière économique. Et que reproche-t-elle à Berlin ? D’être… trop bonne. Oui ! oui ! ce n’est pas bien d’être le premier de la classe lorsque les autres sont à la traîne. On croirait un discours sur l’antiracisme. C’est tout simplement de l’anti-économisme.
Quoi qu’il en soit, José Manuel Barroso fait les gros yeux. Et lance une procédure contre l’Allemagne à propos de ses excédents, au motif qu’ils sont défavorables aux exportations des autres pays européens.
On est prié de ne pas rire. Etre mauvais, c’est faire couler tout le monde. Etre bon, c’est enfoncer les autres. Dans l’Union européenne, on est prié d’être juste médiocre. On comprend que François Hollande y soit à son affaire !
Et le président de la Commission le dit clairement : « L’Allemagne affiche un excédent des comptes courants important (…) qui justifie d’enquêter. » Il s’agit, précise-t-il, de « voir si l’Allemagne peut faire plus pour aider à rééquilibrer l’économie européenne ».
Si, en plus, Barroso se prend pour Robin des Bois ! Mais il faudra tout de même qu’il relise ses classiques. La belle Marianne n’a rien à voir avec la République. Et les riches, ce sont les méchants. Ici aussi ? Voilà qui ne va pas plaire aux Allemands qui, depuis des années, font plus d’efforts que les autres et qu’on veut priver aujourd’hui de leur(s) résultat(s).
Ben oui, mon bon monsieur. Un excédent commercial supérieur à 6 % du PIB depuis 2007, c’est au-dessus des niveaux retenus par Bruxelles dans son étude des déséquilibres macroéconomiques. Pas envisageable, pas compréhensible.
A Berlin, on n’apprécie que très modérément. Et c’est une litote. « La solidité des exportations allemandes est le résultat d’une action économique réussie et non d’une intervention de l’Etat », lance-t-on au ministère de l’Economie.
Et le député Markus Ferber, de la CSU, dénonce un « affront incroyable » et un geste d’« auto-mutilation » pour la compétitivité européenne.
Faut dire que c’est difficile à comprendre, dur à admettre. Même le président de la BCE Mario Draghi n’est pas sûr d’y parvenir. Le 7 novembre, il estimait que la zone euro devait corriger ses déséquilibres « sans affaiblir le plus fort ». Parce que « affaiblir le plus fort ne veut pas dire que le plus faible devient plus fort ».
Mais ça, M. Draghi, c’est du bon sens ! Rien à voir avec la logique européenne. Faut vous reprendre…

Transiger
Bonne fille, et peut-être inquiète aussi des réactions, la Commission tergiverse. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, reconnaît que l’Allemagne est bien le « moteur de la croissance en Europe », et promet que l’examen sera mené « avec un esprit ouvert et sans idées préconçues ».
Même Barroso affirme : « Nous aimerions avoir plus de pays comme l’Allemagne. » Pour mieux les taxer, sans doute ?
En France, que la Commission vient encore de mettre en cause, elle, pour ses problèmes de compétitivité et d’endettement public, et « la persistance de ces déséquilibres », on se réjouit. « La Commission européenne commence enfin à tourner le dos à l’idée selon laquelle la crise provient uniquement de décisions budgétaires inadaptées par les responsables des pays en difficulté. » La formule émane, comment s’en étonner ?, de nos députés européens socialistes…
Ben oui ! Hollande y peut rien, pauvre chou, s’il y a la crise et que les Français en subissent les conséquences. Ça doit être la fôte à Sarko…
Alors, lui demander « d’adopter des mesures décisives »… ça va le perturber. Et notre feuille d’impôt avec !
Notre grand argentier Moscovici ne trouve « pas illogique » que l’on s’en prenne à l’Allemagne. A l’heure où on nous annonce un nouveau recul du PIB français, ça permet effectivement de parler d’autre chose.
Et surtout de déculpabiliser…
D’ailleurs, il faudrait arrêter de faire ainsi des remarques, et de distribuer des mauvais points à droite et à gauche. Surtout à gauche. Le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone l’assure : c’est offrir « l’Europe au populisme, aux anti-européens, à l’extrême droite » !
Puisqu’on vous le dit…

Les trois options d’Hollande

Les trois options d’Hollande

Gouverner consiste à trouver l’équilibre entre le souhaitable et le possible. Aujourd’hui, ce que le pouvoir souhaite est rejeté. On n’impose pas une politique désapprouvée par huit Français sur dix sans prendre le risque, évidemment imprévisible, d’une révolte. 
François Hollande se retrouve dans une situation qui tient à la fois à l’état du pays dont il a hérité, à une politique inadaptée à l’ampleur du problème et à une Europe du chacun pour soi. Une situation triplement inédite : il est désavoué, et très rapidement, y compris par le cœur de son électorat ; il est combattu par ceux qui soutenaient les réformes - l’écotaxe, les rythmes scolaires, la TVA, le désendettement… - qu’il croyait consensuelles ; il est piégé par la hausse simultanée des impôts, de la dette et du chômage.

Pour rebondir, il existe trois solutions que Matignon et l’Élysée retournent dans tous les sens.
Primo, faire le gros dos, compter sur une croissance aléatoire (- 0,1 % ce trimestre) qui produit toujours autant de richesse pour la finance et toujours peu de bénéfices pour l’investissement, l’emploi et les salaires.
Attendre l’inversion d’une courbe, comme les vagabonds de Beckett attendaient Godot, c’est donc s’exposer à l’impatience sociale et à la défaite électorale.
Secundo, remanier le gouvernement. Au bout de dix-huit mois et sous la pression des événements, on peut rêver meilleures conditions ! S’il s’agit de renvoyer quelques têtes sans modifier le cap, l’effet sera de courte durée. Changer de Premier ministre - à condition d’en trouver un qui soit capable de fédérer une majorité au Parlement - ne résoudra pas la question de l’attentisme élyséen.
Dans le temps court du quinquennat, le remaniement est un fusil à un coup qu’il faut employer le plus tard possible, tant le rythme politique et médiatique use les hommes. Or, chacun pressent que remanier maintenant ne dispenserait pas de recommencer après des européennes forcément désastreuses.
Tertio, dissoudre l’Assemblée. François Mitterrand avait d'ailleurs utilisé la cohabitation pour sa réélection (1). Cette solution, qui consiste à redonner la parole au peuple et à cohabiter avec un Premier ministre de droite, ne s’impose que s’il faut trouver un moyen radical de calmer l’exaspération.
Faire bloc ne résistera pas au tumulte contestataire. De gré ou de force, François Hollande, pour la paix du pays et pour la sienne, doit adapter sa politique. Pour une raison simple.
À partir du 1er janvier, comme si la coupe ne débordait pas, les Français devraient payer quelques milliards de plus. Mais certaines décisions contestées auront du mal à s’appliquer. L’écotaxe est enterrée pour longtemps. Le gouvernement cède sur la fiscalité de l’épargne, sur le foncier non bâti. Les contribuables, surtout les classes moyennes, défiscalisent au maximum, pour contourner un impôt qui décourage. Au total, il va manquer des milliards.
La France et l’Europe ont besoin d’un grand choc. Il existe de l’épargne, publique et privée, pour financer l’industrie, le bâtiment, la transition énergétique. Une réforme radicale de l’État permettrait d’optimiser la dépense publique. Une remise à plat de la fiscalité - LA grande promesse de François Hollande - servirait l’emploi.
Pour cela, il faut que la gauche ait le courage de regarder la réalité, de se dire les choses au sommet de l’État et de décider.


(1) Phrase réécrite. La première version laissait croire, en effet, que François Mitterrand avait décidé de dissoudre pour se faire réélire, ce qui est historiquement faux. Pardon pour cette inexactitude qui ne change du reste rien à l'analyse. MU. 

Jours absurdes

Jours absurdes

En novembre, il y a cent ans, près de Constantine en Algérie alors française, naissait Albert Camus. Peu d'hommages officiels, pas de rétrospectives à Beaubourg ou à la Grande bibliothèque… Tant mieux, il n'aimait guère cela. Camus, le réconciliateur de mémoires dont la voix d'airain nous manque si fort quand quelques bandes de nervis fascistes conspuent notre histoire, quand TF1 manipule les sifflets, quand le commentaire prend toujours le pas sur l'information. Et aussi quand les intellectuels, si prompts d'ordinaire à vampiriser les médias, se taisent face à la progression des idées de l'extrême droite européenne qui gangrènent nos valeurs. C'est cette importation-là qu'il faut arrêter plutôt que de valser avec les Autrichiens du sulfureux et pangermaniste FPÖ.
Camus le Nobel, la jonction de l'intelligence et de la sensibilité. Camus qui sans répit affirmait le primat du respect de l'homme quand, indignes, nous le bafouons au cours d'une semaine qui pue tellement que l'on voudrait ne plus respirer. N'avons-nous d'autre recours que d'exhumer la conscience révoltée de l'écrivain pour redonner du sens à Voltaire, à Rousseau, à Montesquieu ?
Ainsi donc nous serions prêts à piétiner l'Homme, le premier, le révolté, le pestiféré, l'étranger, le condamné à sans cesse remonter la pierre mal équarrie de Sisyphe ? L'homme, ce fil d'Ariane, tissé de larmes et de sang, de la vie trop brève de Camus, de toute son 'uvre raccourcie par le destin. De la grande figure morale d'une génération antistalinienne qui refusait de se soumettre à un système. Le gamin qui jouait au foot dans les rues d'Alger, le poète de Tipasa qui a tellement mieux fait grandir notre France aujourd'hui au bord de la crise de nerfs que les tentations frontistes qui la traversent et la minent de fausses rumeurs, de mensonges et d'intolérance.
Camus, l'intellectuel libre, l'éternel insoumis qui écrivait encore et toujours contre l'injustice. Camus que l'on a tenté de récupérer en mettant dédaigneusement les fastes du Panthéon au service de l'identité nationale. Tout l'art de Camus, comme il le disait lui-même à propos de Kafka, c'est de nous obliger à le relire. Sans doute pour mieux nous faire percevoir l'absurdité du monde.

Sus à l’école-taxe !

Sus à l’école-taxe !


Quelle différence y a-t-il entre l'écotaxe et la modification des rythmes scolaires ? La réponse est simple : aucune ! Voilà deux réformes emblématiques du quinquennat menacées dans leur application. Toutes les deux obéissaient pourtant à de louables objectifs. Pour l'écotaxe, il s'agissait d'engager un processus vertueux dans une logique écologique. Pour les rythmes scolaires, il y allait de l'avenir des jeunes, promis à un meilleur apprentissage grâce à un aménagement horaire. On ajoutera qu'existait un consensus quasi général au stade de la réflexion. Et puis patatras, la mécanique s'est grippée.
L'écotaxe et la réforme des rythmes scolaires souffrent aujourd'hui d'un semblable rejet. Elles ont provoqué la même improbable agrégation de mécontentements. Dans cette hostilité disparate cohabitent les égoïsmes, les corporatismes et les calculs politiciens. Présomptueux Vincent Peillon ! À coups de primettes et de postes supplémentaires, il croyait avoir dompté le "mammouth". Hélas, la coalition des intérêts divergents des enseignants et des parents a eu raison de ses certitudes hautaines.
Le ministre de l'Éducation nationale ne s'en sortira pas en pratiquant "l'acharnement pédagogique" et en s'autocongratulant, chiffres à l'appui. Une modification des mentalités, dans notre système éducatif, verrouillé de toutes parts, ne se décrète pas. Il n'y a pas de bonne réforme sans moyens financiers, quelle que soit la noblesse des mobiles. Comme pour l'écotaxe, le contexte a pesé en mettant les communes à contribution au moment où les dotations aux collectivités locales sont réduites.
Et l'on touche ici au refus de nombreux maires d'assumer ce que l'on appellera, par analogie, une école-taxe ! Il y a bien sûr, avant les municipales, un peu de calculs politiciens là-dessous. Car même si Peillon a eu tort de passer en force, on rappellera que la droite se montra elle aussi favorable aux quatre jours et demi en 2011 dans l'intérêt unanimement reconnu des élèves. Dommage qu'il soit toujours sacrifié sur l'autel des contradictions de la société civile et des revirements de la classe politique.

Le piège de l'argent


Lorsque la Grèce a touché le fond il y a presque 4 ans, certains analystes (moi y compris) ont pensé que l’on allait peut-être assister à la fin de l’euro, la monnaie commune de l’Europe. D’autres étaient plus optimistes, convaincus que l’amour vache – une aide temporaire sous condition de réforme – amènerait rapidement une relance. Les deux camps avaient tort. A la place, nous avons une crise qui semble ne jamais pouvoir trouver de solution. A chaque fois que l’Europe semble prête à tomber, les politiques trouvent un moyen d’éviter un désastre total. Mais à chaque fois que les signes d’une vraie relance sont là, quelque chose d’autre se passe mal.
Et nous voilà repartis. Il n’y a pas longtemps, les responsables européens déclaraient que le Vieux Continent avait opéré un changement de cap, que la confiance des marchés était de retour et que la croissance repartait. Mais il existe aujourd’hui un nouveau sujet d’inquiétude alors que le spectre de la déflation menace l’Europe. Et le débat à propos de la réponse à apporter tourne sérieusement au vinaigre.
Un peu d’histoire : la Banque Centrale Européenne, ou BCE, l’équivalent européen de la Réserve Fédérale, est censée garder l’inflation à un niveau proche de 2%. Pourquoi pas zéro ? Plusieurs raisons à cela mais le point le plus important, aujourd’hui, c’est qu’en Europe, un taux général d’inflation trop proche de zéro se traduirait par une véritable déflation dans les économies troublées des nations du sud de l’Europe. Et une déflation a des effets secondaires économiques néfastes, notamment dans des pays déjà handicapés par une forte dette.
Que l’inflation européenne commence à baisser bien en-deçà de sa cible est donc un vrai sujet d’inquiétude ; l’année passée, les prix à la consommation ont augmenté de seulement 0,7 pourcent alors que l’indice de référence qui exclut les prix fluctuants de l’alimentation et de l’énergie n’a augmenté que de 0,8 pourcent.
Il faut faire quelque chose, et la semaine dernière, la BCE a coupé dans les taux d’intérêt. Au vu des décisions politiques, cela a le mérite d’être à la fois totalement approprié et totalement inapproprié. L’économie de l’Europe a clairement besoin d’un coup de fouet, mais ce qu’a fait la BCE ne fera sûrement, au mieux, qu’une toute petite différence. Toutefois, c’était bien un pas dans la bonne direction.
Pourtant, cela a déclenché une véritable controverse, à la fois au sein même de la BCE comme en dehors. Et la controverse a pris une forme inquiétante, du moins pour quiconque se souvient de la terrible histoire de l’Europe. Car les arguments à propos de la politique monétaire européenne ne sont pas simplement un débat d’idées ; ils semblent être également, de plus en plus, une bataille de nations.
Par exemple, qui a voté contre la baisse des taux ? Les deux membres allemands du comité directeur de la BCE, rejoints par les dirigeants des banques centrales néerlandaises et autrichiennes. Qui, hors de la BCE, a été le critique le plus sévère de cette décision ? Les économistes allemands, qui ont pris soin de ne pas simplement attaquer la substance de la décision de la banque, mais qui ont mis l’accent sur la nationalité du président de la banque, Mario Draghi, qui est italien. L’influent économiste allemand Hans-Werner Sinn a déclaré que Draghi ne faisait que donner à l’Italie un accès à des emprunts à faibles coûts. L’économiste qui dirige l’hebdomadaire WirtschaftsWoche a estimé que la baisse des taux était "un diktat émanant d’une nouvelle Banca d’Italia basée à Francfort".
De telles insinuations sont extrêmement injustes envers Draghi, dont les efforts pour contenir la crise de l’euro ne sont rien moins qu’héroïques. J’irais jusqu’à dire que l’euro se serait probablement écroulé en 2011 ou 2012 sans lui. Mais peu importe les personnalités. Ce qui est effrayant là, c’est la façon dont cela se transforme en un combat Teutons contre Latins, avec l’euro – qui était censé rapprocher l’Europe – qui, au contraire, les déchire.
Que se passe-t-il ?
Une partie de la réponse tient aux stéréotypes nationaux : le peuple allemand est sans cesse vigilant au sujet d’une perspective qui voudrait que ces pays paresseux du sud de l’Europe vont s’en sortir grâce à son argent durement gagné. Mais il y a également un vrai problème. L'Allemagne déteste purement et simplement l’inflation mais si la BCE réussit à faire en sorte que l’inflation européenne moyenne remonte autour de 2 pourcent, cela amènera une inflation en Allemagne – qui est en plein essor alors même que d’autres pays vivent des niveaux de souffrance liés au chômage, dignes de la Grande Dépression – plus haute de façon significative que son niveau actuel, peut-être aux environs de 3 pourcent ou plus.
Cela peut sembler une mauvaise chose, mais c’est ainsi que l’euro est censé fonctionner. En fait, c’est ainsi qu’il doit fonctionner. Si l’on doit partager une monnaie avec d’autres pays, cela arrive que l’on connaisse une inflation au-dessus de la moyenne. Dans les années qui ont précédé la crise financière mondiale, l’Allemagne connaissait une faible inflation alors que des pays comme l’Espagne avaient une inflation relativement élevée. Aujourd’hui, les règles du jeu exigent que les rôles soient inversés et la question est de savoir si l’Allemagne est prête à accepter ces règles. Et la réponse à cette question n’est pas claire.
Le plus triste c’est que, comme je l’ai dit, l’euro était censé rapprocher l’Europe, à la fois de façon réelle et symbolique. Il était censé favoriser des liens économiques plus serrés, tout en forgeant un sentiment d’identité partagée. Ce que l’on a, à la place, c’est un climat de peur et de mépris de la part à la fois des créditeurs et des débiteurs. Et l’on n’aperçoit toujours pas le bout du tunnel.

L'État abandonne 4,7% du capital de Safran... et les 9 autres infos éco du jour


1. L’État abandonne 4,7% du capital de Safran. Pierre Moscovici a annoncé que le gouvernement a cédé 4,7% du capital de l'équipementier aéronautique Safran. Une opération qui va rapporter 900 millions d'euros à l'État. Avec 22,4% du capital, l'État français reste l'actionnaire de référence de Safran et entend le rester explique le ministre de l'Économie dans un communiqué.
2. 17.000 emplois détruits au troisième trimestre. Selon l’Insee, l’emploi recule au troisième trimestre selon L’économie française aurait perdu 17.000 emplois sur cette période. Sur un an, ce sont 107.700 emplois qui ont disparu.
3. Rapport Grandguillaume : Aligner auto-entreprise et micro-entreprise. Le député Laurent Grandguillaume a remis au gouvernement son rapport sur le régime des auto-entrepreneurs. Ce dernier recommande d’aligner les micro-entreprises sur le régime de l’auto-entrepreneur afin de créer un statut unique pour démarrer dans l’entreprenariat.
4. Moody’s dégrade 3 grandes banques américaines. Moody's dégrade les notes de la dette de trois banques américaines, JPMorgan Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley. L’agence indique tenir compte d'un risque de moindre soutien gouvernemental en cas de faillite.
5. La scission de Vivendi, effective cet été ? Vivendi a annoncé que la scission entre ses activités de divertissement et l'opérateur SFR, était en bonne voie et pourrait avoir lieu à la fin du premier semestre 2014.
6. L’Espagne n’a plus besoin du MES. Dans un communiqué, l'Eurogroupe annonce que l’Espagne sortira du MES, le programme d’aide pour les banques.
7. Volkswagen a annoncé le rappel de 2,6 millions de véhicules. Un tiers des véhicules concernés est en Chine. C’est l'une des plus importantes mesures dans l'histoire du constructeur allemand.
8. Les boutiques Relay dans les gares SNCF vont changer look. C’est ce qu’a annoncé Lagardère, propriétaire de l’enseigne et la SNCF.Dans les prochains mois, les 318 point de vente adopteront des couleurs plus sobres et se déclineront en deux versions, "grands voyageurs" ou "voyageurs du quotidien".
9. Immobilier en Ile-de-France : Les prix reculent, même à Paris. Selon un baromètre de MeilleursAgents.com, les prix de l’immobilier seraient en train de baisser dans toute l'Île-de-France y compris à Paris. En octobre, la capitale affiche un recul d’environ 0,7% du prix au mètre carré et 0,2% pour la petite couronne.
10. Chromebook de Google : retrait "provisoire" des rayons. Google retire "provisoirement" de la vente ses ordinateurs portables "Chromebook HP 11". Le géant du web et le fabricant HP ont détecté un problème au niveau du chargeur des ordinateurs portables.

Jean-Marc Ayrault : "la reprise de la croissance est réelle et ce sera encore le cas en 2014"


Jean-Marc Ayrault est en difficulté. Depuis des semaines, le Premier ministre fait l'objet de nombreuses critiques. Manque d'autorité sur ses ministres, absence d'idées, dynamisme proche du néant... une multitude de reproches qui laisse à penser qu'il pourrait être débarqué dans les mois qui viennent. Qu'importe, Ayrault trace sa route et entend bien répondre à ses détracteurs. C'est en tout cas ce qu'il s'est évertué à faire ce vendredi matin sur France Info.
Le Premier ministre a d'abord été interrogé sur la réforme des rythmes scolaires. Tendu et presque énervé, il a affirmé que cette réforme serait appliquée quoi qu'il arrive. "Nous écoutons les parents et les maires. On va aider certaines communes. Le bon sujet, ce sont les horaires de cours. En 2008, c'est passé de 4,5 jours à 4 jours. Tout le monde dit que ça ne marche pas. Le retour à 4,5 jours, c'est ça le coeur de la réforme. C'est ce qui compte car elle a été faite dans l'intérêt de l'enfant. Certaines communes ont la charge du péri-scolaire, il s'agit juste de permettre aux enfants d'avoir des activités supplémentaires. (...)Nous ne changeons pas les fondamentaux de la réforme, les maires ne décident pas des horaires des cours. Ils décident des activités péri-scolaires. Ce que je veux c'est que l'école de la République respecte sa promesse".
Puis Jean-Marc Ayrault est revenu sur la polémique de l'écotaxe. "Il faut garder son sang-froid. Cette réforme a été mal faite et a pénalisé des régions dont la Bretagne. On a suspendu la taxe, on va maintenant réfléchir pour voir dans quelles conditions on peut la mettre en oeuvre" a dit le Premier ministre. Une posture ferme qu'il a tenu tout au long de l'interview comme le souligne André Bercoff. "Le Premier ministre parle de sang-froid mais aujourd'hui on voit que lui-même est énervé. Il y a une espèce de dialogue de sourd qui s'est installé entre les Français et lui" nous explique le journaliste joint par Atlantico.fr ce vendredi matin.
Jean-Marc Ayrault a donc peiné à rassurer rejetant la faute sur la précédente majorité. "Nous sommes depuis 5 ans dans une situation de croissance moyenne zéro. Il y a eu la crise des subprimes. Quand je suis arrivé aux responsabilités, le "navire France" était bien endommagé" a-t-il dit avant de promettre "la reprise de la croissance est réelle et ce sera encore le cas en 2014. On est en train de faire le redressement du pays. On demande des efforts aux Français". Des efforts aux Français sont donc demandés mais sont-ils prêts à les entendre ? "Aujourd'hui, il existe un autisme de part et d'autre. Ayrault ne comprend plus les attentes des Français" décrypte André Bercoff.
Autre sujet abordé par Jean-Marc Ayrault, la hausse de la TVA au 1er janvier 2014. Là encore, le Premier ministre a défendu son projet disant : "Il faut expliquer pourquoi on veut augmenter la TVA. On a des déficits et on doit y mettre un frein et trouver des marges de manoeuvre pour investir. La hausse de la TVA va permettre de financer la baisse du coup du travail des entreprises. C'est sans précédent".
Enfin, le journaliste de France Info a évoqué l'exaspération des Français à l'écart de l'équipe dirigeante. "Dans la tempête, dans les temps difficiles, les Français jugent leur dirigeant à leur capacité à tenir le cap, à faire preuve de sang froid et à faire preuve de fermeté. Je dirais même parfois de fermeté d’âmeEt ne pas se laisser ballotter au fil des événements comme un bouchon sur l’eau. (...) Les critiques ne m'impressionnent pas. Le pays doute, il est fatigué mais le gouvernement doit faire face. Il ne faut pas avoir l'oeil fixé sur les sondages. Je n'ai pas la main qui tremble" a répondu Jean-Marc Ayrault. 
Une défense claire aux récentes attaques dont il a été victime. "Il essaie de s'en sortir mais il ne peut rien dire d'autre. On voit bien qu'il n'y aura pas de remaniement à son échelon. Il va rester mais aujourd'hui, il existe un vrai problème : les Français ne se sentent plus dirigés. Jusqu'à quand pourra-t-il tenir ? C'est un peu la question" analyse André Bercoff.

Les premières réactions

Marine Le Pen s'est empressée de critiquer Jean-Marc Ayrault. "Il a confirmé qu'il restait un parfait petit soldat de l'UMPS et de l'Union européenne, dans le déni complet de la situation réelle du pays. Toutes les mauvaises réformes de l'UMPS qui font pourtant débat seront imposées aux Français, qu'il s'agisse du grand bazar des rythmes scolaires, de la hausse de la TVA en janvier prochain ou de l'écotaxe, mise en place par Nicolas Sarkozy et appliquée par François Hollande. Pire, alors que la France a connu une chute de 0,1% de son PIB au troisième trimestre 2013, le premier ministre a encore osé évoquer une "tendance réelle à la reprise de la croissance"... Jean-Marc Ayrault ne dirige plus un gouvernement, mais une agence de publicité mensongère" indiqué la présidente du FN dans un communiqué.