TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 27 septembre 2013

Vers l’interdiction de toute pensée non conforme…


Un hémicycle du Sénat quasi vide, et pas plus de deux journalistes pour assister au vote des sénateurs et rendre compte de l’adoption – à l’unanimité de la petite trentaine de parlementaires présents (sur 348, rappelons-le) – d’un amendement visant à restreindre une nouvelle fois la liberté d’expression des Français ; l’histoire est devenue banale et on finit par se demander à quoi servent les parlementaires si faire acte de présence pour voter (ou s’opposer à) des lois est encore trop leur demander.
L’amendement adopté ce mardi après-midi par le Sénat (ou plutôt par moins d’un dixième du Sénat) élargit la notion de « délit d’entrave à l’IVG », délit qu’une loi votée en 1993 définissait selon des critères assez précis visant, à l’époque, à sanctionner les actions parfois violentes des militants anti-avortement dans les centres où se pratique l’interruption de grossesse.
Le seul moyen de la rendre supportable
En introduisant le « délit d’entrave à l’information », la sénatrice socialiste Laurence Rossignol apporte de l’eau au moulin du ministre de la Propagande Najat Vallaud-Belkacem qui, faisant écho à un rapport qu’elle venait de recevoir, déplorait, ces derniers jours, que des sites non homologués eussent meilleure visibilité sur Internet que les sites d’information officiels, propageant ainsi une contre-propagande sur l’avortement parfaitement inacceptable. Le rapport rendu au ministre préconisait la création d’un site dédié plus visible, visibilité rendue possible par quelques tours de passe-passe opérés avec la complicité du très obéissant moteur de recherche Google.
Mais les guéguerres virtuelles ne suffisant pas à éradiquer toute pensée non conforme, et bien que la sénatrice Rossignol se défende de viser, pour l’heure, les sites Internet à combattre – reconnaissant avec dégoût le droit aux anti-avortement de ne pas penser comme elle –, son amendement tout à fait imprécis ressemble, si ce n’est à une mesure de coercition totale et immédiate, à un nouveau pas vers l’interdiction de défendre une opinion non conforme aux idées du moment.
On comprend donc que l’adoption d’un amendement si dérisoire n’ait su retenir l’attention de la profession journalistique, tellement occupée à nous informer minute par minute du relevage d’un paquebot échoué en Italie, ou à nous montrer d’heureux titulaires du nouveau permis de conduire« infalsifiable ».
Le traitement de l’information, comme la politique, est affaire de priorités, et à la différence des opinions, chacun est bien libre d’avoir les siennes.

Pourquoi le patronat a tort de se plaindre du budget 2014...


Sus au nouvel impôt sur les entreprises! Suite à la présentation du Budget 2014, les organisations patronales expriment bruyamment leur mécontentement: la création d’un nouvel impôt qui taxerait de 1% leur excédent brut d’exploitation (EBE) serait un "mauvais coup" qui, selon Pierre Gattaz, au Medef, va "finir d’asphyxier les entreprises, déjà les plus taxées d’Europe, sous une fiscalité et des charges beaucoup trop élevées".
Même son de cloche à l’AFEP, qui représente les grandes entreprises, et à l’ASMEP, qui rassemble les sociétés de taille intermédiaire. La CGPME est, elle, plus discrète… car les entreprises de moins de 50 millions de chiffres d’affaires ne sont pas concernées par ce nouvel impôt.
Maltraités par le gouvernement, les patrons? Pas vraiment. Bien sûr, on peut discuter de l’opportunité, l'efficacité ou des effets pervers de l’impôt sur l’EBE, freinant potentiellement l’investissement des sociétés. Mais quand le Medef s’effraie d’une "hausse globale des prélèvements sur les entreprises de 2,5 milliards" dans ce budget, il fait acte d’une certaine mauvaise foi.
Car cet impôt sur l’EBE qui devrait rapporter 2,5 milliards à l’Etat en 2014, remplace ou fait suite à une série d’autres impôts payés par les entreprises en 2013 (majoration d’impôt sur les sociétés, impôt sur le chiffre d’affaires, mesures de trésorerie, taxes temporaires sur les banques et le secteur pétrolier…), supprimés ou en baisse… qui représentaient 4,5 milliards d'euros.

12 milliards d’allègement de la pression fiscale

Résultat, l’un dans l’autre, les entreprises se retrouvent à payer 2 milliards en moins. Et ce n’est pas terminé. Car les représentants des entreprises ne comptent pas dans leur calcul une mesure qui date d’avant le budget 2014 mais dont ils bénéficieront bien à partir de l’an prochain: le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), qui leur donne une ristourne de 10 milliards. Au bilan, les entreprises vont donc bénéficier de 12 milliards d’allègement de leur pression fiscale… Le contraire de ce que dénonce le Medef, même si, derrière cet affichage global, certaines entreprises, selon leur taille et leur secteur, peuvent sortir perdantes de ce loto fiscal.
Cependant, les patrons ne sont clairement pas les plus à plaindre. Car, le gouvernement n’accordant évidemment aucun cadeau en ces temps de serrage de vis budgétaire, ce qu’on rend aux entreprises on le prend aux ménages. Pour eux, la note est bien plus douloureuse, entre la baisse du plafond du quotient familial (1 milliard), la suppression de la réduction d’impôt pour frais de scolarité (0,5 milliard), la fin de la défiscalisation des majorations de pensions des familles nombreuses (1,2 milliard), l’abrogation de la déduction fiscale sur les complémentaires santé (1 milliard), la hausse des cotisations retraites (1 milliard)... 
Les ménages devront payer en tout au moins 5,5 milliards d’impôts en plus en 2014. Et ce n’est pas tout car, pour financer le CICE, ils subiront aussi une hausse de la TVA de 6,5 milliards. Soit, au total, une augmentation de 12 milliards pour les ménages, correspondant, en un mouvement synchrone, à la réduction de 12 milliards consentie aux entreprises.

Un budget clairement déséquilibré

En fait, jamais on n’a vu un budget aussi déséquilibré. Le gouvernement a fait là un pari qu’il traduit dans son budget, celui d’une politique sociale-libérale, une politique de l’offre. Sans cependant oser, du moins pour l’instant, l’assumer verbalement. Et donc politiquement. Une anecdote est symptomatique de cette gêne manifeste. D'ordinaire, les documents de présentation du budget offrent toujours un récapitulatif de l’impact des mesures fiscales recensées selon qu’elles concernent les ménages ou les entreprises. Cette année, le tableau ne fait étrangement plus la distinction.
Et, à Bercy, personne ne veut plus raisonner avec ces catégories, devenues soudainement "artificielles"! Au-delà, dans le marketing du budget, l’Elysée, Matignon, Bercy se gardent bien d’afficher qu’il ont choisi de privilégier la compétitivité des entreprises sur le pouvoir d’achat des ménages, à l’approche des élections municipales et pour ne pas fâcher la majorité socialiste pas vraiment encore convertie au social-libéralisme.

Une grogne finalement bien utile

Du coup, le gouvernement laisse la complainte des patrons se répandre sans lui apporter la contradiction voire lui rabattre le caquet. Pourquoi? D’abord, parce qu’il veut garder ses bonnes relations avec les patrons qui, derrière les postures, se sont grandement améliorées. Mais aussi parce qu’il ne veut faire aucune publicité sur ce coup de pouce qu’il donne aux entreprises… qui l’amènerait à devoir justifier de taper, en contrepartie, dans le portefeuille des ménages.
Paradoxalement, la grogne des représentants des entreprises sert donc même le gouvernement… car il laisse croire que le budget 2014 fait mal à tout le monde.

Nicolas Sarkozy, un déjeuner très caustique à Nice

Entre la poire et le fromage, l'ancien chef de l'État a beaucoup ironisé sur l'état de la droite lors d'un déjeuner avec 14 parlementaires à Nice.

On dit qu'il vaut mieux éviter d'être treize à table. Ils étaient donc quatorze autour de Nicolas Sarkozy, lors d'un déjeuner vendredi à Nice, à La Petite Maison. Autour de l'ancien chef de l'État, neuf députés UMP du département des Alpes-Maritimes (Christian Estrosi, Michèle Tabarot, Jean Leonetti, Éric Ciotti, Jean-Claude Guibal, Charles-Ange Ginésy, Lionnel Luca, Bernard Brochand...), un député UDI (Rudy Salles) et quatre sénateurs UMP... Nicolas Sarkozy a ouvert la boîte à gifles et sur un ton caustique a mitraillé les caciques de sa majorité.
"Trop de chapelles" à son goût entre Génération France de Copé ou Force républicaine de Fillon, sans compter Wauquiez. "Moi, je n'ai jamais fait de courant. Ce que vous faites, les électeurs ne le comprennent pas", lance-t-il, reprochant notamment à Copé d'avoir imaginé de lui faire payer les timbres des lettres de remerciement à la suite du Sarkothon réussi.

"Fillon aurait dû être le premier des sarkozystes"

À propos de Copé, il a eu une formule qui se voulait sarcastique : "Il fait bien le job à la tête du parti. On devrait s'en réjouir, parce que pendant ce temps-là il ne fait pas autre chose..." François Fillon en a pris pour son grade à la suite de sa sortie confuse sur le vote FN. "Faudra m'expliquer. Je ne suis pas un expert de la politique. Mais comment peut-on être dans une approche irréconciliable avec moi à propos du FN et dire ce qui a été dit ?" s'est-il faussement interrogé.
Revenant sur le match pour la présidence de l'UMP, l'ancien chef de l'État estime que François Fillon avait "tout pour gagner". "Il lui aurait suffi de dire du bien de moi, souligne-t-il. Parce qu'il a été mon Premier ministre pendant cinq ans, il aurait dû être le premier des sarkozystes." Fillon avait au contraire commencé à montrer - respectueusement - quelques distances...

"Je suis un bon chrétien"

Le débat sur le "droit d'inventaire" de son quinquennat n'est pas le genre de sujet qui lui plaît. Et c'est avec humour qu'il lit les commentaires des uns et des autres. "Je vois, je lis, j'entends que beaucoup de mes ministres ont souffert en silence. C'est étrange, personne ne m'a demandé de partir. Mais parce que je suis un bon chrétien, je veux leur promettre que plus jamais ils ne souffriront avec moi à l'avenir."
Sur le fond, Nicolas Sarkozy incite son camp à se battre sur le plan des idées nouvelles. "On devrait être au coeur de la campagne des européennes", assure-t-il en insistant sur le fait de promouvoir une Europe à plusieurs vitesses. "On a une belle campagne à faire sur ce thème", scande-t-il. En revanche, il n'est pas favorable à la suppression des 35 heures, estimant qu'un candidat qui proposerait leur suppression, conjuguée au recul de l'âge légal de la retraite à 65 ans, n'aurait "aucune chance de gagner". C'est là aussi une allusion aux propositions de François Fillon.

"Sans les centristes, nous ne serons pas au second tour en 2017"

Sarkozy a défendu la défiscalisation des heures supplémentaires (son idée), redit son hostilité au principe de précaution (inscrit dans la Constitution sous Chirac). Ses invités ont trouvé en revanche étrange qu'il critique l'interdiction des OGM et du gaz de schiste. Deux décisions qui n'ont été prises par nul autre que lui-même...
D'un point de vue tactique, il a insisté sur le fait que le centre devait rester dans la famille de l'UMP et s'est inquiété du rapprochement entre le MoDem de François Bayrou et l'UDI de Jean-Louis Borloo. Il s'en est d'ailleurs ouvert au député UDI présent autour de la table (Rudy Salles). "Sans les centristes, nous ne serons pas au deuxième tour en 2017", a-t-il conclu, appelant ainsi au rassemblement de la droite.
S'agissant de son destin personnel, comme à son habitude, il a soufflé le chaud et le froid avec des phrases définitives ("pour moi, la politique, c'est terminé", "je ne reviendrai pas"...) tempérées par des ouvertures quand il s'agit de "se mettre au service de la France". Si bien que les participants ont globalement compris que Nicolas Sarkozy était plus que jamais en train de préparer son match retour et qu'il en brûlait d'envie...

Hollande soutient Valls sur les Roms, la tension monte


François Hollande a choisi de soutenir la politique de fermeté de Manuel Valls vis-à-vis des Roms avant des élections municipales où ce dossier devrait jouer un rôle majeur, aggravant les tensions avec l’aile gauche de sa majorité.
Le ministre de l’Intérieur, qui est le plus populaire du gouvernement, a affirmé mardi que les Roms avaient vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie, jugeant leur mode de vie en confrontation avec celui des Français.
Cette position a été saluée par l’opposition de droite, qui a fait des Roms un thème de campagne pour les municipales de mars, mais les Verts et la gauche de la gauche ont demandé à François Hollande de désavouer les propos de son ministre.
La ministre du Logement, l’écologiste Cécile Duflot, a estimé jeudi que Manuel Valls était allé « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain », une position susceptible de ressouder les écologistes -dont le parti traverse des turbulences- mais qui répond à une véritable irritation.
Elle a estimé lors des journées parlementaires de son parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à Angers que le chef de l’Etat n’avait pas été élu pour poursuivre la politique de Nicolas Sarkozy, mais pour « réparer des blessures douloureuses ».
Dans l’entourage de Cécile Duflot, on jugeait vendredi que les propos de Manuel Valls étaient « immoraux, limite xénophobes, proches de la Droite populaire », l’aile droite de l’UMP.
A la gauche de la gauche, le ton est encore plus dur.
« Ces propos racistes et xénophobes sont graves », a dit Jean-Jacques Candelier, député communiste du Nord, qui demande dans un communiqué à François Hollande et au Premier ministre Jean-Marc Ayrault de « prendre leurs responsabilités ».
HOLLANDE NE CÈDE PAS À LA PRESSION
Le Défenseur des droits Dominique Baudis a reproché vendredi au gouvernement de ne pas appliquer la circulaire d’août 2012 encadrant le démantèlement des camps de Roms avec des décisions de justice et des mesures d’insertion, dont Jean-Marc Ayrault a affirmé qu’elle était la seule politique du gouvernement.
Il précise avoir demandé à Viviane Reding, commissaire européenne aux Droits fondamentaux, de réunir les responsables européens chargés de la lutte contre les discriminations pour établir une stratégie commune.
Au sein du PS, certains demandent aussi à François Hollande de désavouer son ministre de l’Intérieur.
« Tant que François Hollande ne dira pas à Valls d’être fédérateur au lieu d’être provocateur, cela n’ira pas. Je pense que ça affaiblit Hollande », a dit à des journalistes Marie-Noëlle Lienemann, membre de l’aile gauche du parti.
Mais le chef de l’Etat n’entend visiblement pas céder à la pression et soutient son ministre de l’Intérieur, avec en ligne de mire les municipales où l’extrême droite pourrait capitaliser sur le dossier des Roms et effectuer une percée.
Sur le site d’ArcelorMittal de Florange (Moselle), jeudi, il a refusé de « commenter les phrases des uns et des autres », visiblement irrité de voir sa visite -plutôt réussie- phagocytée par l’ultimatum lancé par Cécile Duflot.
Dans son entourage, on souligne qu’il soutient son ministre de l’Intérieur qui mène une politique mêlant « fermeté et humanité » et ne désavoue pas l’idée selon laquelle les Roms s’intégreraient difficilement.
Le message a été bien compris par le reste du gouvernement, y compris par les ministres, dont Arnaud Montebourg, qui avaient critiqué la virulence des propos de Manuel Valls.
« Il procède à des reconduites à la frontière qui sont légales parce qu’il y a des actes de délinquance et des problèmes de sécurité et je crois qu’il a des résultats. Il faut rendre hommage au ministre de l’Intérieur », a dit vendredi le ministre du Redressement productif sur RTL.
« NOUVELLE MAJORITÉ »?
Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a abondé dans le même sens sur Europe 1, s’en prenant violemment à Viviane Reding, qui avait condamné mercredi les propos de Manuel Valls.
« Au lieu de venir nous menacer, elle devrait venir sur le terrain voir ce qui ne marche pas dans les décisions prises par l’Europe », a-t-il en faisant référence à l’ouverture des frontières pour les Roumains et les Bulgares, qui est en fait une décision des gouvernements de l’Union, dont la France.
Enfin, pour Thierry Mandon, porte-parole du groupe Parti socialiste, le ministre de l’Intérieur a raison et les promesses d’insertion sont à ce stade « vaines ».
« Il n’y a pas de boulot, il n’y a pas de logements, donc je pense que la priorité sur ce dossier ça doit être le pragmatisme et que les ministres restent concentrés sur cette tâche. »
Les remous au sein de la majorité risquent donc de perdurer.
Constatant la convergence entre les Verts et le Front de gauche sur ce dossier, l’ex-candidate écologiste à la présidentielle Eva Joly a annoncé qu’elle présenterait au congrès d’EELV de novembre une motion appelant à la construction d’une « nouvelle majorité ».
Cette majorité serait constituée d’EELV, des « socialistes hétérodoxes » et du Front de Gauche.
Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui s’en est également pris à Manuel Valls, s’est dit aussitôt prêt à « converger » si les écologistes prenaient une telle décision.

La Grèce craint un coup d'Etat militaire


Les réservistes des forces spéciales ont diffusé un appel allant de ce sens.

La Grèce va-t-elle connaître une nouvelle tentative de coup d'Etat ? C'est en tout cas ce que craignent les autorités après qu'un groupe de réservistes des forces spéciales d'élite a appelé, via un post de blog, à un renversement du pouvoir par la force. La justice grecque a d'ailleurs demandé la tenue d'une enquête à la suite de cet événement. Force du hasard, cet appel à la révolution a été posté le même jour qu'une étude du think-thank britannique Demos, qui souligne le glissement progressif du pays vers un chaos politique, social et économique.

Selon ce même rapport, la Grèce serait l'Etat le plus corrompu des 28 pays Etats-membres de l'Union européenne. Une situation qui vient s'ajouter à la montée en puissance de l'extrême droite - Aube dorée a remporté 18 sièges de députés lors des dernières élections -, contrastant avec la faiblesse de la coalition gouvernementale. De quoi prendre les menaces de coup d'Etat militaire très au sérieux. "Le message posté par les réservistes de l'Union des Forces Spéciales doit nous inquiéter", a d'ailleurs déclaré le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, ajoutant que "l'écrasante majorité des forces armées est dévouée à notre démocratie. Les rares personnes qui ne le sont pas devront faire face aux conséquences."
L'unité de réservistes des forces spéciales a déjà récemment fait parler d'elle. Ses membres étaient apparus en uniforme pour protester contre une visite d'Angela Merkel à Athènes. Selon eux, le gouvernement a violé la Constitution en ne fournissant pas à ses citoyens la santé, l'éducation, la justice et la sécurité. Leurs propos et prises de position apportent en tout cas de l'eau au moulin de ceux qui pensent que ce groupe a été infiltré par l'extrême droite. La menace est donc sérieuse et le gouvernement va devoir faire tout ce qui est en son pouvoir pour la gérer.

Un culot d’enfer

Un culot d’enfer 

Que Manuel Valls fasse son métier en fermant les camps de Roms, c’est bien le moins. Mais que la gauche puisse encore donner des leçons, ce n’est pas supportable.
Sur l’ancien camp de Roms de Lille-Sud, dont l’évacuation s’est achevée le matin du 18 septembre, les services d’hygiène font maintenant la chasse aux rats. Puis viendront les bulldozers, qui prépareront le terrain pour la construction d’un centre commercial. Il y eut à cet endroit plus de 750 Roms. Un autre camp de la métropole lilloise a été fermé quelque temps plus tôt ; d’autres l’ont été à Vaulx-en-Velin, Bobigny, etc. Le maire de Croix attend la fermeture du sien ; à Wissous, dans l’Essonne, le maire socialiste a décidé de couper plusieurs robinets d’eau du camp afin d’accélérer le départ de ses occupants. Le ministre de l’Intérieur déclare que « les Roms ont vocation à retourner chez eux ». Un vol charter pour la Roumanie est prévu pour le début de ce mois d’octobre.
Depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, le rythme des fermetures de camps et des expulsions s’est accéléré. Les associations de défense des Roms en dénombraient 12 000 l’année dernière, en majorité durant le second semestre. Que le ministre de l’Intérieur fasse son métier, c’est bien le moins que l’on puisse attendre de lui pour assurer la sécurité quotidienne des Français ; que les tribunaux prononcent des décisions d’expulsion des étrangers illégaux en application de la loi, c’est aussi la moindre des choses. Mais que la gauche puisse encore délivrer des leçons de bonne conscience, ce n’est pas supportable.
On n’a pas oublié la campagne d’indignation des mêmes durant l’été 2010, il y a trois ans, quand Nicolas Sarkozy avait demandé à son ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, de procéder à la fermeture accélérée des camps de Roms illégaux. Ce fut un déchaînement. La première secrétaire du Parti socialiste, maire de Lille et présidente de la communauté urbaine, Martine Aubry, n’avait pas de mots assez forts pour dire sa « honte » et exiger « la suspension des expulsions ». La Ligue des droits de l’homme et ses associations relais appelaient à une manifestation à Paris et dans 130 villes contre la « xénophobie » et la « politique du pilori » du gouvernement de droite. Les dirigeants socialistes défilaient avec l’extrême gauche communiste et trotskiste, Delanoë, Montebourg, Hamon, Duflot, la moitié du gouvernement actuel, tous unis derrière les Roms. « Discrimination ethnique ! », s’exclamait Jacques Julliard dans le Nouvel Observateur « Non à la bouc-émissarisation des Roms, non à l’arbitraire du pouvoir ! »
L’émotion était telle que le fragile Bernard Kouchner, encore ministre des Affaires étrangères, se disait « choqué ». Le père Arthur Hervet, prêtre lillois, renvoyait à Brice Hortefeux sa médaille de l’ordre du Mérite et annonçait (avant de le regretter) qu’il « priait pour que Nicolas Sarkozy ait une crise cardiaque » et que « s’arrête la guerre contre les Roms »… À Bordeaux, Mgr Le Gall, évêque du diocèse, comparait les expulsions de Roms à celles des juifs et tsiganes sous l’Occupation. À Bruxelles, Viviane Reding, commissaire à la Justice, avait « honte » elle aussi et criait « ça suffit ! ». Toute la bien-pensance people, Jamel Debbouze, Yannick Noah, Lilian Thuram en tête, se joignait au concert. Il y avait même un sondage pour dire que les Français estimaient à 55 % que les expulsions de Roms n’étaient pas très “républicaines”.
Trois ans plus tard, silence total. Les expulsions redoublent, mais l’indignation est éteinte : la gauche gouverne et elle n’a pas envie de perdre les municipales. On ne défile plus, on ne pétitionne plus. Martine Aubry n’a plus honte devant l’évacuation de 1 500 Roms de son agglomération ; le père Arthur n’a plus d’états d’âme. Il est vrai que sept Français sur dix “sont préoccupés par la présence des Roms” (sondage Harris Interactive publié dans notre numéro du 22 août), que les maires, toutes tendances confondues, n’ont plus les moyens de faire face aux problèmes de sécurité, de salubrité, de désordre que pose le phénomène. Mais si Valeurs actuelles dit qu’il y a « overdose », alors l’indignation se réveille : le PS publie un communiqué dénonçant « une attaque diffamatoire, infondée, qui relève […] de la calomnie » ! Si Nathalie Kosciusko-Morizet glisse que les Roms aussi « harcèlent les Parisiens », son adversaire socialiste, Anne Hidalgo, retrouve les accents de la « stigmatisation » pour lui interdire d’en parler.
L’incroyable culot de la gauche doit inviter la droite à conserver en toutes circonstances son sang-froid, à s’opposer sans concessions, à préparer ses batailles sans faiblir. L’exemple le montre : la caravane passe.

L'islam a déclaré la guerre à l'Occident et veut le grand califat

Le journaliste allemand Billy Six qui a été retenu 12 semaines en prison en Syrie en 2012 et le journaliste italien, Dominico Quirico, qui compte cinq mois de détention, confirment par leurs témoignages espacés dans le temps que les islamistes ont lancé la guerre contre l'Occident pour mettre l'islam sur toute la surface du globe. Le journaliste français René Marchand, expert du monde musulman et arabophone a écrit en 2013 Reconquista ou mort de l'Europe. Dans un entretien donné à la Voix de la Russie, René Marchand expliquait que les experts occidentaux sur le monde musulman et de plus arabophones étaient pratiquement inexistants. Publiant sur le site Riposte laïque maladroitement estampillé d'extrême droite par le gouvernement dont les manifestations sont brutalement interdites, ses analyses ne passent pas dans la presse hexagonale et n'informent pas encore un large public français. Les trois journalistes de terrain sont de trois pays différents et ne se connaissent pas, mais ils font la même analyse. L'islam a lancé une grande offensive contre l'Occident pour établir le grand califat et il n'y a pas de différences entre islam dit modéré et islamisme.
 Printemps arabes. « Le printem
ps arabe a été détourné par un but islamique international pour revenir au grand califat du sixième siècle», dit Dominico Quirico dans un entretien donné au journalTempi du 24 septembre, et accuse les responsables politiques de ne pas vouloir voir car c'est plus confortable ainsi. « Nous ne voulons pas comprendre que l'islam modéré n'existe pas, que le printemps arabe est terminé et que sa nouvelle étape est un projet islamiste et djihadiste pour construire le grand califat islamique. Inutile de dire que le principal obstacle à sa construction, c'est nous !»,rejoignant ce que Billy Six disait en conclusion de son entretien en mars dernier, soit sept mois avant la libération du journaliste italien :« le but des Islamistes est de conquérir après la Syrie Israël et l'Arabie Saoudite, pour construire au niveau mondial l’État islamique ». Pour Domico Quirico, le terrorisme islamisme est international et se déplace très rapidement du Pakistan, au Nigéria, au Kenya en passant par l'Egypte. « Maintenant, Al-Quaïda, qui a supprimé l'Armée syrienne libre qui avait réuni les vrais révolutionnaires, est la force la plus grande et la meilleure armée dans la région». Pour le journaliste italien, le monde occidental est menacé par l'islam car les responsables politiques ferment les yeux et préfèrent les salons aux faits du terrain. Dans la même veine le journaliste français René Marchand préconisait, quatre mois avant la libération du journaliste italien, d'interdire l'islam en Europe et de le déclarer incompatible avec la nationalité française. Selon lui, l'islam ne reconnaît pas la liberté de conscience et pour cette raison, est incompatible avec l'un des premiers principes de l'État français qui déclare que la République assure la liberté de conscience. « On invite aujourd'hui sur le cas de l'Islam dans les médias des gens très contestables comme Tariq Ramadan. On ne met jamais en face d'eux quelqu'un qui puisse les contredire. Ils représentent un islam qui n'existe pas. C'est terrible car les gens se forment une opinion avec la télévision. On a créé l'islamisme pour nous rassurer en 1978-79. L'islamisme a été inventé par Voltaire au 18e siècle, mais comme synonyme d'islam. On emploie les termes comme fondamentalisme, radicaux, des gens d'un autre temps, comme pour se rassurer. On a créé cet oxymore extraordinaire qui est « l'islamisme modéré ». Pendant longtemps, en langue arabe, le mot islamisme n'existait pas. On disait « musulman ». Maintenant, dans les médias arabes, ils parlent aussi des islamistes pour désigner ceux qui veulent appliquer une version de la charia plus stricte et qui s'opposent au système dynastique. On a une renaissance de l'islam et il revient toujours à ses bases.» Dominico Quirico explique toujours dans le Tempi que le but est de consolider le califat en Extrême Orient comme base de départ à l'annexion du globe en commençant par l'Espagne en Europe.
Riposte Laïque. Des sites français parlant de la réalité des faits sur la question de l'islam sont menacés d'être censurés par le ministère de l'Intérieur. Riposte laïque en est un exemple et doit affronter divers procès pour avoir publié des faits de sociétés liés à la montée en force de l'islam en France. En outre, Riposte laïque reçoit des interdictions d'organiser des manifestations par la préfecture comme cela fut encore le cas pour la manifestation proposée en soutien au Collectif pour la défense des libertés publiques le 14 septembre. Pour s'amuser et donner une autre voix au monde médiatique français très cloisonné, Riposte laïquea publié deux nouveaux livres, Opération Pédalo etIslamectomie sur les incompétences et déviances islamiques en France sous la forme de l'humour et de narrations de faits. Dans Opération Pédalo, les divers responsables politiques et des médias disparaissent de la circulation. Un groupe de résistant a décidé de redresser le pays. Les témoignages de Billy Six, de René Marchand et de Dominico Quirico confortent les analyses et le travail de Riposte laïque.

La fourmi Merkel et la cigale Hollande

La fourmi Merkel et la cigale Hollande


Notre président, sans charisme, sans autorité et sans cap, ferait bien de tirer les leçons du scrutin qui vient de faire d’Angela Merkel la “reine” incontestée de l’Europe.
Le plus grand péril, disait Napoléon, se trouve au moment de la victoire. C’est ce que devait se répéter Angela Merkel dimanche soir, alors qu’elle avait du mal à exulter à l’annonce du score triomphal remporté par son parti à l’occasion des élections législatives allemandes. Jamais depuis 1994, quand Helmut Kohl était au faîte de sa gloire, les chrétiens-démocrates n’avaient recueilli autant de voix. Et cette victoire est avant tout celle de cette femme, fille de pasteur, qui a grandi de l’autre côté du rideau de fer et a gardé de son éducation luthérienne à la fois une grande réserve, mais aussi une énorme rigueur.
À peine réélue pour un troisième mandat, l’une des premières déclarations de cette ancienne physicienne a été : « Maintenant, nous allons remettre l’Allemagne au travail. » Une phrase presque surréaliste pour la dirigeante de la première puissance d’Europe, qui a réussi la prouesse de ramener le taux de chômage de son pays à 5,4 %, deux fois moins que celui de la France. Depuis huit ans, elle a beaucoup demandé à ses compatriotes. Mais elle n’a jamais cédé sur l’essentiel de ses convictions afin de permettre à l’Allemagne de rester un pays qui compte. Elle a tout mis en oeuvre pour favoriser la libéralisation du marché du travail, pour faire de son pays le premier exportateur mondial, mais aussi pour limiter l’immigration, pour s’opposer à la notion même de multiculturalisme et pour refuser l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne.
La presse française n’a cessé de caricaturer Angela Merkel, parce qu’elle a fait preuve d’une certaine inflexibilité au moment de la crise grecque, parce qu’elle refusait — à juste titre — de faire de l’Allemagne le tiroir-caisse de pays européens mal gérés, et parce que, de fait, elle donnait le sentiment de bloquer tout processus d’intégration. La chancelière allemande faisait juste son job. D’une part elle ne voulait pas sacrifier les efforts faits par ses compatriotes au moment de la réunification, puis lors de la mise en oeuvre du fameux “Agenda 2010” de réformes structurelles élaborées par Gerhard Schröder. D’autre part elle savait que l’aprèscrise allait durer longtemps et qu’il lui faudrait imposer à nouveau des sacrifices radicaux.
Comme l’assure une vieille boutade, “quand vous demandez peu aux gens, ils ne vous donnent rien, mais lorsque vous leur demandez beaucoup, ils vous donnent tout”. C’est parce que Angela Merkel n’a rien sacrifié de ses convictions, de son sens de la rigueur, des rêves de grandeur qu’elle a pour son pays, qu’elle a reçu l’onction de ses compatriotes pour poursuivre cette politique encore quatre ans, au moins, quitte à s’allier pour cela avec les sociaux-démocrates du SPD qui ont vu leur poids au Bundestag s’effondrer. C’est parce qu’elle a été, pendant toute la crise, la “fourmi” du vieux continent que beaucoup la voient désormais comme la patronne de l’Europe.
Le jour même de cette réélection spectaculaire, un sondage publié par le Journal du dimanche faisait ressortir un taux d’impopularité record pour François Hollande, avec seulement 23 % de Français qui lui font confiance. C’est l’une des contre-performances les plus impressionnantes de toute l’histoire de la Ve République (à l’exception des 22 % de popularité enregistrés par François Mitterrand en 1991). Le président “cigale”, qui se refuse à repousser l’âge légal de départ à la retraite, qui est incapable de réduire les dépenses publiques, qui a créé 400 000 chômeurs depuis son accession au pouvoir, et qui veut maintenant naturaliser le plus possible d’immigrés en dépit de la forte montée des communautarismes, n’est plus soutenu que par une poignée de Français. Il est enfermé dans son palais sans entendre monter de la France des invisibles cette colère sourde qui va se transformer, l’an prochain, en spectaculaire défaite pour le Parti socialiste.
Ce président sans charisme, sans autorité, sans cap et désormais sans légitimité, qui voulait donner des leçons à Angela Merkel lorsqu’il est arrivé au pouvoir, ferait bien de tirer les enseignements du scrutin qui vient de faire d’elle la “reine” incontestée de l’Europe. Plutôt que de tourner notre diplomatie en ridicule dans la tragédie syrienne, il ferait mieux de s’atteler à la réforme en profondeur d’un pays qui vit au-dessus de ses moyens, alors que l’Allemagne, elle, est en excédent budgétaire. Quant à la droite, elle gagnerait aussi à faire son autocritique à l’aune de la victoire de sa demi-soeur allemande, au pouvoir depuis 2005. Pour comprendre qu’on n’a jamais intérêt à trahir ses électeurs, à hésiter devant les réformes les plus audacieuses et à transiger avec la rigueur. Mais surtout qu’il ne faut rien lâcher sur l’essentiel de ce qui fait l’âme et la grandeur du pays.

Ne pas vouloir davantage d'immigrés est-il nécessairement une question raciste ?


L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) veut porter plainte contre le magazine Valeurs Actuelles pour "incitation à la haine raciale". En cause : la couverture du numéro paru jeudi, qui présente une Marianne voilée avec en titre "Naturalisés : l'invasion qu'on cache".

 Choquée par la une de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé, mercredi 25 septembre, son intention de porter plainte contre Yves de Kerdrel, directeur de la publication, pour "incitation à la haine raciale". Le dossier de Valeurs Actuelles révèle qu'une majorité de Français s'inquiète du projet de Manuel Valls d'augmenter le nombre de naturalisations et fait état des inquiétudes d'une partie d'entre eux quant "au remplacement de la population". Ce type de préoccupation peut-il être entendu et doit-il forcément être interprété comme du "racisme" ?

Malika Sorel : Avant de répondre à vos questions, je souhaite tout d'abord rappeler que dans une époque, la nôtre, qui ressemble malheureusement de plus en plus à celle décrite par George Orwell dans 1984, il convient de revenir sans cesse au vrai sens des mots.Pourquoi parler ici de racisme ? La religion serait-elle devenue une race ? L'anthropologue Claude Lévi-Strauss nous avait pourtant alertés. Il disait qu'"en banalisant la notion de racisme, en l’appliquant à tort et à travers, on la vide de son contenu, et on risque d’aboutir au résultat inverse de celui qu’on recherche". S'il est question d'une religion, alors en France toute religion peut être critiquée. Ceux qui refusent cette critique ne comprennent pas à quel point ils aggravent la situation, et aussi l'image qu'ils renvoient à l'opinion publique française. Car la critique est véritablement indissociable du peuple français qui s'est battu pour conquérir ce droit qu'il considère comme un droit fondamental. 
Pour avoir participé à l'audition du président de l'UEJF par le Haut conseil à l'intégration, je ne comprends pas très bien le sens de sa démarche. Il nous avait en effet fait part de sa grande préoccupation eu égard aux tensions que les étudiants juifs vivaient sur certains campus. Dire la vérité peut servir à une prise de conscience car il arrive que ceux qui créent de la pression ne s'en rendent pas vraiment compte. La vérité ne peut jamais nuire à la pacification des rapports. C'est le fait d'avoir tu l'existence de problèmes qui nous a conduit à la situation que nous connaissons à présent.

Quant à la préoccupation des Français qui est légitime, elle ne pourra pas être entendue par le Parti socialiste (PS) actuellement au pouvoir. Le PS auquel les citoyens ont donné les commandes n'est malheureusement pas celui de Michel Rocard, ni celui de Ségolène Royal de 2007 qui avait eu le courage d'imposer le drapeau et les valeurs qui l'accompagnent à ses camarades du parti. Le projet gouvernemental qui est actuellement en cours d'élaboration, c'est purement et simplement l'abandon de l'intégration culturelle pour le concept d'inclusion. Il n'est plus question de demander aux immigrés et à leurs descendants de respecter les principes et les valeurs du peuple français mais de demander aux Français de changer leur regard. Il faut lire les documents sur lesquels s'appuient les différents groupes de travail mis en place par Matignon. La France est entraînée vers le modèle communautariste et cela sans jamais en avoir référé aux citoyens. Tout est en ligne y compris sur les sites ministériels. Les citoyens, pour peu qu'ils s'intéressent à leur propre destin en tant que peuple, doivent aller lire ce qui est en préparation et qui n'est autre que la mise en musique du rapport, lui aussi en ligne, du conseiller d'État Thierry Tuot (lire l'analyse de M. Sorel au sujet de ce rapport, ndlr). Même l'organisation du ministère de l'Intérieur a été revue. Le terme d'immigré n'apparaît plus. Il n'y a plus que la notion d'étranger que l'on accompagne au niveau social et ensuite il devient Français. L'intégration ? Quelle intégration ? Circulez, il n'y a rien à voir ! 
Fabrice Madouas : Que Valeurs actuelles soit menacée de poursuites judiciaires est à la fois inquiétant et surprenant. Inquiétant car il est arrivé que d’autres journaux mettent en scène une Marianne voilée, par exemple Le Figaro Magazine en 1985 puis en 1991 : or, aucune association, à l’époque, n’avait pensé les poursuivre en justice ! Ce qui prouve, malheureusement, que la liberté d’expression a régressé. Ce n’est pas une bonne nouvelle.
Surprenant, aussi, car notre couverture ne vise aucunement la "communauté" musulmane. Pourquoi avons-nous coiffé notre Marianne d’un niqab – dont le port, je le rappelle, est interdit par la loi dans l’espace public ? Parce que nous déplorons les progrès, en France, d’un islam radical dont certains pratiquants contestent les lois de la République : on l’a vu récemment à Trappes, quand deux cents jeunes ont attaqué le commissariat après le contrôle d’une femme intégralement voilée. Peut-on nous le reprocher ? Critiquer cette couverture, y voir une attaque contre tous les musulmans, c’est associer ceux-ci à des pratiques radicales et condamnables – ce qui est pour le moins curieux ! J’espère sincèrement que l’islamisme n’est pas l’avenir de l’islam, ni en France, ni ailleurs…
Sur le fond, notre dossier montre, en effet, que 63 % des Français jugent que les naturalisations annoncées par Manuel Valls "sont plutôt une mauvaise chose" (selon le sondage Ifop que nous publions). Je ne vois pas en quoi ce jugement relèverait du racisme. Les Français ne contestent pas les naturalisations par principe, mais leur caractère massif, au moment-même où la gauche assouplit les critères de naturalisation : le gouvernement a supprimé le questionnaire de culture générale visant à mesurer la connaissance des institutions et de la civilisation française et le test de maîtrise de la langue française n’est plus éliminatoire.
C’est une petite révolution : l’admission dans la communauté nationale n’est plus l’aboutissement d’un parcours d’assimilation réussie, comme c’était auparavant le cas. Or, l’assimilation n’est pas seulement un processus juridique : elle exige de chaque étranger qu’il fasse l’effort d’adopter un mode de vie, de partager des coutumes qui n’étaient pas les siennes. C’est le prix qu’ont payé des millions d’immigrés, au fil des siècles, pour devenir français. Ce modèle est aujourd’hui délaissé : un étranger peut être naturalisé en n’ayant qu’une connaissance lacunaire de notre culture. C’est cela que les Français déplorent – d’autant plus que "les papiers d’identité sont des titres de propriété sur la France", selon le mot de Malika Sorel-Sutter, membre du Haut Conseil à l’Intégration : ceux qui les obtiennent ont le droit de voter. Mieux vaut les délivrer avec parcimonie. "Les nations sont les couleurs de l’humanité", disait Alexandre Soljenitsyne. Peut-on vouloir sauvegarder, à bon droit, la culture des populations amérindiennes d’Amazonie et reprocher aux Français de préserver leur mode de vie ?
Mehdi Thomas Allal : Tout d’abord, arrêtons-nous sur le terme "remplacement de la population" qui est une expression surtout utilisée par l’extrême-droite afin de justifier son opposition (pour ne pas dire sa haine) vis-à-vis de l’immigration. Le élus autant que les médias jouent ici un rôle  essentiel ; les partis de gouvernement se doivent de tenir un discours de justice, de tolérance et d’équité, voire de faire de la pédagogie  - en rappelant les valeurs sur lesquelles se fondent notre République - afin que ce genre de "mythe" ne se transforme en préoccupation injustifiée et dangereuse pour les citoyens. Les médias, quant à eux, influent également sur la perception des réalités. L’initiative de l’UEJF vise à dénoncer les dérives d’un titre de presse qui, depuis un certain temps déjà, exploite les thèmes les plus sensibles de l’actualité politique et sociale, livrant ainsi une vision biaisée de la sociétéIl faut donc rappeler lucidement que le nombre de naturalisations était tombé à 46.000 en 2012, ce qui représente 0.0007 % de la population française. A ce rythme, il faudrait plusieurs millénaires (faites le calcul...) pour "remplacer", comme vous le dites, la population existante. D'autre part, rappeler que les critères permettant d'obtenir la naturalisation sont très exigeants et ont été beaucoup renforcés depuis les années 1990, notamment sous la droite, précisément pour s'assurer que les personnes qui rejoignent la nation française en partagent toutes les valeurs. A cet égard, la une de Valeurs Actuelles n'est pas seulement fantaisiste, mais elle est encore erronée juridiquement, car une femme intégralement voilée n'a pas le droit d'obtenir une naturalisation, ainsi que l'a récemment rappelé le Conseil d’État. On peut donc comprendre les angoisses et les peurs, mais elles sont infondées si l'on regarde avec honnêteté la réalité statistique et juridique.
Michèle Tribalat : Les unes, en général, ne sont pas des concours de beauté. Les journaux et magazines recourent volontiers à des titres choc pour attirer les lecteurs. Toutes les opinions personnelles sont légitimes sur le bon goût ou le caractère odieux de telle ou telle accroche. Je trouve moi-même que la couverture de Valeurs Actuelles présente les choses de manière caricaturale et que les articles qui suivent sont beaucoup plus modérés (et je ne fais pas allusion ici des extraits de mon livre que Valeurs Actuelles publie).  La plupart des médias ont recours au concept de l'information que l'on cache au citoyen (les chiffre que l'on vous cache...). Valeurs actuelles ne fait pas exception. La liberté de parole doit être entière (et elle l'est si l'on en croit le tintamarre que cette une a déclenché) pour dire, si on le souhaite, tout le mal que l'on pense de la une de Valeurs Actuelles. Mais cela doit s'arrêter là.  Cela relève du domaine de la liberté d'expression et doit le rester. On doit pouvoir supporter l'expression d'opinions qui paraissent excessives. Si Valeurs Actuelles devait être condamné pour sa une, cela reviendrait à métaphoriser à l'excès la notion d'incitation à la haine raciale (et l'on ne voit pas quelle race est stigmatisée dans cette une) et à limiter considérablement le périmètre de la liberté d'expression, déjà mis à mal. Tous ces procès participent de manœuvres d'intimidation qui finissent par générer de l'autocensure à titre préventif.

En quoi l'immigration peut-elle bouleverser les équilibres d'une société ?

Malika Sorel : Je renvoie vos lecteurs à l'ensemble de mes écrits. Tout dépend de l'importance du flux migratoire, du laps de temps sur lequel il s'étale, et de sa nature. Il est évident qu'une immigration qui est issue de peuples qui n'ont pas les mêmes principes et valeurs que le peuple de la terre dite "d'accueil" finira, si elle est conséquente, par bouleverser en profondeur les équilibres de cette société d'accueil. Sans compter la question financière, par exemple si les immigrés sont issus de milieux pauvres. Michel Rocard l'avait dit dès 1990 : "la France n’est plus une terre d’immigration et elle ne peut plus recevoir un flux massif et incontrôlé sans que cela n’hypothèque gravement et tout ensemble d’abord l’équilibre social de la Nation, ensuite les chances d’intégration des étrangers installés (...) ". Qu'ont fait nos "chers" dirigeants depuis cette époque ? Chaque année c'est plusieurs fois la ville du Mans qui a été "accueillie" sur le sol. Cela a conduit à ce que Michel Rocard avait anticipé. Au stade où nous en sommes, il n'est plus nécessaire de lister tous les bouleversements que cela provoque. Chaque item de la charte de la Laïcité à l'école de Vincent Peillon témoigne de l'étendue de la Berezina, et encore la charte a soigneusement évité d'aborder un certains nombre de problèmes. 
Aujourd'hui, tous les équilibres des sociétés européennes - car il n'y a pas que la France - sont rompus ou en passe de l'être. La réussite de l'Allemagne n'est qu'un mirage. Angela Merkel n'a réglé aucun problème à moyen et long terme du peuple allemand car celui de sa démographie finira par tout bouleverser. Quant à l'intégration, la chancelière avait elle-même évoqué l'échec de leur modèle, celui multiculturel. C'est ce modèle multiculturel qui est actuellement mis en musique par les dirigeants en France. 
Fabrice Madouas : Il faudrait d’abord distinguer l’immigration de travail de l’immigration de résidence. On ne peut pas exiger d’un étranger qui retournera tôt ou tard chez lui qu’il fasse l’effort de s’assimiler – seulement qu’il respecte les lois du pays qui l’accueille provisoirement. En revanche, si l’étranger veut faire souche en France, il est normal qu’il cherche à s’assimiler selon le processus décrit plus haut. Si ce n’est pas le cas, la cohabitation d’une forte communauté étrangère, repliée sur ses traditions, risque de provoquer des tensions avec les "nationaux".
Cela se voit en France, dans certains quartiers et souvent à l’école. Ce n’est pas un hasard si Vincent Peillon a fait afficher une charte de la laïcité dans les établissements scolaires, initiative d’ailleurs critiquée par le Conseil français du culte musulman. En 2010, le Haut conseil de l’intégration soulignait déjà les difficultés de l’Éducation nationale dans un rapport remis à François Fillon, Les défis de l’intégration à l’école. On y lit que, dès le primaire, "des enseignants se voient systématiquement opposer un refus de parents musulmans à l’étude, par leurs enfants, de la christianisation" du monde gallo-romain ou de l’histoire des croisades, par exemple. L’enseignement de la Shoah fait lui aussi l’objet de contestations. Les cours d’éducation physique, de sciences naturelles, d’éducation civique, voire de musique, n’échappent pas à cette pression religieuse. Le sentiment de ne pas appartenir à la communauté nationale est largement partagé dans certains quartiers : "Chacun se définit par la nationalité de ses parents avant de se sentir français", note le HCI.
Ce constat, c’est aussi celui que dresse la démographe Michèle Tribalat dans son nouveau livre, Assimilation : la fin du modèle français (Éditions du Toucan) dont nous publions les bonnes feuilles dans notre dossier. Beaucoup prévoyaient une sécularisation des immigrés de confession musulmane au contact des populations européennes. Michèle Tribalat souligne, au contraire, "le retour vers l’islam" des jeunes adultes, qui pratiquent une forte endogamie religieuse, tout particulièrement dans les familles soucieuses de "sécuriser la transmission" de leur foi dans un environnement indifférents aux religions. Selon elle, "nous avons péché par excès d’optimisme en imaginant avoir résolu une fois pour toutes la question des prétentions religieuses sur la vie politique". Où l’on retrouve – encore – la question de la laïcité !
Mehdi Thomas Allal : Valeurs Actuelles a raison. L’immigration peut bouleverser les équilibres d’une société … mais de façon positive ! Oui, l'immigration contribue à façonner ce que nous sommes puisque nous accueillons des femmes et des hommes qui, pour la plupart, ne sont pas nés sur notre territoire. Il faut donc veiller à ce qu'ils partagent les mêmes valeurs que nous et à ce qu'ils s'intègrent autant que possible à la population française. L'institution de l'école et la maîtrise de la langue française jouent un rôle éminent dans cette intégration. Mais j'aimerais aussi que l'on insiste davantage sur les bouleversements vertueux que représente l'immigration. Je pense à de grandes figures comme la scientifique Marie Curie, émigrée de Pologne et qui a été la seule femme à recevoir deux prix Nobel. Je pense à Émile Zola, Italien par son père et naturalisé à l'âge de 22 ans, qui s'est battu avec l'ardeur que l'on sait pour la cause ouvrière et pour faire triompher la vérité dans l'Affaire Dreyfus. Ces figures de notre immigration - j'aurais pu prendre d'autres exemples - ont contribué à dérouler l'histoire de France et à la faire rayonner dans le monde. Maintenant, il est évident que tous les immigrés n'obtiendront pas un prix Nobel ! Chaque demande de titre de séjour ou de naturalisation doit donc être examinée au regard des talents propres à chaque individu et des critères fixés par nos lois. Mais ne demandons pas aux immigrés que nous choisissons d'accueillir de renier les éléments de leur culture qui sont tout à fait compatibles avec nos valeurs. Ne devenons pas un pays fermé sur lui-même, hostile par principe à l'étranger et nostalgique d'un passé glorifié et idéalisé. Tournons nous plutôt vers l'avenir. Je remarque d'ailleurs aujourd'hui les mêmes stéréotypes que ceux qui pouvaient exister au début du XXème à l'égard des immigrés polonais, espagnols ou italiens. Je sais que l'on viendra un jour à bout de ces préjugés mais il faudra du temps et nous aurons besoin d'exemples positifs pour démontrer que l'immigration a toujours contribué et peut encore contribuer à la grandeur de la France. Enfin, répétons que l'intégration suppose une forme de réciprocité entre pays d’accueil et personnes issues de l’immigration : le bouleversement peut être aussi fort tant pour l’un que pour l’autre.

La volonté d'une société de préserver une certaine homogénéité culturelle, voire ethnique peut-elle se justifier ou est-elle forcément condamnable ? Que penser à cet égard des études qui évoquent des causes physiologiques au racisme (lire ici par exemple) ?

Malika Sorel :  La culture se définit, pour schématiser, par un ensemble de normes collectives. Ces dernières sont le produit de l'histoire politique et culturelle d'un peuple. Il est évident que l'on ne peut pas former un seul et même peuple lorsque l'on ne partage pas le même contenu de normes. Il est de même évident que l'on ne peut vivre en harmonie au sein d'une société où les normes ne sont pas portées et partagées par tous. Le concept de norme a lui aussi un sens profond. Je renvoie ici vos lecteurs à l'analyse du texte de la conférence en Sorbonne d'Ernest Renan qu'ils trouveront en ligne et qui s'intitule "qu'est-ce qu'une nation?". Tout y est ! 
Ne pas respecter la volonté d'une société de vouloir se préserver - pour tout simplement continuer d'exister- est extrêmement dangereux. Cela aura des conséquences. Les crispations croissantes que l'on sent monter en France et plus généralement en Europe sont directement liées à ce point. 
Je ne connais pas le détail de la théorie que vous mentionnez mais pour ma part, je crois, comme l'a très bien développé Emmanuel Kant que "l'homme n'est que ce que l'éducation fait de lui", et que nous payons très cher le fait d'avoir sous-estimé la puissance de l'éducation qui est transmise au sein des familles pendant la toute petite enfance. Un célèbre psychologue avait écrit "tout se joue avant 6 ans". En ce qui concerne la capacité de choisir sa propre culture et plus tard son propre peuple, je dirais que quasiment tout se joue avant l'entrée en maternelle. 
Fabrice Madouas : Disons-le clairement : le problème n’est pas ethnique mais culturel.En l’absence d’assimilation, la cohabitation sur un même territoire de communautés ne partageant pas la même culture est par essence conflictuelle. On l’a vu dans les Balkans, on l’a vu aussi au Liban, naguère considéré comme la Suisse du Proche-Orient. L’assimilation est affaire de volonté, elle est affaire aussi de capacités, c’est-à-dire de nombre. Existe-t-il un "seuil de tolérance" ? "Je peux [...] assurer, moi qui ai passé ma vie à protéger les différences, que le seuil de tolérance existe bel et bien, confiait au soir de sa vie le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss, peu suspect de frayer avec l’extrême-droite. C'est un fait, un jugement de réalité, non un jugement de valeur. Il faut l'apprivoiser et le dépasser, mais non l'ignorer. Or toute notre époque est là : on ignore des faits sous prétexte de défendre des valeurs".
De cette leçon, on conclura qu’il est prudent de maîtriser les flux migratoires. Il n’y a dans cette intention nulle trace de racisme, mais la volonté de préserver un équilibre, une tranquillité toujours fragiles. Autre citation, d’un philosophe celle-ci : "Il n’existe pas de droit à émigrer dans un autre pays, droit qui pourrait fonder des réclamations, estimait Emmanuel Kant en 1795. Il n’existe qu’un droit de visite, valable pour tous les êtres humains. C’est à cette condition d’accepter le droit de visite mais de refuser le prétendu droit d’immigrer que l’on pourra maintenir des relations pacifiques entre les peuples". Cela revient à poser comme principe la liberté de circuler et comme exception le droit de s’installer. Cette prudence n’exclut évidemment pas les échanges internationaux, culturels et commerciaux, encore moins la mise en œuvre d’une politique de coopération favorisant le développement des pays tiers.
Michèle Tribalat : Ce n'est pas tant l'homogénéité culturelle qu'il faut préserver car, même sans immigration, toute société est diverse. On a pris l'habitude de réserver le terme diversité aux populations d'origine étrangère. C'est un appauvrissement considérable de l'usage de ce mot qui laisse croire que la diversité vient forcément d'ailleurs et que nous serions tous affreusement semblables sans immigration. C'est, paradoxalement, conforter l'idée d'homogénéité culturelle que l'on réprouve tellement par ailleurs. Disons que la cohésion sociale suppose aussi bien un lien avec le passé qu'avec les vivants. Il faut donc que les populations européennes puissent s'y retrouver et avoir le sentiment de continuité avec leur propre histoire, ce qui suppose d'accepter qu'elles constituent la référence culturelle vers laquelle les nouveaux venus finissent par graviter, ou, tout au moins, doivent ne pas la remettre fondamentalement en cause. Je me refuse à envisager toutes les raisons raisonnables qu'il y a à être raciste. Je refuse d'aller chercher chez les biologistes des raisons réconfortantes pour de mauvais penchants, par ailleurs condamnés par la loi.
Mehdi Thomas Allal :  L’homogénéité culturelle et ethnique dans une société est au choix une illusion ou un idéal, seulement si vous êtes d’extrême droite. La désirer suppose le rejet de toute culture ou ethnie différente, en d’autres termes, faire preuve de racisme ou de xénophobie. En ce sens, c’est effectivement condamnable ! Aucune étude ne pourra se substituer aux textes constitutionnels et législatifs qui condamnent le racisme. Quant aux "causes physiologiques", méfions-nous catégoriquement des théories justifiant d'une manière ou d'une autre les préjugés. Il semble curieux, de la part d'une partie de la droite, de critiquer d'une part le prétendu "laxisme" et la "culture de l'excuse" dont bénéficieraient ceux qui commettent des infractions et, d'autre part, de recourir à cette même culture de l'excuse pour ceux qui se rendent coupables d'actes racistes. Je rappelle par ailleurs que ceux-ci ont explosé depuis plusieurs années. Il était donc urgent que la gauche, revenue au pouvoir, tienne un discours républicain et ferme pour condamner toutes les violences et toutes les formes de délinquance, y compris lorsqu'il s'agit d'actes racistes contraires à nos principes constitutionnels et aux valeurs universelles qui ont fait la grandeur de la France. Je rappelle enfin qu'en 1792, lorsque la France était assaillie par les monarchies européennes, comme pendant la Résistance et la Libération contre l'occupant nazi, des étrangers ont pris les armes pour la France. Certains d'entre eux ont été naturalisés Français au titre de leurs faits d'armes, ce qui démontre que notre identité nationale n'est pas fondée sur un critère ethnique, mais bel et bien sur des valeurs qu'il ne faut jamais abandonner, ni d'ailleurs considérer comme acquises.

Comment se justifient les Etats qui assument un contrôle strict de l'immigration ?

Fabrice Madouas : Rappelons d’abord que la Cour européenne des droits de l’homme reconnaît tout à fait le droit aux États, "en tant qu’éléments du droit international, d’exercer le contrôle de l’entrée, du séjour, de l’expulsion des ressortissants de pays tiers" (arrêt Chahal, 1996). Bon nombre de pays mettent en œuvre un strict contrôle des flux migratoires pour des raisons économiques, la crise ne leur permettant plus de subvenir aux besoins des candidats à l’immigration (notion de "capacités"). La question se pose en effet : au vu de l’état de ses finances, du niveau de sa dette, de ses faibles perspectives de croissance et de l’aggravation du chômage, la France peut-elle continuer à délivrer plus de 190 000 titres de séjour chaque année ? On voit aussi que l’État ne parvient plus à faire face à l’afflux des demandeurs d’asile (plus de 61 000 l’an dernier), dont certains sont obligés de camper dans les rues, faute de places d’hébergement – cela est arrivé récemment à Clermont-Ferrand.
Nicolas Sarkozy avait tenté de mettre en œuvre une politique dite d’"immigration choisie", régulée par l’État, tout en combattant l’immigration subie, issue de l’entrée et du séjour clandestins. Il s’agissait d’instaurer une régulation quantitative des flux migratoires, en autorisant le gouvernement à fixer des objectifs sur le nombre des migrants qui entrent en France. Cette réforme s’inspirait du modèle canadien pour l’immigration de travail (création de la carte "compétences et talents") et des systèmes britannique et allemand en matière d’immigration familiale. Sa mise en œuvre n’a pas donné les résultats escomptés – mais était-ce possible dans le cadre contraignant de l’espace Schengen ?
Mehdi Thomas Allal : Aucun Etat ne ferme totalement ses frontières (même la Corée du Nord), purement et simplement parce que les flux migratoires représentent un phénomène naturel. Il est totalement utopique de souhaiter stopper totalement l’immigration comme le préconise, par exemple, le Front national. Rejet du métissage culturel, xénophobie, intégration impossible, volonté de préserver une forme d’homogénéité culturelle, peur quant à une insécurité qui serait causée par des personnes d’origine étrangère … les arguments en faveur d’un strict contrôle de l’immigration peuvent être nombreux. Si la maîtrise des flux migratoires est une question qui mérite réflexion, elle peut revêtir, lorsque pratiquée de façon extrême, une forme d'ostracisme... C'est pourquoi le contrôle de l'immigration doit s'effectuer dans le cadre de notre pacte républicain. Cette maîtrise des flux migratoires n'en est pas moins une préoccupation constante des dirigeants français et il serait mensonger de dire que François Hollande ou Manuel Valls feraient preuve d'un quelconque laisser-faire à cet égard. Le nombre de titres de séjour accordés reste en effet stable par rapport à la période précédente. Je note d'ailleurs que le Front national a abandonné sa doctrine du "zéro immigration" et reconnaît donc qu'un certain niveau d'immigration légale est nécessaire. En revanche, nous devons prendre davantage d'initiatives pour lutter contre les filières d'immigration clandestine, qui exploitent la misère des gens, et pour sanctionner très durement les employeurs qui ont recours à des sans-papiers. L'administration du travail est très active sur ces questions, mais il nous faut aussi mieux nous coordonner avec nos partenaires européens. Le renforcement des moyens de l'agence "Frontex", qui appuient les États dans la surveillance et le contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, doit par exemple être prioritaire, afin que l'Europe se protège mieux face à ces flux illégaux. Enfin, nous devons nous assurer que l'aide publique versée au titre du développement des pays pauvres soit mieux ciblée et soit surtout mieux utilisée sur place, de sorte que les travailleurs qui peuvent avoir la tentation d'émigrer trouvent aussi des opportunités dans leur propre pays.

Le collectif de la Gauche populaire, initié par le politologue Laurent Bouvet, explique la montée du vote pour le Front national lors de la dernière élection présidentielle non seulement par "l’économique et le social", mais aussi par le concept d'insécurité culturelle  qui recouvre notamment "la peur de l’immigration, des transformations du 'mode de vie', de l’effacement des frontières nationales". Quel est votre point de vue sur cette analyse ? Les politiques doivent-ils davantage tenir compte de ce sentiment d'insécurité culturelle ?

Malika Sorel : C'est ce que j'ai écrit bien avant que tout ce que vous évoquez là  ne soit mis sur la table. Les écrits sont là sans compter que j'ai commencé à tenter d'alerter - en vain - le monde politique bien avant mes premières publications. Aujourd'hui, de plus en plus d'élites intellectuelles ou politiques évoquent les problèmes parce qu'ils ont pris de telles proportions qu'ils ne peuvent plus être dissimulés à l'opinion publique. Et encore certains tentent de changer le sens des mots comme je l'ai dit plus haut en évoquant 1984. Pour moi une élite ne mérite ce qualificatif que si elle est capable d'anticiper les problèmes et ainsi les éviter à la société. Quand à la montée du FN, j'ai toujours dit aux dirigeants en poste que si leur problème c'était le FN, alors ils n'avaient qu'à résoudre les problèmes liés aux question d'identité. Il faut croire que finalement le FN ne les affolait pas tant que ça. Je suis pour ma part convaincue que ce sujet qui est celui du respect du peuple doit être porté par un maximum d'élus de tous bords. C'est pour cette raison que les citoyens doivent voter uniquement sur la base des convictions qui sont défendues par les personnes qui se présentent à leur suffrage. Là aussi toutes les informations qui concernent les convictions défendues par les uns et les autres sont accessibles. C'est l'une des grandes facilités que nous offre la technologie de notre époque !
Fabrice Madouas : Cette analyse me paraît pertinente (quoi qu’il faille, à mon avis, cesser de penser toujours en termes de peur…). Elle rejoint, en tous cas, l’analyse du géographe Christophe Guilluy sur "la France des invisibles" et le constat de Michèle Tribalat. De fait, les politiques – et singulièrement la gauche – ont abandonné toute une frange des couches populaires, celles qui vivent encore dans les "quartiers", aux côtés des immigrés, et celles qui sont allées s’installer dans les zones périurbaines.
On retrouve ici les travaux de la Fondation Terra Nova, proche du PS : constatant que les ouvriers n’étaient plus en phase avec les valeurs "libérales-libertaires" que la gauche défend désormais, Terra Nova recommandait au candidat socialiste, François Hollande, de s’appuyer sur un électorat alliant les "bobos" diplômés aux minorités réputées opprimées, "la France de la diversité [étant] presque intégralement à gauche" (ce que confirme les études de l’Ifop : 86 % des musulmans ont voté Hollande au second tour de l’élection présidentielle).
Les "natifs au carré" (nés en France de deux parents nés en France) des catégories populaires ont le sentiment d’avoir été abandonnés par l’État. "Leur localisation dans les petites communes les laisse souvent à l’écart des initiatives de la politique de la ville alors qu’ils font souvent les frais du désengagement de l’État", résume Michèle Tribalat. Il me paraît indispensable que les élites politiques et intellectuelles renouent avec ces Français négligés, pour qu’ils ne sombrent pas dans la désespérance.
Michèle Tribalat : Cette une thèse également défendue par Christophe Guilluy. La perte, dans les classes populaires, du statut de référent culturel est profondément anxiogène.La perspective de leur mise en minorité les conduit à éviter les lieux de forte concentration, au prix d'un éloignement des principaux centres d'activité économique. Les politiques exacerbent leur ressentiment lorsqu'ils ne parlent de quartiers populaires qu'à propos des banlieues. Ces classes populaires "autochtones" ont également perdu l'approbation des élites quant au rôle de référent culturel qu'ils exerçaient autrefois. Elles apprécieraient que l'on trouve légitime qu'elles aussi cherchent à protéger leurs modes de vie. Les politiques devraient s'intéresser à elles à nouveau, non seulement parce que ces classes populaires "autochtones" souffrent du désintérêt à leur égard et de la sollicitude manifestée trop exclusivement à l'égard des banlieues, mais aussi parce que, sans leur concours, tout modèle d'intégration quel qu'il soit est condamné à tourner à vide.
Mehdi Thomas Allal : La Gauche populaire, à l’instar de la Gauche forte et d’autres nouveaux pôles, proches du Parti socialiste, s’inquiètent en effet de la montée du Front national qui, depuis 2002, a entamé une stratégie de "dédiabolisation". Le contexte économique et social sert malheureusement ses intérêts. En France, on constate une percée de l'extrême-droite lors des élections. La manœuvre est bien connue : attiser la peur des citoyens en utilisant un bouc-émissaire – issu d’une minorité - (étranger, noir,  musulman, homosexuel, rom…) en faisant croire qu’il représente un danger pour la sécurité et l’avenir du pays concerné. Puis, proposer des solutions par le biais d’un discours populiste et discriminant. Plus que de tenir compte de ce sentiment d’insécurité culturelle, il revient aux dirigeants politiques dits "républicains" de le déconstruire, car celui-ci nuit à la cohésion sociale, et ne peut que renforcer une extrême-droite dont l’influence parmi l'opinion se fait déjà beaucoup trop ressentir. De fait, il existe dans notre pays une forme de rejet de tout ce qui vient de l'extérieur : la mondialisation, l'Europe, l'immigration. Il se nourrit de la peur de ne plus trouver sa place dans un monde qui change et qui évolue de plus en plus vite. On retrouve aussi dans le témoignage de ceux qui se considèrent comme des "perdants de la mondialisation" une forme de colère vis-à-vis de la montée des inégalités, une indignation devant l'accroissement de certaines rémunérations considérées comme indues. Cette colère n'est d'ailleurs pas propre à la France. Il suffit d'observer la montée des formations populistes dans toute l'Europe, aux États-Unis avec les "Tea Party", mais également dans les pays arabes, où une large part des populations s'est réfugiée dans le conservatisme religieux par peur de la modernité. Les femmes et les hommes en responsabilité ont un grand rôle à jouer en rappelant qu'il y a des marges de manœuvre pour changer le quotidien des gens et pour réduire les inégalités. C'est tout le sens par exemple de la lutte menée contre la fraude fiscale et qui va dégager deux milliards de recettes en 2014, soit l'équivalent du budget de la métropole lilloise, pour donner un ordre de grandeur ; ce sont donc autant de milliards prélevés sur la grande délinquance financière et qui permettront à notre pays de réinvestir dans son industrie et dans ses universités. C'est aussi le sens de l'alourdissement de la taxation des banques qui a été décidée dès l'été 2012 et qui soutient l'effort de redressement de nos comptes. Évidemment que l’État ne peut pas tout, mais il y a, à l'évidence, des choix à faire pour démontrer qu'au-delà de la crise de confiance que nous traversons, le meilleur reste à venir pour la France, si tant est que nous fassions preuve de courage politique et d'intelligence collective.